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QUESTION 1 : « COMPRENEZ-VOUS MIEUX L’ITALIEN OU LE DIALECTE? » 108 réponses

Type de réponse :

a. Tous les deux = 84 réponses = 77,77%

b. L’italien = 10 réponses = 9,25%

c. Le dialecte = 14 réponses = 12,96%

Ces résultats pourraient suggérer une alternance des deux codes, vu le pourcentage élevé de la réponse a, et une situation de bilinguisme.

QUESTION 2 : « LEQUEL AVEZ-VOUS APPRIS A PARLER EN PREMIER ? » 108 réponses familial et la vernacularité de son statut puisque, pour la plupart des personnes interrogées, le dialecte est la langue apprise dès le premier âge, avant l’école.

QUESTION 4a : « UTILISEZ-VOUS LE DIALECTE DANS LES MOMENTS DE COLERE ? » avant la langue nationale, nous ne sommes pas surpris que plus de 84% des personnes l’utilise

De la cladistique à la linguistique.

QUESTION 4b : «UTILISEZ-VOUS LE DIALECTE LORSQUE VOUS REFLECHISSEZ ? »

b. Presque toujours =27 réponses = 25,96%

c. Souvent =7 réponses = 6,73%

d. Presque jamais =13 réponses = 12,5%

e. Jamais =36 réponses = 34,61%

1.6. Conclusion

Deux tendances se dégagent de nos résultats : d’une part, nous assistons dans la région du Salento à une récupération importante du dialecte, notamment par les jeunes générations.

Selon les résultats nationaux officiels, l'utilisation du dialecte est directement proportionnelle

De la cladistique à la linguistique.

La deuxième tendance révélée peut se résumer par le renforcement de l'assimilation pluraliste contre le pluralisme ségrégatif : cela implique que les usages alternés des deux variétés ne cessent pas d'augmenter, contre l'usage exclusif d’un des deux codes.

Nous entendons par assimilation, la capacité à passer de l’emploi habituel d’une langue à l’emploi habituel d’une autre langue qui se fait généralement d’un monolinguisme en une langue A vers un nouveau monolinguisme en une langue B en passant par une phase de bilinguisme combinant A et B (A > AB > B), auquel cas le bilinguisme de transition mène à la substitution d’une langue par une autre. Lorsque nous regardons les pourcentages nationaux, nous en sommes en Italie à la phase de bilinguisme AB tendant désormais vers la phase de monolinguisme B (ce dernier étant l’italien). Le risque est une substitution complète de la langue A par la langue B, et c’est là qu’intervient la notion de pluralisme sociolinguistique qui veille, en revanche, à ce que la phase de bilinguisme AB ne se fasse pas au détriment d’un des deux termes : c’est alors le « bilinguisme équilibré ».

Enfin, la ségrégation sociolinguistique est tout simplement la diglossie selon laquelle les fonctions et le statut des deux langues ou variétés sont distribués en fonction d’une stricte hiérarchie dans le champ de communication sociale, avec des valeurs inégales sur le marché linguistique59.

L'assimilation pluraliste dans le cas du Salento consisterait à ce que l'usage exclusif du dialecte soit remplacé par l'alternance des deux codes (italien/dialecte); les salentins intègrent donc la langue A (le dialecte) dans leurs habitudes linguistiques, sans que le code B (l'italien) en soit endommagé. La deuxième partie du questionnaire sociolinguistique laisse supposer en effet qu'il existe dans le Salento une situation de bilinguisme diffus : 77,7% des informateurs sans distinction d'âge, genre, niveau d'étude, comprennent l'italien et le dialecte au même niveau ; 61,1% ont appris d'abord le dialecte et ensuite l'italien ; 84,25% l'utilisent dans les moments de colère et 49% dans les moments de réflexion. Il s'agit d'une situation de ségrégation sociolinguistique, dans le sens de diglossie, définie en tant que bilinguisme dialectal impliquant une hiérarchisation des statuts et des fonctions dans la communication sociale.

Nous remarquons aussi, qu’en règle générale, l'usage du dialecte dans le Salento est plus fort que dans les Pouilles, et ce dans les trois contextes analysés; il l'est aussi par rapport

De la cladistique à la linguistique.

à l'Italie qui, à son tour, manifeste un usage exclusif du dialecte plus important par rapport aux Pouilles (Salento > Italie > Pouilles).

Par conséquent, les résultats obtenus nous ont permis de vérifier que:

1) il existe une séparation nette entre le contexte familial et le contexte extrafamilial (voir figures 76, 77 et 78).

Figure 76 : représentation graphique des résultats globaux (les résultats indiquent l’utilisation du dialecte dans les trois contextes).

En observant les données par contexte et génération, nous voyons que:

Figure 77 : pourcentage pour les moins de 20 ans et les plus de 60 ans.

43% des plus jeunes, parlent le dialecte en famille et 48% avec les amis; seulement 10% avec les étrangers (administration, école etc.). En revanche, 66 et 67% des personnes plus âgées

De la cladistique à la linguistique.

Figure 78 : pourcentage pour les générations intermédiaires.

Les générations moyennes présentent des pourcentages inférieurs à ceux des deux autres générations et inférieurs à 50%.

35% des personnes d’un âge compris entre 20 et 40 ans parlent dialecte en famille et 41%

avec les amis.

Les pourcentages pour les personnes d’âge compris entre 40 et 60 ans sont de 42% en famille et 41% avec les amis.

2) Il existe dans le Salento une situation de bilinguisme (77,7% des informateurs), qui rappelle la situation évoquée par les résultats ISTAT, selon lesquels l'usage exclusif du dialecte serait remplacé par l'alternance des deux codes.

Cette recherche nous a permis de constater que les dialectes salentins gardent une place importante dans la communication parlée des habitants de cette région et que les jeunes générations (83,27% des moins de 20 ans parlent “presque toujours” le dialecte en famille), conscientes que la disparition du dialecte pourrait signifier une perte d'identité, se mobilisent pour sa réactivation et son mantien.

Cependant, la recherche mériterait d'être amplifiée et approfondie avec un plus grand nombre de données, d'informateurs et de points d'enquête, à une distance temporelle de quelques années afin de vérifier l'évolution des habitudes langagières des salentins.

1.7. Résumé du chapitre