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Royaume-Uni

2.1.2.3. L’Europe centrale Nous considérons ici la zone

correspondant aux pays suivants : Allemagne, Autriche, Hongrie, Suisse, Pologne, République Tchèque, Ukraine, Moldavie et Roumanie (Fig. 20). La zone est délimitée des Balkans au sud par le Danube.

La somme de données concernant

l’Allemagne étant conséquente

proportionnellement aux autres pays, elle sera traitée séparément.

Les occupations du Paléolithique inférieur d’Europe centrale s’échelonnent

entre les MIS 11 et 9 (globalement, pendant l’Holsteinien). Les assemblages lithiques, dont les bifaces sont absents, montrent des chaînes opératoires particulières et des types d’outils différents du Paléolithique inférieur classique (ROCCA, 2013, 2016 ; ROCCA et al., 2016). On retrouve ainsi les sites de Vertesszöllos (ROCCA, 2016) en Hongrie, de Dealul Guran en Roumanie (IOVITA et al., 2012) ou de Rusko et Tzrebnica en Pologne (BURDUKIEWIZC, 2003).

Une grande partie des sites du Paléolithique moyen ancien d’Europe Centrale ne dispose pas de cadres géoarchéologiques précis et la plupart des sites sont datés des MIS 7/6 (NERUDA et KAMINSKA, 2013 ; WISNIEWSKI, 2014).

Il existe très peu de séquences stratifiées qui montrent la transition Paléolithique inférieur-moyen en Europe de l’Est. C’est toutefois le cas de Korolevo en Ukraine, entre les horizons VIe et Vb (GLADILIN et SITLIVY, 1990), où un débitage « proto-Levallois » serait

présent dans le niveau le plus ancien du MIS 1116, tandis que les niveaux du Paléolithique moyen ancien sont datés du MIS 7 (HAESAERT et KOULAKOVSKA, 2006). Dans les niveaux clairement associés au Moustérien, le débitage Levallois est présent, tout comme le façonnage bifacial.

La grotte de Bisnik constitue également une séquence majeure en Pologne (CYREK et al., 2010). Le niveau 19 abc (A7) est potentiellement daté du MIS 9 (biochronologie et série de dates radiométriques ; CYREK et al., 2010). On y trouve un débitage Levallois unipolaire, « proto-Levallois » (ressemblant au Victoria West) ; Discoïde ainsi que des nucléus faiblement exploités. Les outils sur éclats sont composés majoritairement d’encoches, de denticulés et de racloirs latéraux (à retouche parfois Quina) et de quelques couteaux à dos. Les niveaux 19 (A6) et 18 sont datés du MIS 8. Dans le niveau 19 des éclats et « lames » massifs sont produits par un débitage Levallois unipolaire. Les denticulés et des couteaux possèdent des similitudes avec les Prodniks. C’est pour cette raison que ce niveau est considéré comme « proto-Micoquien », possédant également des similitudes avec le Moustérien à denticulés. Dans le niveau 18, un débitage Levallois est associé à du S.S.D.A. et à un débitage Laminaire volumétrique. Les outils sur éclats sont surtout composés d’encoches et de denticulés. Un couteau bifacial partiel est présent. Les niveaux postérieurs 15 et 14 sont attribués au MIS 7 et 6 et le débitage Levallois y est plus développé. Le débitage sur éclat apparaît dans le niveau 14. Des racloirs Quina sont présents, ainsi que des couteaux à dos bifaciaux.

A Rozumice 3, en Haute-Silésie (Pologne), une tradition « microlithique » a été identifiée sur plusieurs niveaux, datée par OSL du MIS 8, à 279–253 ka (FOLTYN et al., 2005, 2010 ; Fig. 22). L’habitat y était structuré autour de foyers ou de « huttes ».

Au MIS 7, on retrouve plusieurs assemblages du Paléolithique moyen ancien. Dans l’horizon A-III-6 de Bečov (République Tchèque ; WISNIEWSKI et FRIDRICH, 2010), a été mis au jour un assemblage lithique en quartzite majoritairement non-Levallois (méthodes S.S.D.A. diversifiées, Discoïde unifacial). Deux nucléus Levallois et quelques éclats seraient toutefois présents. Les pièces retouchées correspondent à des racloirs, encoches et denticulés, avec quelques pièces de type Paléolithique supérieur et des choppers.

Dans le niveau 2 de Nové Mesto nad Váhom-Mnešice (Slovaquie ; KAMINSKA et al., 2000), peu de pièces par niveaux ont été exhumées et le caractère Levallois est basé uniquement sur un éclat à talon facetté.

En Ukraine, les plus anciennes occupations attribuées au Paléolithique moyen ont été récemment datées du MIS 7, sur le site de Velykyi Glybochoc (SYTHNIK et al., 2010 ; ŁANCZONT et al., 2014). Un débitage Levallois sur silex est présent, comparable à celui retrouvé à Bisnik (Fig. 21).

Les sites attribués au MIS 6 sont plus nombreux : Racibórz-Studzienna 2 niveau 6 en Pologne (KOZLOWSKI, 1964), Kůlna niveau 14 (NERUDA, 2011) ou Hôrska-Ondrej trench B en Slovaquie (KAMINSKA et al., 2000). Ce dernier est le plus important d’un complexe de sites des travertins de Spiś17

. Dans tous les sites le débitage Levallois est utilisé (préférentiel, unipolaire ou centripète), associé à du débitage Discoïde et des méthodes algorithmiques (simples ou S.S.D.A.). Des racloirs diversifiés sont réalisés (parfois à retouche Quina), ainsi que des encoches et denticulés (NERUDA et KAMINSKA, 2013).

A Pietraszyn 49 (FAJER et al., 2001, cité par BURDUKIEWICZ etWISNIEWSKI, 2004 ; Fig. 22) et à Dzierżyslaw I (FOLTYN et al., 2001), en Haute-Silésie (Pologne), des couteaux à dos bifaciaux asymétriques ont été mis au jour, ainsi que des racloirs à retouche Quina, considérés comme précurseurs du Micoquien d’Europe centrale.

17 Complexe de sites des travertins de Spiś : Hranovnika (264ka, 2 foyers, éclats de quartz), Vyšne Ruzbachy (200-230ka) et Beharovce (206ka, quartz, radiolarite, Levallois et Discoïde, racloirs encoches denticulés et

chopping-tools), LOZEK, 1964 ; HAUSMANN et BRUNNACKER, 1988.

Figure 21 –Matériel lithique du niveau III de Velykyi Glybochoc (ŁANCZONT et al., 2014). Produits Levallois, allongés, produits

Figure 22 – Cartes de l’Europe centrales aux MIS 8 et 6 et position des sites par rapport au front du glacier.

Illustration du faciès microlithique de Rozumice 3, MIS 8 et du faciès du Micoquien ou Proto-Micoquien de Pietraszyn 49 (Cartes et planches : KOZLOWSKI, 2016, 2017).

Allemagne

On dénombre en proportions peu de sites du Paléolithique moyen ancien (n=45 ; RICHTER, 2016) et rares sont ceux stratifiés. La plupart des assemblages correspond à des découvertes isolées ou à des sites dont les effectifs sont très faibles.

Le MIS 9 est associé dans la région aux sites du Paléolithique inférieur comme Bilzingsleben (MÜLLERET PASDA, 2011), Neumark-Nord 3 (BRÜHL ET LAURAT, 2007) ou Schöningen (SERANGELI ET CONARD, 2015). Les assemblages lithiques sont marqués par la présence d’outils bifaciaux (pas toujours) et d’un débitage peu élaboré (« Simple Flake Technology »), même si des éléments du Paléolithique moyen ont parfois été rapportés (SERANGELI et BÖHNER, 2012 ; RICHTER et KRBETSCHEK, 2015).

Les premiers sites du Paléolithique moyen ancien d’Allemagne sont attribués au MIS 8 et perdurent jusqu’au MIS 6, où l’occupation semble s’arrêter en lien avec le refroidissement et l’avancée de la calotte glaciaire (Drenthe -150ka- et Warthe -140ka-, EHLERS et al., 2004). Le site d’Ariendorf 1, dans la moyenne vallée du Rhin, est l’un des plus importants, daté du MIS 8. Il présente un petit assemblage18 en quartz, quartzite et lydite locaux. Le débitage Levallois est employé et les outils sur éclats sont dominés par les racloirs et les denticulés associés à une faune froide (BOSINSKI et RICHTER, 1997 ; TURNER, 1997). Le site de Rheidahlen a livré une succession d’assemblages lithiques originaux, tous datés du MIS 7 (IKINGER, 2002 ; RICHTER, 2016). La séquence comprend un niveau du Paléolithique inférieur (C1), suivi d’une série du Paléolithique moyen (B4/B5), d’une série qualifiée de moustérienne de type Ferrassie (B3) et d’une série laminaire (B2/B1).

Le débitage Levallois semble apparaître progressivement en lien avec les débitages unipolaires antérieurs à cette période sur les sites de Markkleeberg (Leipzig, MIS 8 ou 6) et de Zwochau (PICIN, 2017). Les séquences sont courtes, les plans de frappe très peu préparés. La matière première est abondante et les convexités naturelles des blocs sont exploitées pour le débitage. A Markkleeberg, on observe un débitage Levallois bien développé, associé à des outils bifaciaux (bifaces et racloirs bifaciaux) ainsi qu’à un débitage Laminaire volumétrique (BAUMANN et MANIA, 1983 ; MANIA, 1997 cité par RICHTER, 2011). G. Bosinski parle de « Jungacheuléen » pour les industries comme Markkleeberg (BOSINSKI, 2001).

Au MIS 6, il y a plus de sites attribués à du Moustérien classique, parmi lesquels Arienford 2, Wannen et Tönchesberg. Ces sites attestent d’une mobilité plus importante des groupes avec la présence d’outils réalisés en silex du Maas, dont les gîtes sont localisés à plus de cent kilomètres (BOSINSKI et RICHTER, 1999 ; RICHTER, 2016).