• Aucun résultat trouvé

Après avoir considéré ces différents aspects qui conditionnent le cheminement du scripteur lors de la production d’un texte, ainsi que les processus mentaux sous-jacents à l’acte d’écrire, nous nous intéresserons aux phases de ce dernier, de manière à les mettre ensuite en relation avec les différentes composantes de la compétence langagière que nous cherchons à développer et à évaluer dans les textes produits par des étudiants chinois.

Trois phases de l’écriture

D’une manière générale, à partir des différents modèles qui décrivent le processus de production de textes (Hyes et Flower 1980, Schneuwly et Dolz 1987, Fayol 1997, 2007, Cuq et Gruca 2002), on peut distinguer trois phases importantes : la planification, la mise en texte, le retour sur le texte ou révision.

- La planification est la phase au cours de laquelle le scripteur récupère dans sa mémoire

à long terme les connaissances nécessaires pour les réorganiser et élaborer un plan ;

130

- Pendant la mise en texte, ou textualisation, le scripteur engage des choix lexicaux,

sélectionne des organisations syntaxiques et rhétoriques pour mettre en mots, en phrases, en paragraphes les idées récupérées lors de la planification ;

- La révision est la phase qui permet la revue du texte produit et qui se concrétise par une

lecture attentive du texte dans le but de lui apporter des améliorations, que ce soit sur le plan des idées, de la forme ou les formes linguistiques, afin de finaliser la rédaction. Cette étape suppose que le scripteur est capable de diagnostiquer ses erreurs et d’apporter des modifications.

La décomposition du processus rédactionnel en phases est arbitraire, nous utiliserons donc le terme de « phase » au conditionnel, étant donné que lors d’une rédaction ces phases sont en interaction permanente. Nous retiendrons l’intérêt de cette distinction avec Fayol et Miret (2005 : 392) comme suit :

- L’activité rédactionnelle est complexe et doit être analysée en composantes pour

faciliter son étude ;

- Les composantes de l’activité rédactionnelle sont en même temps des représentations

linguistiques (lexicales, syntaxiques, rhétoriques) et des procédures permettant d’y accéder et de les manipuler ;

- La mise en évidence de ces représentations et procédures permet de les coordonner en

vue de produire des textes cohérents.

La théorisation de Schneuwly et Dolz

Notons cependant que les opérations de planification, mise en texte et révision sont présentes dans plusieurs modèles du processus d’écriture, sans tenir compte des différences terminologiques. On trouve les mêmes phases dans la théorisation de Schneuwly et Dolz (1987), mais le modèle est plus développé, on distingue quatre grands niveaux d’opérations constituant l’activité langagière, y compris la production écrite. Il s’agit de la création d’une base d’orientation, la structuration propositionnelle, la gestion textuelle et la textualisation.

- La création d’une base d’orientation : ce niveau permet de prendre en compte des

131

- La structuration propositionnelle : à ce niveau il s’agit d’élaborer des structures

minimales ou des noyaux prédicatifs.

- La gestion textuelle est le niveau où on construit la trame du texte à travers deux types

d’opérations, l’ancrage et la planification :

1. L’ancrage définit le rapport entre l’énonciateur et la situation matérielle de

production. Cette dernière peut concerner les repères spatio-temporels, ou bien l’interaction énonciateur/destinataire. Ainsi, on distingue deux types d’encrage, conjoint et disjoint. Le premier type concerne « l’utilisation du langage pour parler du monde dans lequel on agit ; il n’y a pas de rupture entre le monde dit et le monde agit » (Schneuwly, 1988 : 33). Dans le second type, « les contenus sont présentés comme appartenant à un autre monde ; il y a une rupture entre le monde dit et le

monde dans lequel on agit (langagièrement) » (id. : 34).

2. La planification peut être vue comme un double processus impliquant l’activation

séquentielle des contenus présents en mémoire (macrostructure), suivie de la structuration langagière des contenus garantissant la forme langagière globale (superstructure, schématisation) (Schneuwly, 1988 : 36).

- La textualisation : c’est à ce dernier niveau où s’effectue la linéarisation des unités

linguistiques. Les noyaux prédicatifs produits lors de la structuration propositionnelle se greffent sur la chaîne textuelle. C’est une phase essentielle dans le processus rédactionnel, car elle correspond à la mise en ordre des unités produites lors de la planification et touche à la cohérence et la cohésion du texte, et donc, à la possibilité de son interprétation.

La conception de Schneuwly et Dolz met en évidence le rôle du schéma dans la production et la réception d’un texte. Les opérations de planification ne sont pas identiques, mais divergent par rapport au type de texte, au contexte et à la maîtrise de la production langagière. Une schématisation ou plan de texte conventionnel permet d’une part de construire les noyaux, et d’autre part de les transformer lors de la textualisation.

Il faut souligner que toutes ces composantes sont reliées les unes aux autres et interagissent pour que le processus rédactionnel s’effectue de manière efficace. Cependant, leur dissociation

132

est essentielle pour l’analyse des textes produits et pour le repérage des difficultés que les scripteurs peuvent rencontrent lors de la réalisation de la tâche. Au vu des analyses et des évaluations de notre corpus, nous retiendrons dans notre travail trois niveaux de structuration des textes : la planification, le niveau intermédiaire de la cohésion textuelle et la micro-syntaxe.

5.4 Spécificité du processus rédactionnel en langue