• Aucun résultat trouvé

langagièrement à l’écrit

3.2 Les textes produits La consigne La consigne

En s’appuyant sur deux documents de support, une vidéo (reportage sur l’ouverture de

l’Exposition universelle de TF 1) et un texte écrit (extrait d’un article du Nouvel Observateur),

les étudiants de Nanchang ont dû répondre à la question : L’organisation d’une exposition

universelle demande un budget considérable. Est-ce que vous approuvez ces dépenses ou vous pensez que votre pays a des besoins plus urgents ?

84

Quant aux étudiants de l’Université Normale de Henan, ils ont eu la consigne suivante : d’après

les dessins ci-dessous, rédigez un texte de 150 à 200 mots avec un titre qui lui convient. Indiquez

à la fin le nombre des mots que vous aurez employés. (Annexe 1 : 379)

Il est à remarquer que les consignes pour chaque groupe sont très différentes et exigent la production de type textuel différent. Dans la première consigne le type de discours exigé est basé sur l’acte de langage qui vise à convaincre, ou à « emporter l’adhésion des destinataires aux thèses qu’on présente à leur assentiment » (Perelman, 1958 : 5). La seconde consigne n’oriente pas le scripteur sur le schéma textuel à réaliser, les images lui donnent seulement des informations sur le sujet. Les productions écrites du premier groupe sont notées dans le cadre d’une évaluation formative au cours du semestre. Le second groupe a rédigé la production dans le cadre de la passation de l’épreuve nationale TFS 4 (nous avons scanné les productions immédiatement après l’examen).

Analyse de la tâche

La rédaction des deux textes demandés relève donc de la notion de tâche, dans la mesure où l’apprenant mobilise « stratégiquement des compétences dont il dispose en vue de parvenir à un résultat déterminé » (CECR, 2001 : 15). Il faut également noter que l’accomplissement de cette tâche implique une activité langagière précise, notamment la production écrite, et sollicite la compétence langagière que nous définirons plus en détail ultérieurement.

En nous appuyant sur l’exemple de la fiche A14 du Manuel pour relier les examens de langue

au CECR (2009 : 156), concernant la description des activités langagières, nous pouvons

85

Production écrite Groupe 1 Groupe 2

1. Dans quels contextes (domaines, situations…) attend-on des scripteurs qu’ils prouvent leur compétence ?

La rédaction du texte relève du domaine public. Le scripteur est engagé, comme tout citoyen, à donner son opinion sur un fait de société.

Le scripteur doit commencer par interpréter des images. Il s’agit apparemment du domaine privé : on voit une fillette se réveiller et se préparer pour aller à l’école.

2. Quels sont les thèmes de communication que les scripteurs doivent être capables de traiter ?

La rédaction en tant que discours qui vise à modifier les dispositions intérieures à celui à qui il s’adresse, s’articule fortement autour des relations avec les autres, par conséquent le scripteur doit prendre en compte l’existence d’un potentiel destinataire.

On ne connaît pas le destinataire potentiel du message à rédiger, on ne peut donc pas savoir sous quelle forme présenter ce message. On écrit pour l’évaluateur qui notera la production.

3. Quels types de tâches, d’activités

communicatives et quelles stratégies les scripteurs doivent-ils être capables de mettre en œuvre ?

La tâche exige des aptitudes cognitives et linguistiques (organiser et formuler un message). Il s’agit d’une activité réflexive individuelle. Idéalement, le scripteur recourt aux stratégies de production : prise en compte de ressources adéquates (effets de style, formulation différente) ; en réalité, il peut mettre en œuvre des stratégies de réalisation par rapport aux ressources limitées dont il dispose, des paraphrases, des structures préfabriquées ou « îlots de sécurité ».

La tâche exige des stratégies extralinguistiques : déchiffrer des images, s’imaginer un interlocuteur. Il doit ensuite faire preuve de connaissances linguistiques.

4. Quels textes et types de textes attend-on que les scripteurs soient capables de traiter ?

On attend la production d’un texte argumentatif, avec une structure de raisonnement (argument-conclusion), avec une prise en compte du destinataire.

La tâche ne tient pas compte du type textuel. On peut associer la production attendue à un type de texte narratif, suivant les images.

Tableau 5 : Présentation de la tâche

Ainsi, étant donné que l’accomplissement d’une tâche varie suivant le contexte, il faut d’abord nous intéresser au domaine et à la situation que la rédaction du texte implique. Nous noterons donc pour le premier groupe que la réponse à la question posée relève du domaine public, car le scripteur apparaît comme tout un citoyen qui donne son opinion sur l’organisation de l’Exposition universelle. Pour le second groupe, nous pouvons seulement supposer qu’il s’agit du domaine privé (se préparer pour aller à l’école), mais nous n’avons pas d’indications précises.

Quant au thème de communication que le scripteur doit traiter, il s’agit des relations avec les autres. Le scripteur du premier groupe s’adresse donc à un destinataire imaginaire (dans la

86

consigne ce destinataire n’est pas identifié) et par conséquent il doit prendre en compte l’existence de différents points de vue. Le scripteur du second groupe en revanche n’a pas d’indications précises sur le destinataire, il ne sait pas à qui il s’adresse.

S’agissant de l’activité communicative, elle est réflexive, individuelle, et exige des aptitudes cognitives et organisationnelles, notamment comment organiser et mettre en forme un message. Ensuite, le scripteur va recourir à deux types de stratégies : de production, si la tâche correspond à ses compétences, sinon il va utiliser des stratégies de réalisation en adaptant la tâche à ses compétences. Le scripteur du second groupe, quant à lui, recourt essentiellement à des compétences linguistiques.

Notons enfin que la production écrite attendue du premier groupe doit correspondre au type de texte argumentatif, avec une structure propre à ce type de texte (argument-conclusion) et des marques énonciatives indiquant plusieurs points de vue. Le second groupe n’a pas de type textuel précis suivant la consigne, cependant, les images étant thématiquement liées, on peut déduire qu’il s’agit d’un texte narratif.

Le tableau que nous venons de présenter dresse un portrait-robot détaillé de la tâche à accomplir par les scripteurs. Il faut préciser que le premier groupe a rédigé en classe, en 90 minutes et sans dictionnaire. Le second groupe a rédigé dans les conditions d’une épreuve à fort enjeu, la passation du TFS 4. Nous n’avons pas pris en compte la longueur des productions écrites. Le travail de l’enseignant-évaluateur consiste à donner un jugement holistique de chaque copie et à lui attribuer une note : pour le corpus de Nanchang c’est une note sur 100, pour le corpus de Xinxiang c’est une note sur 15. Ces notes seront partiellement prises en compte au cours de notre analyse.

En effet, notre méthode de travail sur l’évaluation de la compétence langagière a une double visée. D’un côté, elle va au-delà de l’évaluation telle qu’elle est pratiquée par les praticiens de l’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère, notamment en classe, en centre de formation ou encore en termes d’évaluation certificative, lors des épreuves DELF, DALF, TCF ou TEF. Le domaine de nos travaux est orienté vers la recherche, notre but n’est pas d’aboutir à un « calibrage » d’écrits. La finalité de nos réflexions vise à soulever des questions et donner des réponses, dans la mesure du possible, d’une part à une évaluation concernant des compétences spécifiques, dans le cadre des exigences académiques pour les étudiants chinois, et d’autre part à intégrer ces réflexions dans un projet didactique visant à remédier aux lacunes.

87

D’un autre côté, notre travail est forcément praxéologique, car l’objectif d’une évaluation formative ne se limite pas à l’observation, mais vise l’intervention sur le public évalué, que ce soit à travers des ébauches conceptuelles ou encore à travers la création de divers outils. Nous essaierons, dans les lignes qui suivent, de définir en quoi consiste la méthodologie d’analyse du corpus de productions écrites, analyse qui constitue un élément méthodologique central de notre recherche.