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Chapitre 4 : Méthodologie de la recherche

4.6 Stratégies de cueillette de données

L’entretien individuel et l’entretien de groupe sont les deux modes de cueillette d’informations qui ont été privilégiés pour recueillir les données nécessaires pour répondre aux objectifs de recherche fixés. Ce mode de cueillette est abondamment utilisé dans le cadre de recherches qualitatives, notamment pour appréhender les représentations sociales. Onze entretiens semi-dirigés individuels d’une durée moyenne de 60 minutes, et deux entretiens collectifs, d’une durée d’un peu plus de 90 minutes chacun, ont été réalisés en février et mars 2016. Des entretiens individuels ont été réalisés avec onze personnes, cinq femmes et six hommes. Dix-huit personnes ont participé aux deux entretiens de groupe, sept femmes et onze hommes. Quatre personnes ayant participé aux entretiens individuels ont aussi pris part aux entretiens de groupe. L’ensemble des entretiens ont été enregistrés sur support audio et retranscrits intégralement pour en faciliter l’analyse.

49 Il s’agit d’une classe destinée aux étudiant·e·s autochtones a été mise sur pied en 2008 au sein de ce centre de formation.

Mamu, de l’innu-aimun, qui signifie « ensemble ». Elle vise aujourd’hui à offrir aux élèves des expériences pédagogiques tenant compte de leur culture, à encourager la persévérance et la réussite scolaire en favorisant entre autres le développement d’un sentiment d’appartenance au Centre, de même qu’à « faire rayonner la culture et la fierté autochtones dans le milieu » (Bouchard, Maltais et Turgeon, 2014).

69 L’image du chez soi, c’est-à-dire l’organisation des connaissances des sujets par rapport à un objet donné, a ainsi été explorée à partir des propos recueillis par les participants lors des entretiens individuels et de groupe. Les techniques d’association libre, bien qu’utiles pour appréhender cette composante des représentations sociales, ont volontairement été omises. Considérant d’une part, la forme de hiérarchisation des concepts qu’elles induisent, et d’autre part, tenant compte de l’abondante littérature qui font état des visions du monde dites holistiques partagées par plusieurs peuples autochtones, leur pertinence a été remise en question lors du choix des outils de cueillette d’informations à privilégier dans le cadre du présent projet. Par ailleurs, les questionnaires ou cartes associatives qui auraient pu être utilisés pour mieux cerner le noyau central de la représentation ont semblé s’inscrire dans un type de cueillette d’informations propre à une tradition trop susceptible d’imposer un modèle scientifique occidentale. De plus, les modèles d’analyse du noyau central impliquent une mise à distance de la perspective qualitative choisie pour cette recherche. En effet, ce type d’analyse des données traduit les données qualitatives recueillies en nombre d’occurrences trouvées pour un thème particulier. Ainsi une partie des informations de nature qualitative est transformée en données quantitatives. Les témoignages entendus servent alors souvent à offrir des images capables de soutenir la présentation des tableaux et graphiques, plutôt que d’être eux-mêmes présentés comme les résultats de la recherche (Paillé, 2007). Nous avons plutôt choisi de nous baser sur les associations effectuées par les participants lors des entretiens, par le langage utilisé et les liens qu’ils ont effectués entre les caractéristiques de l’objet au fil des rencontres.

Entretiens individuels

L’entretien semi-dirigé a été choisi comme principale méthode de cueillette d’informations pour les fins de ce projet. Ce type d’échange est susceptible de créer un espace où les participant·e·s peuvent décrire leurs réalités de façon détaillée et nuancée. L’entrevue semi-dirigée repose en effet sur une interaction, une relation, entre deux personnes et se traduit par la co-construction d’un échange « entre des personnes qui s’engagent volontairement dans pareille relation afin de partager un savoir d’expertise, et, pour mieux dégager conjointement une compréhension d’un phénomène d’intérêt pour les personnes en présence » (Savoie-Zajc, 2003). De plus, la relation humaine et sociale qui traverse la réalisation d’un entretien semi-dirigé peut être envisagée selon deux perspectives par Savoie-

70 Zajc (2003) : sociopolitique et technique. Elle invite donc à considérer les relations de pouvoir qui caractérisent la relation entre un interviewer et l’interviewé – qui avantagent souvent les premiers – et plus largement, les rapports sociaux qui teintent aussi la relation.

L’entretien individuel semi-dirigé a permis d’aborder certains éléments de contenu des représentations sociales du chez soi avec les participant·e·s, ainsi que ceux liés aux milieux urbains en général et à Saguenay plus spécifiquement. Les principaux thèmes abordés lors de ces entretiens sont présentés à l’annexe 4. Une fiche d’informations a aussi été complétée dans le but de recueillir des informations sociodémographiques sur les participant·e·s, dresser le profil de leur parcours résidentiel de même qu’un bref portrait de leurs expériences à Saguenay (annexes 5 et 6).

Entretiens de groupe

Le CAAS facilite les rencontres de groupe entre les membres en créant ponctuellement des espaces d’échanges dont les modalités peuvent varier en fonction des besoins des membres. Il est donc apparu pertinent d’utiliser un moyen familier aux membres et à l’équipe de travail du CAAS. Le groupe de discussion a été envisagé en complément des entretiens individuels de façon à favoriser la participation des personnes qui se sentiraient plus à l’aise de s’exprimer dans un tel contexte. Comme l’entretien en face-à-face ne peut être planifié sans considérer les rapports sociaux existant entre les personnes qui se rencontrent (Savoie-Zajc, 2003), il en va de même pour l’entretien de groupe. Le fait de rassembler plusieurs personnes des Premières Nations était susceptible de constituer un élément favorisant le sentiment de sécurité tout au long des échanges. En plus des vingt participant·e·s, un bénévole, une stagiaire, un membre de l’équipe de travail du CAAS et moi-même, ne s’identifiant pas comme autochtone, avons pris part au moins une de ces rencontres. Quoique nous reconnaissions que leur présence ait nécessairement eu une influence sur les échanges, leur inclusion au sein des espaces de discussion a semblé cohérente avec les pratiques du CAAS. Aussi, bien que leur participation ait contribué positivement à nourrir les échanges, leurs expériences et conceptions du chez soi ne sont toutefois pas présentés ici. Les deux entretiens de groupe se sont déroulés dans le salon à aire ouverte du CAAS en mars 2016 et ont été guidés du même canevas d’entretien utilisé pour les rencontres individuelles.

71 Geoffrion (2003) présente le groupe de discussion comme une technique d’entrevue permettant de mieux comprendre « les comportements et attitudes d’un groupe cible ». Ces entretiens ont été utiles pour approfondir certaines des idées et des thèmes abordés lors des entretiens individuels, en plus de donner un aperçu des échanges possibles à propos du chez soi entre des personnes des Premières Nations, bien que ces échanges ont pu être influencés par la présence de personnes ne s’identifiant pas comme Premières Nations, dont je suis. Parmi les thèmes de discussion approfondis, une attention plus importante a été portée aux expériences en milieux urbains et celles vécues à Saguenay plus particulièrement notamment en termes d’opportunités et de défis particuliers.