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Stress et corticostéronémie chez le nouveau-né : impacts sur l’intégrité épithéliale

nouveau-né

1.2 Stress et corticostéronémie chez le nouveau-né : impacts sur l’intégrité épithéliale

Concernant les acteurs de la perte d’intégrité épithéliale chez le nouveau-né de 10 jours, nous avons mis en évidence que la libération de corticostérone en réponse au stress de SM était responsable de l’augmentation de la perméabilité totale au FD4. Une cinétique a permis d’établir que la corticostéronémie augmentait dés la fin de l’épisode de SM, pour revenir au niveau basal une fois le raton remis à la mère. Ces résultats confirment le rôle important joué par la présence maternelle dans la régulation des fonctions de l'axe HPA du nouveau-né (Levine et al., 2001 ; O'Mahony et al., 2011) et que le rétrocontrôle négatif

94 exercé par la corticostérone sur l’hippocampe est fonctionnel pour rétablir à la basale les niveaux de GC plasmatiques. Les perturbations de l’axe corticotrope ont été décrites comme un élément majeur dans les altérations de la barrière intestinale lorsque la SM est appliquée de manière chronique (Barreau et al., 2007 b, Gareau et al., 2008). De manière intéressante, il a été montré que selon la durée de privation maternelle, les effets sur l’axe HPA étaient différents. En effet, le rétrocontrôle exercé par la corticostérone sur l’hippocampe est augmenté chez les rats séparés durant 15 minutes alors qu’au contraire il est diminué lorsque la SM s’étend sur 3 heures et est répétée 14 jours. Les réponses accrues en ACTH et en corticostérone après un stress seraient liées à une diminution des GR dans l’hippocampe et à une augmentation de la quantité d’ARNm du CRF dans l’hypothalamus (Daugé et al., 2003).

Chez le rat, les GC ont été identifiés comme médiateur du stress sur la perméabilité intestinale après exposition directe à l’âge adulte à un stress aigu, ou encore chronique (Meddings et Swain, 2000 ; Zheng et al., 2013). Dans notre étude, la perméabilité intestinale élevée après un seul épisode de SM chez le rat de 10 jours est la conséquence de l'activation de la MLCK, car bloquée par l’agent ML7, mais aucune donnée dans la littérature n’a établi de relation causale avec les GC sécrétés dans la circulation sanguine. Il serait donc intéressant d'étudier l'activité de la MLCK et l’état de phosphorylation de la MLC au cours et après l’épisode de SM, en présence ou en l’absence de RU486, utilisé comme antagoniste des GR. Cette expérience permettrait de confirmer que la contraction des cellules épithéliales résulte bien de la liaison des GC à leurs récepteurs GR (Figure

95 Lumière intestinale Muqueuse Cellules épithéliales MLC MLCP MLCK

JS

JS

Séparation Maternelle unique de 4 h Hyperperméabilité au FD4 ML7 Ru 486

-

GC

?

Passage paracellulaire Passage transcellulaire Ouverture Jonctions serrées myosine Filaments d’actine

Figure 34 Mécanismes impliqués dans l’augmentation de la perméabilité intestinale au FD4 après un seul épisode de séparation maternelle de 4 heures.

Chez le nouveau-né de 10 jours, les glucocorticoïdes sont responsables de l’augmentation de la perméabilité intestinale au FD4 dans le côlon, traduit par une augmentation du passage de macromolécules via les voies transcellulaire et paracellulaire de l’épithélium. Ces effets sont sous le contrôle de l’enzyme MLCK, provoquant la contraction du cytosquelette d’actine et de myosine des cellules épithéliales. GC : Glucocorticoïdes ; JS : Jonctions serrées ; MLCK : kinase des chaines légères de myosine MLC : chaîne légère de la myosine ; MLCP : Forme phosphorylée de la chaîne légère de la myosine.

Lorsque le stress est appliqué très tôt dans la vie et est répété pendant 14 jours (SM chronique), les niveaux de corticostérone restent augmentés jusqu’à l’âge adulte, mais l’administration à cet âge de RU486, ne rétablit pas une perméabilité intestinale normale (Barreau et al., 2007a). Dans ces conditions, il est suggéré que la SM chronique s’accompagne d’une « empreinte » sur la barrière épithéliale, s’établissant très tôt dans la vie en période de stress, mais dont les conséquences à l’âge adulte ne sont plus le reflet de l’action des GC directement sur l’intestin, malgré la corticostéronémie maintenue plus élevée que chez les animaux contrôles. Les mécanismes impliqués dans les altérations de la perméabilité intestinale chez le rat adulte suite à une SM chronique restent inconnus. Seule une étude a montré que l’administration d’un antagoniste aux récepteurs au CRF chez le rat de 20 jours bloquait l’augmentation de la perméabilité aux macromolécules comme celle observée chez le rat au même âge et préalablement exposé à la SM chronique (Gareau et

al., 2006). D’après ces auteurs, le CRF serait un acteur clé dans le développement des

altérations de la perméabilité observées à l’âge adulte chez le rat soumis à une SM chronique. De manière intéressante, notre étude a mis en évidence qu’un seul épisode de

96 SM de 4 heures chez le nouveau-né de 10 jours apparaît suffisante pour installer une altération de la perméabilité liée à l’action des GC et que cet effet disparaît 10 jours plus tard lorsque le même protocole est appliqué, juste avant le sevrage. Pour vérifier si les GC participent tout comme le CRF à l’altération prolongée de la perméabilité chez l’adulte néostressé, nous pourrions envisager un traitement au RU486 durant la première semaine de SM chronique et vérifier si le niveau de perméabilité intestinale reste affecté plus tard chez l’adulte.

Le stress de SM induit également une augmentation de la perméabilité transcellulaire colique chez le rat nouveau-né. Afin de déterminer si les GC sont également responsables de ce passage exacerbé, nous pourrions étudier en chambre de Ussing la perméabilité colique à la HRP chez des rats exposés à la SM de 4 heures et ayant reçu un prétraitement au RU486. Le peu de donnée dans la littérature sur la régulation de la voie transcellulaire ne concerne que le stade adulte. Cependant, les mécanismes expliquant la modulation de cette voie par le stress sont controversés et moins documentés que ceux concernant la voie paracellulaire. En effet, il semblerait qu’à l’âge adulte le récepteur au CRF de type 2 soit impliqué dans l’augmentation de la perméabilité à la macromolécule HRP évaluée ex vivo (Teitelbaum et al., 2008), alors qu’une autre étude montre que c’est l’implication du récepteur au CRF de type 1 qui est responsable de l’augmentation de perméabilité transcellulaire au niveau du côlon (Larauche et al., 2009).

1.3 Une régionalisation dans l’effet du stress de séparation