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Alors, quelle est la réalité de ce territoire ? 3ème région de France par sa taille après la Guyane et la Nouvelle-Aquitaine, la région Occitanie est extrêmement diverse. Son périmètre administratif rassemble ainsi des espaces très dissemblables. Nous avons voulu avec cette sous- partie proposer une lecture de son territoire en 4 catégories. Cette volonté part du constat que les analyses sur le territoire de la nouvelle région sont encore très jeunes et manquent souvent de précision.

En effet, les lectures du territoire s’arrêtent bien trop souvent { la division entre les deux ex-territoires, opposant dans une vision très simpliste l’ex-région Midi-Pyrénées portée par l’industrie aéronautique et le secteur agro-alimentaire, et l’ex-région Languedoc-Roussillon, corridor méditerranéen { fort taux d’activité présentielle. On pourrait caricaturer en disant que ces études se contentent de présenter les chiffres sur les deux ex-régions puis de faire la moyenne.

Il arrive cependant que des études qualitatives ou statistiques parues depuis la fusion dépassent cette opposition entre littoral et intérieur des terres. Mais même celles-ci vont rarement au-delà des frontières départementales, ce qui apporte une amélioration (on y voit par exemple à quel point la Lozère connaît des dynamiques différentes des 4 départements littoraux, se rapprochant plus de l’Aveyron) mais reste très réducteur. Par exemple, les départements de la Haute-Garonne ou de l’Hérault se détachent souvent dans ces études du fait du poids de Toulouse et Montpellier. Mais les dynamiques sont très contrastées { l’intérieur-même de ces départements, entre les cœurs de métropoles, leurs espaces périurbains, des villes moyennes telles que Saint-Gaudens ou Béziers ou encore les espaces de montagne du Sud-Comminges ou de la Montagne Noire.

Nous opérons donc dans cette partie une lecture qui nous semble essentielle pour mieux comprendre les caractéristiques socio-économiques, mais aussi les pratiques de mobilité sur l’ensemble du territoire. Nous nous appuyons notamment sur les travaux de Laurent Davezies et Magali Talandier, qui ont mis en évidence les liens d’interdépendance entre les métropoles et leur environnement64. Ces liens peuvent se faire quotidiennement { l’échelle locale, du fait des

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DAVEZIES, Laurent et TALANDIER, Magali. L’émergence de systèmes productivo-résidentiels : territoires

déplacements pendulaires entre les communes résidentielles périurbaines et les zones d’emploi urbaines. Ils peuvent se faire un peu moins régulièrement et sur un « hinterland » un peu plus large (échelle régionale) quand les citadins partent en weekend ou en vacances dans les campagnes, les montagnes ou les littoraux à proximité (parfois de façon durable en faisant l’acquisition d’une résidence secondaire). Enfin, ils peuvent se faire sur un temps beaucoup plus long par le biais des mobilités résidentielles (notamment de retraités) qui redistribuent les revenus depuis les communes d’emploi vers les communes résidentielles, { l’échelle nationale.

C’est pourquoi il importe de ne pas voir dans cette typologie une séparation stricte entre les espaces, mais bien une relation fonctionnelle de complémentarité entre des espaces distincts. Cette relation de complémentarité se traduit au quotidien par des échanges, et donc des mobilités, qui seront décrites plus avant dans la partie

[Consulté le 8 avril 2017]. Disponible { l’adresse :

2.2 – Les mobilités en région Occitanie.

Pour établir nos catégories, nous ne partons pas de zéro mais nous nous basons sur deux typologies qui nous semblent pertinentes dans cette compréhension.

Figure 23 : Typologie en aires urbaines, Observatoire des Territoires, Insee 2010

La première est la classification en aires urbaines, conçue par l’Insee en 1999 et réactualisée en 2010 (voir Figure 23). Elle nous a paru intéressante car elle se base sur les relations fonctionnelles entre les territoires : les aires urbaines se définissent comme l’ensemble des communes dont plus de 40% des actifs travaillent dans un pôle urbain, ou dans les communes attirées par celui-ci. [ la notion acceptée de ville en tant que paysage urbain, l’unité urbaine dont la définition se base sur la continuité du bâti, elle ajoute une vision, plus large, de la ville en tant que système fonctionnel, associant pôle urbain et couronne périurbaine. Si cette classification n’est pas exempte de critiques, notamment sur l’arbitrarité des seuils de 200 mètres pour l’unité

urbaine ou de 40% pour l’aire urbaine65, elle permet de spatialiser une réalité certaine, le fait périurbain.

Figure 24 : Typologie des campagnes françaises, Observatoire des Territoires, DATAR 2012

La seconde est la typologie des campagnes rurales éditée par la DATAR (renommée depuis en CGET) en 2012 (voir Figure 24). Celle-ci utilise des critères d’espace, d’accessibilité, de mobilités, de dynamiques économiques et d’occupation des sols et paysages, pour distinguer 3 grandes catégories de communes : les campagnes des villes, du littoral et des vallées urbanisées ; les campagnes agricoles et industrielles ; et les campagnes vieillies à très faible densité. Elle nous a paru intéressante principalement dans la distinction, très nette, qu’elle crée sur le territoire régional, entre les plaines, relativement denses, périurbaines et/ou productives, et les montagnes et plateaux, beaucoup moins denses et plus résidentiels ou touristiques.

Les 4 catégories qui résultent de notre analyse (représentées sur la Figure 25) sont donc :

65 DUMONT, Gérard-François. Territoires : un fonctionnement radial ou réticulaire ? Population & Avenir. Mai 2015, no 723, p. 3‑3.