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Corpus de sites du Sud-Ouest

2.1.2. Stratigraphie et raccords

L’histoire du site et de son exploitation rendent complexes les corrélations entre certaines collections et toutes les campagnes de fouilles n’ont pas porté sur la même zone (voir plan en annexe, p. 609). Le site était d’ailleurs initiallement considéré comme un abri sous roche (voir plan d’O. Hauser en annexes, p. 610)

34 CHAUVETET RIVIERE, 1896.

Figure 48 – A : Relevé stratigraphique de D. Peyrony (PEYRONY, 1938) ; B : Photographie de la coupe témoin actuelle ; C : Relevé stratigraphique du témoin et localisation de la couche L2/3 (H. LAVILLE et J.-PH. RIGAUD,

1969).

Malgré un début d’exploitation précoce la première stratigraphie globale a été réalisée par D. Peyrony en 1938 (Fig. 48, A). Il attribue les niveaux 1, 2, 3 et 5 à une industrie tayacienne, le niveau 4 à une industrie moustérienne et enfin le niveau 6 à une industrie micoquienne. Dès cette date, D. Peyrony note que la couche archéologique sommitale est presque épuisée sur les témoins encore visibles. La dernière reprise de fouilles a permis de

préciser la stratigraphie (dont la coupe témoin est toujours visible ; Fig. 48, B) et les modalités de dépôt (Fig. 48, C). Des travaux sur les raccords stratigraphiques ont porté principalement sur les couches supérieures du site (Rosendahl, 2006).

2.2. DONNEES PALEOENVIRONNEMENTALES ET MISE EN PLACE DES

DEPOTS

Deux types de processus sédimentaires sont liés à la mise en place de l’accumulation à la Micoque : des dépôts de versants/colluvionnements (coulées de débris) ainsi que des phénomènes fluviatiles avec des dépôts alluvionnaires.

Figure 49 – Evolution morpho-sédimentaire et différents ensembles de la Micoque (TEXIER, 2006a).

Les dernières études (TEXIER, 2006a) montrent trois ensembles sédimentaires emboités (inférieur, moyen, supérieur ; Fig. 49) :

► L’ensemble inférieur (couches I à XII de Laville et Rigaud) : repose sur une petite plateforme rocheuse. Il est épais de 2.5 m et est en discontinuité sédimentaire de l’ensemble moyen, séparé par une ligne de blocs épais visible sur le relevé stratigraphique du témoin (Fig. 49). Ces blocs correspondent à un effondrement de l’abrupt rocheux voisin, et mettent en exergue une paléotopographie en terrasse. L’ensemble est constitué en majorité de lits sub-horizontaux de galets et graviers calcaires granoclassés dans une matrice limoneuse.

► L’ensemble moyen (couches A à M de Peyrony) : repose directement sur le substrat plus en contrebas. Cet ensemble est divisé en plusieurs unités et est constitué, sur 7m d’épaisseur, de galets et graviers granoclassés (alluvions caillouteuses). Des coulées de débris viennent s’interstratifier (cailloux et blocs non-triés dans une matrice sablo-argileuse rouge ; altérites du plateau). Quelques passées limono-sableuses à structure lamellaires ont été identifiées. On retrouve à la base sur 1 m d’épaisseur des alluvions fines à texture argileuse et argilo-sableuse (Fig. 49). C’est dans cet ensemble que se trouvent la plupart des niveaux archéologiques.

► L’ensemble supérieur (qui n’est pas préservé sur le témoin) : d’une épaisseur de 2m, il comprend des dépôts sablo-argileux qui recoupent les ensembles précédents et correspondent à des colluvions (Fig. 49).

A partir de l’analyse de la dynamique de dépôt plusieurs observations paléo-climatiques ont été exposées. Ainsi, les dépôts alluviaux témoignent d’un fonctionnement de rivière à chenaux tressés avec un fort débit concentré à écoulement faible pendant les autres périodes de l’année, typique des environnements arides. Les structures lamellaires retrouvées occasionnellement dans les limons préservés de l’ensemble moyen peuvent être interprétées comme des lentilles de glace de ségrégation, témoignant ainsi du cachet froid du climat (TEXIER, 2006a).

Les ensembles inférieur et moyen correspondent à des terrasses emboitées du Manaurie édifiées lors de périodes froides et arides.

La faune est présente bien que, comme pour le matériel lithique, la conservation ne soit pas toujours optimale. Parmi les principales espèces, on retrouve Equus mosbachensis micoquii, Cervus elaphus, Capra ibex et Bos ou Bison, en proportions variables selon les niveaux (Tab.5). C’est toujours le cheval qui domine, à l’inverse des autres sites du Pléistocène moyen de la région qui montrent une plus grande variété d’espèces (DELPECH, 1995 ; LANGLOIS, 2004, 2005).

Tableau 5 – Restes osseux déterminés par niveaux (DELPECH, 1995 in LANGLOIS, 2005).

2.3. CADRE CHRONOLOGIQUE

Les nappes alluviales des ensembles inférieur et moyen ont été corrélées aux nappes Fw1 et Fw2 de la Vézère (TEXIER, 2006a). En comparaison avec les données des autres vallées, la première nappe aurait été édifiée au MIS 12 entre 440 et 470 ka tandis et la seconde l’aurait été au MIS 10 entre 350 et 370 ka. Les alluvions argileuses à la base de l’ensemble moyen peuvent être rapportées à un dépôt lors d’une phase tempérée et peuvent alors être rattachées au stade isotopique 11.

Ces observations géomorphologiques sont corroborées par les datations absolues réalisées pour l’ensemble moyen (SCHWARCZ et GRÜN, 1988 ; FALGUERES et al., 1997). Ainsi, les niveaux E à L peuvent être attribués à une période chronologique comprise entre 300 et 350 ka. Avec la marge d’incetitude des datations et par rapport aux données géologiques, il est possible que la couche corresponde au stade isotopique 10 (FALGUERES

Figure 50 – Récapitulatif des attributions chronologiques de la séquence de la Micoque. Précisions des niveaux

du log stratigraphique : (1) niveaux A-N de D. Peyrony ; (2) Niveaux archéologiques 1-6 d’H. Laville ; (3) unités sédimentaires FP1-DP3 de J.-P. Texier et Bertran ; (4) Niveaux XII-I de Laville et Rigaud, 1969 (d’après

FALGUERES et al., 1997 ; ajout de leurs propres attributions chronologiques).

2.4. ACTIVITES HUMAINES ET ATTRIBUTIONS TECHNO-CULTURELLES

Comme nous l’avons vu les niveaux archéologiques sont principalement associés à l’ensemble moyen. De nombreux fouilleurs se sont succédé à la Micoque, ainsi de nombreux chercheurs au fil du temps ont été amenés à étudier le matériel lithique du site. Les études anciennes (BREUIL, 1932 ; PEYRONY, 1938 et BORDES, 1969) et leurs conclusions sont exposées dans le tableau qui suit (Tab. 6).

Le gisement est connu d’une part comme étant le lieu éponyme du Micoquien, un techno-complexe à pièces bifaciales (cf. bifaces micoquiens). Néanmoins ce niveau (le niveau 6 de Peyrony) est hors contexte stratigraphique et aucun témoin ne semble subsister à l’heure actuelle. Le Tayacien a également été défini à la Micoque, sur la base de nombreuses encoches et denticulés associées à un débitage de type clactonien. Aujourd’hui l’existence de ce techno-complexe à la Micoque est largement remise en cause, en raison de nombreuses altérations taphonomiques affectant les niveaux concernés (fractures mécaniques liées au charriage notamment).

Les Hommes auraient également utilisé des fragments d’ossements comme retouchoirs (LANGLOIS, 2004).

Couche H. Breuil (1932)* D. Peyrony (1938)* F. Bordes (1969)* 6 (N) Micoquien Micoquien Micoquien 5 ; 5’ (J)

Tayacien Tayacien Acheuléen

méridional

4 (H)

Tayacien Vieux Moustérien classique

Prémoustérien

3

(E) Clactonien Tayacien Prémoustérien

2 (C) Clactonien Tayacien Débitage clactonien Très roulée. 1 (A) Clactonien Tayacien Débitage clactonien Acheuléen / Clactonien

Tableau 6 – Attribution techno-culturelles de D. Peyrony à la Micoque. Illustration de Peyrony, 1938.