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CHAPITRE 5 ANALYSE ET DISCUSSION DES RÉSULTATS

5.2 Analyse des réponses obtenues

5.2.7 Technologies et équipements

Lorsque l’on aborde la notion de sécurité pour les transporteurs, il est important de s’intéresser à l’utilisation des équipements et des technologies.

Équipements

Les transporteurs utilisent de plus en plus les nouvelles technologies et les équipements de sécurité. Par contre, plus les technologies deviennent sophistiquées, donc coûteuses, moins elles sont utilisées. Ainsi, quasiment tous les transporteurs (94,8%) ont un moyen de communication avec le chauffeur. Lorsqu’il s’agit d’ordinateurs de bord ou de GPS, un peu moins de la moitié des transporteurs en font usage (respectivement 46,1% et 43,6%). Lorsque l’on aborde les systèmes qui touchent plus directement le camion (système d’enregistrement de la vitesse et de la décélération, système de stabilisation dynamique du véhicule et système informatisé de gestion de la maintenance), on se rend compte que ces technologies sont présentes en moyenne chez 30% des transporteurs.

Camions citerne

Analysons de plus près les éléments qui se rapportent spécifiquement aux camions citernes. En effet, le Règlement modifiant le Règlement sur le transport des MD, Code de la sécurité routière (L.R.Q. c. C-24.2, a. 622, par. 3°, 4°, 6° et 8°), paru dans la Gazette Officielle du Québec le 8

juin 2007 apporte une modification pour les camions citernes. L’article 40 du règlement sur les MD est remplacé par le suivant :

« Art 40. À compter du 15 août 2006, un camion-citerne qui transporte des matières dangereuses doit être muni soit d’un appareil permettant de faire un suivi du comportement du conducteur, lequel enregistre les variations importantes de la vitesse et les données pertinentes concernant la date, l’heure et la vitesse, soit un système électronique de stabilisation dynamique du véhicule qui assiste le conducteur lors d’une manœuvre critique. Dans le cas du véhicule routier motorisé qui a été assemblé avant le 15 août 2006, l’un ou l’autre des dispositifs mentionnés au premier alinéa peut être remplacé par un limiteur de vitesse qui restreint cette dernière à 100 km/h. »

Nous ne savons malheureusement pas combien de citernes ont été assemblées avant ou après le 15 aout 2006 dans notre enquête, mais nous pouvons tout de même faire des recoupements. Il y a 122 transporteurs (59.2%) de MD qui ont au moins une citerne parmi nos répondants. Cependant, lorsque l’on croise les questions D1B (nombre de citernes), D4E (enregistrement de la vitesse) et D4F (stabilisation véhicule), il reste 196 transporteurs. Sur ces 196, 114 ont au moins une citerne. Parmi ces 114, 77 n’ont pas de système de stabilisation dynamique du véhicule, et parmi ces 77, 44 n’ont pas non plus de système d’enregistrement de la vitesse. Ainsi 11,4% des transporteurs avec au moins une citerne possèdent uniquement un système de stabilisation dynamique, 29% possèdent uniquement un système d’enregistrement de la vitesse et 21% possèdent les 2 dispositifs. Par contre, il subsiste 38,6% des transporteurs qui possèdent au moins une citerne et qui n’ont aucun des 2 systèmes imposés par la loi pour les citernes assemblées après 2006. Ainsi, nous pouvons émettre deux hypothèses : soit ces 44 transporteurs (38,6% des transporteurs possédant au moins une citerne) possèdent des citernes qui ont été assemblées avant le 15 août 2006, soit 38,6% des transporteurs ont une citerne et ne sont pas en conformité avec la réglementation. Ces résultats sont inquiétants.

Essayons dorénavant d’étudier les autres aspects du questionnaire qui peuvent laisser croire à de la délinquance réglementaire par ces transporteurs. Considérons la classe des transporteurs qui

ont au moins une citerne, et qui n’ont aucun des systèmes de sécurité exigés par la loi. Sur les 10 transporteurs qui ne donnent jamais de cours de recyclage à leurs chauffeurs, alors que la loi en prévoit tous les 3 ans, deux se retrouvent parmi celle-ci. Parmi les 31 qui n’inscrivent jamais leur incidents/accidents dans un registre, 29% appartiennent à cette classe. En outre, parmi les 19 transporteurs qui ne signalent jamais leur déversement à Transports Canada, 31,6% font partie de la classe considérée.

Établissement des trajets

Établir un plan de transport n’est jamais une chose facile pour des transporteurs et encore moins pour des transporteurs de MD, compte tenu de la dangerosité des produits, de certaines incompatibilités chimiques entre les produits devant être transportés et de la nécessaire ségrégation que l’on doit gérer. Cependant, l’élaboration des trajets est un premier moyen de maîtriser les risques et certains outils y aident. Il existe effectivement des logiciels de calcul des effets d'accidents couplés à des SIG qui servent à comparer les niveaux de risque associés à différents itinéraires et/ou différents modes de transport afin de pouvoir identifier les moins dangereux (E. Erkut & Glickman, 1997; Haastrup & Rasmussen, 1994; Harwood, Viner, & Russell, 1993). Cependant, ces logiciels sont encore très peu développés et sont souvent restreints à un territoire restreint donné. Par contre, d’autres logiciels peuvent toutefois aider à sélectionner les trajets qui évitent les zones vulnérables telles que les hôpitaux, les garderies, etc. Au Québec, d’après notre enquête, les trajets (itinéraires, tournées, etc.) sont souvent établis à l’interne sans logiciel (45,9%) ou laissés au chauffeur (40,1%). On constate cependant que les technologies de l’information et de la communication (TIC) commencent à entrer dans ce créneau d’activité pour les transporteurs puisqu’ils sont tout de même un peu plus d’un quart à établir les trajets à l’interne avec un logiciel41. Par contre, 21,3% des transporteurs affirment que l’établissement du trajet relève d’exigences du client. Dans ce cas, le transporteur n’a pas le choix du trajet.

41 Noter que la somme des pourcentages est supérieure à 100% compte tenu du fait que les transporteurs peuvent

utiliser plusieurs moyens d’élaboration des trajets différents (par exemple, pour une MD spécifique, les trajets vont être élaborés par un logiciel, pour une autre pour un trajet très commun, c’est le chauffeur lui-même qui décidera de son itinéraire).

Investissement en technologie de l’information

Parmi ceux qui investissent dans les technologies de l’information, la moitié le fait pour des raisons de sécurité. La réglementation (39,1% des transporteurs), l’amélioration des processus (38,1%) et la satisfaction de la clientèle (35,6%) sont autant d’autres critères qui poussent les transporteurs à investir dans les technologies de l’information. À première vue, nous aurions pu penser que les lois du marché pouvaient jouer un rôle majeur dans l’adoption de nouvelles technologies afin de permettre aux transporteurs de se différencier, cependant, ce critère ne ressort que chez seulement 16% des transporteurs comme un facteur d’investissement.