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CHAPITRE 2 REVUE DE LITTÉRATURE

2.2 Identification des pratiques organisationnelles de sécurité

2.2.1 Sources de données consultées

Le management de la sécurité constitue un domaine relativement nouveau de la recherche. Une branche de la recherche scientifique s’est toutefois intéressée de près aux impacts d’un système de management de la sécurité sur le risque industriel en général. Cette littérature couvre un large territoire : de l’étude des accidents passés jusqu’aux modèles tentant de lier la culture organisationnelle à la performance de l’entreprise. Le principal objectif de la recherche dans ces domaines est de prédire les résultats liés à la sécurité tels que les accidents et les blessures afin de fournir de précieux conseils pour améliorer la sécurité dans les organisations. Cela nécessite une connaissance approfondie, non seulement des différents aspects qui influent sur la sécurité mais aussi de savoir comment cette influence se produit (Vinodkumar & Bhasi, 2010).

Tandis que le système de management de la sécurité a été étudié dans de nombreux milieux industriels, peu d'attention a été accordée dans le contexte d’une flotte de véhicules commerciale et encore moins dans le domaine du TMD. Nous nous efforçons néanmoins autant que possible de présenter des applications dans le domaine des transports de MD. Notons qu’il existe des questionnaires qui permettent de lister certaines pratiques organisationnelles de sécurité pour le transport commercial. Par exemple, Wills & al. (2005) ont modifié le questionnaire sur le climat de sécurité développé par Glendon & Litherland (2001) afin de l'adapter au contexte de l’industrie du transport. Les grandes pratiques organisationnelles de sécurité retenues par cette étude sont : la communication et les procédures, la pression reliée au travail, l’implication du management, les relations de travail, la formation des chauffeurs et les règles de sécurité. Nous allons voir par la suite que les pratiques organisationnelles de sécurité présentées dans ce

questionnaire sont semblables à toutes les autres études sur le management de la sécurité mis à part le fait que le travailleur est un chauffeur dans ce cas-ci.

Les preuves empiriques de l’incidence de la culture de sécurité sur les résultats obtenus dans la lutte contre les accidents de travail ne cessent de s’accumuler (Simard, 2000). Afin de présenter une revue de littérature exhaustive concernant les pratiques organisationnelles de sécurité et leurs impacts sur le risque, nous avons considéré à la fois les modèles tirés des réglementations internationales et guides de différentes institutions dans différents pays (INERIS, 2006a; OCDE, 2004) ainsi que des études empiriques sur la culture de sécurité (Cooper & Phillips, 2004; Glendon & Stanton, 2000; Guldenmund, 2000; Wills, et al., 2005) et pour finir, des travaux analysant les pratiques organisationnelles de sécurité permettant de discriminer les entreprises selon leur taux d’accidents.

Pour aller plus en détails, des études relativement anciennes examinent les caractéristiques d’entreprises ayant de faibles taux d’accidents et les comparent à des entreprises similaires ayant des taux supérieurs à la moyenne (Smith, Cohen, Cohen, & Cleveland, 1978). D’autres articles plus récents font part eux aussi d’un lien entre le climat de sécurité et :

 les taux d'accidents de l'entreprise (Isla & Diaz (1997) qui ont étudié le secteur de la manutention au sol dans les aéroports; Varonen & Mattila, (2000) qui ont étudié l’industrie de la transformation du bois);

 la fréquence de déclaration volontaire de l’implication dans un accident (Mearns, Flin, Gordon, & Fleming, 1998; Mearns, Whitaker, & Flin, 2003);

 la fréquence de déclaration volontaire des accidents du travail et leur gravité (Gillen, Baltz, Gassel, Kirsch, & Vaccaro, 2002) (Vredenburgh, 2002),

 la fréquence de comportements plus sécuritaires parmi les employés dans des industries comme la fabrication (Cooper & Phillips, 2004; Griffin & Neal, 2000) ou encore les usines de traitement chimique (D. A. Hofmann & Stetzer, 1996) et

Les études d’Isla & Diaz (1997) et Varonen & Mattila (2000) suggèrent que le système de management de la sécurité en place peut prédire l'occurrence d'incidents, et également être utilisé pour discriminer les organisations avec une performance de sécurité bonne ou mauvaise. Les recherches de Moses & Savage17 (1993; 1994) ont montré que les transporteurs qui ont des cotes insatisfaisantes au niveau des audits de sécurité du gouvernement américain avaient des taux d'accidents 53% plus élevés que les entreprises avec une cote évaluée à conditionnelle ou satisfaisante, bien que ces accidents supplémentaires ne donnent pas lieu à une plus grande incidence de décès et blessures.

Par ailleurs, Kawka et Kirchsteiger (1999) ont montré qu’environ 66% des accidents sont causés par des défaillances au niveau de la gestion de la sécurité du système. Une autre étude (Silva, Lima, & Baptista, 2004) permet de prouver que la force du système de management de la sécurité est corrélé avec le taux d'accidents de l’entreprise, suggérant une association entre un climat organisationnel fort et moins d'accidents. Le climat de sécurité, les pratiques de sécurité et l'implication du personnel sont, d’après cette étude, tous fortement corrélés avec le taux d'accidents.

Nous avons aussi étudié attentivement quatre guides proposant des pistes d’amélioration à la sécurité des entreprises :

Le Document d'orientation sur les indicateurs de performance en matière de sécurité de l’OCDE (2004) qui propose une approche systémique pour évaluer le succès des programmes mis en place par les différents intervenants en matière de sécurité chimique et permet aux entreprises d'évaluer leurs propres performances dans le contexte de la prévention, de la préparation et de l'intervention en matière d'accident chimique.

 Le Manuel d’amélioration de la sécurité des entreprises, référentiel fruit du rapprochement des deux systèmes de managements MASE et DT 78 de l’UIC (MASE/UIC, 2009). Il est issu de l’accord du 20 décembre 2007 entre ces deux organisations. Le manuel définit les mesures minimales requises pour que l’entreprise

puisse mettre en place un système de prévention performant. Il permet d’aider les entreprises intervenantes à mettre en place un système de management Sécurité, Santé, Environnement (SSE) et définit les règles permettant de certifier ces entreprises à l’aide du système commun. La première partie du guide détaille les 5 chapitres constituant le référentiel et en précise les fondements essentiels, à savoir, l’engagement de la direction, la compétence et la qualification professionnelle du personnel, la préparation et l’organisation du travail, les contrôles, et l'amélioration continue. La seconde partie fournit un ensemble d’annexes techniques reprenant conseils et aide à la décision de l’entreprise.

 Le Guide des Bonnes Pratiques recommandées pour la Sécurité des Sous-traitants, développé par le CSI18 (Cement Sustainability Initiative)(2009a). Cet organisme a mis en avant le besoin d’accroître l’attention portée à la sécurité dans la gestion des contrats de tous genres, à toutes les échelles et les niveaux de risque, aussi bien sur site que hors site pour contribuer à la réduction les accidents mortels en mettant encore plus l’accent sur la sécurité dans la gestion des contrats. Il propose une démarche pour mieux gérer l’aspect sécurité dans les contrats de sous-traitance.

 Le Guide des Bonnes Pratiques recommandées pour la Sécurité des Chauffeurs, développé par le CSI (2009b). Cet organisme a mis en avant le besoin d’accroitre l’attention portée à la sécurité des chauffeurs de véhicules lourds, en proposant une démarche et des bonnes pratiques pour contribuer à la réduction les accidents mortels. Ces deux derniers guides ont été rédigés en réaction à l’analyse des accidents/incidents de l’industrie des cimenteries (industrie à risque). Le CSI a en effet constitué une base de données de tous les accidents mortels survenus dans toutes les activités des 18 sociétés membres. Les statistiques ont montrées que les incidents liés à la conduite sont à l’origine du plus important nombre d’accidents parmi les entreprises membres du CSI. Pendant les années 2007 et 2008, plus de 200 employés, sous-traitants et tiers ont perdu la vie au cours d’accidents de la route. En outre,

18 La Cement Sustainability Initiative (CSI) est un effort global des 23 principaux producteurs de ciment implantés

dans plus de 100 pays, qui ont intégré le développement durable dans leurs stratégies commerciales et leurs opérations, cherchant ainsi une forte performance financière avec un fort engagement aussi en termes de responsabilité sociale et environnementale. Ensemble, ces sociétés représentent environ un tiers de la production mondiale de ciment varient de très grandes multinationales aux plus petits producteurs locaux.

il a été montré qu’environ 60% de tous ces accidents mortels concernent les activités des sous- traitants. Ainsi, les bonnes pratiques proposées aux entreprises sont directement reliés à une baisse des accidents.

2.2.2 Regroupement des pratiques organisationnelles de sécurité par thème