• Aucun résultat trouvé

Tenseurs, symboles et opérateurs conformément invariants

4.6 Applications et exemples

4.6.2 Tenseurs, symboles et opérateurs conformément invariants

Dans un premier temps, nous classifions les éléments conformément invariants de chacun des trois o(p + 1, q + 1)-modulesTδ,Sδ[ξ] et Dλ,µ. Ils correspondent aux éléments sur les-quels la dérivée de Lie des champs de vecteurs Killing-conformes s’annule. Nous en donnons

4. Cependant elle ne vérifie la propriété fondamentale [Lλ X, Lλ

Y] = Lλ

une expression explicite sur l’espace des symboles, et une expression locale, par transport via evgetN , sur les modules Tδet Dλ,µ. Pour δ fixé, les invariants conformes des 3 modules se correspondent via la superisation et la quantification conformément équivariante, si elles existent. Cela nous permet d’obtenir la chiralité et l’opérateur de Dirac comme opérateurs conformément invariants, les poids de l’opérateur de Dirac correspondant à l’une des deux résonances de la quantification conformément équivariante des symboles de degré 1. Nous montrons ensuite explicitement l’obstruction pour superiser un invariant conforme de Tδ. Insistons sur le fait que dans tout ce paragraphe nous nous plaçons toujours sur une variété conformément plate.

Classification des tenseurs, symboles et opérateurs conformément invariants Donnons une définition de l’invariance conforme pour les trois modulesTδ,Sδ[ξ], Dλ,µ. Définition 4.6.3. Un symbole P ∈ Sδ[ξ] est conformément invariant si il vérifie LδXP = 0 pour tout X ∈ conf(M, g). De même un tenseur T ∈ Tδ est conformément invariant si Lδ

XT = 0 pour tout X ∈ conf(M, g), et un opérateur différentiel D ∈ Dλ,µ est conformé-ment invariant si Lλ,µX D = 0 pour tout X∈ conf(M, g).

Nous travaillons désormais localement en coordonnées de Darboux conformes, on a donc gij = F ηij où η est la métrique plate de signature (p, q) et F une fonction strictement positive. On dispose également de volx = εj1...jndxj1∧ . . . ∧ dxjn la forme volume associée. L’algèbre de Lie des similitudes est alors bien définie, et son action sur les 3 modules est la même, par transport. Commençons donc par déterminer les expressions locales des symboles invariants sous l’action (locale) des similitudes. On utilise pour cela la Proposition 4.1.5 qui traite des opérateurs différentiels sur Sδ[ξ] commutant à l’action des isométries. Comme les symboles s’identifient dans ce contexte aux opérateurs différentiels d’ordre 0, on obtient immédiatement le lemme suivant.

Lemme 4.6.4. Soit les symboles définis localement par R = ηijij, χ = εj1...jnξ˜j1. . . ˜ξjn, ∆ = ˜piξ˜i et ∆χ =−~

i{∆, χ} = εj1...jnj1ξ˜j2. . . ˜ξjn, introduits en (B.0.14). L’algèbre com-mutative des symboles invariants sous les isométries est engendrée vectoriellement par les monômes

a∗ χbRs, (4.116)

tels que a, b = 0, 1, s∈ N et par définition ∆ ∗ 1 = ∆, 1 ∗ χ = χ et ∆ ∗ χ = ∆χ.

On remarque que∗ est le star-produit de Moyal [76], voir (2.25), bien défini localement. Rappelons maintenant l’action des similitudes LδX0 = xi˜i− ˜pip˜i+ δn donnée en (4.3). Il en découle que R doit être muni d’un poids δ = n2, ∆ et ∆χ d’un poids δ = n1 et χ d’un poids nul, pour être invariants sous les similitudes. Ce sont alors des symboles globalement définis.

Proposition 4.6.5. Sur la variété conformément plate (M, g), les invariants locaux sous les similitudes R, ∆, χ sont des symboles bien défini globalement, et égaux à

R =|volg|2ngijpipj ∈ Sn2[ξ], ∆ =|volg|n1piξi∈ S1n[ξ], χ = (volg)j1...jnξj1. . . ξjn ∈ S0[ξ], (4.117) où (volg)j1...jn désignent les composantes de la forme volume de M définie par la métrique g. Nous pouvons alors déterminer les invariants conformes deTδ,Sδ[ξ] et Dλ,µ. Nous en obtenons, grâce à la proposition précédente, une expression globale pour ceux deSδ[ξ], et deTδ car l’identification evg est globale. Par contre, nous ne fournissons qu’une expression locale des opérateurs différentiels conformément invariants, qui sont automatiquement des objets globaux sur la variété conformément plate (M, g).

Théorème 4.6.6. Les invariants conformes de la famille de modules (Tδ)δ∈Rsont, via evg, donnés par ev−1 g  ∆a∗ χbRs ∈ T 2s+an , (4.118)

où a, b = 0, 1 et s∈ N. La famille de modules (Sδ[ξ])δ∈R a pour invariants conformes

a∗ χbRs∈ S2s+an [ξ], (4.119)

où s∈ N et a, b = 0, 1 avec a + b 6= 0. Les invariants conformes de la famille de modules (Dλ,µ)λ,µ∈R ont pour expressions locales, via l’ordre normal,

N (χ) ∈ Dλ,λ, ou N (∆χ)∈ Dn−12n ,n+12n , ou N (∆ Rs)∈ Dn−2s−12n ,n+2s+12n , (4.120) et ceci pour tout λ∈ R et s ∈ N.

Démonstration. Nous avons déjà montré que pour les trois familles de modules (Tδ)δ∈R, (Sδ[ξ])δ∈R et (Dλ,µ)λ,µ∈R, les invariants sous les similitudes sont, à l’application de (evg)−1 ou N−1 près, de la forme ∆a∗ χbRs∈ S2s+an [ξ], avec a, b = 0, 1 et s∈ N.

1. L’action des inversions sur le module Tδ s’obtient en combinant (4.53), qui exprime Lδ

¯

Xi en fonction de LδX¯

i, et (4.4), qui fournit une expression explicite de LδX¯

i. Trans-portée sur les symboles, elle s’écrit alors

evgLδ ¯

Xi(evg)−1 = (xjxj˜i− 2xixj˜j) + (−2˜pixjp˜j+ 2xijp˜j+ 2˜pkxkp˜i) +2xjξ˜jξ˜i− 2˜ξixkξ˜k− 2nδxi,

et annule donc les invariants sous les similitudes. Ils coïncident avec les invariants conformes de (Tδ)δ∈R, comme annoncé en (4.118).

par LδX¯

i = evgLδ ¯

Xi(evg)−1− 2~iξ˜iΨ. Il en découle, pour δ = 2s+a n , LδX¯ i  ∆a∗ χbRs =−2~iξ˜ia∗ χb[Ψ, Rs],

car [Ψ, ∆] = [Ψ, χ] = 0. Comme [Ψ, Rs] = 2sRs−1∆, le symbole ∆a∗χbRs ∈ S2s+an [ξ] est invariant conforme si et seulement si a + b6= 0, d’où le résultat (4.119).

3. Enfin, l’action des inversions sur le module Dλ,µ, transportée à l’espace des symboles, est donnée en (4.10) par

Lλ,µX¯i = LδX¯

i+~

i(−˜pip˜jp˜j+ 2˜pjp˜jp˜i) +~

jip˜j+ 2~ inλ∂p˜i, où on rappelle que χji = ˜ξjξ˜i − ˜ξiξ˜

j + 12ξ˜

jξ˜i. Le symbole χ, de poids δ = 0, s’annule clairement sous l’action de cette dérivée de Lie pour tout λ = µ. Calculons maintenant, pour δ = µ− λ = 2sn, son action sur Rs∈ Sδ[ξ],

Lλ,µX¯iRs= 2s~ i

h

(2nλ + 2s− n)˜pi− 2˜ξi∆i Rs−1.

Ainsi, comme pour le module des symboles, Rs n’est pas invariant conforme si s6= 0. De même, l’action deLλ,µX¯i sur χRs est égale à,

Lλ,µX¯iχRs = 2s~ i

h

(2nλ + 2s− n)˜pi− ∂ξ˜iχi Rs−1,

expression qui ne s’annule pas si s6= 0. Il nous reste à évaluer son action sur ∆∗χbRs∈ S2s+1n [ξ], pour b = 0, 1. On obtient d’une part

Lλ,µX¯i∆Rs = ~

i (2s + 1− n + 2nλ)ξ˜iRs+ 2s˜pi∆Rs−1 , qui est nul si et seulement si λ = n−2s−12n , et d’autre part

Lλ,µX¯iχRs= 2s~

i (2s− n + 2nλ) ˜piχRs−1+ ~

i (4s + 1− n + 2nλ) ∂ξ˜iχRs, qui est nul si et seulement si s = 0 et λ = n2n−1. Cela achève la démonstration.

La chiralité et l’opérateur de Dirac

Bien entendu, une application conformément équivariante entre deux des 3 modules Tδ, Sδ[ξ] et Dλ,µ permet d’envoyer un élément invariant conforme du module source sur un élément invariant conforme du module image. On peut ainsi utiliser la superisation

et la quantification conformément équivariante pour relier les trois invariants conformes non triviaux de plus bas degré des 3 modules, qui s’écrivent χ, ∆ et ∆χ sur l’espace des symboles. Pour χ, la superisation est triviale et la quantification aussi, elle mène pour tout poids λ∈ R à la chiralité,

Qλ,λ(χ) = (√

2)−n(volg)j1...jnγj1. . . γjn. (4.121) Précisons que γi= gijγ(∂j). Concernant ∆ et ∆χ, on a le corollaire suivant.

Corollaire 4.6.7. Les deux invariants conformes de la famille de modules (Tδ

1)δ∈R sont piξi ∈ T n1, qui est de poids nul et (volg)j1...jnpj1ξj2. . . ξjn ∈ T n1, qui est de poids −n+1n . Leurs superisés sont donnés par les symboles invariants conformes

Sn1

T(piξi) = ∆∈ S1n[ξ], (4.122) S1n

T((volg)j1...jnpj1ξj2. . . ξjn) = ∆χ∈ Sn1[ξ]. (4.123) Leurs quantifiés sont également invariants conformes, et correspondent respectivement à l’opérateur de Dirac

Qn−12n ,n+12n (∆) = γ

i

2∇i∈ Dn−12n ,n+12n , (4.124) et à son commutateur avec la chiralité,

Qn−12n ,n+12n (∆χ) = gij1(volg)j1...jnγ j2 √ 2. . . γjn √ 2∇i ∈ Dn−12n ,n+12n . (4.125) Les poids (n2n−1,n+12n ) correspondent à l’une des deux résonances5

de la quantification conformément équivariante.

Rappelons que ∇i est la dérivée covariante des spineurs dans la direction ∂i, son ex-pression est donnée en (3.66). Le poids n1 de l’opérateur de Dirac est conféré par |volg|n1

qui est sous entendu. On a explicitement S

1 n T(piξi) = piξi|volg|1n etQn−12n ,n+12n (piξi|volg|1n) = |volg|n1 γi 2i.

D’autre part, l’indétermination de la quantification conformément équivariante Qn−12n ,n+12n , explicitée dans le Théorème 4.4.4, n’a pas de conséquence sur la quantifi-cation des symboles ∆ et ∆χ.

Remarque 4.6.8. Il est remarquable que l’opérateur de Dirac et son commutateur avec la chiralité soient précisément dans l’un des deux espaces Dλ,µ de poids résonant. Rappelons que c’était également le cas pour l’opérateur invariant conforme de Yamabe-Laplace. La deuxième résonance, correspondant aux poids (−12n,2n+12n ), n’est associée à aucun opérateur différentiel conformément invariant.

Obstruction à la superisation du tenseur invariant conforme gijpipj ∈ T 2n

Les invariants conformes ev−1g (Rs) de la famille de modules (Tδ)δ∈R n’ont pas d’équi-valent dans les deux autres familles de modules. Comme les poids δ pour lesquels le mo-dule Tδ admet un élément invariant conforme, de degré supérieur ou égal à deux, corres-pondent à des résonances pour la superisation, elle n’est pas définie sur tous les tenseurs. Explicitons ceci en calculant les superisés de H = gijpipj ∈ Tδ, χH et ∆H, qui sont invariants conformes si respectivement δ = n2, δ = n2 et δ = 3n, cf (4.118).

Proposition 4.6.9. Soit H = gijpipj ∈ Tδ, où gij = F ηij est une métrique conformément plate. Pour δ 6= n2, on a SδT(H) = H + ~i 1−2ξiξjpjiH, ou encore SδT(H) = H −

~ i nδ−2 Fiξi F2 ∆. Et pour tout δ, SδT(χH) = χH et SδT(∆H) = ∆H.

Remarquons que, comme l’expression de ∂i, donnée en (4.67), tient compte du poids des densités, on a ∂jH =−nδFi

FH.

Démonstration. Pour déterminer le superisé d’un élément de Tδ on peut procéder comme dans la preuve générale d’existence et d’unicité de la superisation conformément équiva-riante. On a vu alors que le superisé de P ∈ Tδ

2 est de la forme P2 + P1 + P0, avec P2 = evg(P ) et, P1 et P0 sont déterminés par les équations 2~iΓΨP2 = (γ2,0,1;00− CTδ)P1 et 2~iΓΨP1= (γ2,0,1;00− Cδ

T)P0, où γ2,0,1;00 est la valeur propre associée au vecteur propre P2 de Cδ

T, donnée par la formule générale (4.105). On en déduit immédiatement que pour P2 égal à χH ou ∆H, on a P1= P0 = 0, d’où la superisation triviale de ces deux tenseurs. On suppose maintenant que P2 = evg(H) = gijij. Pour trouver P1 il nous faut donc calculer tout d’abord

ΓΨP2 = 2Γ(F−1∆) =−2Fiξ˜

i

F2 ∆∈ S1,2,0;10δ [ξ]. Il en découle que P1∈ Sδ

1,2,0;10[ξ] et donc CTδP1= γ1,2,0;10P1 et P0= 0. Nous pouvons alors évaluer (γ2,0,1;00− CTδ)P1= (2nδ− 4)P1, d’où P1 =−~ i 2 nδ−2 Fiξ˜i

F2 ∆. Or un simple calcul montre que gijij+~ i

˜ ξiFi

F2 ∆ = gijpipj, d’où le résultat annoncé.

Il apparait ainsi clairement l’obstruction à la superisation si δ = n2 et il en est de même pour δ = 2sn avec s un entier naturel quelconque.