Exemples de stratégies d’éco-conception

2.3.4.1. Réduire les risques éco-toxicologiques Eliminer les substances polluantes

L’entreprise peut choisir d’éliminer un certain nombre de substances dangereuses utilisées dans leurs produits tout au long de leur cycle de vie. Cela peut inclure les substances :

toxiques pour l’homme et la nature : métaux lourds tels que le plomb et le cadmium, les solvants organiques chlorés, les formaldéhydes,

explosives et corrosives : mercure, brome destructives de couches d’ozone : CFC, HFC à effet de serre : CO2, CFC, HFC, SF6

Utiliser des procédés de fabrication propres

L’entreprise peut axer sa stratégie sur une fabrication « propre ». Cela consiste à utiliser des procédés qui consomment moins d’énergie et de ressources et qui produisent moins de déchets. L’équipe de conception peut jouer un rôle très important dans la mise en place d’une telle approche. Le concepteur doit être capable de déterminer les produits qui requièrent des procédés polluants et de faire des choix de conception qui évitent ces procédés. Tel est l’exemple des traitements de surfaces métalliques où le concepteur est responsable du choix du procédé de protection et donc directement impliqué dans la réduction de la pollution de la phase de production.

Le bureau d’étude peut être appelé à travailler avec l’équipe de production afin d’intégrer les rebus de fabrication dans la conception des nouveaux produits. Il peut aussi accompagner le service des achats dans le choix des fournisseurs et sous- traitants qui utilisent des procédés de fabrication plus écologiques.

L’entreprise peut aussi s’orienter vers l’utilisation de sources d’énergie plus « propres » telles que l’énergie solaire ou éolienne.

2.3.4.2. Réduire la consommation des ressources Réduire la consommation d’énergie

La réduction de la consommation d’énergie du produit présente un intérêt environnemental et économique considérable. L’entreprise peut orienter son équipe de conception vers des produits à faible consommation d’énergie. Ce choix dépend de la nature du produit mais surtout de sa durée de vie. Toutefois, il est important de préserver les performances techniques afin de garantir la satisfaction du client. Il y a là un compromis à trouver entre la performance et l’efficacité énergétique. Au cours des deux dernières décennies, nous avons constaté une réduction considérable de la consommation électrique des produits électriques et électroniques et de celle des carburants pour les automobiles en même temps qu’une amélioration continue du rendu fonctionnel de ces produits.

Réduire la consommation d’eau

L’eau étant une ressource naturelle primordiale, il est important d’en optimiser la consommation. Le bureau d’études peut agir sur les quantités d’eau utilisées mais aussi sur la qualité de l’eau rejetée. Il est possible d’utiliser la même approche pour d’autres consommables tels que les détergents et les huiles. Par exemple, il existe des friteuses sans huile, des aspirateurs sans sacs et des machines à laver sans détergent.

Concevoir pour la réduction des déchets

La réduction des déchets présente souvent un double intérêt économique et écologique. Cela passe par la minimisation des matériaux utilisés à la source mais aussi par l’augmentation de la durée de vie et de la fraction recyclable du produit. La réduction à la source est la manière la plus préventive. Elle nécessite une revue des fonctionnalités du produit et de son architecture. Cela peut se traduire par l’élimination de certaines parties ou le remplacement de certains matériaux par d’autres plus légers. Tel est l’exemple des bouteilles plastiques qui ont remplacé les bouteilles en verre. L’utilisation de moins de ressources est souvent équivalente à une réduction de pollution liée à l’extraction, la transformation et le transport des matières.

L’extension de la durée de vie du produit permet à la fois d’utiliser moins de ressources et de produire moins de déchets. Toutefois, il est faut trouver l’équilibre entre le renouvellement économique et technologique et la réduction de l’impact engendré par le produit. L’entreprise doit pouvoir à la fois améliorer les performances techniques de son produit et en assurer la pérennité économique. Une étude de STAMMINGER et al. (2005) réalisée sur les machines à laver le linge a montré que le renouvellement de ces machines tous les dix ans permet une meilleure réduction des impacts environnementaux.

L’utilisation de matériaux recyclés et recyclables permet de réduire les quantités de matières vierges utilisées. Il est souvent possible de mélanger des matériaux vierges avec des matériaux recyclés afin d’assurer les performances techniques requises.

Réutiliser le produit ou une partie du produit

La réutilisation du produit ou d’une partie du produit permet de réduire les impacts liés à la fabrication de nouvelles pièces ou à la gestion de la fin de vie. Le concepteur peut intégrer une partie des produits en fin de vie dans la conception des produits nouveaux pour la même application ou pour des applications différentes. Cependant, il est nécessaire d’évaluer les impacts environnementaux liés à la réutilisation afin d’éviter tout transfert de pollution.

Concevoir pour un démontage plus facile

Le recyclage et la réutilisation du produit nécessitent souvent une récupération plus simple. L’entreprise peut demander à son équipe de conception d’utiliser des modes de fixation faciles à démonter tels que le vissage, le positionnement et l’enclipsage. Un démontage facile peut constituer un avantage économique intéressant (le coût de démontage manuel en France est de l’ordre de 40€/heure, celui du broyage est de l’ordre de 100€/tonne).

2.3.5. Conclusion

Nous pensons que le paramètre écologique doit être considéré comme un paramètre stratégique qui peut avoir une influence positive sur la manière de penser les produits et constituer une opportunité économique pour l’entreprise. Considérer la démarche d’éco-conception comme simple réponse aux exigences extérieures est une approche très limitée et ne permet en aucun cas de créer une valeur ajoutée au produit. Le tout est de savoir apporter la dose d’innovation adéquate au bon moment. Ainsi, il faut veiller à ne pas oublier la profitabilité économique demandée au produit.

Par ailleurs, l’industrie a besoin de l’éco-conception pour faire face aux exigences environnementales, aux contraintes réglementaires et à la pression sociale. L’éco- conception a touché plus rapidement les biens de grande consommation comme les voitures et l’électroménager que les produits professionnels. Ceci s’explique par le fait que la plupart des réglementations ne touche pas encore ces produits. Par ailleurs, il n’existe pas de demande explicite des clients de produits « verts » et la quantité de ces produits est relativement faible : 35 millions de machines à laver par an pour 600 000 appareils de distribution d’électricité toutes catégories confondues. De plus, il apparaît clairement qu’il est quasiment impossible de réduire simultanément tous les impacts environnementaux liés à un produit ou une activité. Le concepteur a alors besoin d’une stratégie d’éco-conception formalisée par l’entreprise sur des bases qui lui sont propres.

Dans le sous-chapitre suivant, nous proposerons une démarche méthodologique qui permet de fixer une stratégie d’éco-conception relative aux appareillages de moyenne tension de AREVA T&D/DRC en se basant sur la politique éco-conception de l’entreprise, les besoins du bureau d’études et l’évaluation environnementale des produits existants. L’objectif sera de guider le concepteur vers des choix plus écologiques à court, moyen et long terme.

2.4. ELABORATION D’UNE METHODOLOGIE D’ECO-CONCEPTION