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3. FONDEMENTS MÉTHODOLOGIQUES DE LA RECHERCHE

3.4. Les techniques de collecte des données

Compte tenu du fait que l’étude de cas est une méthode qui vise à l’obtention d’« une

information exhaustive au sujet d’une situation »52 (Lamoureux, 2006, p. 59), sa mise en pratique comprend l’utilisation de données provenant de plusieurs sources d’information. Dans notre recherche, les données qui ont été recueillies étaient des documents et des transcriptions d'entrevues et de débats menés par un groupe de discussion. Nous les présentons dans cette sous- section.

3.4.1. Analyse des documents

Dans la société contemporaine, la plupart des actions humaines laissent une trace sur des papiers et / ou des objets, ce qui constitue une riche source d’informations pour la recherche sur le terrain. Ce répertoire, qui comprend des documents, archives, objets, artéfacts, etc., peut signaler des pistes passibles d’être exploitées par le chercheur dans le cadre des travaux sur le terrain (Patton, 2002). Il fournit, au chercheur, des renseignements concernant des dispositions, des systèmes, des moyens, etc., qui ne peuvent pas être observés au moment même de l’investigation sur le terrain. Par exemple : des actions qui ont eu lieu avant le début de la recherche (Patton, 2002).

Dans le cadre de notre étude, nous avons cherché toute sorte de documents produits par les enseignantes d’éducation physique pendant leur participation au PHAVI, soit : des plans des

52 La situation étudiée peut faire référence à une personne, groupe ou phénomène particulier (Lamoureux, 2006),

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leçons pour le cours, des rapports des activités, des journaux de bord, etc. Ces documents sont des outils importants pour comprendre le processus de construction de la méthodologie interdisciplinaire en éducation physique.

Tous les documents analysés ont été produits par les enseignantes pendant le PHAVI. Ces documents ont été élaborés et archivés tout au long de l’année 2015, alors que le PHAVI était encore en cours.

L’archivage des documents a été nécessaire en vue de pouvoir les analyser au moment de la clôture du projet. Les documents ont été archivés de deux manières, archivage papier (photocopie) et archivage numérique (documents PDF). Ainsi, les documents rendus par les enseignants hebdomadairement (plans de cours) et toutes les deux semaines (rapports d’activités) à la coordination ont été photocopiés et scannés (pièces jointes des archives), pour que les documents originaux puissent être retournés au propriétaire.

De cette manière, chacun pouvait construire son propre portfolio d’activités, à partir de plans de leçons du cours, avec un accompagnement et une évaluation des activités en accord avec les objectifs établis par eux-mêmes et ceux établis par le PHAVI. Ce système a également permis aux enseignants d’évaluer la dynamique de fonctionnement des activités tout au long de l’année. Les photocopies ont constitué l’archive de sauvegarde de la recherche, sur le PHAVI, et il a servi de base documentaire d’analyse de la recherche. L’archivage digital a permis aux enseignantes participantes au projet d’avoir accès à leurs propres documents comme ceux de leurs collègues. Ces documents sont encore disponibles à travers un drive partagé (Google Drive).

3.4.2. Entrevues semi-dirigées

L’entrevue semi-dirigée est une technique de collecte de données qui promeut des interactions verbales entre des interlocuteurs engagés volontairement dans une conversation ayant comme objectif le partage des savoirs experts et de dégager, en collaboration, une compréhension d’un phénomène commun aux individus impliqués dans l’échange (Savoie-Zajc,

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2010). Cette technique permet d’expliciter, de comprendre et d’apprendre l’univers de l’autre, en même temps qu’elle permet l’organisation et la structuration de la pensée par les interlocuteurs en présence. Cela peut amener à un processus émancipatoire de la part des sujets, compte tenu du fait que la technique enclenche des réflexions, des prises de conscience et des transformations (Savoie-Zajc, 2010).

Ainsi, dans notre recherche, les entrevues semi-dirigées ont eu pour but de (1) promouvoir la réflexion des enseignants à l’égard de leurs interventions et de leur participation au PHAVI ; (2) expliciter les fondements méthodologiques utilisés dans leurs mises en pratique ; (3) comprendre le processus de développement des activités ; et, finalement, (4) laisser émerger leur perception de la validité de la méthodologie construite (Annexe I).

Il faut remarquer que les entrevues ont été menées par une collaboratrice53 externe au groupe. Cette décision a été prise en raison de notre implication au PHAVI, surtout notre rôle d’animatrice des séances de formation et des liens d’amitié qui se sont développés entre moi et les enseignants pendant la mise en œuvre du programme. Nous croyons qu’à cause de ces rapports notre présence aux entrevues pourrait mener à des réponses biaisées des enseignants, dans le sens de camoufler les points négatifs et les contraintes du processus. L’enquêtrice collaboratrice en question a participé à une formation sur les techniques d’entretien en sciences humaines et a reçu une formation de base sur notre sujet de recherche.

Le 20 novembre 2016 (presque un an après la clôture du PHAVI) cinq entretiens ont été réalisés et enregistrés (audio).. Puisque ces entrevues ont été effectuées rétrospectivement (lorsqu’il y a un écart de temps entre la fin du processus de recherche et l’entrevue), elles ont été conçues en supposant que lorsque les individus répondent à des questions d’entretien basées sur des souvenirs d’expériences épisodiques passées, ces individus seront plus précis et fiables que lorsqu’ils sont obligés de déduire et de reconstruire des réponses à des questions générales (Côté, Ericsson, et Law, 2005 ; Ericsson et Simon, 1990).

De plus, les rapports verbaux de caractère rétrospectif permettent (« obligent ») aux sujets d’organiser en concepts verbalisés et principes de bases ce qu’ils ont appris dans les

53 Les entretiens ont été réalisés par l’étudiante de maîtrise Nathalia Ronfini, membre du collectif de recherche

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expériences de recherche, telle que le PHAVI. Cette organisation se donne à partir de l’information disponible aux individus au moment du rapport et qui peut ne pas réfléchir la façon dont l’apprentissage a été codifié (Ericsson et Simon, 1980). Vu que les enseignants ont eu de nombreuses opportunités dans le PHAVI pour discuter sur les processus d’apprentissage des jeunes, le développement des activités du programme, ainsi qu’ils ont été stimulés à s’exprimer tout au long du projet, les entrevues de caractère rétrospectif visaient à comprendre la façon dont les enseignantes se sont approprié des notions centrales du cadre théorique qui ont orienté la construction des activités développées dans le PHAVI.

Pour cette raison, l’espace de temps entre la fin du PHAVI et la réalisation des entretiens a été très important, une fois qu’il a permis d’accéder à des informations de la mémoire sur long terme54 (Ericsson et Simon, 1990), et ainsi vérifier quels aspects de la participation des enseignantes dans le projet ont été retenus, par exemple : (1) des activités construites/développées dans le PHAVI; (2) des aspects négatifs et/ou faiblesses de la mise en œuvre du PHAVI ; (3) du processus d’appropriation du cadre interdisciplinaire du PHAVI ; (4) des effets de l’intervention sur les élèves à propos, du développement des habiletés sociales.

Le jour de l’entretien, le groupe des intégrants du PHAVI a organisé une rencontre amicale dans la ville de Nova Iguaçu (ville voisine de Mesquita) dans des lieux du SESC55 auquel une des participantes en était associée. Parallèlement à cette réunion, les enseignantes du PHAVI ont suivi individuellement des entretiens rythmés par l’enquêtrice, dans un espace tranquille et silencieux.

Dû à l’absence de certains enseignants à cette première rencontre, nous avons offert aux absentes la possibilité de participer à nouveaux aux entretiens. Le deuxième tour a été réalisé dans la matinée du 24 février 2017 dans l’auditorium principal de l’École municipale Rotariano Arthur Silva, à Mesquita. En après-midi de ce même jour, un groupe de discussion a été mis en place. Malgré cette nouvelle opportunité seulement une des quatre enseignantes manquantes s’est présentée pour réaliser l’entretien.

54 La mémoire à long terme se distingue de la mémoire à court terme par la durabilité et la stabilité de son stockage

(Ericsson et Kintsch, 1995).

55 SESC - Serviço Social do Comércio (traduction: Service sociale du commerce) - organisme à but non lucratif

ayant des nombreuses installations sportives et culturelles partout au Brésil, accessible à des personnes qui travaillent dans le secteur tertiaire.

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3.4.3. Groupe de discussion

Le groupe de discussion est une technique de recherche qui recueille des données discursives d'un processus d'interaction entre les participants autour d’un sujet donné par un médiateur (Kitzinger, 1994 ; Morgan, 1996).

Un des aspects le plus importants de cette technique, et au même temps le moins consensuel entre les auteurs qui l’étudient, renvoie à la taille du groupe de discussion (McLafferty, 2004). En moyenne, le groupe de discussion réunit un animateur et six à douze participants (Backes, Colomé, Erdman et Lunardi, 2011 ; Geoffrion, 2010 ; Simard, 1989). Cependant, cette quantité de participants peut varier en fonction de l’objectif de la recherche et de l’expertise/caractéristique de l’animateur. Ainsi, il est possible de créer un groupe de discussion variant entre 4 et 20 participants (McLafferty, 2004).

Par exemple, Greenbaun (1988) à partir d’une perspective de marché considère que 8 à 10 participants c’est le nombre idéal de participants dans un groupe de discussion, tandis que Kitzinger (1995) défend que la composition des groupes, dans le champ de la santé et médecine soit de 4 à 8 participants. Selon Backes et collègues (2011), et Morgan (1996), dans des études où l’objectif est d’atteindre la profondeur de l’expression de chaque intégrant, il est recommandé de composer de petits groupes de discussion, une fois que cela permettrai aux participants d’avoir plus de temps pour exprimer leurs points de vue, et au médiateur d’attribuer la parole de manière équilibrée plus facilement. Effectivement, selon Twin (1998) le plus important, n’est pas la quantité de participants dans le groupe en soi, mais qu’ils soient capables de fréquemment d’exprimer leurs idées et opinions. C’est sur ce point qu’insiste l’auteur, selon elle cela garantit la force de cette technique de recueil de données, qui consiste en dans la capacité à capturer l'interaction du groupe pour obtenir la richesse des données.

Le groupe de discussion essaie de recréer, dans une atmosphère contrôlée, des dynamiques discursives qui ont lieu dans un milieu social. Dans des tels cas, les discours engendrés dans un groupe, ainsi que les arguments présentés pour ou contre, peuvent aider certains participants à réfléchir sur un sujet auquel ils n’avaient pas pensé auparavant. Cette technique permet également d’obtenir des confidences plus difficiles à extraire lors des

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entrevues individuelles, parce qu’être placé dans un groupe donne aux individus une sensation de sécurité (Geoffrion, 2010).

Dans le cadre de notre recherche, le groupe de discussion a été réalisé après l’analyse initiale des entrevues individuelles. Ce décalage était nécessaire une fois que nous désirions privilégier, dans cette rencontre, des thématiques touchées pendant les entrevues, mais que nous avons jugées importantes d’être approfondies ou discutées au sein du groupe (Annexe II).

Il convient de souligner qu’également aux entrevues semi-dirigées, le groupe de discussion a été conduit (et enregistré) par une enquêtrice collaboratrice, et cela pour les mêmes raisons que celles citées précédemment à la section 3.4.2 Entrevues semi-dirigées (p. 106). La médiatrice des groupes de discussions était de fait la même personne qui a réalisé les entretiens, vu qu’elle était déjà familiarisée avec le sujet de la recherche et que cela permettrait des interventions minimes, mais sans être passive. Puis, étant une personne familière au groupe ne faciliterait l’établissement d’une atmosphère plus détendue, en diminuant la tension entrainée par certains débats. Selon Kitizinger (1994), ces deux aspects constituent le rôle principal du médiateur.

La rencontre du groupe de discussion, comme cité auparavant a eu lieu dans l’auditorium de l’École Municipal Rotariano Arthur Silva à Mesquita le 24 février 2017 dans l’après-midi. En dépit du fait que la date choisie a été un consensus entre tous les enseignants participants du PHAVI (entre ceux qui avaient déjà réalisé l’entrevue et ceux qui ne l’avaient pas fait), seulement quatre se sont présentés. De ces mêmes, trois enseignants avaient déjà réalisé l’entretien quelques mois auparavant, et l’une a répondu à l’entretien le même jour dans la matinée.