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Synthèse pour la moitié Sud de la France

2.1.1.3. La péninsule ibérique

Dans la péninsule ibérique (Fig. 13), les occupations se retrouvent majoritairement dans des contextes karstiques (parmi lesquels les karsts

d’Atapuerca). Toutefois, des

occupations de plein-air ont aussi été découvertes, notamment dans la région de Madrid.

Le débitage Levallois a été identifié dès le MIS 10 à Gran Dolina TD 10, 1, 2, 3 et 4. L’apparition d’industries du « mode 3 » dans la séquence a lieu entre 240 et 480 ka (BERGER et al., 2008 ; OLLE et al., 2016). Galería II a livré une industrie du mode 2 riche en façonnage (bifacial, galets aménagés), autour du MIS 9 (OLLE et al., 2005 ; DEMURO et al., 2014 ; GARCIA-MEDRANO et al., 2017).

Des productions Levallois sont aussi présentes à Ambrona, AS6, entre 366 +55-51 ka et 314 +48-45 ka (FALGUERES et al., 2001, 2006 ; TERRADILLOS-BERNAL et DIEZ -FERNANDEZ-LOMANA, 2012). Dans l’unité stratigraphique moyenne, attribuée au Moustérien, on retrouve des débitages Levallois, Kombewa ou Discoïde, dits « expéditifs ». Quelques bifaces grossiers sont présents ainsi que deux hachereaux de petites dimensions. Toutefois, l’outillage est essentiellement composé de racloirs et de denticulés (SANTONJA et al., 2016).

Des niveaux attribués à de l’Acheuléen final et datés du MIS 9/8 ont été identifiés à Puig d’en Roca III (CARBONELL et al., 1988). Un débitage Levallois est présent associé à des bifaces.

Toujours à l’interface entre les MIS 9/8, le site de la Cuesta de la Bajada (Teruel ; SANTONJA et al., 2014) a livré un assemblage lithique dont le seul système de production est

le débitage (S.S.D.A.,

Discoïde), avec de nombreux nucléus sur éclats attestant d’une ramification des chaînes opératoires (SANTONJA et al., 2016). Quelques nucléus Levallois ont été identifiés (Fig. 14).

La Cueva del Angel, au sud-est de Cordoue, a livré une séquence datée entre les MIS 9 et 7 (FALGUERES et al., 2018 sous presse). L’industrie lithique, réalisée majoritairement en silex, a livré des bifaces. La production d’éclat est réalisée par des méthodes discoïdes (BARROSO-RUIZ et al., 2011).

Près de Valence, dans la Cueva de Bolomor, 17 niveaux archéologiques ont été mis au jour, datés entre les MIS 9 et 5e (FERNANDES PERIS, 2007). La production est quasi exclusivement en silex et orientée vers l’obtention d’éclats. Parmi les outils, les racloirs dominent. Trait particulier de cette industrie, le recyclage des produits occupe une place importante (CUARTERO, 2008). Plusieurs structures de combustion ont été découvertes dans les niveaux II, IV, XI et XIII, datées des MIS 7 et 6 (FERNANDES PERIS et al., 2012).

Au MIS 8, on retrouve des assemblages qualifiés de moustériens non-Levallois, comme à Las Grajas (BENITO DEL REY, 1982 ; SESE et SEVILLA, 1996). Des éclats ont été utilisés comme matrices pour le débitage.

Au MIS 8/7, le niveau PM4 du site de Porto Maior, près de la frontière portugaise, livre un assemblage Acheuléen à Large Cutting Tools inédit en Europe, à une date tardive (MENDEZ-QUINTAS et al., 2018). Les bifaces et hachereaux de grandes dimensions (n=89) sont produits sur quartzites.

Au Portugal, le seul site de la période, Galeria Pesada (B1, B2, C et E) dans le massif karstique d’Almonda, a livré du matériel datant du MIS 7 (MARKS et al., 2002). L’industrie sur quartz et quartzites est originale puisqu’elle a été rapprochée des industries attribuées au Micoquien d’Europe centrale. Le débitage y est non Levallois et des pièces bifaciales foliacées sont présentes (Keilmesser).

Au MIS 6, on retrouve des occupations plus nombreuses, comme à Lezetxiki (DE-LA -RUA et al., 201614) ou à Cariguela, Des sites de plateaux on fait l’objet de recherches, à

14 Dans ce site l’industrie lithique est cependant quasi absente.

Figure 14 – Nucléus de Cuesta de la Bajada. Débitages

récurrents de type S.S.D.A., 7 et 8 nucléus « Levallois » (Planche : SANTONJA et al., 2014).

l’instar du site de Valdecampana 4, attribué au Paléolithique moyen ancien (DIEZ-MARTIN et al., 2008).

Des industries attribuées à l’Acheuléen restent toutefois présentes jusqu’à ces dates, notamment dans les terrasses du bassin du Duero. Les industries acheuléennes et du Paléolithique moyen ancien auraient donc coexisté en Espagne entre les MIS 9 et 6 (SANTONJA et al., 2016).

2.1.1.4. Plus à l’est : les sites des Balkans et de la Grèce

La zone des Balkans (Fig. 15) est

délimitée au nord par le Danube et au sud par la Méditerranée et la Grèce.

Peu d’éléments sont publiés concernant le Paléolithique moyen ancien et de manière plus large sur les occupations paléolithiques des Balkans. Quelques sites font figure d’exception (Kozarnika, Bulgarie, GUADELLI

et al., 2005 ; SIRAKOV et al., 2010). Cependant, la plupart des données sont issues de prospections et de fouilles récentes dont les contextes chronologiques sont mal définis.

En Serbie, il existerait ainsi deux faciès

attribués au Paléolithique moyen ancien : un Charentien et un Moustérien typique (MIHAILOVIC et BOGICEVIC, 2016). On retrouve ces deux faciès à Mala Balanica et à Velika Balanica, les niveaux en question seraient assez anciens puisqu’attribués au Pléistocène moyen sur la base de la microfaune (MIHAILOVIC, 2008).

Dans le Charentien, on retrouve un débitage centripète et à dos (« en tranche de saucisson ») ainsi que de nombreux racloirs (Quina et demi-Quina) associés à quelques denticulés. Toujours en Serbie, le site de Petrovaradin Fortress, attribué au Charentien, pourrait voir son niveau inférieur attribué au MIS 6 (MIHAILOVIC, 2009 ; MIHAILOVIC et BOGICEVIC, 2016).

Dans le Moustérien typique, le débitage Levallois est présent (méthodes récurrentes et linéale à éclat) associé à des racloirs simples latéraux diversifiés (MIHAILOVIC et BOGICEVIC, 2016).

Les premiers indices de débitage Levallois dans les Balkans se trouvent dans les niveaux 10a et b (XIII et XIV) de Kozarnika, en Bulgarie (GUADELLI et al., 2005 ; SIRAKOV

et al., 2010 ; Fig. 16), datés du MIS 6 (TILLIER et al., 2017). Ces niveaux ont été attribués à un Moustérien à Levallois Est-balkanique, auquel succèderait un Moustérien à Levallois et pièces foliacées bifaciales. Un radius d’enfant attribué à Néandertal a été par ailleurs découvert dans la couche 10b (TILLIER et al., 2017).

Figure 16 – Pièces lithiques des premières couches du Paléolithique moyen de Kozarnika (Bulgarie), couches

10b (2, 5, 7), zone de contact 10b/10 a (1, 3), 10a (8) et 9ab (4, 6). Nucléus Levallois (1, 2, 3, 5) racloirs (4, 5), pointe moustérienne (7) et extrémité distale de pièce foliacée (6) (Planche GUADELLI et al., 2005).

Si les recherches se développent actuellement en Grèce, on connait peu de sites paléolithiques et le contexte géochronologique est souvent peu ou pas documenté. De nombreux sites sont ainsi rattachés au Paléolithique inférieur ou moyen sur des bases uniquement typologiques (KOPAKA et MATZANAS, 2009).

Parmi les quelques occupations du Paléolithique inférieur, le site acheuléen de Rodafnidia, au nord-est de la mer Egée sur l’île de Lesbos, a livré un assemblage lithique original (GALANIDOU et al., 2016). Des composants de l’Acheuléen y ont été mis au jour (bifaces, hachereaux, Large Cutting Tools) associés à des Prepared Core Technologies, parmi lesquelles quelques nucléus Levallois (centripètes, à pointes).

Les sites de plein-air de Kokkinopilos, où des bifaces ont été mis au jour, ont récemment fait l’objet d’une réévaluation géoarchéologique et de dates radiométriques (TOURLOUKIS et al., 2015) plaçant les séries avant le dernier interglaciaire. La série C serait antérieure à 172 ka ± 25 ka et la série B à 206±19 ka. Les assemblages sont considérés comme prémoustériens ou moustériens anciens. Toutefois, de nouvelles fouilles sont nécessaires pour préciser la position des artefacts.

Ce sont les assemblages attribués au Paléolithique moyen sont les plus nombreux en Grèce (TOURLOUKIS et HARVATI, 2018). Ils sont pour la plupart postérieurs au MIS 5, comme Asprochaliko (BAILEY et al., 1992 ; TOURLOUKIS et al., 2016). Les plus anciennes traces d’un Moustérien à débitage Levallois sont présentes dans la grotte de Theopetra autour de 130 ka (VALLADAS et al., 2007 ; KARKANAS et al., 2015).

2.1.2. Les données du Nord-Ouest de l’Europe et de l’Europe