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Chapitre 3. Résultats

3.5 Suggestions d’améliorations

Cette dernière section vise à transmettre les suggestions que plusieurs enfants ont accepté de partager pour améliorer l’expérience du placement pour d’autres jeunes qui vivraient ce passage un jour. Il faut mentionner d’abord que pour plusieurs cette expérience est source de stress. Ainsi, cette prise de conscience de la part des adultes « … que c’est pas facile de rester dans un centre

jeunesse avec pleins de jeunes qui ont des troubles de comportements » devrait amener les éducateurs « à se mettre à notre place » (Bernard, 13 ans).

Certains ont souligné le fait que certains édifices et pièces d’ameublement sont vieux et mériteraient des investissements afin d’améliorer le confort des jeunes qui y vivent, mais aussi un sentiment plus grand d’y être chez soi. Les modifications souhaitées permettraient aussi un meilleur respect de l’intimité :

Qu’ils soient plus confortables… que les centres jeunesse reçoivent plus d’argent… Ils changent les lits, ils changent les lits (durs), ils changent les douches, changer les toilettes…

euh… Durs… Les toilettes… Euh ils sont, y’a plein de graffitis, les toilettes sont… vraiment vraiment vraiment petites. On dirait que ça fait des années qu’ils ont pas été lavées. (Bernard, 13 ans)

Y’a des murs qui sont en briques en bas, y’en a qui sont en carton... Genre moi ma chambre est juste là là…. y’a juste un mur là, mais est plus grande que ça pis c’est tout en carton pis c’est ça. (T’entends le bruit des autres.) Ouais. (David, 14 ans)

Pour que ce passage de la vie soit moins difficile, il faut que le placement offre une certaine stabilité du personnel pour que les jeunes puissent vivre une possibilité de s’attacher à un adulte. Cet extrait illustre bien cet aspect :

Les éducs sont aussi toujours les mêmes personnes. Y’a pas de remplacement, t’sais genre là un remplacement, ce jour-là un remplaçant, un autre jour un remplaçant, des personnes différentes à chaque jour qui te connaissent même pas, qui, qui changent à tous les jours.

Mais moi ça me dérangerait pas. Ça me, ça me dérange pas qu’on ait de nouvelles personnes, mais, pour peut-être pour les autres jeunes ça serait difficile parce que admettons y’a des jeunes qui préfèrent mieux s’attacher à un ou deux éducs, qu’ils connaissent bien, et puis y’en a d’autres que, il sera juste pas capable de s’attacher, et en plus si il sait pas comment s’attacher, et puis il y a des remplaçants, de nouvelles personnes qui changent à chaque jour, ben… ils vont encore plus être frustrés, plus fragiles. (Pourquoi c’est important tu penses qu’ils s’attachent à quelqu’un ?) Pour la confiance. Pour, encourager… Il va être plus heureux. Il va connaître c’est quoi être aimé… Quand on a été aimé et puis qu’on a aimé quelqu’un, c’est plus facile d’aimer quelqu’un d’autre. (Bernard, 13 ans)

L’éducateur doit être sensible à la réalité de ce que cela représente d’être placé en centre de réadaptation avec un groupe de jeunes plutôt que de vivre dans un cadre familial dans une « maison normale ». Le fait d’organiser de plus petits groupes serait une façon d’alléger le stress vécu.

Ben moi si je serais un éduc, pis j’avais le contrôle sur un centre jeunesse j’aurais fait des sous-groupes… J’ai remarqué pour moi et pour les autres jeunes, moi les jeunes me tapent souvent sur les nerfs alors moi je me contrôle je prends mes moyens je prends une distance, mais quand la fin de semaine les jeunes sont partis, on est juste 4-5 jeunes, c’est tellement

plus calme. C’est quand même un peu excité avec les autres jeunes, mais c’est plus calme.

Tu sens qu’il y a un changement, que l’ambiance est différente. (Bernard, 13 ans)

Certains suggèrent que les détentes, temps seuls et siestes à la chambre sont trop nombreux et trop longs, mais surtout que le fait d’être seul est difficile pour eux. Ils proposent d’en diminuer la durée et/ou le nombre. Certains changements dans l’aménagement des sites, des locaux ou de l’ameublement pourraient rendre le lieu plus attrayant et permettre davantage d’intimité. Par exemple, il a été mentionné que le fait d’avoir sa chambre individuelle serait important.

D’autres propositions concernent les stratégies éducatives ou les comportements des adultes. Les suggestions touchent parfois les règles dans le milieu de vie qui éloignent celui-ci d’un milieu de vie plus « normal ». Comme le mentionne un jeune, certaines « règles font en sorte que les gens se sentent moins chez eux aussi » (Tina, 15 ans). Parfois, ce sont les systèmes de privilège et de gestions des comportements qui sont ciblés. Certains sont sensibles à l’injustice ou aux pertes et le fait de se voir retirer des points gagnés menant vers une récompense a peu de sens. Les jeunes mentionnent aussi préférer que l’on préserve leur dignité en intervenant moins devant tout le groupe et davantage de façon plus individuelle. L’attribution des tâches est aussi pointée. Le fait de pouvoir choisir celles que l’on exécute en fonction de nos intérêts et de nos habiletés serait un atout. Parmi les comportements des éducateurs qui font l’objet de recommandations de la part des jeunes, il faut mentionner le ton de voix. Les jeunes apprécient le fait qu’on leur parle doucement. Comme certains jeunes ont exprimé que l’attention donnée par l’adulte était un ingrédient pour se sentir aimé, une suggestion touche cet aspect. Les enfants aiment que les éducateurs passent « plus de temps avec nous. Qu’ils fassent moins les PIJs » (Adam, 10 ans). Les enfants ont aussi mentionné aimer les sorties, les activités et veulent que cela demeure présent. Ils ne veulent surtout pas que l’on retire les journées avec des gâteries et des déjeuners spéciaux.

Un enfant a abordé les contentions physiques : « c’est correct pour moi, moi ça me calme un peu, même si j’suis en crise ça me fait du bien un peu. Ben moi ça me calme déjà ça me, ça m’étire, ça me fait du bien » (David, 14 ans). Cependant, il souhaite que cela soit fait avec précaution, car il a été témoin d’une situation où l’enfant a saigné et cela l’a percuté. Les jeunes expriment aussi parfois des souhaits, comme avoir plus de temps d’écran ou un animal domestique.

S’il avait une baguette magique, c’est la possibilité d'avoir un chien dans le lieu de placement qu’il réaliserait comme le témoigne l’extrait qui suit :

Euhh je veux apparaître un chien ? Oui, même si, même si on a pas le droit d’avoir des chiens… Ils seraient heureux, ils pourraient jouer avec le chien. Pourraient le nourrir. Et puis le promener dehors pour faire ses besoins. Le seul animal qu’on a le droit ici c’est d’avoir un poisson… Euh non on n’a pas le droit d’avoir de chien, de chat, de perruche...et de...pas d’animal à poil (parce qu’il pourrait avoir des enfants peut-être qui sont allergiques, est-ce que c’est pour ça ?) Oui. Mais ici y’a personne qui est allergique. (Kevin, 9 ans)

Finalement, si le placement fait vivre des stress ou des inconforts à certains enfants, d’autres ont exprimé y avoir trouvé des éléments positifs : « Rien. C’est parfait comme ça. Comment que j’suis bien traité ici. J’suis tellement bien traité... ». (Carl, 13 ans)