Synthèse des possibilités d’intégration des paramètres environnementaux dans le processus de conception de

AREVA T&D/DRC

La figure suivante résume notre proposition d’intégration des paramètres environnementaux dans le processus de conception et les outils d’éco-conception associés. Notre intérêt sera porté à la phase de conception détaillée. Nous admettons que c’est au cours de cette phase que nous avons la plus forte valeur ajoutée.

Figure 39. Synthèse des possibilités d’intégration des paramètres environnementaux dans le processus de conception

Lancement de projet Conception générale Conception détaillée Prototypage Essais / validation Production Responsable projet, compétences techniques, qualité, marketing, achat, industrialisation, DEMANDE CLIENT Possibilités d’intégration des paramètres environnementaux dans le processus de conception Outils d’éco- conception Capitalisation Outils d’évaluation environnemental ee et d’aide à la décision Outils de contrôle et de validation Outils de communication Bases de données Audits d’éco- conception Evaluer les impacts

environnementaux Choisir l’option de conception la plus écologique Vérifier la conformité écologique

Apporter les actions correctives

Utiliser des règles générales d’éco- conception pour la conception générale Intégrer un spécialiste en éco-conception dans l’équipe de projet Ajouter des restrictions environnementales dans le cahier des charges

E quipe de conc epti on Conc epte ur s Sves Qu alit é et éc o-conc epti on Sves comm ercial et market in g Tous l es ut ilisat eurs Assurer la capitalisation du savoir faire de l’équipe de conception Ut ilisateur s Guides d’éco- conception et outils d’information

D’une manière plus générale nous diviserons notre processus de conception en trois phases :

Phase de « avant conception », phase de « conception » et phase de «après conception ». Dans la phase « avant conception », nous défendons deux approches complémentaires : une approche restrictive pour forcer certains choix de conception et une approche informative pour acquérir les connaissances de base en environnement.

Dans l’approche restrictive, nous fixons des règles d’éco-conception dès la phase d’élaboration du cahier des charges. En plus des caractéristiques techniques et des contraintes économiques, nous ajoutons des restrictions environnementales. Il peut exister des interdictions générales telles que l’utilisation de substances toxiques ou plus spécifiques telles que la limitation de certains gaz ou huiles. Cette première étape permet déjà d’orienter le concepteur vers des solutions techniques différentes. Ceci peut se traduire par un changement de matière, de design ou même de technologie. Toutefois, cette démarche restrictive ne peut pas fonctionner correctement si elle n’est pas accompagnée d’une approche informative. En effet, il est très important de former les personnes impliquées dans les projets de développement à l’éco-conception. Il ne s’agit pas là d’une formation approfondie de longue durée mais d’une formation appropriée qui traite des points suivants :

Les effets éco-toxicologiques des substances utilisées,

Les impacts sur l’environnement des procédés de fabrication, Les problèmes de gestion de la fin de vie,

Le coût « environnemental ».

Cette formation permet de sensibiliser les concepteurs aux problèmes écologiques et les aiderait à mieux adopter les restrictions environnementales. Cela permet aussi de préparer le bureau d’études à intégrer les outils d’éco-conception dans sa base d’outils de conception.

Dans la phase de conception, nous pensons que pour certains projets complexes la présence d’un expert en éco-conception est indispensable. Il s’agit d’intégrer à l’équipe de développement une compétence transversale qui assiste l’équipe de conception pour améliorer son rendement écologique. Cette approche est intéressante et présente néanmoins plusieurs inconvénients :

les coûts supplémentaires engendrés par la présence d’experts en éco- conception dans tous les projets de conception,

le ralentissement du processus de conception,

le renforcement du clivage entre les concepteurs et l’éco-conception.

Dans la pratique, il s’avère qu’il est impossible d’initier une approche « experte » uniquement. C’est pour cela que nous proposons une approche « simplifiée » destinée aux concepteurs. Cette approche doit être adaptée aux besoins du bureau d’études et aux produits développés. Les deux approches « experte » et « simplifiée » peuvent coexister pour un même projet de conception.

A la fin de la conception, il est nécessaire de pouvoir contrôler le produit conçu par rapport au cahier des charges initial et de mesurer les écarts éventuels.

Aussi, il est recommandé de comparer le produit final avec d’autres produits anciens ou de la concurrence afin de mesurer l’efficacité du système d’éco-conception utilisé. Enfin, le résultat de ces approches « vérificatives » et « comparatives » permet d’apporter des améliorations environnementales sur le produit. La figure suivante résume la répartition de ces phases de conception :

Figure 40. Approches d’éco-conception pendant les phases de conception Phase pré-conception

Phase de conception

Phase post-conception

Approche restrictive

Cahier des charges environnemental général

•substances interdites

•Limitation des émissions de gaz, d’huile,

Approche informative

Formation, veille éco-technologique

•Impacts sur l’environnement de certaines substances

•Actions d’éco-conception

Approche experte

•Assistance dans la démarche de conception

•Intégration des projets de conception les plus complexes

Approche simplifiée

•Autonomie des concepteurs : ils s’appuient sur une démarche

préétablie avec la possibilité de consulter un expert en cas de besoin.

Approche vérificative

•Check-lists, audits, essais

Approche comparative

•Comparaison avec d’autres produits en interne ou concurrents

Approche « améliorative »(amélioration + progressive)

•Amélioration par ordre d’importance

3.5. CONCLUSION

L'intégration de l'éco-conception dans le processus de conception des appareillages moyenne tension ne nécessite pas un changement radical de l'approche de conception actuelle. Il s'agit de mettre en place une stratégie d'éco-conception en adéquation avec la stratégie existante. Des paramètres environnementaux sont introduits dans toutes les étapes du processus de conception et selon le degré d'évolution du projet.

La stratégie de l'entreprise et la réglementation sont prioritaires. Leur application est obligatoire dans tous les nouveaux produits. Elles doivent apparaître en amont de chaque projet de conception et être intégrées au cahier des charges du produit. Ces restrictions peuvent être à l'origine du développement d'un nouveau produit soit suite à une demande de client, soit suite à l'application d'une nouvelle réglementation.

La deuxième phase d'intégration se base sur un ensemble de règles d'éco- conception à mettre à disposition de l'équipe de conception. Ces règles concernent les bonnes pratiques environnementales relatives au choix des matières, à l'assemblage, au recyclage, etc.

La troisième phase de la démarche d'éco-conception consiste en l'intégration d'un outil d'aide à la décision mis à disposition des concepteurs pour l'évaluation environnementale des différentes options de conception et la comparaison de ces options.

La quatrième phase est relative à l'intégration d'essais de validation environnementale relatifs à la toxicité et à la gestion de fin de vie et l'évaluation environnementale du produit.

La dernière phase est une phase de capitalisation du savoir faire et de contrôle du bon déroulement de la démarche d’éco-conception tant au niveau de l’approche que du résultat.

Toutes ces phases seront révisées lors des revues de projet de développement. L'application de cette démarche permet de prendre en considération les paramètres environnementaux dès la première phase de conception. Elle se base sur l'amélioration du processus actuel de conception et la satisfaction des besoins de l'équipe de conception. Cette approche doit être accompagnée par une formation en éco-conception adaptée à tous les intervenants dans les projets de conception. Nous avons constaté que la phase de conception qui présente une forte marge d’amélioration est la phase de conception détaillée. Durant cette phase, les concepteurs font face à des choix précis de conception : la forme de la pièce, la matière et le mode d’assemblage sont pratiquement définis. Toutefois, plusieurs options de conception peuvent se présenter au concepteur. Jusqu’à maintenant le concepteur se contentait de sélectionner l’option qui présente une performance technique satisfaisante au meilleur coût. Le critère écologique ne rentrait pas en ligne de compte. Nous proposons, alors, un outil simplifié qui permet au concepteur d’intégrer le paramètre environnemental dans sa sélection. Dans le quatrième chapitre, nous présenterons cet outil d’aide à l’éco-conception des appareillages électriques de moyenne tension.