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Les structures de clivages en France depuis le XIXe siècle

Enjeux, clivages et réalignements

1.2. La dynamique des clivages en France et en Allemagne

1.2.3. Les structures de clivages en France depuis le XIXe siècle

L’histoire politique de la France depuis la fin du XIXe siècle n’est pas aussi agitée que celle de l’Allemagne. De prime abord, cette remarque peut paraître surprenante : après tout, la France a également connu des changements de régime et des moments de contestation des institutions démocratiques. Cependant, dans les faits, la souveraineté du peuple n’a plus été remise en cause depuis la proclamation de la Troisième République en 1870, à l’exception de la parenthèse du régime de Vichy, pendant la Seconde Guerre Mondiale. D’ailleurs, la France fait partie des plus anciennes démocraties représentatives modernes, aux côtés du Canada, des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la Nouvelle-Zélande.

A l’image du système partisan allemand, le système partisan français est le produit de deux clivages fondamentaux, le clivage Eglise/Etat et le clivage de classe. Toutefois, il n’a pas suivi la même trajectoire historique ; au contraire, il a longtemps présenté des caractéristiques strictement opposées, avec la présence d’un parti communiste dominant au sein de la gauche et l’absence d’un grand parti démocrate-chrétien3. Cette configuration particulière résulte en partie de l’alliance qui s’est nouée entre l’Eglise catholique et les grands propriétaires terriens face à la modernisation impulsée par la nouvelle élite industrielle aux débuts de la Troisième République, mais elle traduit aussi l’impact de la division politique communistes/socialistes dans le développement du système partisan français après la Première Guerre Mondiale.

1 DOLEZAL Martin, « Germany: The Dog that Didn’t Bark », in KRIESI H., GRANDE E., LACHAT R.,

et al., West European Politics in the Age of Globalization, 2008, p. 211.

2 Cette dépolitisation est essentiellement le fait des sociaux-démocrates. Dans un premier temps,

au cours des années 1980, ils refusent de s’intéresser à l’enjeu (dismissive strategy). Puis, dans un

second temps, ils refusent l’affrontement avec les chrétiens-démocrates, en ne s’opposant pas au durcissement de la politique d’immigration imposé par le gouvernement Kohl. Sur le lien entre

la stratégie des grands partis et la dynamique électorale des partis de droite radicale, MEGUID

Bonnie M., « Competition between Unequals: The Role of Mainstream Party Strategy in Niche

Party Success », American Political Science Review, 99 (3), 2005.

Les origines historiques du système partisan français

La construction de l’Etat-nation est un processus relativement précoce en France. Elle débute au Moyen Âge, au moment où les rois capétiens commencent à étendre leur autorité politique sur le futur royaume de France grâce à leurs conquêtes militaires et à leurs alliances matrimoniales. A partir du XIIIe siècle, la dynamique s’accélère : la monarchie se dote d’une puissante administration centrale, qui parvient à soumettre les seigneurs locaux et à imposer la langue française dans l’ensemble du royaume. L’unification nationale est en marche. Une première rupture dans ce processus intervient dans la seconde moitié du XVIe siècle, avec la Réforme et le début des guerres de religion : dans un contexte d’affaiblissement de l’autorité royale, l’Etat monarchique s’allie à l’Eglise catholique et marginalise les protestants. Puis une seconde rupture a lieu en 1789 : l’alliance initiale entre l’Etat et l’Eglise catholique, qui s’était concrétisée au XVIIe siècle par l’instauration d’une monarchie de droit divin, est rompue par une révolution démocratique sécularisante.

Paradoxalement, la Révolution française n’aboutit pas à l’établissement d’un régime démocratique. Il faut attendre la proclamation de la Deuxième République en 1848 pour que le suffrage universel devienne le mode normal de désignation des détenteurs du pouvoir1, et l’avènement de la Troisième République en 1870 pour que la plupart des élites se rallient au paradigme de la démocratie représentative. Rétrospectivement, le système partisan naissant est souvent réduit à une opposition gauche/droite structurée par le clivage religieux et par le clivage de classe. Il n’en est rien : à l’époque, les termes de gauche et de droite ne se sont pas encore imposés et le clivage de classe n’est pas encore politisé. La vie politique française est en fait dominée par l’opposition républicains/monarchistes, opposition qui exprime d’abord le clivage entre le monde urbain et le monde rural2.

Le processus de modernisation politique et économique est essentiellement porté par la bourgeoise industrielle. Républicaine, laïque et progressiste, cette nouvelle élite déplace les centres de pouvoir vers les villes et entraîne rapidement une réaction de l’Eglise catholique et des grands propriétaires agricoles, qui défendent l’ordre ancien et s’allient au sein d’un vaste camp conservateur favorable au rétablissement de la monarchie. De la sorte, l’affrontement entre républicains et monarchistes traduit initialement deux clivages, le clivage urbain/rural et le clivage religieux. Toutefois, la bourgeoisie entre très rapidement en conflit avec la classe ouvrière, provoquant in fine la division du monde urbain et la formation du clivage de classe.

1 Le suffrage universel n’est pas suspendu sous le Second Empire. Au contraire, c’est au cours de

cette période qu’il devient une pratique régulière, notamment dans les campagnes. Toutefois, il reste réservé aux hommes et son usage est largement dévoyé par le recours aux plébiscites.

2 Cette opposition entre les villes et les campagnes est déjà particulièrement forte sous le Second

Empire. Lors du plébiscite du 8 mai 1870, le dernier avant la chute de Napoléon III, le « oui » l’emporte par près de 83 % des exprimés, mais les grandes villes se prononcent majoritairement en faveur du « non ». Sur la géographie électorale au début de la Troisième République, on peut

lire GOUAULT Jacques, Comment la France est devenue républicaine. Les élections générales et partielles

L’affirmation du clivage urbain/rural et la cristallisation du clivage religieux

A la chute du Second Empire en 1870, la question du nouveau régime n’est pas tout à fait tranchée. Malgré la proclamation de la République, les premières élections à l’Assemblée nationale provisoire en février 1871 marquent une nette victoire de l’opposition monarchiste. Certes, la forme du gouvernement n’est pas directement en cause, l’enjeu principal portant sur la poursuite ou non de la guerre avec la Prusse, mais la nouvelle majorité royaliste saisit l’occasion pour tenter de rétablir la monarchie, en abrogeant les lois d’exil qui pesaient sur la famille royale. Après une période d’apaisement, au cours de laquelle le gouvernement Thiers accumule les succès, notamment contre la Commune de Paris, le conflit entre républicains et monarchistes s’exacerbe en 1873 lorsque la majorité royaliste renverse Thiers, qui avait pris position en faveur d’une République conservatrice, et porte le maréchal de Mac-Mahon à la tête de l’Etat. La victoire définitive de la République n’intervient qu’à la fin des années 1870. Divisés entre orléanistes et légitimistes, incapables de s’entendre sur un prétendant au trône, les monarchistes sont sévèrement battus dans les urnes : ils échouent aux législatives de 1876 et de 1877, puis perdent le Sénat en 1879, entraînant la démission de Mac-Mahon1.

En dépit de la nette domination électorale des républicains au cours des années 1880, l’opposition républicains/monarchistes ne disparaît pas. Cependant, elle change en partie de contenu, le ralliement des catholiques au nouveau régime conduisant à l’autonomisation de la question religieuse2. Elle révèle ainsi l’existence d’un conflit plus large entre progressistes et conservateurs, les premiers soutenant la modernisation du pays, les seconds luttant pour la préservation de l’ordre ancien. De la sorte, l’opposition monarchistes/républicains articule le clivage entre les nouvelles villes industrielles et les campagnes agricoles3 et le clivage entre l’Etat centralisateur et l’Eglise catholique, et se traduit à la fois par un conflit d’intérêts sur le prix du blé4 et par un conflit de valeurs sur le contrôle de l’instruction des masses.

Bien qu’il reconfigure durablement la compétition politique, le clivage religieux ne se traduit pas par la fondation d’un parti démocrate-chrétien : les intérêts de l’Eglise catholique sont explicitement pris en charge par les conservateurs, qu’il s’agisse des monarchistes dans un premier temps ou des républicains conservateurs dans un second temps, une fois l’Eglise officiellement ralliée à la République. En revanche, ce clivage est directement à l’origine du développement de forces anticléricales : il donne naissance aux premiers partis politiques se revendiquant expressément de la gauche, le Parti radical notamment, et rappelle au passage qu’une tradition de gauche républicaine et laïque préexiste à l’émergence du socialisme.

1 MAYEUR Jean-Marie, Les débuts de la Troisième République. 1871-1898, Paris, Seuil, 1973, p. 26-54.

2 Sur les conséquences du ralliement dans les transformations du camp monarchiste, on peut lire

REMOND René, Les droites en France, Paris, Aubier, 1982, quatrième édition, p. 160-163.

3 Le clivage urbain/rural se forme d’abord au sein des élites, avec l’opposition entre l’aristocratie

foncière et la bourgeoisie industrielle. Dans un premier temps, il s’exprime dans le conflit entre

légitimistes et orléanistes. Sur ce point, on peut notamment se reporter à MARX Karl, Les luttes de

classes en France 1848-1850, Paris, Editions sociales, 1984 [1895].

4 La bourgeoisie industrielle cherche à limiter le prix du blé afin de diminuer le coût du pain pour

La division du monde urbain et le développement du clivage de classe

Bien que l’industrialisation débute dès les années 1820, puis s’accélère sous le Second Empire, la cristallisation définitive du clivage de classe dans le jeu politique n’intervient pas avant le début des années 1890. Pour l’essentiel, ce décalage temporel renvoie aux conditions d’élargissement du droit de vote. En France, le suffrage universel n’est pas une conquête du mouvement ouvrier, mais un acquis de la République. En d’autres termes, la classe ouvrière n’est pas contrainte de s’organiser politiquement pour accéder à la citoyenneté électorale1, ce qui ne favorise pas la constitution d’un parti autonome prenant en charge ses intérêts.

Comme en Allemagne, la politisation du conflit de classe résulte largement de l’action du pouvoir gouvernemental. Après avoir reconnu la liberté syndicale en 1884, la République durcit soudainement sa position contre le mouvement ouvrier au début des années 1890, en réprimant de plus en plus violemment les grèves et les manifestations. Le basculement a lieu le 1er mai 1891, lorsque les forces de l’ordre tirent dans la foule à Fourmies, dans le Nord. Le massacre retentit sur l’ensemble du territoire et réveille une conscience ouvrière qui avait été éteinte par l’échec de la Commune. Les socialistes enregistrent des progrès spectaculaires à l’occasion de plusieurs partielles, et percent finalement lors des législatives de 18932.

Le développement du clivage de classe est un phénomène relativement progressif. La question sociale s’impose à l’agenda au cours de la seconde moitié des années 1890, profitant d’un apaisement sur le front religieux consécutif au ralliement de l’Eglise à la République. En 1899, les socialistes sont intégrés au sein de la coalition du Bloc des gauches, qui remporte les élections législatives de 1902. En 1905, la montée en puissance du clivage de classe aboutit à la création du premier parti socialiste unifié, la SFIO. La dynamique s’achève en 1920, lors du Congrès de Tours : après la Révolution russe, le versant ouvrier du clivage de classe se divise entre une tendance socialiste et une tendance communiste.

En introduisant un second axe de conflit, la cristallisation du clivage de classe modifie une nouvelle fois l’espace de la compétition politique. Après la percée des socialistes, le Parti radical, qui occupait auparavant la position la plus à gauche du champ partisan en raison de son anticléricalisme, est mécaniquement déporté vers la droite par ses positions modérées en matière socio-économique. Puis, à partir de 1920, les socialistes sont à leur tour débordés sur leur gauche par les communistes. Le système partisan français atteint alors un premier point d’équilibre : le clivage de classe et le clivage Etat/Eglise façonnent un espace de compétition bidimensionnel, dans lequel s’affrontent quatre grandes familles politiques, les communistes, les socialistes, les radicaux et les modérés3.

1 Sur l’importance du timing et du tempo de l’extension du droit de suffrage dans l’émergence des

partis ouvriers, BARTOLINI Stefano, The Political Mobilization of the European Left, 2000, p. 215-220.

2 Cette dynamique est particulièrement forte dans les grandes villes, confirmant que le clivage de

classe est d’abord une division au sein du monde urbain. Elle entraîne une transformation de la géographie électorale des radicaux, qui se replient dans les campagnes.

3 Le terme « modérés » désigne les deux grandes forces de « droite » de la Troisième République,

La dynamique des clivages en France depuis 1945

La Seconde Guerre Mondiale marque un tournant dans le développement historique du système partisan français. La rupture la plus évidente est d’ordre constitutionnel : le rejet définitif de la Troisième République par référendum en 1945 entraîne le vote d’une nouvelle Constitution, qui entre en vigueur en 1946. Néanmoins, les changements les plus significatifs interviennent dans l’arène électorale, avec la très forte poussée des communistes et la percée des démocrates-chrétiens du MRP lors des premières élections constituantes de 1945, puis le raz-de-marée des gaullistes du RPF lors des élections municipales de 1947.

Paradoxalement, la structure des clivages évolue peu : l’expansion des communistes et l’irruption des démocrates-chrétiens dans le paysage politique témoignent simplement de la prégnance du clivage de classe et du clivage religieux. Cependant, elle est complétée par la formation de deux divisions politiques : une division présidentialistes/parlementaristes, qui aboutit à l’irruption des gaullistes, et une division procommunistes/anticommunistes1, qui se traduit par l’isolement des communistes à l’extrême gauche du champ partisan.

Les changements sont beaucoup plus importants sous la Cinquième République. Dès le retour du général de Gaulle au pouvoir en 1958, la mise en place des nouvelles institutions marque la victoire du paradigme présidentialiste. Elle conduit à l’installation définitive des gaullistes dans le paysage politique2 et au recul des partis qui dominaient sous la Quatrième République. Et à partir des années 1970, l’affaiblissement du clivage religieux et l’atténuation du clivage de classe ouvrent la voie à la politisation de nouveaux clivages.

L’épuisement des clivages traditionnels

Le clivage religieux a longtemps dominé la structure du système partisan français. De prime abord, cette situation peut paraître relativement surprenante : aucun parti démocrate-chrétien n’est parvenu à percer de manière durable, à l’exception du MRP sous la Quatrième République, et la loi de 1905 relative à la séparation des Eglises et de l’Etat a rapidement mis un terme aux affrontements violents de la fin du XIXe siècle entre les partisans d’un maintien du concordat de 18013 et les adeptes de la laïcité. Toutefois, l’apaisement n’a jamais vraiment été synonyme de consensus : malgré la loi de 1905, la France est restée divisée sur la place de la religion dans la sphère publique, et notamment sur la question de l’école privée.

1 Cette nouvelle division politique peut être considérée comme une reconfiguration de la division

communistes/socialistes : la progression du Parti communiste contraint tous les partis à prendre position par rapport au communisme, pas seulement les socialistes.

2 Les gaullistes s’étaient marginalisés du jeu politique lors des élections législatives de 1956, suite

au retrait momentané du général de Gaulle après l’échec des municipales de 1953.

3 Le régime concordataire, établi pendant le Consulat, organise les relations entre l’Etat français et

l’Eglise de Rome suite à la Révolution française et rétablit la paix religieuse. Il témoigne d’une subordination de l’Eglise catholique mais prévoit en contrepartie la rémunération du clergé par

l’Etat. Sur les relations entre l’Etat et les Eglises en France, on peut lire BOUDON Jacques-Olivier,

L’affaiblissement du clivage religieux débute à la fin des années 1960. Pour l’essentiel, il renvoie au recul spectaculaire de la pratique catholique : des élections législatives de 1967 à l’élection présidentielle de 2007, la part des catholiques pratiquants réguliers dans l’ensemble de l’électorat passe de 26 à 8 %1. Curieusement, la sécularisation exerce ses premiers effets au moment où émergent de nouveaux enjeux sociétaux qui auraient pu accroître la polarisation sur la morale traditionnelle : l’avortement, la place des femmes dans la société, les droits des homosexuels, etc. Cependant, les partis de droite qui défendaient les positions restrictives de l’Eglise catholique préfèrent adopter des positions de plus en plus modérées, dans la mesure où le poids des catholiques pratiquants diminue fortement dans leur électorat. Evidemment, tous les conflits mettant en jeu les dogmes de l’Eglise catholique n’ont pas été résolus, mais la plupart des débats sur la place des religions dans la sphère publique concernent aujourd’hui l’islam, de sorte qu’ils sont plus volontiers associés à l’enjeu immigration ou à la question de l’identité nationale qu’au clivage historique entre l’Eglise et l’Etat.

L’atténuation du clivage de classe est un processus plus complexe et ne se réduit pas à une dépolarisation sur les enjeux socio-économiques suite au recul du nombre des ouvriers dans le corps électoral. De manière générale, la force du clivage de classe dépend du contexte socio-économique et du paradigme économique dominant2. De ce point de vue, trois grandes phases peuvent être identifiées depuis la Seconde Guerre Mondiale. Jusqu’à la fin des années 1960, le clivage de classe est relativement prégnant en dépit d’un consensus sur les politiques économiques à mener. Le paradigme keynésien assure simultanément une forte croissance et le plein emploi, de sorte que la redistribution ne constitue pas une entrave à la rémunération du capital et à la progression continue des taux de profit. Les partis de gauche sont dans une position favorable : ils peuvent continuer à politiser le clivage de classe sans compromettre le dynamisme économique. Au milieu des années 1970, la domination du « compromis social-démocrate » s’effrite suite à l’entrée en crise du paradigme keynésien. Le clivage de classe se renforce : la polarisation sur les enjeux économiques s’accroît avec l’installation du chômage de masse et la signature du programme de gouvernement de la gauche entre les socialistes et les communistes. Toutefois, cette période ne dure pas longtemps : dès la première moitié des années 1980, le clivage de classe commence à s’estomper. Suite au « tournant de la rigueur » impulsé par le Parti socialiste en 1983, les politiques économiques promues par les partis de gouvernement convergent très nettement. Et contrairement à la situation qui prévalait dans la période de domination du paradigme keynésien, la dépolarisation sur les questions socio-économiques est cette fois synonyme d’affaiblissement du clivage de classe : en se ralliant au paradigme néolibéral, les partis de gauche perdent de fait toute crédibilité dans leur travail de politisation du conflit possédants/travailleurs.

1 Ces données sont issues des enquêtes post-électorales françaises (voir annexe 2). Les catholiques

pratiquants réguliers assistent à la messe au moins une fois par semaine.

2 GOUGOU Florent, ROUX Guillaume, « Political Change and Cleavage Voting in France: Class,

Religion, Political Appeals and Voter Alignments (1962-2007) », in EVANS G., DE GRAAF N.D.

(dir.), Political Choice Matters: Explaining the Strength of Class and Religious Cleavages in

La cristallisation des clivages de la révolution mondiale

Comme en Allemagne, la phase de modernisation qui s’est ouverte en France après la Seconde Guerre Mondiale avec le développement d’institutions politiques supranationales et l’essor du capitalisme financier a conduit à l’émergence du clivage écologie/productivisme et du clivage identité/cosmopolitisme. Ces deux nouveaux clivages ne se sont pas cristallisés au même rythme et n’ont pas été incorporés au même moment dans le système partisan, mais ils