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CHAPITRE 3 APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

3.3 Développement des méthodes

3.3.2 Analyse multicritère décisionnelle (AMCD)

3.3.2.1 AMCD et indicateurs environnementaux

L’application de AMCD dans cette étude se focalise premièrement dans la démonstration de son application dans le cadre de la comparaison des stratégies de bioraffinerie sur la base de leurs performances environnementales. Deuxièmement, l’application de AMCD, est incorporée à chaque palier du processus décisionnel (ou problématique décisionnelle) caractérisé par des problématiques concrètes telles que : la problématique de prise décision basée sur les critères économiques, la problématique de prise décision basée sur les aspects de la durabilité globale du projet, ou encore la problématique de prise décision basée sur les instruments de politiques et autres leviers économiques, etc.

Le but d’appliquer AMCD à ce stade de conception (early-stage design) permet d’intégrer les indicateurs environnementaux comme critères de prise de décision. L’incorporation de ceux-ci dans un processus de prise de décision permet ainsi de considérer les aspects économiques et les aspects environnementaux sur un même pied d’égalité lors des évaluations comparatives des options de bioraffinerie. Pour ce faire, le calcul des critères environnementaux se doit d’être harmonisé avec celui des critères économiques.

En effet, dans le contexte de l’intégration d’une bioraffinerie quelconque, une analyse technico- économique est toujours nécessaire afin d’évaluer les coûts qui devront être alloués à la transformation de l’usine. Or, une analyse techno-économique consiste à évaluer les marges supplémentaires ainsi que les coûts supplémentaires (notamment les coûts opérationnels supplémentaires et les coûts d’investissements supplémentaires).

Ensuite, à partir des marges/coûts supplémentaires calculés, quelques indicateurs de performance économique tels que le taux de rendement interne (TRI) ou la valeur actuelle nette (VAN) sont évalués. Cela signifie que les coûts aussi bien que les marges (profits) sont les fruits ou encore les conséquences directes de la transformation de l’usine. En d’autres termes, les nouvelles marges/nouveaux coûts (ou coûts différentiels) sont attribués (sont imputés) aux nouveaux portefeuilles de produits issus de la bioraffinerie. Cette approche utilisée par l’analyse techno-

économique pour évaluer les indicateurs de performance économique est par analogie l’approche différentielle ACV-C décrite plus haut dans la section (section 3.3.1.2.4).

En poussant un peu plus loin cette analogie, l’on peut dire que ACV-C de l’usine, est une analyse différentielle des flux environnementaux de celle-ci, entre avant et après la transformation, tandis l’analyse techno-économique, est une analyse différentielle des flux monétaires de l’usine entre ses états financiers avant et après la transformation. Cette analogie montre que le calcul des critères environnementaux et le calcul des critères économiques sont consistants et harmonisés. Autrement dit, la méthode utilisée pour calculer la variation incrémentale des indicateurs économiques tels que la marge de profit, le taux de rendement interne (TRI), est totalement conforme à celle utilisée par ACV-C pour calculer l’incrément du delta GES ou encore la variation delta des autres indicateurs environnementaux. Dans le contexte de la prise de décision (AMCD), l’incorporation des critères environnementaux aux mêmes degrés que les critères économiques est consistante, car l’évaluation des critères environnementaux est conforme à celle des critères économiques, selon le champ d’études (« goal and scope ») visé par le projet.

3.3.2.2 Application de AMCD et la matrice décisionnelle

Dans l’analyse critique portant sur la prise de décision (section 2.9.2), il a été mentionné que l’analyse multicritère décisionnelle sera utilisée comme outil d’appoint, et qu’aucun développement ni amélioration méthodologiques menant à une contribution scientifique ne sont envisagés à ce stade-ci. Toutefois, l’utilisation de AMCD comme outil d’appoint et l’usage particulièrement spécifique qui a été fait de AMCD peuvent donner lieu à la contribution thématique dans le secteur forestier, en particulier dans le domaine des pâtes et papiers.

En effet, six activités de AMCD panels ont été prévues dans ce projet. Une activité AMCD panel est une activité où différents experts ayant des antécédents professionnels variés, se réunissent pendant une journée (8 heures) pour analyser et évaluer un projet en usant et en pondérant des critères décisions soigneusement sélectionnés pour le contexte à l’étude. De ces six activités, trois on ont été réalisés. La première activité à regroupe un panel qui a évalué et pondéré les critères environnementaux sous la considération des aspects environnementaux uniquement. Le même panel s’est réuni pour une deuxième fois, cette fois, pour évaluer le projet sous la considération des enjeux économiques seulement. Pour ce faire le panel a été invité à pondérer les critères économiques seulement. Finalement, une troisième activité de AMCD panel est réalisée avec le

même panel. Cette fois-ci, le panel est invité à évaluer le projet sous la considération des enjeux environnementaux et économiques. Pour ce faire, le panel est invité à pondérer les critères soigneusement sélectionnés lors des deux précédents AMCD. Le résultat du dernier panel donne lieu à une matrice décisionnelle équilibrée, car elle prend en compte d’aussi bien les enjeux économiques que les enjeux environnementaux. Les résultats de cette série d’activité sont présentés à la section (section 4.2.3.4.5). Quant aux activités de panel 4, 5 et 6, il a été impossible de regrouper exactement le même panel et ses effectifs pour évaluer le projet : 1) sous la considération des enjeux politiques ; 2) sous la considération des enjeux du mix d’électricité canadien, et 3) sous les considérations des enjeux de la future taxe nationale sur le carbone. Faute de reconduire le même panel, la matrice décisionnelle équilibrée a été reconduite dans des phases décisionnelles subséquentes no4, no5 et no6. Toutefois, la reconduction de cette matrice

obéit à une hypothèse expliquée à la section suivante : l’hypothèse de l’invariance des poids incorporer dans la matrice décisionnelle.

3.3.2.3 Matrice décisionnelle et l’hypothèse de l’invariance des poids

À défaut de réaliser les réelles activités AMCD restantes. Les mêmes pondérations obtenues lors du troisième AMCD sont maintenues invariantes pour les phases décisionnelles. En effet, il a été démontré dans les travaux précédents, que la réévaluation matricielle d’un projet dans le même contexte avec les mêmes buts et objectifs, mais en présence d’un panel différents (industriel, académique, gouvernemental), pouvait aboutir à une cohérence dans l’attribution des poids aux critères considérés [12, 142]. Cela étant dit, une certaine variation des facteurs de pondération peut être observée entre différents panels. Toutefois, une certaine consistance se reflète dans la tendance de cette variation des poids qui sont attribués. En effet, pour un même projet les poids sont attribués non par rapport au contexte, mais par rapport à la performance du critère évalué. Cela étant dit, dans le contexte de cette étude, il est vrai que l’on s’attend à une faible variation des poids entre le cas de base et le cas sous les politiques, si un autre panel avait été invité à pondérer les nouvelles performances économiques. Cependant, pour ce travail, il a été supposé que les nouvelles performances des critères évalués conserveront une certaine tendance et un même ordre de grandeur. En d’autres mots, les performances des critères considérés ne varieront pas de manière considérable entre les cas comparés au point d’induire une variation significative des poids. D’où l’hypothèse selon laquelle la pondération des critères de la matrice décisionnelle

intégrée dans le calcul demeure invariante entre le cas de base et le cas sous contexte d’instruments politiques, sous contexte des scénarios du mix d’électricité, sous contexte de la taxe carbone.