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La Théorie de l’identité sociale et la catégorisation sociale

Équation 2 : formule de la Théorie du comportement planifié

4.1.2 La Théorie de l’identité sociale et la catégorisation sociale

L’identité serait ainsi ce qui permettrait de se nommer ou de se classer par rapport à des catégories préexistantes (Stets and Burke; 2000). L’identité est un concept qui existe seulement dans une perspective distinctive et donc relative à l’autre.

En psychologie sociale, la Théorie de l’identité sociale (TIS) fait de l’identité un thème central (Tajfel et Turner, 1979). L’intérêt de cette théorie est particulièrement lié au processus de classement qui y est appelé catégorisation sociale. Ce processus de classement qui retrouve son équivalent dans les liens et les regroupements entre États est particulièrement intéressant pour une étude du comportement des acteurs de la scène internationale. Contrôle comportemental perçu Attitude envers le comportement Comportement Intention Normes subjectives

À l’origine développée pour comprendre les fondements psychologiques de la discrimination intergroupe par Tajfel et Turner (1979), la TIS s’intéressait à identifier les conditions amenant les membres d’un groupe à avoir des comportements discriminatoires. Dans cette théorie, un individu a une identité personnelle qui correspondant à l’ensemble unique de ses caractéristiques personnelles. Par la catégorisation sociale, l’individu se conçoit comme membre d’un groupe. Cet individu se crée une identité sociale qui lui confère un caractère distinctif positif qu’il s’attribue (à lui ou à son groupe). La TIS présente l’appartenance au groupe créée par la catégorisation comme un moyen de valorisation de soi conduisant à favoriser l’intragroupe au détriment de l’exogroupe. Par cette appartenance à un groupe, les individus cherchent à atteindre l’estime de soi positive par une différenciation du groupe comparé aux autres.

Figure 12 : théorie de l’identité sociale (Tajfel et Turner 1979)

Source : interprétation de la théorie de l’identité sociale (Tajfel et Turner 1979)

En résumé, la théorie de l’identité sociale repose sur trois postulats théoriques. Premièrement, les individus tentent d’acquérir ou de maintenir une identité sociale satisfaisante à travers leurs interactions sociales.

Catégorisation sociale

Groupe sociaux distincts

Intragroupe Exo groupe

Comparaison ntergroupes

Identité sociale positive Identité sociale négative

Eux Nous

Ensuite, cette identité sociale satisfaisante est basée sur une comparaison favorable entre l’intragroupe et des exo groupes. Les membres de l’intragroupe sont perçus de façon positivement différenciée et distinguée des membres des exo groupes.

Finalement, pour chaque individu, les frontières entre les groupes sont perméables et dépendent de leur satisfaction à l’égard de l’identité sociale. Lorsque celle-ci est insatisfaisante dans l’intragroupe, les personnes tentent soit de repasser par une catégorisation sociale, soit de tenter d’influencer leur groupe actuel en le rendant plus conforme à une catégorisation plus positive.

À partir de là, on peut comprendre qu’il y a également trois processus cognitifs relatifs au fait qu’une personne se conçoit comme membre d’un groupe, ou comme non-membre d’un groupe : la catégorisation sociale, l’identification sociale et la comparaison sociale.

4.1.2.1 La catégorisation sociale

L’identité sociale peut être définie comme l’appartenance qu’une personne conçoit à l’égard d’une catégorie sociale ou d’un groupe (Hogg et Abrams, 1988). Un groupe social est alors un ensemble d’individus qui détiennent une identité sociale commune ou se considèrent comme membres de la même catégorie sociale. L’identification sociale est tributaire de la catégorisation sociale que l’individu se fait d’elle-même. Dans le processus de comparaison sociale, les personnes qui sont compatibles sont classées avec soi et sont identifiées comme étant membres de l’intragroupe. Conséquemment, les personnes qui se distinguent de soi sont classées comme l’exogroupe.

L’attitude comme précurseur de la catégorisation sociale

Plusieurs groupes sociaux sont préexistants aux personnes qui les constituent en général dans le présent. Nous naissons tous dans une société déjà structurée en catégories sociales et groupes sociaux (Hogg et Abrams, 1988). Chaque individu identifie à ces catégories ou groupes prédéterminés ainsi qu’à d’autres.

À l’origine, la Théorie de l’identité sociale a été développée dans un contexte américain correspondant à la ségrégation. Pour cette raison, l’identité de l’individu était perçue comme caractéristique immuable et déterminée à la naissance. L’identité constitue une perspective utile aux études liées aux classes sociales (telles que le marxisme les définirait) et aux groupes ethniques (canadiens-français, noirs Américains, Maoris et Bantus). Au-delà des groupes raciaux et des classes sociales, cette théorie s’applique à plusieurs groupes sociaux.

La Théorie de l’identité sociale peut être appliquée dans un contexte moins déterministe où les individus s’associent et où les groupes s’agrègent en fonction de leurs comportements. On pourrait alors expliquer l’intégration d’un individu à un groupe à partir de la suggestion de l’importance de la convergence des attitudes et des comportements à partir du continuum interpersonnel et intergroupe (Tajfel et Turner, 1979) et de la conformité au groupe.

Les groupes donneraient une identité sociale en fonction de l’adéquation qu’il y a entre les attitudes et les normes d’un individu et celles perçues dans le groupe. Une fois dans la société, l’identité de l’individu ou sa perception de lui-même est faite en fonction des catégories sociales auxquelles il se distingue.

L’attitude serait plus susceptible d’expliquer le comportement s’il correspond à des propriétés normatives d’ordre social du groupe avec lequel les gens s’identifient (Smith et Hogg, 2008 ; Terry et Hogg, 1996, 2001 ; Terry, Hogg et Duck, 1999 ; Terry, Hogg et White, 2000).

Dans les cas où l’appartenance à un certain groupe social devient une base saillante de notre identification, les attitudes et les normes du groupe viennent gouverner le comportement de chaque individu. Les attitudes déterminent davantage un comportement si elles constituent une norme dans le groupe et si l’appartenance au groupe est importante (Smith et Hogg, 2008).

Les attitudes normatives permettent de délimiter et de définir les groupes par rapport à d’autres groupes. En outre, cette fonction de normes comportementales signifie que le groupe définit les attitudes qui sont les plus susceptibles de se refléter dans le comportement lorsque les gens s’identifient fortement à un groupe — un processus qui peut mobiliser les sympathisants de s’engager dans une action collective et la protestation sociale.

Ainsi, on peut prévoir que la relation entre l’attitude et le comportement sera renforcée lorsque les membres du groupe estiment que l’attitude est normative pour le groupe et affaiblie lorsque les membres du groupe estiment que leur attitude est en décalage avec le groupe.

En résumé, l’attitude formée par rapport aux valeurs ou aux normes de son ou de ses groupes de référence renseigne sur la dynamique des relations sociales. (Sherif, 1936 et Asch, 1952).

Les normes subjectives et la catégorisation sociale

Au-delà des attitudes, les normes subjectives sont présentées dans une perspective comparative comme déterminant de la socialisation. Elles jouent un rôle important indirectement à travers les attitudes normatives, mais aussi directement à travers leur impact sur l’action.

La TIS présente les attitudes comme déterminants des comportements lorsque les attitudes et les comportements constituent des normes d’un groupe social saillant auquel ils s’identifient fortement. Les attitudes normatives, les comportements les plus descriptifs, et les normes les plus prescriptives seront associés à une plus grande probabilité de réalisation du comportement (Smith et Hogg, 2008).

Cette idée a des implications importantes pour la mobilisation collective et le militantisme (Klandermans, 1997 ; Reicher, 2001 ; Stürmer et Simon, 2004 ; Tyler et Smith, 1998).

Il faut souligner les travaux de Peter Katzenstein et ses collègues (1996) qui postulent comme Martin Fishbein et Icek Ajzen (1975) que les normes partagées affectent le comportement des acteurs. De plus, ces auteurs soulignent que les normes contribuent à façonner les identités des acteurs. Une implication de cette conception serait alors que les normes partagées incarneraient une partie constitutive de la catégorisation sociale.