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CHAPITRE 2 REVUE CRITIQUE DE LA LITTÉRATURE

2.10 Synthèse de la revue de la littérature

La synthèse de la littérature se concentre autour des outils d’ingénierie des systèmes et leur intégration dans le cadre de ce projet. En d’autres termes, la synthèse de la littérature va se concentrer autour des sections entre parenthèses (des sections 2.5.2, section 2..7.1.1, la section 2.8 et la section 2.9.), afin d’en ressortir les points saillants, socles des méthodes développées à la section (section 3.5).

Toutefois, il est important de souligner que la revue des instruments de politiques montre plutôt une tendance des politiques en faveur de la revitalisation de l’industrie forestière, l’or vert de demain. La problématique de l’industrie forestière est réelle certes, mais il y a de l’espoir que la situation du secteur forestier continuera à s’améliorer dans les années à venir. Cette prédiction trouve son fondement dans l’impulsion et le dynamisme de lutte contre le changement climatique suscité par la COP 21, laquelle a été ratifiée par plus de 139 pays. De plus, il y a de plus en plus d’initiatives ambitieuses, pour mener de front la bataille contre les changements climatiques. En résumé, l’espoir de voir le secteur forestier sortir se sa crise dépend de la direction que prendront les nouvelles lois et politique qui seront mis en œuvre dans les prochains jours, prochaines années et prochaines décennies pour continuer à soutenir l’impulsion actuelle portée par transition énergétique et transition vers l’économique verte prônée par le nouveau Cadre Pan-Canadien sur la Croissance Propre et les Changements Climatiques (CPCCP)[110].

La revue et l’analyse critique autour de l’outil ACV ont révélé que sa pratique est cadrée par la norme ISO. Toutefois, bien que la pratique soit cadrée, la revue a montré qu’il existe encore quelques défis méthodologiques sur certains aspects. L’application de l’ACV dans le domaine de l’évaluation des politiques suscite un débat intellectuel entre les praticiens de l’ACV. Les avis à ce sujet sont partagés. Certains auteurs, comme Plevin et al., sont plutôt favorables à l’utilisation systématique de l’ACV-C, quand vient le temps d’évaluer les potentiels impacts d’une politique à venir)[44]. En effet, l’ACV-C de par sa définition, évalue la décision, c’est-à-dire la conséquence d’une décision, mais en amont — en d’autres mots elle évalue l’impact de la décision avant même que celle-ci ait été mise à exécution. — Cela dit, qui dit politique, — dit décision, car effet,

l’idée de mettre en vigueur une politique à venir, est une décision qui appartient au gouvernement. Cependant, il est important d’évaluer les conséquences de la future politique en amont et non pas après-coup. D’ou l’importante d’utiliser l’ACV-C dans cette étude. Toutefois, le choix d’appliquer l’ACV-C ne s’est pas fait en se basant simplement de cette analyse. En effet, ACV-C est doublement approprié à cette étude, car ACV-C est la méthode la mieux appropriée pour évaluer un portefeuille de produit issu d’un même processus sans avoir recours aux méthodes d’allocation des impacts entre les produits du même portefeuille. D’ailleurs à ce sujet, les travaux antérieurs développés par les auteurs Gaudreault et al. [46] portant sur l’analyse comparative de ACV-C versus ACV-A, ont prouvé l’inadaptation de l’ACV-A dans les projets stratégiques de prise de décision comme les projets de bioraffinerie. L’ACV-A avec ses facteurs d’allocations qui sont parfois très subjectif donnant lieu à des résultats variables selon les facteurs choisis, n’est pas une méthode appropriée, surtout si les résultats doivent faire l’objet d’une décision par un panel d’expert. En conclusion, l’approche d’analyse ACV adoptée dans cette étude est une approche, ACV-C, portante sur l’évaluation des portefeuilles à multiples produits. En ce qui concerne la modélisation des politiques, la revue a montré que les modèles d’analyse macroéconomiques sont essentiels, car ils parviennent à représenter le fonctionnement d’une société. Ces modèles font simuler les besoins d’une population donnée, en évaluant quel pourrait être la réponse de la société face à l’offre et à la demande des biens et services. Ces modèles sont performants, car ils permettent au gouvernement de tester les actions et les réponses face à une offre ou une demande quelconque. Bien que performants et essentiels, ces modèles desservent les attentes des décideurs politiques, garants de la société. Ces modèles donnent des réponses aux décideurs, mais se révèlent limités quand vient le moment d’apporter des réponses spécifiques et précises aux citoyens lambda, aux communautés et aux entreprises. L’analyse critique a permis de soutenir l’argument selon lequel, des modèles microéconomiques sont essentiels pour faire le pont entre les politiques du gouvernement et la société civiles ? Ces modelés microéconomiques permettront aux entrepreneurs, aux compagnies, aux citoyens à comprendre véritablement les retombées des politiques qui touchent leurs activités et leur environnement d’affaires. L’analyse critique a soutenu que dans tout ce qui se faisait encore aujourd’hui dans l’évaluation économique des projets, l’inclusion de l’analyse des politiques n’était pas systématique. Cependant, le questionnement soulevé dans l’analyse critique prouve qu’il y a un besoin pour les

compagnies de savoir et d’être en mesure de comprendre quelle est réellement la portion des impacts qui se rapporte à leur niveau lorsqu’un impact (macro) est annoncé.

En ce qui concerne la prise de décision, la revue a monté que le secteur forestier l’AMCD est un outil largement utilisé, ailleurs dans les autres parties du monde, mais les acteurs canadiens du secteur forestier ne l’ont pas encore intégré dans leur processus décisionnel. L’usage de l’outil AMCD est essentiel pour permettre aux décideurs d’inspecter différents angles de vue généralement éclairée par les critères qui leur sont présentés. En fait, un critère (ou indicateur) de décision, qu’il soit de type environnemental, qu’il soit de type économique, qu’il soit de type social, lorsque celui-ci est bien défini par l’analyste, bien évalué, et bien interprété (à la fois, avec une simplicité et une clarté pour les non-experts), le critère (indicateur) de décision devient en quelque sorte « une clochette » qui éveille la conscience des décideurs, une sorte « de lampe » torche qui éclaire les angles morts dans la conscience des décideurs. Malheureusement, la décision basée sur la considération des critères n’a pas encore fait son chemin vers les industriels comme l’a montré le récent sondage de Chambost et al[125].

Quant à la décision stratégique, qui est prise dans cette étude, elle n’apporte pas une contribution sur le développement des méthodes autour des outils AMCD. En fait, l’usage pratique qui est fait de la méthode AMCD, sert a prouvé l’importance de son application systématique dans la prise de décision, et ainsi recommander l’industrie forestière canadienne à considérer une nouvelle culture de la décision basée sur les critères pour mieux éveiller et mieux éclairer la conscience des décideurs.

2.10.1 Lacunes dans l’ensemble des connaissances

À la lumière des points discutés, quelques lacunes ont été identifiées à la fois sur les aspects purement méthodologiques (ex. dans le cas de l’ACV) et sur les aspects applicabilité des outils déjà existants (ex ; ATÉ et AMCD). De toutes ces analyses, voici ci-dessous ce qui en est ressorti en quelque points.

Ø Bien qu’il existe plusieurs études d’ACV réalisées dans différents domaines incluant l’évaluation des politiques, il a été démontré que ACV-A classique n’est pas adaptée au contexte de l’évaluation des politiques ni au contexte de l’intégration des projets de bioraffinerie.

Ø Il a été aussi démontré que l’ACV-C, à travers son approche qui évalue la décision et évite les allocations, est la méthode la plus appropriée.

Ø Cependant, il n’existe d’approches ACV qui évaluent systématiquement les différences performances environnementales globales entre les stratégies ayant de multiples produits distincts dans leur portefeuille (car déjà un seul processus avec plusieurs produits présente en soi un défi méthodologique en ACV).

Ø Par conséquent, un cadre utilisant ACV-C capable d’évaluer les impacts des stratégies intégrées de la bioraffinerie forestière ayant de multiples produits distincts est nécessaire. Ø La plupart des études d’analyse des politiques revues n’ont illustré que la modélisation

macroéconomique des tendances et des impacts à l’échelle nationale ou régionale. Cela dit, la question qui s’impose est de savoir comment ces impacts pourraient-ils affecter une usine opérant au niveau local?

Ø Parmi les études économiques revues, il n’existe pas des modèles économiques systématiques et appropriés qui incorporent l’analyse des instruments politiques, et qui (1) évaluent les performances économiques de chaque stratégie de bioraffinerie au niveau des coûts d’entreprise ; (2) montrent comment les performances économiques de chaque bioraffinerie forestière varient considérablement d’un instrument politique à l’autre ; et (3) illustrent à quel point la décision initiale change en conséquence d’un instrument à l’autre.

Ø Ainsi, une modélisation microéconomique applicable au cas par cas est nécessaire pour capturer et rapporter les tendances macro et les impacts macro en à l’échelle industrielle pour soutenir les orientations et la vision stratégique des entreprises (ex : une usine de pâtes et papier).

2.10.2 Hypothèses

L’hypothèse de recherche principale découlant de cette problématique se résume ainsi :

Un cadre méthodologique qui tient en compte les enjeux politiques, les objectifs économiques et environnementaux des stratégies de transformation forestières, peut être développé et appliqué à

une étude de cas, afin de démontrer la pertinence des impacts résultants de la mise en œuvre des instruments politiques en lien avec la réduction émissions de GES.

Les hypothèses secondaires rattachées à cette hypothèse principale sont listées ci-dessous.

Sous-hypothèse 1 : Les performances environnementales de différentes stratégies de

bioraffinerie forestière peuvent varier considérablement selon la combinaison produit/procédé, et selon la façon dont la rétro-installation est mise en œuvre. Une approche méthodologique qui intègre l’ACV-C et la procédure cut-off pouvant prendre en considération ces variations, y compris la dissimilarité des portefeuilles de produits résultants, peut être développée et appliquée à l’évaluation comparative des performances environnementales de différentes stratégies de bioraffinerie.

Sous-hypothèse 2 : Une nouvelle politique peut modifier la performance économique d’une

stratégie de bioraffinerie. L’on peut démontrer à quel point les entreprises pourraient modifier leur décision et leur choix préférentiel vis-à-vis des différentes stratégies de bioraffinerie considérées, et ce, dans le contexte d’une prise de décision stratégique, en tenant compte de l’efficacité des instruments de politiques.

Sous-hypothèse 3 : La réduction des émissions de GES des stratégies de bioraffinerie est

généralement plus considérable lorsque l’intégration est énergétiquement autonome ou lorsque le réseau régional d’approvisionnement en électricité est propre. On peut montrer que les crédits associés à la production d’électricité sur site varient en fonction du type de mix d’électricité régional, et que (1) la rentabilité globale peut varier considérablement lorsque les scénarios de tarification de carbone sont pris en compte, et que (2) la décision peut changer lorsque la tarification du carbone atteint un certain seuil critique.