• Aucun résultat trouvé

L’évaluation dans le système éducatif chinois Le concours d’entrée à l’université Le concours d’entrée à l’université

langagièrement à l’écrit

2.2 L’évaluation dans le système éducatif chinois Le concours d’entrée à l’université Le concours d’entrée à l’université

Le Gaokao est un concours national qui a lieu du 7 au 9 juin tous les ans et auquel se présentent les candidats désirant s’inscrire à l’université. C’est le seul critère d’admission à l’enseignement supérieur, c’est également une voie d’ascension considérée comme équitable en Chine. Les trois épreuves obligatoires sont le chinois, les mathématiques et l’anglais. Une quatrième épreuve, littéraire ou scientifique, suivant l’orientation du lycée, est proposée depuis 1999. Après plusieurs années de négociation, les autorités françaises ont obtenu un accord qui prévoit l’introduction du français comme épreuve optionnelle au concours de Gaokao. Ainsi, 2000 étudiants chinois ont passé cette épreuve en juin 2017.

En 2018, le nombre total des candidats qui se présentent aux concours s’élève à 9,75 millions

(chiffres donnés par l’agence de presse Xinhuanet14). Les modalités pratiques de l’examen et la

difficulté varient d’une province à l’autre, les résultats sont donc difficilement comparables à l’échelle nationale. Toutefois, une note obtenue sur un total de 750 points permet à chaque candidat de postuler dans des établissements suivant son choix.

En Chine, les universités sont réparties en quatre rangs :

1. Universités nationales gérées par un ministère ;

2. Universités gérées conjointement par un ministère et par un gouvernement provincial ;

3. Universités provinciales ;

4. Universités municipales.

59

L’étudiant peut donc formuler 4 vœux dans chaque groupe, et 3 spécialités par groupe. Le domaine de spécialité et surtout la réputation de l’établissement sont déterminants lors de la formulation des vœux. Ainsi, les étudiants ayant obtenu les meilleurs résultats intègrent les universités de premier rang, les autres doivent se contenter d’une affectation moins sollicitée.

Les examens nationaux TFS 4 et TFS 8

Une fois admis à l’université, les étudiants s’inscrivent dans un cursus de trois cycles, à l’image du cursus de l’enseignement supérieur en France : Licence, Master, Doctorat. Nous nous intéresserons à présent aux deux examens nationaux que les étudiants passent lorsqu’ils sont inscrits en licence et que leur spécialité est le français.

Concernant l’évaluation en FLE du premier cycle dans le système universitaire en Chine, deux examens d’état testent le niveau des étudiants, TFS 4 et TFS 8 (Test national de français de niveau 4 et de niveau 8). Conçus par le ministère de l’Éducation nationale de la RPC selon le

Programme national de l’enseignement supérieur de français élémentaire (1988) et le

Programme national de l’enseignement supérieur de français avancé (1997), les TFS 4 et TFS

8 sont mis en place respectivement en 2004 et 2009. L’objectif de ces examens, à part le fait de certifier le niveau des étudiants, est de fournir suffisamment d’informations afin d’apporter des ajustements dans le curriculum des départements et les sections de français.

Le TFS4 a lieu tous les ans, le dernier vendredi du mois de mai. Il est organisé conjointement par le Ministère de l’Éducation en Chine et l’Association des professeurs de français. Il est ouvert à tous les étudiants en deuxième année dont la spécialité est le français. L’examen dure 3 heures, de 8 : 30 à 11 : 30. Les étudiants ayant échoué peuvent se présenter l’année suivante. À l’issue de l’examen, toutes les copies sont envoyées notées à l’Université des Langues étrangères de Shanghai par des évaluateurs agrées par l’Association des professeurs de français.

60

Le TFS 4 comprend 7 composantes réparties dans le tableau qui suit :

Parties Contenu Points Nombre d’items

I Dictée 10 1 texte

II Compréhension orale 10 20

III Compétence lexicale 15 20

IV Compétence grammaticale 1 20 40

V Compétence grammaticale 2 10 20

VI Compréhension écrite 20 20

VII Expression écrite 15 1 texte

Total 100

Tableau 4 : Structure du TFS4 (source Yu 2012 : 98)

La première partie comprend une dictée d’environ 130 mots que les étudiants écoutent 4 fois. Ils ont ensuite 3 minutes pour apporter leurs corrections. 0,5 point est retiré à chaque faute, y compris de ponctuation. Cette partie évalue des compétences linguistiques en compréhension orale, en orthographe et en ponctuation.

La seconde partie (compréhension orale) comprend deux sections. La section A est composée de dix dialogues courts, la section B d’un seul dialogue long. Tous les dialogues sont écoutés deux fois. Le but est de choisir une réponse parmi celles qui sont proposées. Ce sont également des compétences linguistiques qui sont évaluées.

La troisième partie (compétence lexicale) comporte également deux sections. Dans la section A, 10 questions sont proposées, dans les 5 premières il faut choisir un synonyme des mots et expressions soulignés, dans les 5 autres, un antonyme. La section B est un exercice à trou. On évalue les connaissances de l’étudiant en synonymes, antonymes, vocabulaire.

Les deux parties suivantes, IV et V, évaluent les connaissances des étudiants en grammaire (conjugaison, pronoms, prépositions, conjonctions). Elles comportent des exercices à trous et des exercices de transformation des verbes.

Dans la sixième partie (compréhension écrite), l’étudiant lit quatre textes sur des sujets quotidiens et répond aux questions en choisissant une réponse parmi celles qui lui sont proposées. Encore une fois, ce sont des compétences linguistiques qui sont évaluées.

61

La septième et dernière partie est une production écrite à partir de 4 ou 5 images qui sont logiquement liées. L’étudiant doit produire un texte comportant entre 150 et 200 mots en

relation avec les images qu’il voit.15 On évalue ici les compétences linguistique et pragmatique

de l’étudiant (respect de la consigne, cohérence et cohésion).

Quant au TFS 8, sa finalité est d’évaluer les connaissances en français des étudiants à la fin de leur quatrième année. Sa structure comporte les mêmes parties que le TFS4, auxquelles s’ajoutent deux autres, thème et version.

Comme on peut le constater, les deux tests d’État sont essentiellement centrés sur la compétence linguistique, la compétence pragmatique n’étant que très peu évaluée. Il faut également noter qu’on évalue principalement des activités réceptives : la production écrite n’occupe que 15%

du score total.16 En effet, lors de ces deux tests, on évalue les connaissances accumulées pendant

les deux périodes respectives du cursus de Licence, à savoir la période de français élémentaire

(1ère et 2e année) et celle de français avancée (3e et 4e année). En revanche, la compétence à

communiquer langagièrement est mise en arrière-plan.

Or les épreuves du TFS 4 et du TFS 8 (malgré leur jeune âge, par rapport au Gaokao, et leurs faiblesses apparentes) sont considérées comme parfaitement adaptées aux deux programmes du Ministère de l’Éducation de la RPC concernant l’enseignement du français, au curriculum universitaire, ainsi qu’à la tradition millénaire chinoise en termes d’évaluation. Ces tests sont donc en accord avec la méthodologie traditionnelle de l’enseignement-apprentissage du français, utilisée dans la plupart des établissements supérieurs pour le public chinois en milieu exolingue :

[…] elle (la méthodologie grammaire-traduction) a été examinée et justifiée dans les pratiques didactiques depuis des dizaines d’années. Les expériences ont prouvé et prouvent encore qu’elle est extrêmement efficace pour des adultes chinois qui apprennent le français […] La grammaire rassure l’apprenant, stabilise les acquisitions et constitue un raccourci pour apprendre la langue (Ma, 2010 : 65).

Par ailleurs, les épreuves TFS 4 et TFS 8 ont un énorme poids social. Les résultats sont pris en compte au classement des départements, et donc des universités dont ils dépendent, et les

15Jusqu’en 2013, cette épreuve ne proposait pas d’images, mais 10 mots clés, l’étudiant devait choisir un minimum de 8 et produire un texte de la même longueur.

62

étudiants qui échouent peuvent voir leur vie professionnelle future entravée. C’est la raison pour laquelle une grande partie des activités du curriculum, surtout en deuxième année, est orientée vers la préparation du test et c’est ainsi que « l’enseignement centré sur le TFS4 devient dogmatique » (Dong, 2012 : 92). Il existe donc un écart entre l’enseignement, centré sur les évaluations, et les besoins langagiers des étudiants. Plus généralement, à partir de ces problèmes, Dong formule quelques propositions :

o En ce qui concerne le système de référence, il faudrait trouver une cohérence

entre l’enseignement/apprentissage et le TFS4. Le Cadre commun européen de référence pourrait servir d’exemple.

o En ce qui concerne les fonctions du TFS4, il serait bien de renforcer les fonctions

pédagogiques (formative, prospective, diagnostique).

o En ce qui concerne la construction de l’épreuve, il faudrait concevoir une

structure équilibrée avec les divers outils d’évaluation en tenant compte de toutes les compétences concernant la communication (Dong, 2012 : 94). Ces propositions vont dans le sens de notre travail de recherche qui revêt une double facette. D’une part, notre tâche est d’articuler les trois types d’évaluation : institutionnelle, nationale et internationale entre elles, et d’autre part, de respecter les particularités du terrain, la méthodologie traditionnelle et la part du contenu linguistique, ainsi que de formuler des critères transparents qui seront appliqués au cours de l’enseignement et lors de l’évaluation.

La production écrite du TFS 4

Nous nous arrêtons à cette partie de l’épreuve, car c’est l’unique activité de production, les autres exercices n’étant que des QCM et des exercices de transformation. C’est donc une partie qui implique, pour le scripteur, le processus rédactionnel en langue étrangère avec toutes ses particularités que nous considérerons ultérieurement. Quant à son évaluation, elle implique, pour l’examinateur, une batterie de critères.

Comme nous l’avons dit auparavant, jusqu’en 2013, la production écrite consistait à écrire un texte à partir de mots clés. Voilà, à titre d’exemple, la consigne de 2012 :

Nous vous proposons une liste de 10 mots ou expressions. Vous devez en employer au moins 8, sans considérer leur ordre, pour rédiger un texte de 150 à 200 mots avec un titre qui lui convient (titre proposé :

63

« Quelle est la personne la plus importante de votre vie ? »). Soulignez chacun de ces 10 mots ou expressions dans le texte et marquez, dans la case prévue à la fin de la fiche de réponses, le nombre de mots que vous employez dans la totalité du texte : familial, e, aveu, demeurer, étant donné, se garder, hors service, tache, foudre, avec sagesse, adaptation.

À partir de 2014, on note un changement radical dans la consigne : les auteurs du test ne proposent plus de mots clés, mais des images. Sans doute veulent-ils rapprocher le plus cette

activité des normes établies par le Programme national de l’enseignement supérieur de français

élémentaire. Celui-ci recommande, concernant la compétence écrite, qu’à la fin de la deuxième

année, l’étudiant soit capable de :

1. Faire une dictée de 200 mots ;

2. Faire un résumé de 100 mots à partir d’un article de 300 ou 400 mots en 30 minutes ;

3. Écrire un article de 150 mots à partir d’images (Martin, 2007 : 254).

À titre d’exemple, on peut voir la consigne et les images proposées à l’examen de TFS4 en 2016 (Annexe 1 : 379). L’exercice exige donc de rédiger le texte en interprétant librement le contenu des dessins, en identifiant les objets, les métiers des personnages, ainsi que leurs relations, attitudes, gestes et ce qu’ils pourront dire.

Quant aux critères de correction, ils sont détaillés dans le Guide du test national de français

destiné aux étudiants spécialisés en études françaises – niveau IV (2009). Ainsi, les

examinateurs appliquent une procédure d’évaluation basée sur des critères minimaux et des critères de perfectionnement. Les critères minimaux sont les suivants :

1. Pertinence de la production par rapport à la consigne : nombre de mots, correspondance

avec les dessins ;

2. Cohérence de la structure ;

3. Correction grammaticale, syntaxique, lexicale.

Les critères minimaux sont sanctionnés par 10 points. Les critères de perfectionnement pour lesquels on peut donner 5 points sont les suivants :

64

2. Ponctuation correcte.

Cette tâche, à notre avis, pose problème au scripteur, au même titre qu’à l’évaluateur. Tout d’abord, dans la partie pertinence de la production et correspondance avec les dessins, comment être sûr d’interpréter de façon correcte ces derniers ? Quand on apprend une langue étrangère, on n’apprend pas à interpréter des images, ce qui peut être source de malentendu à divers titres. Les images n’indiquent rien non plus sur la cohérence de la structure du texte. Quel schéma textuel adopter : narratif, argumentatif, descriptif ? L’évaluation de l’originalité du style peut également être contestable, puisque nous ne disposons d’aucun élément indiquant ce qui rend une phrase plus originale qu’une autre (vocabulaire, longueur, point de vue). Finalement, il semblerait que seuls les critères de correction linguistique et ponctuation s’appliqueraient sans difficulté. Nous discuterons à propos de la remédiation à ces problèmes dans la partie suivante de notre travail.

2.3 Différences et ressemblances dans les pratiques de