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Division du travail et structure de l’emploi selon les sexesde l’emploi selon les sexes

Dans le document RAPPORT 2015 SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS (Page 148-151)

l e développemenT rural eT les modèles eT

B. Division du travail et structure de l’emploi selon les sexesde l’emploi selon les sexes

Si, dans l’agriculture, les rôles des hommes et des femmes sont très étroitement liés au contexte, il existe certaines caractéristiques communes à la plupart des PMA (et aux pays en développement en général), notamment la double charge de travail – activités productives et tâches domestiques – qui pèse sur les femmes; les pratiques culturales et commerciales propres aux femmes; la structure de l’emploi des femmes et la discrimination sur les marchés du travail en milieu rural.

1. l

es rôles des Femmes au sein du Foyer et sur l

exploitation

Les tâches productives et les tâches «  reproductives  » ou domestiques cumulées par les femmes des zones rurales sont très variées. Bien que les tâches domestiques – préparation des repas, soins aux enfants, collecte de l’eau et du bois de chauffage – ne soient pas comptabilisés parmi les emplois actifs dans les comptes nationaux, elles sont indispensables au bien-être de la famille. Elles expliquent aussi les difficultés considérables des femmes à se lancer dans une activité productive, notamment par manque de temps et de mobilité.

Si l’on tient compte de ces tâches, l’on constate que les femmes des zones rurales tendent à travailler plus que les hommes, que les responsabilités familiales sont largement réparties selon le sexe (tableau 4.1), et que les femmes cumulent activités agricoles et non agricoles et tâches ménagères, certaines très chronophages. À cause de ce cumul, les femmes ont généralement moins de temps libre que les hommes pour s’engager pleinement dans une activité lucrative, pour se déplacer et pour suivre une formation ou un cours de perfectionnement.

Les inégalités fondées sur le sexe s’inscrivent dans un faisceau plus large d’inégalités multiples et croisées.

Les tâches domestiques – préparation des repas, soins aux enfants, collecte

de l’eau et du bois de chauffage – expliquent aussi les difficultés considérables des femmes à se lancer

dans une activité productive.

Tableau 4.1 Répartition du temps par pays, sexe et activité dans certains PMA (Nombre d’heures moyen/jour)

Activités

Éthiopie Malawi République démocratique

populaire lao Population rurale, 2013 2010-2011 Population rurale par chef

de famille, 2010

Homme Femme Homme Femme Homme Femme

Agriculture, élevage ou pêche 7,9 5,2 2,3 2,2 3,4 2,6

Ramassage de bois de feu et de chauffage 0,2 0,4 0,4 0,5 0,1 0,2

Collecte de l’eau 0,1 0,5 0,5 0,8 0,1 0,3

Travail rémunéré, activité professionnelle et activité

non agricole 2,2 1,5 9,8 8,2 0,6 0,3

Soins corporels et repos (sommeil compris) 13,7 13,3 s.o. 15,4 14,7

Soins à la famille et tâches ménagères non

rémunérés 1,8 4,8 s.o. 0,6 2,3

Sources : Chiffres agrégés par le secrétariat de la CNUCED, d’après des données de FAO/SIDA (http://faostat3.fao.org/home/E) (2010b);

Central Statistical Agency of Ethiopia and World Bank (2013); Republic of Malawi (2012).

Note : Certaines activités se chevauchant, la somme des chiffres n’est pas nécessairement égale à vingt-quatre heures.

Les rôles des hommes et des femmes travaillant dans l’agriculture sont définis par la société et ils évoluent;

ils varient beaucoup d’un endroit à l’autre.

Dans les PMA, toutes régions confondues, la proportion de femmes

dans la catégorie des « travailleurs familiaux » (non rémunérés) est beaucoup plus élevée que celle des

hommes.

Alors que les femmes tendent à dominer les marchés locaux de produits vivriers de base, ce sont

généralement les hommes qui sont responsables des cultures

d’exportation.

Dans le secteur agricole, les femmes travaillent comme agricultrices indépendantes, travailleuses non rémunérées dans l’exploitation familiale ou travailleuses, rémunérées ou non, dans d’autres exploitations ou entreprises agricoles (FAO, 2011) et, dans chacune de ces positions, elles font face à des difficultés et des handicaps du fait de leur sexe. Toutefois, les rôles des hommes et des femmes travaillant dans l’agriculture sont définis par la société et ils évoluent;

ils varient beaucoup d’un endroit à l’autre, reflétant les différences culturelles et autres entre les pays et en leur sein. Si les démarcations entre les rôles des hommes et des femmes sont donc généralement floues et qu’une analyse exhaustive sur la base de ces facteurs déborde le cadre du présent Rapport, beaucoup de PMA ont en commun quelques caractéristiques générales.

Comme on l’a vu au chapitre 3, dans les PMA, les ménages ruraux disposent de plusieurs stratégies de subsistance pour diversifier leurs sources de revenus.

Généralement, les femmes cultivent la terre, élèvent des animaux, transforment des produits alimentaires, et mènent en même temps une activité non agricole et, occasionnellement, une activité rémunérée dans une entreprise agroalimentaire rurale (FAO, 2011). Si les hommes tendent aussi à pratiquer une agriculture mixte (culture et élevage), le modèle est plus répandu chez les femmes qui, en règle générale, s’occupent de leur jardin potager, travaillent sans rémunération dans l’exploitation dirigée par leur époux ou leur partenaire et gèrent les parcelles qui leur ont été attribuées, tout en assumant les tâches ménagères.

En milieu rural, les femmes assument une part disproportionnée du travail agricole non rémunéré. Dans les PMA, toutes régions confondues, la proportion de femmes dans la catégorie des « travailleurs familiaux » (non rémunérés) est beaucoup plus élevée que celle des hommes, s’élevant à plus du double dans les PMA d’Asie et les PMA d’Afrique et Haïti1. Si ces données sont recueillies au niveau national, c’est-à-dire qu’elles concernent aussi les zones urbaines, il n’en reste pas moins que c’est généralement dans le secteur agricole que l’on trouve le plus de travailleurs familiaux non rémunérés (ILO, 2008).

L’idée largement répandue selon laquelle les cultures d’exportation et les autres cultures commerciales sont l’apanage des hommes et les cultures de subsistance et les cultures vivrières de base, celui des femmes n’est pas sans fondement, mais c’est une grossière simplification (FAO, 2011; USAID, 2015a).

En effet, les femmes participent généralement autant que les hommes à la production agricole marchande, formant souvent l’essentiel de la main-d’œuvre des exploitations sous contrat. Il existe néanmoins des différences importantes entre hommes et femmes en ce qui concerne le contrôle du produit des ventes commerciales (les hommes sont sous contrat, tandis que les femmes sont travailleuses familiales) et l’ampleur des opérations (difficultés rencontrées par les femmes pour augmenter leurs ventes).

Alors que les femmes tendent à dominer les marchés locaux de produits vivriers de base, ce sont généralement les hommes qui sont responsables des cultures d’exportation, concluant des contrats et contrôlant le produit des Tableau 4.2 Situation au regard de l’emploi dans les PMA, par sexe, 2014 (En pourcentage)

Situation au regard de l’emploi PMA africains et Haïti PMA asiatiques PMA insulaires

Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes

a. Salariés (ouvriers et employés) 22,9 10 23,7 15,5 20,6 15,5

b. Employeurs 2,2 0,7 1,0 0,7 1,4 0,3

c. Travailleurs indépendants 57,4 49,5 62,8 38,7 50,8 39,0

d. Travailleurs familiaux 17,5 39,7 12,5 45,2 27,2 45,2

Emploi vulnérable (c + d) 74,9 89,2 75,3 83,9 78,0 84,2

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après des données de l’OIT, Global Employment Trends 2014: supporting data sets: Em-ployment by status and sex (http://www.ilo.org/legacy/english/get/2014/GET_sector_share.xlsx) (consultée en juillet 2015).

Note : Il n’existe pas de données pour les pays suivants : Djibouti, Kiribati, Sao Tomé-et-Principe, Soudan du Sud, Soudan (ancien Soudan), Timor-Leste, Tuvalu et Vanuatu.

ventes (World Bank, FAO and IFAD, 2009; Croppenstedt, Goldstein and Rosas, 2013). Un certain nombre d’études signalent une dynamique similaire pour ce qui concerne les secteurs d’exportation tant traditionnels (cacao, café et thé, par exemple) que non traditionnels (fruits, produits horticoles et fleurs, par exemple).

Ainsi, au Rwanda, les femmes sont tout aussi actives que les hommes dans les plantations de café; ce sont elles qui apportent la récolte du jour à la station de lavage, sauf le jour du paiement où les hommes s’en chargent (IFAD, 2010).

Selon que le propriétaire ou l’exploitant des terres est un homme ou une femme, le type de culture varie sensiblement entre les PMA et en leur sein (tableau 4.3). Au Rwanda, que les terres soient détenues ou exploitées par des hommes ou par des femmes, les cultures sont remarquablement similaires.

C’est aussi le cas au Malawi, même si 10,4 % des terres exploitées par des hommes sont consacrées au tabac, contre 3,3 % lorsqu’elles sont exploitées par des femmes. En revanche, en République démocratique populaire lao, sur les terres exploitées par des hommes, les cultures sont plus diversifiées, 23,6 % des surfaces étant consacrées à des cultures non rizicoles, contre 10,9 % sur les terres exploitées par des femmes.

Les enquêtes sur les budgets-temps montrent que certains travaux agricoles (par exemple, le désherbage, la plantation et la récolte) tendent à être principalement féminins, alors que d’autres (par exemple, le labourage, la pulvérisation et le chargement/déchargement des produits) sont généralement masculins. Dans le secteur du café en Ouganda, par exemple, les femmes prennent en général soin des caféiers, cueillent et font sécher les fruits, tandis que les hommes plantent et taillent les arbustes et vendent la récolte (Verhart and Pyburn, 2012). En République démocratique populaire lao, les femmes repiquent le riz, le désherbent, le récoltent et s’occupent des opérations postrécolte et de la vente, alors que les hommes préparent les sols, labourent et installent les clôtures (FAO/SIDA, 2010b).

Dans les exploitations agricoles de type pastoral ou mixte, on relève aussi généralement une spécialisation des activités d’élevage selon les sexes, y compris au sein des ménages. Les femmes élèvent plutôt des volailles et du bétail laitier, ainsi que des lapins et d’autres petits animaux (FAO, 2011;

Guèye, 2000; Okali and Mims, 1998; Tangka, Jabbar and Shapiro, 2000); elles nourrissent aussi les porcs et la volaille, font paître les chèvres et vendent les produits de petite taille et le petit bétail sur le marché local (FAO/SIDA, 2010b).

La production des œufs, du lait et des volailles tend à être dominée par les femmes, tandis que les hommes sont souvent chargés des bovins.

Selon que le propriétaire ou l’exploitant des terres est un homme ou une femme, le type de culture varie sensiblement entre les PMA et en leur

sein.

Certains travaux agricoles tendent à être principalement féminins.

On relève généralement une spécialisation des activités d’élevage

selon les sexes.

Tableau 4.3 Cultures selon le sexe du principal propriétaire/exploitant

Type de culture

Malawi Rwanda République démocratique populaire

lao

2010/2011 2010 2010

En pourcentage des parcelles En pourcentage de la production

culturale En pourcentage de la surface cultivée

Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes

Maïs 64 75 8,1 8 8,9 2,7

Pois cajan 14,7 21,3 - - -

-Arachide 15,1 17 - - -

-Tabac 10,4 3,3 - - 0,1

-Fève 5,5 6,2 15,7 17,1 -

-Sorgho 4,3 6,4 4,2 4,1 -

-Riz 2,7 3,1 0,6 0,4 76,4 89,1

Café - - 1,6 1,5 3,6 2,9

Thé - - 0,2 0,3 0,1 0,3

Manioc - - 10,2 9,6

-Patate douce - - 8,7 8,9 -

-Pomme de terre - - 3,9 3,9 -

-Sources : FAO/SIDA (2010b, tableau 5.1, p. 37); Republic of Malawi (2012, tableau 9.9, p. 139) and Republic of Rwanda (2011, tableau 4.6, p. 37).

2. a

ctivités et emplois non agricoles

Pour les hommes comme pour les femmes, les taux de participation sont généralement plus faibles dans les activités non agricoles que dans les activités agricoles. Selon les données des enquêtes sur les budgets-temps, les activités telles que le petit commerce et le commerce de détail sont plus souvent le fait des membres féminins que masculins du ménage; les hommes, pour leur part, ont davantage de débouchés dans d’autres secteurs non agricoles tels que l’industrie du bâtiment et le secteur des transports. En Éthiopie, par exemple, 22,2 % des femmes vivant en milieu rural mènent des activités non agricoles, contre 16,4  % d’hommes (Central Statistical Agency of Ethiopia and World Bank, 2013). En République démocratique populaire lao, 48 % des membres des ménages engagés dans des activités non agricoles sont des femmes, dont la grande majorité (77 %) travaillent dans le commerce de gros et de détail (FAO/

SIDA, 2010b).

Comme le cas de la Gambie le montre (encadré 4.1), dans des secteurs tels que celui de la pêche, on observe aussi des différences marquées entre le rôle des hommes et celui des femmes en ce qui concerne les produits, l’échelle de production et les marchés.

La place des hommes et des femmes dans l’emploi est plus clairement délimitée dans le secteur agroalimentaire que dans l’agriculture traditionnelle.

Par tradition, ce sont les femmes qui, dans de nombreux pays, se chargent de la transformation artisanale des produits agricoles. La transformation industrielle de produits de valeur supérieure tels que le poisson, les fleurs et les produits d’élevage présente une structure différenciée par sexe, qui se caractérise par la prédominance de l’emploi de femmes (tableau 4.4) et par une forte ségrégation des activités par sexe.

Même lorsque les femmes vivant en milieu rural ont une activité rémunérée, elles sont plus susceptibles que les hommes d’être cantonnées dans des activités à temps partiel, saisonnières et/ou faiblement rémunérées2 (FAO, 2011), ainsi, par exemple, dans les trois pays étudiés en détail au chapitre 3 (Bangladesh, Népal et Malawi), (RIGA database/survey data; FAO, 2011). Selon des données de l’OIT et de la base de données Activités rurales génératrices de revenus (RIGA), font les différences de rémunération entre les hommes et les femmes, qu’ils soient employés dans les secteurs formel et informel, sont importantes – plus importantes dans les PMA asiatiques que dans les PMA africains (graphique 4.1).

Si ces écarts au regard de la situation dans l’emploi et de la rémunération peuvent en partie s’expliquer par le niveau d’instruction, l’expérience professionnelle et les choix personnels (par exemple, préférence pour un emploi à temps partiel ou saisonnier en raison des obligations familiales), ils sont aussi le fruit des stéréotypes culturels et des normes sociales (Boserup, 2007).

Dans le document RAPPORT 2015 SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS (Page 148-151)