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La tendance au décrochage et le manque de la persévérance

CHAPITRE IV. La persévérance et le décrochage à l’université : un phénomène social ou individuel ?

IV.8 La tendance au décrochage et le manque de la persévérance

La persévérance et le décrochage sont spécialement associés. De sort que nous pouvons dire que la tendance au décrochage est la conséquence de l‟absence de persévérance. Pour Gury (2007), « les étudiants inscrits en premier cycle de l‟enseignement supérieur vont réagir de manière différente face au phénomène de décrochage ».En dehors des cas où l‟étudiant a des problèmes individuels (famille, santé, le coût de ses études et vivre tout seul…), il y a des problèmes sociaux, culturels, comportementaux, intellectuels, etc. qui influence sa persévérance et par conséquent son intégration intellectuelle et sociale.

Nous avons présenté dans ce chapitre divers type d‟étudiants observés dans les enquêtes et étudiés à travers le monde afin de montrer la/les cause(s) du décrochage ou du manque de persévérance.

Cela nous a montré que la tendance au décrochage annihile généralement la persévérance. Ainsi les types de décrochage ou de décrocheur peuvent éclairer les raisons du manque de persévérance. Parmi ces décrocheurs on peut mentionner les étudiants „„fantômes‟‟.

Certains étudiants ont une réputation de « fantômes ». Ils sont administrativement inscrits, mais invisibles pédagogiquement : « s‟ils ont assisté à des cours, ils ne se sont pas présentés aux partiels et n‟ont validé aucune unité d‟enseignement » (Legendre, 2003). Parmi ces fantômes ceux qui sont présents seulement pour l‟inscription du fait de leur rapide évanouissement sont difficiles à connaître. Legendre (2003) ne les compte pas parmi les décrocheurs et on ne peut pas parler de manque de persévérance concernant ce groupe « puisqu‟ils ne se sont pas confrontés à l‟université ou bien ils se sont réorientés très rapidement, (les étudiants qui s‟inscrivent en double cursus mais n‟en suivent qu‟un) ».

Mais il y a un autre groupe de fantômes : ceux qui ne s‟inscrivent que pour bénéficier du statut d‟étudiant (par exemple, les salariés qui n‟ont pas le temps d‟assister aux cours) (Legendre, 2003). Ils n‟ont ni projet, ni vocation, s‟investissent dans la sociabilité étudiante mais désinvestissent les études (Dubet, 1994). La persévérance pour eux est loin d‟exister car ils n‟ont jamais investi dans leurs études.

Nous y rajoutons un troisième groupe de fantômes ceux qui veulent bénéficier d‟une bourse, ils sont présents mais obligatoirement et seulement pour les partiels ou les TD et seulement pour avoir des notes afin de continuer à profiter de leur bourse. Ces étudiants n‟étaient jamais engagés et être persévérant est loin d‟être une de leurs caractéristiques.

Les non intégrés sont un autre groupe d‟étudiants décrocheurs. Ceux qui partent le plus tôt ne se sont pas affiliés aux codes universitaires. L‟écart entre le monde lycéen et le monde étudiant leur paraît infranchissable (Alava, 2011 ; Coulon et paivandi, 2008 ; Coulon, 1997). Ici aussi la persévérance fait défaut.

Ceux qui souffrent par exemple de leur choix, vivent un malaise à cause de défaut d‟orientation. Ils n‟ont pas pu intégrer la filière désirée au moins pour deux raisons : soit ils ne possèdent pas les compétences requises (Beaupère et G. Boudesseul (2009b), soit ils sont conscients de leurs carences mais ils choisissent leur filière par défaut. Le manque de projet, d‟objectif et d‟encadrement augmente le risque du décrochage par le biais d‟une faible intégration au sein de la communauté étudiante. Être persévérant est une exigence inappropriée pour ce type d‟étudiant.

Les tendances au décrochage peuvent varier aussi selon le sexe, la série de Baccalauréat, la situation sociodémographique, etc. Gury (2007) a montré en comparant les années d‟études (de la première à la cinquième année et plus) que l‟impact de tous ces facteurs était plus important en première année.

Afin d‟achever le profil-type des décrocheurs à l‟université, en plus des facteurs déjà nommés il faut citer les autres causes en jeu. L‟étudiant engagé, motivé et intégré est plus persévérant et évidemment réussit mieux.Le manque de “goût pour les études” est un fait qui peut inciter au décrochage. « Une enquête par questionnaire de G. Parent et A. Paquin auprès de “décrocheurs” québécois montre notamment que ceux-ci ont perdu le “goût des études” et en imputent la responsabilité à l‟école et aux enseignants » (Parent & Paquin, 1994).

L‟étudiant perd le goût des études pour des raisons différentes. Les différents recherches (Beaud, 2002 ; Dubet, 1994 ; Romanville, 2000 ; Gury, 2007 ; Beaupère et Boudesseul, 2009b) ont souligné :

1-l‟orientation par défaut : l‟orientation non-choisie par l‟étudiant pour mieux dire une orientation subie est une raison de décrochage. Ces décrocheurs sont des étudiants qui se sont inscrits à l‟université parce qu‟ils étaient refusés ailleurs après leur bac.

2-le défaut d‟orientation ou le manque de préparation : le caractère passif ou actif du choix de s‟inscrire peut jouer dans la décision du décrochage de l‟étudiant. Le caractère passif amène la majorité des décrocheurs de l‟université à une inscription « passive », en ayant des connaissances très relatives des formations supérieures et de leurs vœux d‟inscription à l‟université.

3-L‟absence de projet : l‟absence d‟un projet défini a de forte conséquences négative sur la persistance de l‟étudiant. Les jeunes bacheliers intégrant l‟université en n‟ayant aucun projet particulier ou vocation à y être, ont tendance à investir la sociabilité de la vie étudiante au dépend de leurs études tout en se sentant isolés, mal intégrés et sans perspective au sein de leur cursus. L‟absence de projet ressemble au défaut d‟orientation puisqu‟il résulte d‟un caractère passif. 4-Le manque de préparation : une autre raison pour décrocher des études à l‟université réside dans ce manque dès les premières années du lycée. La construction d‟un projet personnel, notamment, du choix de s‟orienter vers l‟université fait préparer un choix mûri et réfléchi.

Un sondage est réalisé avec Opinion Way en novembre 2010 auprès de plus de 1000 bacheliers inscrits dans le supérieur. Le résultat a bien révélé ce manque de préparation à une orientation post-bac réussie, particulièrement chez les jeunes étudiants en université.

Plusieurs travaux au Canada sont consacrés au problème du décrochage dans les années avant l‟université. Nous les avons cités car ils révèlent des résultats intéressants qui peuvent expliquer la genèse du décrochage et son apparition dans les années suivantes à l‟université. Ces résultats sont des outils fiables du décrochage à l‟université.

Les travaux produits sur le décrochage sont multiples, tant au Canada qu'aux États-Unis. Cependant, « il est important de mentionner que les travaux américains suivants ont grandement contribué à la connaissance du problème et ont souvent été utilisés comme référence de base dans les travaux canadiens : Barrington and Hendricks (1989); Ekstrom, Goertz, Pollack and Rock (1986); Fim (1989); Natriello, Palias and McDill (1986); Rumberger (1983) et Rumberger (1987). On pourrait aussi ajouter à cette liste le travail australien de Aidey, Foreman et Sheret (199 1) » (Vaillancourt, 1998).

Nous avons noté dans ce chapitre qu‟en Europe, en Belgique et notamment en France, le décrochage est également un sujet de débat très investi. Nous avons cité quelques recherches mais ce n‟est pas une liste exhaustive. Ces chercheurs s‟intéressent dans un premier temps à savoir qui sont les décrocheurs ? Pour quelles raisons décrochent-ils ?

En général, nous avons voulu dessiner un profil du décrocheur type et repérer ses motifs d'abandon.