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Pratiques organisationnelles de sécurité se rapportant aux chauffeurs et à la

CHAPITRE 2 REVUE DE LITTÉRATURE

2.2 Identification des pratiques organisationnelles de sécurité

2.2.3 Pratiques organisationnelles de sécurité se rapportant aux chauffeurs et à la

2.2.3.1 Formation des chauffeurs

Les chauffeurs sont les premiers maillons de la chaîne en cas d’accident. Il est donc important qu’ils soient conscients des risques auxquels ils sont exposés, qu’ils sachent prévenir ces risques et réagir en cas d’accident. Ainsi, la formation, visant à améliorer les habiletés, les compétences et les aptitudes du chauffeur en terme de prévention des risques est capitale.

Durée de la formation et renouvellement régulier

Les premières études réalisées dans le domaine ont identifié les caractéristiques communes des entreprises ayant des performances élevées en terme de sécurité, mais par contre n'ont pas inclut de contrôles par rapport à celles avec une faible performance. Ainsi, parmi les quatre études que Cohen (1977) a examinées, trois citaient comme facteurs communs aux entreprises ayant des performances en sécurité élevées, une formation supérieure pour les nouveaux employés et une formation renouvelée à intervalle régulier pour les employés actuels. Shannon & al. (1997) ont passé en revue dix études incluant chacune au moins 20 entreprises distinctes et utilisant le taux d’accidents comme variable de résultat. Quarante-huit variables représentant des pratiques de gestion ont été examinées. Les auteurs ont isolé les pratiques toujours associées à la performance, c'est-à-dire les pratiques dont l'association avec la performance était significative dans une direction (sens d’influence de la variable sur le taux d’accidents) pour au moins deux tiers des études, la direction étant commune à toutes les études. Parmi ces pratiques, la durée de la formation en sécurité pour les employés et la formation en sécurité sur une base régulière ressortent comme ayant un impact significatif positif sur la performance de l’entreprise en termes de taux d’accidents.

Plusieurs études générales plus récentes ont également montré l’importance de la formation dans la réduction des accidents de travail : (Cabrera, Isla, & Vilela, 1997; Cooper & Phillips, 2004; B. Fernández-Muñiz, et al., 2009; Glendon & Stanton, 2000; O'Toole, 2002; Silva, et al., 2004; Vredenburgh, 2002). Daniellou & al. (2010) ont identifié un ensemble de facteurs contribuant à

rendre les organisations hautement fiables, parmi lesquels la formation régulière et la mise en situation sur des cas d’incidents ou accidents simulés pour l’ensemble des acteurs opérationnels.

La plus récente étude de Fernandez-Muñiz & al. (2009) vise à identifier les bonnes pratiques en gestion de la sécurité, et à analyser l'effet de ces pratiques sur un ensemble d'indicateurs de la performance organisationnelle. Les indicateurs de performance retenus concernent à la fois des performances en sécurité, des performances en terme de compétitivité et enfin des performances économiques et financières. Pour qualifier la performance en sécurité, les critères suivants ont été retenus : le nombre de blessés, les dommages matériels, la motivation des employés et l'absentéisme. Pour la performance en terme de compétitivité, il s’agit de la qualité des produits, de la productivité, de la satisfaction de la clientèle, de la réputation de l’entreprise, de l'innovation. Enfin pour la performance financière, les auteurs ont considéré la rentabilité financière, la croissance des parts de marché et enfin la croissance des bénéfices. Fernandez- Muñiz & al. (2009) ont mis en parallèle ces indicateurs de performance avec des pratiques organisationnelles de sécurité pour comprendre les relations qui les lient. Le modèle a été testé sur un échantillon de 455 entreprises espagnoles. Les résultats montrent que la gestion de la sécurité a une influence positive non seulement sur la performance de la sécurité, mais aussi sur la performance en terme de compétitivité et la performance économique et financière. Par conséquent, ils font la preuve de la compatibilité entre la protection des travailleurs et la compétitivité des entreprises. Parmi les 40 pratiques organisationnelles de sécurité testées (obtenues après une revue de la littérature exhaustive et la consultation d’expert en gestion de la sécurité), 29 ont été retenues comme apportant une contribution suffisante au système de management de la sécurité et ayant un impact sur la performance de l’entreprise. Nous retenons ici la pratique organisationnelle « formation des employés », et nous ferons référence aux autres pratiques organisationnelles de sécurité dans les autres sections appropriées de cette revue de littérature. Chaque pratique est expliquée par des sous-éléments dont voici ci-dessous la composition pour la formation.

Tableau 2.1: Pratique organisationnelle de sécurité « Formation » retenue par Fernandez & al. (2009) et sa décomposition en sous-éléments ayant un lien avec la performance en sécurité

FORMATION Sous-élément

formation 1

Donner au travailleur une période suffisante de formation à l’embauche, lorsqu’il change d'emploi ou lorsqu’il utilise une technique nouvelle Sous-élément

formation 2

De la formation continue et périodique, intégrée formellement dans un plan de formation

Sous-élément formation 3

Plan de formation décidé conjointement avec les travailleurs ou leurs représentants

Sous-élément formation 4

Aide des entreprises pour former les travailleurs en interne (congés, subventions)

Sous-élément formation 5

Manuels d'instructions ou de procédures de travail élaborées pour aider à prendre en compte la prévention

Importance de la formation décuplée dans les entreprises œuvrant dans le domaine des matières dangereuses

Plus particulièrement, dans le domaine du TMD, la pratique organisationnelle « formation » est selon nous, encore plus importante, compte tenu de la dangerosité du produit qui s’ajoute au transport à proprement parler. La formation relative aux marchandises dangereuses est une mesure imposée par la plupart des gouvernements dans le monde afin de réduire les accidents liés aux MD. De Marcellis-Warin & al. (2009) affirment « qu’une saine gestion du risque passe généralement par l’établissement d’une culture de sécurité au sein de l’entreprise, qui se manifeste par diverses actions commençant souvent par la formation des employés ». D’ailleurs, le guide sur les bonnes pratiques recommandées pour la sécurité des chauffeurs ((CSI), 2009b) recommande que tous les chauffeurs effectuant des déplacements professionnels reçoivent une formation initiale en conduite ainsi qu’une formation continue basée sur l’appréciation des risques. Il suggère qu’une formation complémentaire soit requise pour les environnements à haut risque et les véhicules spéciaux.

Les recherches de Kuncyté et Laberge-Nadeau (2002; 2000) font ressortir l’existence de lacunes importantes au niveau de la formation des chauffeurs et les impacts incontournables que cela peut avoir sur la sécurité des individus et de l’environnement autour des corridors de transport des MD. Différentes caractéristiques ont selon Kuncyté & al. (2003) un impact direct sur la qualité de la formation : le lieu, la durée, l’évaluation et la fréquence du cours de recyclage.

2.2.3.2 Information et communication sur la gestion des risques aux chauffeurs

La communication et le transfert d’information aux employés à propos des risques éventuels et des façons de prévenir et de se préparer à ces risques sont des éléments importants d’un système de management de la sécurité (B. Fernández-Muñiz, et al., 2009; Glendon & Stanton, 2000; Isla Díaz & Díaz Cabrera, 1997; Leonelli, Bonvicini, & Spadoni, 2000; Mearns, et al., 2003; Silva, et al., 2004; Vredenburgh, 2002; Wiegmann, Zhang, Thaden, Sharma, & Mitchell, 2002; Zohar, 1980).

La communication sur les questions de santé et de sécurité à la main-d'œuvre est considérée comme une étape clé de l'apprentissage organisationnel. Selon Fernandez & al. (2009), la communication peut prendre différentes facettes décrites dans le Tableau 2.2.

Tableau 2.2: Pratique organisationnelle de sécurité « Communication » retenue par Fernandez & al. (2009) et sa décomposition en sous-éléments ayant un lien avec la performance en sécurité

COMMUNICATION Sous-élément

communication 1

Il y a une communication fluide grâce à des réunions périodiques et fréquentes, des campagnes ou des présentations orales pour transmettre des principes et des règles d'action

Sous-élément communication 2

Des systèmes d'information mis à disposition des travailleurs touchés par des modifications ou des changements dans les processus de production, dans leurs postes de travail

Sous-élément communication 3

Circulaires écrites et organisation de réunions pour informer les travailleurs sur les risques liés à leur travail et comment prévenir les accidents

Un document d’orientation de l’OCDE (2004) sur les indicateurs de performance en matière de sécurité précise en outre que la haute direction devrait s’assurer que tous les employés puissent faire valoir leur point de vue et possèdent toute l’information pertinente nécessaire pour assurer la sécurité. La communication est aussi un élément clé dans l'outil de gestion de la sécurité de PRIMA utilisé par Hurst & al. (1996). Son article décrit l'application d'un questionnaire d’enquête sur les attitudes de sécurité et un système de gestion de la sécurité sur six sites à risques majeurs dans quatre pays européens.

Plus particulièrement, dans le domaine du TMD, afin que les employés bénéficient au maximum de leurs formations sur le TMD, certains auteurs (Kuncyté, et al., 2003) suggèrent des séances d’informations complémentaires aux formations reçues.

L’information dans le domaine du TMD peut être donnée oralement, mais comme les chauffeurs sont souvent seuls sur la route, il est important qu’ils aient à leur disposition des guides leur rappelant les aspects relatifs à la sécurité.

2.2.3.3 Type de rémunération des chauffeurs

Des incitatifs peuvent être mis en place pour que les employés participent aux activités de santé et sécurité. Ces incitatifs doivent viser à promouvoir des comportements sécuritaires et à impliquer davantage le personnel dans le processus de décision, au moyen de punition/récompenses ou par des consultations sur des aspects de bien-être dans le milieu de travail. Plusieurs études ont montré que la mise en place de ce genre d’incitatif aidait à diminuer les taux d’accidents (Vredenburgh, 2002; Wiegmann, et al., 2002; Zohar, 1980).

Les chauffeurs jouent un rôle important dans la gestion des risques reliés au TMD. Leur comportement peut être influencé par plusieurs facteurs : par exemple, Dionne et al. (1998) font mention qu’un conducteur qui est à l’emploi d’un transporteur très exigeant sur le respect des horaires peut être incité à commettre des infractions pour respecter un horaire qui ne tient pas compte des contretemps. Ou encore un commerce à grande surface qui exige que ses marchandises soient livrées à des moments précis dans l’horaire chargé d’une journée peut aussi générer des comportements plus risqués des conducteurs qui ne veulent pas être obligés de revenir avec leur marchandise parce qu’ils sont arrivés en retard.

Dans ce contexte, la rémunération est un facteur important dans la façon dont les chauffeurs perçoivent leur travail et accomplissent leurs tâches. Cette rémunération peut être différente selon que les chauffeurs soient en courte ou en longue distance. Les grands systèmes de rémunération utilisés dans l’industrie sont : un taux horaire, un taux au kilomètre et une rémunération par voyage complété. Les deux derniers types de rémunération (rémunération basée sur les résultats)

pourraient constituer une menace supplémentaire alors que les conducteurs pourraient être tentés d'en faire plus, en augmentant leur niveau de fatigue et en se forçant à se dépêcher au cours du chargement / déchargement des produits (Williamson, Feyer, Friswell, & Finlay-Brown, 2001). Ainsi le système de rémunération est un facteur important à prendre en compte si l’on veut diminuer le taux d’accidents.

2.2.4 Pratiques organisationnelles de sécurité se rapportant aux équipements