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Synthèse : typologie des capacités d’action légitime 122

La confrontation des états de grands du modèle des cités a permis d’illustrer les légitimités en présence dans les projets d’aménagement urbain, relatives aux capacités à agir des parties pre- nantes et à leur engagement. Si certaines de ces légitimités sont incontestablement en présence (la représentativité, les capacités légales, la célébrité, les capacités matérielles et financières, l’expertise, la créativité, l’engagement), l’analyse ne permet pas de retenir le respect de la hié- rarchie comme une forme de légitimité car elle relève souvent dans une MOT d’autres formes de légitimité : l’expertise, les capacités légales, la représentativité. Le Tableau XIV fait la syn- thèse des formes de légitimité repérées, illustrées par des exemples extraits des mises en situa- tion.

Une typologie exhaustive des légitimités des parties prenantes en présence dans un projet urbain ne peut toutefois pas se limiter à la typologie ci-dessous. En étant dédiée à la justification des actions (potentielles) des parties prenantes, cette première typologie fait surtout référence au

premier attribut des parties prenantes, leur capacité d’action, ainsi qu’à leur engagement, mais laisse en partie de côté l’autre attribut des parties prenantes : leurs revendications.

Tableau XIV Légitimités relatives aux capacités d’agir des PP et à leur engagement Type de capacités d’action

légitimes Quelques manifestations de ces légitimités dans le projet de Claytown (+ quelques études de cas auxquelles nous avons fait référence)

La représentativité

La représentativité de l’élu municipal de Laville, adjoint au Maire à l’urbanisme La représentativité du président d’un groupe de la société civile (président d’un comité de quartier)

Les capacités légales -­   Les droits -­   Les titres

-­   Les liens contractuels

Le droit d’expropriation de la municipalité, le droit de contester un projet lors d’une en- quête publique

Le titre de propriété du commerçant (pharmacien)

Le lien contractuel qui lie la municipalité et ses prestataires entre eux

La célébrité La célébrité du leader charismatique de l’équipement culturel du quartier, une personna-lité reconnue

Les ressources matérielles et financières

L’investissement privé du promoteur Ter’Pat pour le bâtiment patrimonial, et du pro- moteur privé Bâtir en ville pour le nouvel immeuble de logements

L’investissement matériel (mise à disposition de foncier) et financier de la municipalité dans la réalisation des espaces publics du projet

Le soutien financier des organismes financiers (banques, mécènes) à la municipalité, des investisseurs privés (développeurs immobiliers, investisseurs particuliers)

Les richesses susceptibles d’être générées par l’accueil d’activité à haute valeur ajoutée sur un territoire

L’expertise, les compétences (savoirs et savoir-faire)

La compétence professionnelle de l’urbaniste, de l’architecte, des bureaux d’études et de tous les professionnels intervenant dans le projet

L’expertise d’usage des habitants et des associations du quartier

La créativité, l’inspiration La créativité des architectes, du paysagiste, de l’artiste impliqués dans le projet

L’engagement (capacité à engager les autres)

La capacité du responsable de projet municipal à engager les autres parties prenantes dans le projet

La capacité de certains organismes de concertation et de médiation à engager les partici- pants à ces processus (OCPM à Montréal)

L’engagement

(volonté de s’engager soi- même)

L’engagement de l’élu, de l’urbaniste municipal et des professionnels dans le projet L’engagement de certains habitants et d’associations du quartier

Chapitre  8  -­    

LEGITIMITE  DES  PARTIES  PRENANTES  

RELATIVE  A  LEURS  REVENDICATIONS  (RESULTAT  2)  

Là où la sociologie et la théorie des stakeholders donnent peu de repères pour évaluer la légiti- mité des revendications (attentes) des parties prenantes, la philosophie peut être utile. Selon Donaldson et Preston (1995 : 72, notre traduction) :

« La littérature sur les parties prenantes, incluant les contributions de ses partisans et de ses observateurs les plus critiques, est clairement normative, et pourtant les principes normatifs fondamentaux impliqués sont souvent peu examinés ».

Repartant de la définition selon laquelle la légitimité est in fine la conformité par rapport à une norme éthique, il s’ensuit que les principales théories de l’éthique devraient permettre de préci- ser ces principes normatifs, susceptibles d’orienter l’évaluation par un porteur de projet de la légitimité des parties prenantes, en particulier de leurs revendications.

Il faut remarquer que la prise en compte des attentes n’est pas totalement absente de la typologie des Cités, même si cette typologie s’intéresse avant tout à la justification des actions. Par exemple dans la Cité civique, les actions des personnes sont justifiées si elles relèvent de la volonté générale, censée s’exprimer principalement à travers des parties prenantes dotées de l’atout de « représentativité » ou de « capacités légales ». Or la volonté générale est bien l’ex- pression, non pas certes de revendications singulières, mais bien d’attentes au bénéfice de la société prise dans son ensemble. De même, les parties prenantes dotées de la qualité « d’enga- gement » - dans la Cité du projet - sont parfois engagées pour des causes, qui constituent autant d’attentes. Ces attentes bénéficient dès lors d’une forme de légitimation dans le projet, à travers l’engagement des parties prenantes qui les revendiquent.

Mais nous verrons que la définition de la justice – comme un équilibre adéquat entre des reven-

dications concurrentes – ne fait généralement pas référence à ces filtres de la représentativité et

de l’engagement et invite à considérer tout type d’attentes, pas seulement celles qui sont effec- tivement revendiquées haut et fort par des groupes disposant de ces atouts. Une partie prenante

sur celui-ci, même sans être représentée (ou même si elle est sous représentée par rapport à d’autres groupes plus influents), n’en demeurerait pas moins une partie prenante légitime.