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L’explication des évolutions du vote de classe

Dans le document Comprendre les mutations du vote des ouvriers (Page 140-149)

Le concept de vote de classe en débat

R. Alford et le vote de classe dans les démocraties anglo-américaines

2.2. Les débats sur les évolutions du vote de classe

2.2.3. L’explication des évolutions du vote de classe

En dépit du dépassement progressif des limites méthodologiques de l’indice d’Alford par l’usage de techniques statistiques avancées et par une opérationnalisation plus complexe des variables, les débats sur les évolutions du vote de classe ne se referment pas subitement. Certes, les chercheurs de Berkeley et d’Oxford, dans un premier temps fervents partisans de la thèse des fluctuations sans tendance, admettent qu’il y a bien déclin du vote de classe dans certains pays, mais des malentendus demeurent. Pour l’essentiel, ces malentendus renvoient à des problèmes de définition du phénomène, et plus précisément à la confusion de ses deux niveaux d’analyse, certains discutant l’impact général de la classe sociale sur le vote, d’autres se focalisant sur les évolutions de certains alignements de classe. Pour autant, la littérature subit une inflexion importante à la fin des années 1990. Le consensus croissant sur l’existence de cas de déclin du vote de classe ouvre la voie à de nouveaux questionnements. Les débats empiriques ne sont plus circonscrits à la caractérisation des évolutions du vote de classe ; ils se prolongent désormais dans les mécanismes de ces changements. Deux pistes de recherche, distinctes mais complémentaires sont explorées : l’identification d’un modèle d’explication général des évolutions du vote de classe dans les démocraties occidentales d’un côté, la mise en évidence de spécificités nationales et de logiques contextuelles d’un autre.

Les modèles de changement du vote de classe

Initialement, l’observation d’un déclin du vote de classe a été associée aux profondes mutations sociales accompagnant la transition des démocraties occidentales vers des sociétés post-industrielles, notamment l’élévation générale du niveau de vie et la hausse continue du niveau d’instruction. Cette vision sociologique des évolutions du vote de classe, analysant le relâchement du lien entre classe et vote comme une conséquence naturelle de changements sociaux, a longtemps dominé la littérature. Elle a toutefois été concurrencée dans les années 1990 par une vision politique, centrée sur l’adaptation stratégique des partis à ces mutations sociales. De la sorte se sont cristallisés deux modèles du changement du vote de classe, qui

1 BROOKS Clem, MANZA Jeff, « Class Politics and Political Change in the United States,

1952-1992 », Social Forces, 76 (2), 1997. C. Brooks et J. Manza se focalisent sur le réalignement électoral

renvoient respectivement à l’approche « bottom up » et à l’approche « top down » des relations entre la structure sociale et la compétition politique.

Le modèle du changement social

Le modèle du changement social repose sur la conviction que le vote de classe est un simple reflet des conflits sociaux : de la prégnance des divisions de classe dépend la force du lien entre classe sociale et vote. Or, au cours des dernières décennies, les sociétés occidentales ont connu de profondes transformations dans leur structure sociale, entre la modernisation des activités économiques, la montée de l’individualisme et l’accès du plus grand nombre à la consommation de masse. Evidemment, toutes les explications centrées sur le changement social ne mettent pas l’accent sur les mêmes mutations, mais toutes s’accordent sur le constat d’une perte d’homogénéité des classes sociales. Celles-ci ne sont plus considérées comme des blocs monolithiques qui portent une identité collective et des intérêts communs, mais comme des ensembles hétérogènes aux frontières floues. Cette fragmentation de la structure sociale se traduit par un affaiblissement des polarisations de classe, dont le déclin du vote de classe ne constitue qu’une conséquence mécanique. Deux phénomènes retiennent particulièrement l’attention : l’embourgeoisement de la classe ouvrière et l’émergence de nouvelles divisions sociales qui ne recoupent pas les divisions de classe traditionnelles.

L’impact de l’homogénéité des classes sociales sur la force des oppositions de classe a été analysé bien avant la première observation d’un déclin du vote de classe : dès les années 1950, R. Bendix et S.M. Lipset lient la faiblesse du clivage de classe aux Etats-Unis à la grande fluidité des positions sociales qui y règne1. Pour autant, ce n’est pas la mobilité sociale en tant que telle qui est considérée comme le principal facteur de la perte d’homogénéité des classes sociales, mais l’embourgeoisement de la classe ouvrière : au cours des années 1950 et 1960, la mise en place des systèmes de protection sociale et les hausses de salaire liées à la persistance de très forts taux de croissance ont conduit à un enrichissement sans précédent des ouvriers, enrichissement qui les aurait rapprochés du style de vie des classes moyennes. Si l’idée d’une identification de la classe ouvrière aux classes moyennes a été rejetée2, nul ne conteste le fait que la figure du prolétaire, qui ne possède rien d’autre que sa force de travail, n’a plus cours dans la période d’expansion économique que traverse le monde occidental après 1945. Ni le

1 BENDIX Reinhard, LIPSET Seymour M., Social Mobility in Industrial Society, Berkeley, University of California Press, 1959. Pour une discussion des liens entre mobilité sociale intergénérationnelle,

mobilité sociale intragénérationnelle et vote de classe, on peut se reporter à NIEUWBEERTA Paul,

DE GRAAF Nan Dirk, ULTEE Wout, « The Effects of Class Mobility on Class Voting in Post-War

Western Industrialized Countries », European Sociological Review, 16 (4), 2000.

2 GOLDTHORPE John H., LOCKWOOD David, BECHHOFFER Frank, PLATT Jennifer, « The Affluent

Worker and the Thesis of Embourgeoisement: Some Preliminary Research Findings », Sociology,

1 (1), 1967. Cet article est la première publication issue d’une enquête par entretiens menée dans trois usines de la ville de Luton, en Angleterre, auprès de 229 « ouvriers de l’abondance » (âgés de 21 à 46 ans et gagnant plus de 17 livres sterling par semaine) et d’un groupe témoin de 54 employés avec les mêmes caractéristiques sociodémographiques.

fait que la formidable amélioration de la condition ouvrière et la généralisation de l’accès à des biens de consommation jusque là réservés aux milieux aisés (électroménager, télévision, automobile, etc.) ont pu éroder les solidarités de groupe au sein de la classe ouvrière.

Qui plus est, les effets de l’élévation générale du niveau de vie ne se réduisent pas au recul des polarisations de classe ; ils débouchent également sur la cristallisation de nouvelles lignes de fracture qui transcendent les oppositions socio-économiques traditionnelles. Cette idée est au cœur de la théorie de la mutation culturelle formulée par R. Inglehart : au cours des années 1960, les sociétés occidentales ont atteint un tel niveau de développement que les citoyens n’aspirent plus seulement à la réalisation de besoins physiologiques1, mais aussi à la réalisation de besoins sociaux qu’expriment les valeurs post-matérialistes. Or, l’émergence de ces nouvelles valeurs est portée par le renouvellement des générations et par la progression du niveau d’instruction, deux mouvements qui contribuent à dessiner des divisions sociales dont les frontières ne recoupent pas celles des conflits hérités de la révolution industrielle.

Fondamentalement, le modèle du changement social associe le recul du vote de classe aux transformations des structures économiques des sociétés occidentales depuis 1945 et aux mutations des systèmes de valeurs qu’elles engendrent. Bien que ces deux dimensions soient indissociablement liées dans la révolution post-industrielle, elles doivent être distinguées sur un plan analytique car elles n’impliquent pas les mêmes mécanismes quant au déclin du vote de classe : les mutations socio-économiques affaiblissent les polarisations de classe, alors que le changement de valeurs donne naissance à des oppositions culturelles qui concurrencent ces polarisations de classe. Cette distinction conduit d’ailleurs J. Van der Waal, P. Achterberg et D. Houtman à différencier le vote de classe, fondé sur des orientations économiques, et le vote culturel, basé sur des valeurs sociétales, et à contester le consensus grandissant autour d’une tendance au déclin du vote de classe dans le monde occidental depuis 1945 : le vote de classe serait simplement « enterré vivant » par la progression constante du vote culturel2. Le modèle des choix politiques

A l’instar du modèle du changement social, le modèle des choix politiques reconnaît que les mutations socio-économiques engendrées par la révolution post-industrielle jouent

1 R. Inglehart reprend ici à son compte le modèle de hiérarchisation des besoins humains proposé

par A.H. Maslow dans les années 1940. Cette référence à la pyramide des besoins n’est présente

que dans ses premiers écrits, notamment INGLEHART Ronald, « The Silent Revolution in Europe:

Intergenerational Change in Post-Industrial Societies », American Political Science Review, 65 (4),

1971, p. 991. Elle disparaît par la suite, laissant place à une justification fondée sur la diminution de l’utilité marginale des aspirations égalitaristes et des préoccupations redistributives une fois

atteint un certain niveau d’égalité. Sur ce point, INGLEHART Ronald, FLANAGAN Scott C., « Value

Change in Industrial Societies », American Political Science Review, 81 (4), 1987, p. 1309.

2 VAN DER WAAL Jeroen, ACHTERBERG Peter, HOUTMAN Dick, « Class Is Not Dead—It Has Been Buried Alive: Class Voting and Cultural Voting in Postwar Western Societies (1956–1990) », Politics & Society, 35 (3), 2007. Pour pouvoir contraster le vote de classe du vote culturel, les trois auteurs confrontent l’impact du revenu et du niveau d’instruction sur le vote.

un rôle décisif dans les évolutions du vote de classe. Cependant, il n’associe pas directement changement social et recul du vote de classe, mais fait intervenir une variable intermédiaire : les partis politiques. Plutôt que de se focaliser sur la perte d’homogénéité des classes sociales, il se concentre sur les choix stratégiques des partis, et notamment sur leur réaction face aux changements de la composition du corps électoral dans les démocraties post-industrielles1. En clair, l’agent du changement est politique plutôt que sociologique.

Ce modèle de changement repose sur l’idée que le vote de classe n’est pas le produit mécanique de l’existence de divisions de classe, mais la conséquence de leur politisation par les partis politiques. De la sorte, il ne conteste pas l’antériorité des structures économiques et sociales, mais postule que le déclin du vote de classe résulte d’une adaptation stratégique des partis au changement social, que cette adaptation touche à leur positionnement idéologique ou à leur pratique gouvernementale. Pour l’essentiel, il s’intéresse aux réponses qu’apportent les partis de gauche au déclin numérique de la classe ouvrière et à l’expansion des classes moyennes, dans la lignée des travaux précurseurs d’H. Kitschelt sur les transformations de la social-démocratie européenne2. L’idée est simple : les changements démographiques qui ont affecté le corps électoral des démocraties occidentales ont progressivement poussé les partis de gauche issus du mouvement ouvrier à renoncer à défendre un programme économique exclusivement dédié à leur clientèle ouvrière pour se tourner vers les classes moyennes3. Or ce changement de positionnement des partis de gauche aboutit à une dépolarisation entre les partis sur les enjeux économiques, dépolarisation qui conduit au déclin du vote de classe4.

Pour autant, et à la différence du modèle du changement social, le modèle des choix politiques ne prédit pas nécessairement une tendance à la baisse du vote de classe. Tant que les partis se distinguent sur des enjeux économiques, le vote de classe ne doit pas chuter, et ce quelle que soit l’ampleur des mutations sociales ; en revanche, à partir du moment où les positions des partis convergent en matière économique, il doit reculer. De la sorte, ce modèle est compatible avec les travaux ayant dans un premier temps observé des fluctuations sans tendance du vote de classe : il n’implique pas de déclin continu de la relation entre classe et vote, et permet même de comprendre certaines évolutions erratiques de cette relation. Ainsi,

1 MAIR Peter, MÜLLER Wolfgang C., PLASSER Fritz, « Introduction: Electoral Challenges and Party

Responses », in MAIR P., MÜLLER W.C., PLASSER F. (dir.), Political Parties and Electoral Change:

Party Responses to Electoral Markets, Londres, Sage, 2004.

2 KITSCHELT Herbert, The Transformation of European Social Democracy, Cambridge, Cambridge University Press, 1994.

3 L’impossibilité d’un positionnement économique qui satisfasse à la fois la classe ouvrière et les

classes moyennes constitue selon A. Przeworski et J. Sprague le grand « dilemme » de la social-démocratie : la radicalité sociale d’une stratégie ouvriériste peut effrayer les couches moyennes, tandis que la modération d’un positionnement interclassiste en matière de redistribution peut

décevoir les ouvriers. PRZEWORSKI Adam, SPRAGUE John, Paper Stones, 1986, p. 60.

4 L’argument a été initialement développé dans EVANS Geoffrey, « Class and Vote: Disrupting the

Orthodoxy », in EVANS G. (dir.), The End of Class Politics?, 1999, p. 328-330. Il a depuis été repris

dans EVANS Geoffrey, DE GRAAF Nan Dirk, « Explaining Cleavage Strength: The Role of Party

Positions », in EVANS G., DE GRAAF N.D. (dir.), Political Choice Matters: Explaining the Strength of

il est logique que les chercheurs d’Oxford en soient aujourd’hui les principaux promoteurs : ce modèle permet d’expliquer la dynamique de déclin du vote de classe qu’ils observent en Grande-Bretagne à partir de la victoire du New Labour en 1997 sans remettre en question les conclusions auxquelles ils sont parvenus sur les périodes antérieures1.

La dimension géographique du vote de classe

L’émergence progressive d’un consensus sur la thèse d’une tendance au recul du vote de classe au cours des dernières décennies dans le monde occidental ne signifie pas que tous les auteurs s’accordent sur les mécanismes, l’ampleur et les temporalités du phénomène. La compréhension des évolutions du vote de classe ne se limite donc pas à l’exploration et à la mise en évidence de dynamiques communes à l’ensemble des démocraties occidentales ; elle passe également par l’identification de dimensions spécifiques à chaque pays, dimensions qui permettent de rendre compte des variations entre les pays, mais aussi au sein de ces pays. Et une conclusion s’impose : il n’y a pas un processus universel de déclin du vote de classe, qui pourrait être saisi par un seul modèle explicatif.

Les spécificités nationales du vote de classe

La thèse d’une tendance au déclin du vote de classe dans l’ensemble des démocraties occidentales a longtemps souffert de la faiblesse de ses fondements empiriques. L’utilisation controversée de l’indice d’Alford est pour beaucoup dans cette situation, mais elle n’explique pas tout : la généralisation de la thèse d’un déclin à l’ensemble du monde occidental est tout aussi discutable. Après tout, la première observation comparative d’un recul de l’indice du vote de classe ne concerne que l’Allemagne de l’Ouest, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Suède2. Et les actualisations successives qu’effectue R. Inglehart sur le graphique original de S.M. Lipset n’intègrent qu’un pays supplémentaire, la France3.

De la sorte, les travaux de P. Nieuwbeerta sur les évolutions du vote de classe dans le monde occidental depuis 1945 sont les premiers à tester de manière systématique la thèse du déclin. Leur bilan est sans appel : « With respect to politics, social classes are certainly not dead yet, but the rumors of their imminent death are not all that exaggerated »4. En dépit de niveaux de départ différents, les vingt pays examinés par P. Nieuwbeerta sont tous caractérisés par un

1 EVANS Geoffrey, TILLEY James, « How Parties Shape Class Politics: Explaining the Decline of the

Class Basis of Party Support », British Journal of Political Science, 42 (1), 2012.

2 LIPSET Seymour M., Political Man, 1981, p. 503-505.

3 Pour la dernière actualisation, INGLEHART Ronald, Modernization and Postmodernization: Cultural,

Economic, and Political Change in 43 Societies, Princeton, Princeton University Press, 1997, p. 255. 4 NIEUWBEERTA Paul, « The Democratic Class Struggle in Postwar Societies. Traditional Class

Voting in Twenty Countries », in CLARK T.N., LIPSET S.M. (dir.), The Breakdown of Class Politics,

2001, p. 132. Pour des resultants similaires, on peut aussi lire NIEUWBEERTA Paul, DE GRAAF Nan

Dirk, « Traditional Class Voting in Twenty Postwar Societies », in EVANS G. (dir.), The End of

affaiblissement de la relation entre classe et vote, et ce quelle que soit la mesure utilisée. Peu importe que la variable de classe sociale soit dichotomisée ou pas, que l’indicateur statistique retenu soit fondé sur des écarts absolus ou sur des odds ratios, le lien entre classe sociale et vote perd partout en intensité entre 1945 et 1990. Plus précisément, si la variable de classe est dichotomisée, mesures d’écart absolu et mesures d’écart relatif du vote de classe aboutissent à la même conclusion d’un déclin linéaire de la relation entre classe sociale et vote entre 1945 et 1990. Et si elle n’est pas dichotomisée, mais opérationnalisée à partir des schémas élaborés par J.H. Goldthorpe, le constat est identique : l’évolution des indices kappa dans les pays pour lesquels P. Nieuwbeerta parvient à rassembler des données conduit également à observer un déclin du vote de classe, sauf en Autriche1.

En montrant que les différentes mesures du vote de classe conduisent à des résultats convergents, les travaux de P. Nieuwbeerta jouent un rôle primordial dans l’émergence d’un consensus autour de la thèse d’une tendance au déclin de la relation entre classe et vote dans le monde occidental. De la sorte, s’il est incontestable que l’opérationnalisation des variables et les propriétés statistiques des mesures sont deux enjeux importants sur un plan théorique, il n’en va pas de même sur un plan empirique. Cependant, les travaux de P. Nieuwbeerta ne concernent que le niveau d’analyse individuel du vote de classe : quelle que soit la manière dont est opérationnalisée la variable de classe, il s’agit d’évaluer son poids dans l’orientation du vote des électeurs. Mais ces premières observations sur les évolutions de l’impact général de la classe dans le vote sont complétées par un travail postérieur, mené conjointement avec C. Brooks et J. Manza, sur les transformations des alignements de classe dans six grands pays entre 1965 et 2000 (Allemagne, Australie, Autriche, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Pays-Bas). Et ici, où les mutations des coalitions entre classes sociales et partis politiques sont au centre de l’attention, le tableau est différent. Un phénomène se dégage, le désalignement électoral des ouvriers non qualifiés : plus favorables aux partis de gauche au début de la période que les autres classes sociales, ils perdent progressivement leur originalité sur les trois décennies étudiées, au point de ne plus se distinguer de la moyenne de l’électorat en fin de période2.

Pour autant, la stratégie de recherche développée par P. Nieuwbeerta, qui repose sur l’utilisation extensive de grandes bases de données internationales3 et la comparaison d’un nombre important de pays, ne fait pas consensus. Elle est notamment critiquée par G. Evans

1 NIEUWBEERTA Paul, « The Democratic Class Struggle in Postwar Societies », Acta Sociologica, 1996, p. 356-365. Les conclusions de P. Nieuwbeerta sur la base du schéma EGP ne portent que sur 16 pays ; parmi ceux-ci, seulement 7 comptent plus de cinq points d’observation.

2 BROOKS Clem, NIEUWBEERTA Paul, MANZA Jeff, « Cleavage-Based Voting Behavior in

Cross-National Perspective: Evidence from Six Postwar Societies », Social Science Research, 35 (1), 2006,

notamment p. 107-109. Seule l’Autriche fait exception à cette dynamique, avec le maintien d’un alignement électoral des ouvriers non qualifiés sur les partis de gauche. L’Australie, de son côté, se distingue par l’absence de toute originalité du vote des ouvriers non qualifiés depuis 1979.

3 Les premiers travaux de P. Nieuwbeerta sont fondés sur l’International Social Mobility and Politics

File (ISMP), qui rassemble 113 enquêtes par sondage dans 16 pays. L’article qu’il cosigne avec

C. Brooks et J. Manza mobilise pour sa part une nouvelle base de données, l’International Social

car elle ne prend pas en compte les spécificités de l’offre électorale de chaque pays et semble peu compatible avec une analyse approfondie des différences de timing dans le changement de positionnement des partis. « We must conclude that when vote is standardized, it undermines

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