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Tendances récentes des prix internationaux des produits de base

La dépendance des PMA à l’égard des exportations de produits de base explique dans une large mesure le ralentissement de leur croissance économique en 2014, et pèse lourdement sur leurs perspectives économiques : l’évolution récente des prix internationaux des produits de base a eu de fortes incidences sur leurs recettes d’exportation. De janvier 2012 à mai 2015, tous les indices de prix des produits de base ont reculé, revenant à des niveaux analogues à ceux de 2009, lors de la crise (diagramme I.1), du fait d’une baisse de la demande, d’une augmentation de l’offre (en raison de surinvestissements pendant la période de prix élevés), de l’appréciation du dollar et de récoltes exceptionnellement abondantes (World Bank, 2015). Les pressions à la baisse sur les cours du pétrole ont été accentuées par une diminution des importations aux États-Unis d’Amérique, à laquelle se sont ajoutés un accroissement de l’offre et la décision de gros producteurs de ne pas réduire leur production.

D. Mobilisation de ressources

1. m

oBilisation des ressources intérieures

En 2013, la formation brute de capital fixe (FBCF) dans les PMA en tant que groupe s’est établie à 26,3 % du PIB (tableau I.3), niveau non seulement supérieur à celui de 2012 et à la moyenne enregistrée pour la période 2002-2008, mais surtout au niveau de 25 % jugé nécessaire pour assurer une croissance à long terme. Ce seuil a été dépassé tant par les PMA africains et Haïti (25,5 %) que par les PMA asiatiques (27,7 %). Toutefois, dans les PMA insulaires, la FBCF ne Diagramme I.1 Prix des produits de base, 2000-2015

(Indices, 2000 = 100)

0 5 10 15 20 25 30 35 40

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Envois de fonds IED (entrées nettes) Investissements de portefeuille (entrées nettes)

Sources : Calculs du secrétariat de la CNUCED établis à partir de la base de données Indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale (consultée en juillet 2015) pour les investissements de portefeuille; de données de la CNUCED (UNCTAD, 2015) pour l’IED; et de la base de données sur la migration et les envois de fonds de la Banque mondiale (consultée en juillet 2015) pour les envois de fonds.

Note : Ne sont pas compris les envois de fonds en Érythrée, en Guinée équatoriale, en Mauritanie, en République centrafricaine, en Somalie, au Soudan du Sud et au Tchad.

L’écart entre l’épargne et l’investissement a entraîné un déficit de ressources de 7,2 % du PIB, d’où une dépendance persistante à l’égard

des ressources extérieures.

s’est que partiellement redressée après le léger recul enregistré en 2012, et est restée bien en deçà du seuil de 25 % (mais bien au-dessus de la moyenne de la période 2002-2008), à 20,3 %.

Les taux d’épargne sont globalement restés stables, à 19 % du PIB, la baisse enregistrée dans les PMA africains et Haïti étant compensée par une hausse dans les PMA asiatiques et les PMA insulaires. Le déficit d’épargne par rapport au taux d’investissement a entraîné un déficit de ressources de 7,2  % du PIB, d’où une dépendance persistante à l’égard des ressources extérieures. Le déficit de ressources des PMA africains et Haïti s’est creusé de 0,9 %, pour atteindre 8,4 % du PIB, mais celui des PMA asiatiques s’est réduit de 0,7 % pour s’établir à 5,9 %. En revanche, dans les PMA insulaires, des taux d’épargne élevés et des taux d’investissement plus faibles ont entraîné un excédent permanent de 15,4 % du PIB.

Tableau I.3 Formation brute de capital fixe (FBCF) épargne intérieure brute et déficit de ressources xtérieures dans les PMA (En pourcentage du PIB)

Formation brute de capital fix Épargne intérieure brute Déficit de essources extérieures

2002-2008 2010 2011 2012 2013

2002-2008 2010 2011 2012 2013 2002-2008 2010 2011 2012 2013 PMA (total) 20,6 23,7 24,6 26 26,3 18,9 18,5 19,2 19,0 19,0 -1,7 -5,1 -5,4 -7,1 -7,2 PMA africains et

Haïti 19,5 23,0 24,1 25,4 25,5 19,3 17,8 18,4 17,8 17,2 -0,2 -5,1 -5,8 -7,6 -8,4 PMA asiatiques 22,9 25,1 25,5 27,2 27,7 17,9 19,3 20,2 20,6 21,8 -5,0 -5,8 -5,3 -6,6 -5,9 PMA insulaires 12,2 18,8 20,7 20,1 20,3 30,8 35,7 39,8 32,8 35,7 18,6 16,9 19,1 12,7 15,4 Source : CNUCED, base de données UNCTADstat (http://unctadstat.unctad.org/FR/) (consultée en juillet 2015).

Graphique I.3 Entrées nettes de capitaux privés dans les PMA, 2000-2013 (En milliards de dollars courants)

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Allégement net de la dette

APD nette totale hors allégement de la dette

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED établis à partir de la base de données du Comité d’aide au développement de l’OCDE (consultée en juillet 2015).

Les flux d’APD ont augmenté de 2 %, pour s’établir à 44,2 milliards de dollars,

soit 93 % du total des flux de capitaux publics; mais on estime que l’APD bilatérale a diminué de 16 % en valeur

réelle en 2014.

En 2014, les flux d’IED dans les PMA ont augmenté de 4,1 %, pour atteindre

23,2 milliards de dollars, mais ils sont globalement restés inchangés au cours des cinq dernières années et

sont concentrés dans un tout petit nombre de pays.

2. F

lux de capitaux puBlics

Le déficit de ressources extérieures a été financés par une combinaison de sources publiques (principalement l’APD) et de sources privées (envois de fonds de travailleurs migrants et investissements étrangers directs (IED), essentiellement).

En 2013, les flux d’APD ont augmenté de 2 %, pour s’établir à 44,2 milliards de dollars, soit 93  % du total des flux de capitaux publics. Les plus fortes hausses ont été enregistrées au Myanmar (815 millions de dollars), en Éthiopie (562 millions de dollars), en République-Unie de Tanzanie (528 millions de dollars), au Bangladesh (476  millions de dollars) et au Mali (383  millions de dollars). La plus forte baisse a touché l’Afghanistan (1,5 milliard de dollars), tandis que des baisses plus modérées étaient observées au Soudan du Sud (130  millions de dollars) et en Mauritanie (121  millions de dollars). Des données préliminaires indiquent que l’APD bilatérale nette versée aux PMA par les membres du Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a diminué de 16 % en valeur réelle (8 % hors allégement de la dette) en 2014, pour s’établir à 25 milliards de dollars (OECD, 2015).

3. i

nvestissement étranger direct

En 2014, les flux d’IED vers les PMA ont augmenté de 4,1  % et se sont chiffrés à 23,2 milliards de dollars (tableau I.4). Dans les PMA africains et Haïti, ils ont augmenté de 1 milliard de dollars, cette hausse compensant pour moitié la baisse enregistrée en 2013; dans les PMA asiatiques, ils ont légèrement diminué, et dans les PMA insulaires, ils ont reculé de 31 %, tombant à moins d’un cinquième de leur niveau de 2010. Après avoir enregistré une très forte progression de 2005 à 2010, l’ensemble des flux d’IED vers les PMA sont globalement restés inchangés au cours des cinq dernières années.

Les flux d’IED sont concentrés dans un tout petit nombre de pays, cinq pays du sous-groupe des PMA africains et Haïti ayant représenté 58 % du total en 2014 : il s’agit du Mozambique (4,9 milliards de dollars, en baisse de 21 %), de la Zambie (2,5 milliards de dollars, en hausse de 37 %), de la République-Unie de Tanzanie (2,1 milliards de dollars, en hausse de 1 %), de la République démocratique du Congo (2,1  milliards de dollars, en baisse de 2  %) et de la Guinée équatoriale (1,9 milliard de dollars, en hausse de 1 %) (UNCTAD, 2015).

Graphique I.4 Flux de capitaux publics dans les PMA, 2000-2013 (En millions de dollars courants)

Selon les estimations, les envois de fonds à destination des PMA ont augmenté de 7,1 %, pour atteindre

35,8 milliards de dollars en 2014...

... avec des hausses particulièrement marquées au Cambodge, en Sierra

Leone et au Libéria.

La tendance à la baisse des prix récemment observée devrait se poursuivre pour tous les produits de base, en particulier pour les produits

énergétiques.

Les entrées d’IED ont sensiblement augmenté dans deux PMA africains  : Éthiopie (augmentation de 26 %, à 1,2 milliard de dollars) et Zambie (augmentation de 37 %, à 2,5 milliards de dollars). Ils ont diminué dans trois PMA asiatiques : Bangladesh (baisse de 5 %, à 1,5 milliard de dollars), Cambodge (baisse de 8 %, à 1,7 milliard de dollars) et Yémen (1 milliard de dollars de désinvestissement net). On a toutefois observé de fortes hausses en République démocratique populaire lao (69 %) et au Myanmar (62 %). Parmi les PMA insulaires, le Vanuatu a continué d’accuser un désinvestissement net.

Tableau I.4 Flux d’IED dans les PMA, 2004-2014, quelques années (En millions de dollars courants)

2004 2005 2010 2011 2012 2013 2014

PMA (total) 10 048,3 6 739,6 23 774,2 21 851,9 23 524,4 22 326,8 23 239,3

PMA africains et Haïti 8 333,5 5 331,5 13 669,4 17 918,7 19 669,1 17 727,4 18 733,3

PMA asiatiques 1 677,7 1 342,1 9 721,0 3 613,7 3 624,5 4 497,6 4 435,5

PMA insulaires 37,2 65,9 383,8 319,5 230,8 101,8 70,5

Source : (UNCTAD, 2015).

4. e

nvois de Fonds de travailleurs migrants

Selon les estimations, les envois de fonds à destination des PMA ont augmenté de 7,1 % et totalisé 35,8 milliards de dollars en 2014 (tableau I.5), en hausse dans les trois sous-groupes géographiques et structurels – de 12 % dans les PMA insulaires, de 7,5 % dans les PMA asiatiques et de 6 % dans les PMA africains et Haïti. Si des hausses importantes ont été enregistrées au Bangladesh (1,1 milliard de dollars), au Népal (322 millions de dollars), au Libéria (144 millions de dollars), au Cambodge (129 millions de dollars) et au Yémen (112 millions de dollars), les flux ont particulièrement fort augmenté au Cambodge (de 73 %), en Sierra Leone (de 54 %) et au Libéria (de 38 %).

E. Perspectives économiques des PMA

Dans les pays en développement, le ralentissement économique devrait se poursuivre en 2015, tandis que les résultats économiques des pays développés devrait s’améliorer. Le ralentissement continu de la croissance dans les pays en développement tient notamment à la baisse des prix des produits de base, à un resserrement des conditions financiè es extérieures, à des goulets d’étranglement structurels et au rééquilibrage en cours de l’économie chinoise (Monetary Fund International, 2015). Ce rééquilibrage de l’économie chinoise (à savoir, passer d’une économie axée sur la production, l’exportation et l’investissement à une économie davantage tournée vers la consommation des ménages) devrait avoir une influence sensible sur la demande de matières premières et entretenir la baisse des prix. La tendance à la baisse des prix récemment observée devrait se poursuivre pour tous les produits de base, en particulier pour les produits énergétiques, avec une baisse anticipée de 45 % des cours du pétrole (World Bank, 2015).

Tableau I.5 Envois de fonds vers les PMA, 2004-2014, quelques années (En millions de dollars courants)

2004 2005 2010 2011 2012 2013 2014

PMA (total) 10 951,3 12 184,2 25 473,4 28 421,8 32 831,6 33 391,4 35 754,2

PMA africains et Haïti 4 957,2 4 680,6 8 260,0 8 880,1 9 250,0 9 392,7 9 956,9

PMA asiatiques 5 979,4 7 430,8 16 924,8 19 236,5 23 289,4 23 765,5 25 544,8

PMA insulaires 14,7 18,7 183,5 196,9 182 117,2 131,8

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED établis à partir de la base de données sur la migration et les envois de fonds de la Banque mondiale (consultée en juillet 2015).

Note : Données manquantes pour l’Érythrée, la Guinée équatoriale, la Mauritanie, la République centrafricaine, la Somalie, le Soudan du Sud et le Tchad.

Les industries extractives dans les PMA devraient continuer d’attirer des

investissements étrangers.

Dans ces conditions, la croissance des PMA en tant que groupe devait s’établir à 5,2  % en 2015. Elle prolongera ainsi le ralentissement progressif amorcé en 2012, tout en demeurant supérieure au taux escompté pour les pays en développement dans leur ensemble (4,4 %). Malgré la baisse des prix des produits de base, les industries extractives dans les PMA devraient toutefois continuer d’attirer des investissements étrangers, et les investissements devraient également se maintenir dans le secteur manufacturier et celui des services. La prolongation escomptée de quinze ans de la loi (des États-Unis) sur la croissance et les possibilités économiques de l’Afrique pourrait contribuer à la diversification des flux d’IED en Afrique, mais pas à court terme. Dans les PMA asiatiques, les investissements de création de capacités annoncés dans différents secteurs dans le cadre d’un accord de coentreprise entre le Myanmar et le Japon devraient contribuer à une nouvelle hausse des flux d’IED vers le Myanmar (UNCTAD, 2015).

Notes

1. Voir unctad.org/LDCs/statistics.

2. Pour la classification des PMA selon des critères géograpiques/structurels, voir la page xiii.

3. Pour la classification des PMA selon la spécialisation des exportations, voir la page xiii.

Bibliographie

International Monetary Fund (2015). World Economic Outlook Update (July).

Washington, D.C.

OECD (2015). Development aid stable in 2014 but flows to poorest countries still falling. Paris, 8 April (accessed 28 July 2015). Available from http://www.

oecd.org/dac/stats/development-aid-stable-in-2014-but-flows-to- oorest-countries-still-falling.htm.

UNCTAD (2015). World Investment Report 2015: Reforming International Investment Governance. United Nations publication. Sales No. E.15.II.D.5.

New York and Geneva.

World Bank (2015). Commodity Markets Outlook (April). Washington, D.C.

1

CHAPITRE

l e programme de développemenT