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Définition et caractéristiques des Unités Techno- Techno-Fonctionnelles

COMPLEMENTARITE DE L’ETUDE TECHNOLOGIQUE

3. A NALYSE TECHNO-MORPHO-FONCTIONNELLE DES OBJECTIFS DE PRODUCTION

3.2.2. Définition et caractéristiques des Unités Techno- Techno-Fonctionnelles

E. Boëda propose d’utiliser le terme d’Unité Techno-Fonctionnelle (UTF) pour désigner les contacts de M. Lepot. Une Unité Techno-Fonctionnelle peut se définir comme « un ensemble d’éléments et/ou caractères techniques qui coexistent dans une synergie d’effets » (BOËDA, 1997, p. 34). Ces UTF peuvent donc être transformatives (UTF CT), réceptrices de l’énergie (UTF CR) ou encore préhensives (UTF CP)67. Souvent, au Paléolithique inférieur et moyen, les Unités Techno-Fonctionnelles de contact Préhensif et Réceptif sont confondues (UTF CP/CR) (LEPOT, 1993).

Chaque Unité Techno-Fonctionnelles est décrite lors de l’étude selon plusieurs entrées que nous allons présenter ici, à partir des critères généralement renseignés dans la littérature (BOURGUIGNON, 1997 ; SORIANO, 2000 ; ROCCA, 2013 ; VIALLET, 2016).

- Délinéation en vue de face et en profil (vue frontale/vue sagittale)

Le bord correspondant à l’unité sera décrit en plan. Il pourra être de plusieurs types : rectiligne, concave, convexe, denticulé, sinueux ou encore pointu (Fig. 85). La délinéation en plan impacte sur le type d’activité qui pourra être réalisée par l’unité de contact transformatif de l’outil (ex : impossibilité de percer avec un bord convexe).

Parmi ces grandes catégories, certaines peuvent être subdivisées. Ainsi, la délinéation pointue peut être de plusieurs morphologies. En effet, la pointe peut être constituée par la rencontre de deux surfaces planes, de deux surfaces concaves, convexes, ou encore convexo-concave, biconvexe etc. Ainsi, sous la délinéation « pointe » d’une Unité Techno-Fonctionnelle, ce sont en réalité de nombreuses morphologies qui sont présentes et qui se doivent d’être précisées.

De la même façon, lorsqu’une Unité Techno-Fonctionnelle CT de type Bord-Pointe est identifiée sur une pièce, sa délinéation totale est composite puisque constituée de l’adjonction des délinéations du bord et de la pointe, avec de nombreuses associations possibles.

67 Unité Techno-Fonctionnelle de Contact Transformatif (UTF CT) ; Unité Techno-Fonctionnelle de Contact Réceptif (UTF CR) ; Unité Techno-Fonctionnelle de Contact Préhensif (UTF CP).

Figure 85 – Différentes délinéations en plan (A-E : délinéations du bord gauche de l’éclat ; F : délinéation de la

zone distale gauche). A : rectiligne ; B : concave ; C : convexe ; D : sinueuse ; E : denticulée ; F : pointue.

Le bord sera également décrit en profil. Plusieurs morphologies en section peuvent être distinguées : rectiligne, concave, convexe, sinueuse, torse, denticulée ou encore avoyée (Fig. 86). Lorsque qu’aucune régularité du bord ne peut être identifiée (écrasements, zones de fractures associées à des changements de délinéation), le bord est considéré comme irrégulier. Ce bord peut ainsi être inutilisable en l’état ou résulter d’une altération taphonomique (e.g. concassage, piétinement, altération thermique etc.).

La description concave/convexe en profil s’effectue par rapport à la face désignée comme inférieure de l’objet (face d’éclatement pour un éclat, surface la plus plane quand le support n’est pas identifiable).

Figure 86 – Différentes délinéations d’un bord en profil. A : rectiligne ; B : convexe ; C : concave ; D : torse ; E :

sinueuse ; F : denticulée ; G : avoyée.

- Morphologie du dièdre en section

Figure 87 – Principales morphologies du dièdre de coupe en section. Certaines de ces morphologies peuvent être

Le dièdre se compose d’un fil coupant, de deux surfaces tranchantes ainsi que d’un plan de section (SORIANO, 2000 ; Fig. 83 et 87). En géométrie, cela correspond à l’angle dièdre (angle entre deux plans).

La morphologie du dièdre en section sera décrite, en mentionnant en premier la surface considérée comme inférieure. Dans le cadre d’un éclat la face inférieure correspond naturellement à la face d’éclatement tandis que sur les produits retouchés lorsque les caractéristiques initiales du support ne sont plus visibles, elle est représentée par la partie la plus plate. Ces différentes morphologies en section ont elle aussi une influence sur le fonctionnement de l’outil, puisque par exemple, dans le cadre d’une action linéaire en coupe rentrante, l’outil aura une capacité de pénétration moindre si le dièdre est biconvexe que s’il est biplan.

Certaines morphologies sont de plus associées à un fonctionnement particulier, comme la coupe sortante à une morphologie plan-convexe. De manière générale, la notion de symétrie/asymétrie structurale du dièdre a une incidence sur son potentiel fonctionnel. Cela correspond à ce que l’on appelle la morphologie de l’émouture dans l’étude des outils contemporains actuels taillants/coupants/grattants (voir pour une présentation détaillée : VIALLET, 2016). Nous retiendrons ici, en plus des morphologies classiques associées au dièdre, leur caractère symétrique ou asymétrique.

- Angulation du dièdre

La prise d’angle manuelle sur du matériel lithique reste problématique en termes de précision à l’heure actuelle. Même si une grande précision peut être atteinte aujourd’hui avec des conformateurs lasers ou des scanners 3D notamment, ces méthodes sont souvent peu accessibles (temps de traitement, coût du matériel).

Lors du développement de leur méthode de prise d’angle, H. Dibble et M. Bernard ont permis de montrer une plus grande précision sur la prise d’angle avec une méthode utilisant un pied à coulisse qu’avec des méthodes plus classiques, comme celle du goniomètre par exemple (DIBBLE ET BERNARD, 1980). Nous avons donc choisi de réaliser ainsi nos prises d’angles, à l’instar d’autres auteurs (SORESSI, 2002 ; CLAUD, 2008). Toutefois cette méthode possède elle aussi quelques imprécisions, notamment lorsque le bord ne présente aucune surface plane (ex : biconvexe, convexo-concave etc.). Dans ce cas, la précision de la prise d’angle sera limitée.

L’angulation sera définie par un calcul à réaliser à partir de la mesure de l’épaisseur du bord à 4 mm ou 10 mm. Nous avons utilisé le tableau de conversion réalisé par E. Claud dans sa thèse de doctorat (CLAUD, 2008 ; Fig. 88). Lorsque l’angle était trop ouvert pour qu’une telle prise de mesure soit effectuée, un goniomètre a été utilisé (notamment, pour les angles supérieurs à 70°).

Figure 88 – Tableau de conversion angulaire réalisé par CLAUD, 2008 et utilisé dans cette étude (E = épaisseur, α = angle).

Nous avons choisi d’utiliser des classes d’angles, à l’instar de plusieurs auteurs (SORIANO, 2000 ; SORESSI, 2002 ; CLAUD, 2008 ; VIALLET, 2016) : <35° ; 35-65° ; > 65°.

Ces classes d’angles peuvent être associées à des potentialités fonctionnelles distinctes : ainsi, un dièdre compris entre 0 et 40° disposera d’un potentiel en coupe rentrante (Fig. 89). Entre 40° et 65° un problème méthodologique est à souligner puisque les deux fonctionnements (en coupe rentrante et en coupe sortante) sont envisageables. Enfin, au-delà de 65°, le dièdre sera associé aux coupes sortantes. Ces estimations ont été réalisées à partir de données expérimentales, ethnographiques et archéologiques ainsi que par comparaison avec des outils contemporains (WILMSEN, 1968 ; HAYDEN, 1979 ; SIEGEL, 1985 ; SORIANO, 2000 à partir des données de KEELEY, 1993).

Figure 89 – Différences de potentiels fonctionnels associés à l'angulation d'un dièdre : coupe rentrante / coupe

sortante (SORESSI, 2002).

- Morphologie des surfaces

La morphologie des surfaces caractérisant un dièdre est importante puisque faisant varier notamment ses capacités de pénétration dans la matière. De la même façon, les surfaces d’un artefact participent à son maintien, même si l’étendue précise est difficilement formalisable en l’absence d’informations tracéologiques sur un éventuel emmanchement.

Les différentes morphologies des surfaces seront représentées selon un code couleur sur les schémas. Un enlèvement ne présentant pas formellement un seul type de morphologie, certains présentent donc un dégradé.

- Morphologie de la zone active

De la même façon que l’angle du dièdre impacte son potentiel fonctionnel, la morphologie de la zone active (UTF CT) ainsi que son positionnement par rapport à l’UTF CR/CP impactent son utilisation (Fig. 91). Ainsi, une morphologie de type pointe sera reliée à un contact punctiforme tandis qu’un dièdre de type bord sera relié à une utilisation linéaire (SORESSI, 2002 ; Fig. 90). Cette association n’est pas stricte dans le cas de la morphologie punctiforme qui peut éventuellement être utilisée en contact linéaire. L’inverse ne s’avère pas possible.

Figure 90 – Utilisation punctiforme ou linéaire selon la morphologie de la zone active (SORESSI, 2002, d'après LEROI-GOURHAN, 1943).

Figure 91 – Positionnement des UTF CT, CP/CR les unes par rapport aux autres et incidence sur les modalités de