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Stress oxydatif et maladies infectieuses

o Le virus de l’immunodéficience humaine

La stimulation accrue de certaines sous-populations cellulaires

(lymphocytes circulants, phagocytes), l'action d'agents infectieux (mycoplasmes, Toxoplasma gondii...) entraînent la production des ERO [303][304]. Ainsi, au sein d'un foyer inflammatoire, les cellules phagocytaires stimulées sont une source importante des ERO et peuvent altérer le fonctionnement d'autres cellules immunitaires présentes localement [305]. L'existence d'une hyperproduction d'H2O2 par les polynucléaires neutrophiles de sujets infectés par le VIH est détectée dès le début de l'infection et est indépendante du nombre de lymphocytes CD4+. Elle est observée aux différents stades de l'infection à VIH et n'est pas corrélée à la progression de la maladie. Les RL pourraient favoriser la multiplication du VIH en agissant sur le facteur de transcription NF-kB[306]. Ce facteur est présent dans les cellules de la lignée T et les macrophages et a pour effet d'augmenter la transcription du VIH par transactivation des séquences terminales de son génome. L’H2O2 agit directement sur le facteur de transcription NF-kB des lymphocytes T et des macrophages qui favorise la réplication du VIH, alors que l'ensemble des formes réactives de l'oxygène favorise la sécrétion du TNFα, d’IL1 et IL6 par les monocytes, qui agissent secondairement sur le NF-kB [307]. Ce dernier mécanisme se rapprocherait de ce qui est décrit au cours de différentes infections opportunistes (pneumocystose, infections à mycoplasmes)[308] qui activent les polynucléaires neutrophiles et

hypothèses [309]. Au cours de l'infection par le VIH, l'agression oxydante altère les lymphocytes circulants au niveau fonctionnel et au niveau structural. Les lymphocytes CD4+ sont particulièrement affectés. La concentration intracellulaire en GSH, normalement élevée dans ces cellules, apparaît abaissée chez les patients infectés par le VIH [310]. Une baisse de l'activité métabolique liée à une diminution du potentiel anti-oxydant intracellulaire pourrait expliquer la déplétion sélective en lymphocytes CD4+ et la paralysie du système immunitaire. L'hypothèse d'un SO intracellulaire à l'origine de la peroxydation lipidique pourrait expliquer la fragilisation des membranes plasmiques (désorganisation lipidique et protéique de leurs structures) et la perte de réactivité et de viabilité des lymphocytes. La participation de l'agression oxydante dans la déplétion lymphocytaire peut donc relever de différents mécanismes et notamment de mécanismes apoptotiques[311]. En effet, les réactions métaboliques afférentes au SO sont impliquées dans l'initiation du phénomène d'apoptose qui met en jeu différents événements métaboliques.

o Stress oxydant et tuberculose

La formation de granulomes dans la tuberculose représente une composante de la défense de l'hôte. Le confinement de l'infection, empêche la propagation des bacilles tuberculeux chez le même hôte et entre les hôtes sensibles. Cependant, les bacilles intracellulaires peuvent être libérés des granulomes suite à l’apoptose/nécrose causée principalement par les ERO produits par les macrophages et d'autres cellules [312][313] .D'autre part, les ERO jouent un rôle important dans la suppression de l'infection par inactivation / destruction des mycobactéries[314]. La pathogenèse de la tuberculose est enfin déterminée par l'équilibre entre différents mécanismes, tels que la génération des ERO pour tuer les bacilles intracellulaires, les mécanismes antioxydants employés par les

antioxydants de l'hôte, l'accumulation de RL entraîne un SO cellulaire et systémique [315].Les macrophages alvéolaires représentent la première ligne de défense de l'hôte contre mycobacterium tuberculosis (Mtb). Ils utilisent les ERO pour tuer Mtb. Les ERO ont été largement rapportés comme des molécules antimicrobiennes majeures produites par l'hôte pendant la tuberculose [316]. En réponse à ces ERO, les agents pathogènes développent des mécanismes antioxydants leur permettant de faire face au SO et d’échapper à la bactéricidie jouant ainsi un rôle important dans la pathogenèse de la tuberculose.

La vitamine C pourrait stériliser les cultures de Mtb in vitro [317]. L'effet stérilisant de la vitamine C sur le Mtb dans cette étude a été médiée par la production des ERO et les dommages d’ADN en résultants.

La complémentation de traitement antituberculeux avec des

Ces données suggèrent qu’un traitement antioxydant peut restaurer le SO au cours de la tuberculose et participer, en tant qu'adjoint à la thérapie, dans le traitement et la prévention de la tuberculose chez l’homme [321].

o Le stress oxydant au cours du sepsis

Dans des conditions normales, et au niveau de toutes les cellules d’un tissu, il existe un équilibre entre la formation radicalaire et le stress oxydatif [322]. Les espèces radicalaires impliquées dans la signalisation Redox jouent alors un rôle majeur dans le devenir et l’adaptation de la cellule à son environnement. La cellule peut soit s’installer en quiescence, ou proliférer, ou s’autodétruire ; c’est ce qui se passe lors de l’apoptose. Lors du développement d’un sepsis, le déséquilibre de l’Etat Redox va intervenir sur les processus de signalisation ; la mise en jeu d’évènements fatals pour la survie de la cellule survient alors .

Une étude s’est intéressée à l’évolution du statut antioxydant plasmatique chez des patients atteints de sepsis sévère (n = 19) ou de choc septique (n = 37)[323]. L’âge moyen de ces patients était de 60 ans. Cette population de patients a été comparée à un groupe de 6 volontaires indemnes de toute pathologie et ne bénéficiant d’aucun traitement. Au cours des 24 premières heures d’hospitalisation, les variables nécessaires à l’établissement du SAPS II (Simplified Acute Physiology Score ou indice de gravité simplifié) étaient recueillies. L’évolution de la gravité clinique était assurée par le Score SOFA (Sepsis-related Organ Failure Assessment) qui évalue le degré de dysfonction

2 catégories de patients par rapport aux sujets sains, soit, respectivement, des moyennes de 26,3 ± 1,3 (patients en sepsis sévère) et 21,4 ± 1 g/l (patients en choc septique) vs 43,5 ± 1,3 g/l (groupe contrôle). Il est noté également une chute très significative de la vitamine C (respectivement, 13,9 ± 3.3 et 13,9 ± 3,1 μmol/l vs 48,2 ± 6 μmol/l) et une modification significative du rapport vitamine E/lipides [325] .

Dans cette étude, les auteurs ont par ailleurs observé, chez ces patients, une diminution significative, et quasi inexorable du pouvoir antioxydant du plasma au cours du temps, quels que soient les traitements utilisés [326]. Il apparaît donc, à la vue de ces résultats, que le sepsis sévère et le choc septique sont associés à une réduction des défenses antioxydantes plasmatiques et que, parmi les substances impliquées la chute des teneurs circulantes, l’albumine est une composante majeure [327].

Toutes les études menées au cours de ces dernières années dans ce domaine et qui étudient les cinétiques d’évolution de certaines composantes plasmatiques ont conduit à élaborer le concept des approches spatiales et temporelles des espèces radicalaires et des défenses antiradicalaires au cours du sepsis. Il serait par ailleurs, fort intéressant de préciser les signaux intracellulaires et le niveau du potentiel redox intracellulaire, en prenant en compte les susceptibilités

type intégrines, sélectines), « rolling » et diapédèse [328]. Le stress oxydatif est alors majoré par l’activation de certaines enzymes telles que les NADPH oxydases. Ces évènements sont bien décrits dans les phases d’ischémie-reperfusion qui sont concomitantes d’une production radicalaire élevée [329].

Le sepsis se conçoit initialement comme un état inflammatoire qu’accompagnent l’activation leucocytaire et la production de radicaux libres. Il s’en suit des dysfonctions endothéliales et une perte de la vasorégulation. Ces évènements sont majorés par une augmentation de la production des cytokines et une activation plaquettaire. Plusieurs processus oxydatifs concourent à amplifier la production radicalaire : découplage des phosphorylations oxydatives mitochondriales et activation des enzymes de type oxydases. Par ailleurs, la mise en jeu rapide de l’induction des NO synthases conduit à une production intense de NO qui, au contact de l’anion supéroxyde, forme un composé non radicalaire mais très oxydatif : le péroxynitrite[330]. Les défenses endogènes antioxydantes sont alors dépassées et les dégâts cellulaires se produisent, touchant initialement les endothéliums vasculaires[331]. Le processus délétère s’installe de manière irréversible conduisant à la mort de la cellule, puis à une dysfonction généralisée à l’ensemble d’un tissu, puis d’un organe. Il apparait donc essentiel d’intervenir de manière précoce et de renforcer les défenses endogènes circulantes, les protéines plasmatiques dont l’albumine occupent une place déterminante dans la mise en jeu de ces défenses[332][333].