• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE III MÉTHODOLOGIE

3.8 Le plan d’analyse des données

3.8.2 Les stratégies d’analyses qualitatives

Les stratégies d’analyses qualitatives privilégiées dans cette recherche sont l’analyse qualitative des paragraphies ainsi que l’analyse qualitative de contenu de la fidélité. Elles sont décrites afin d’en établir leur utilité pour atteindre les objectifs de recherche, ce qui contribue à l’atteinte du critère de confirmation.

3.8.2.1 L’analyse qualitative des paragraphies

En orthodidactique de la lecture et de l’écriture, la pertinence de l’analyse qualitative des paragraphies des élèves est solidement établie (Astolfi et Peterfalvi, 1997). Cette analyse des erreurs sert, d’une part, à avoir un portrait juste des capacités et des besoins de l’apprenant ayant des difficultés en lecture et en écriture (dimension diagnostique) et, d’autre part, à planifier et à réguler les interventions orthopédagogiques en fonction de son profil individuel (dimension pronostique) (Porquier, 1977). Plus spécifiquement, en écriture, l’analyse des paragraphies de l’élève lors d’épreuves servant à évaluer la production de mots écrits en français sont révélatrices de traitements qu’il met en œuvre et de l’évolution de ceux-ci à la suite d’une intervention (Pacton, Foulin et Fayol, 2005).

Dans cette étude, l’analyse qualitative des paragraphies des participants était incontournable pour planifier les interventions offertes dans le cadre du programme de rééducation et évaluer leur progression par rapport à celles-ci. En autres, celle analyse permettait d’identifier les sessions rééducatives à implanter selon le profil individuel individuel des participants, en faisant des liens avec les analyses quantitatives des effets intraindividuels. Dans ce but, une analyse des paragraphies des participants aux épreuves normalisées a été réalisée, puisqu’elle permettait de documenter la nature des erreurs orthographiques les plus récurrentes et représentatives du fonctionnement de chaque participant, en complément au nombre d’erreurs, pris en compte dans les analyses quantitatives. En effet, une analyse des paragraphies dans des épreuves évaluant la capacité à produire avec précision des mots écrits en français en production de mots isolés (dictées BELEC et BALE) et en production textuelle (La maison abandonnée) est pertinente pour émettre des hypothèses sur l’efficience des traitements utilisés par chaque participant avant et après le programme, dans différentes tâches.

Puisque le profil général des participants était déjà documenté en contexte de sélection des participants et montrait que leur difficulté affectait le développement des traitements alphabétique, orthographique et morphographique, visés dans le programme, une classification des erreurs est proposée pour chacun de ces traitements, en référence au modèle de Seymour (2008) (voir Annexe N). Afin d’avoir un portrait détaillé de leurs capacités et de leurs besoins au regard de chaque traitement et ainsi, identifier les cibles prioritaires d’intervention et évaluer leur progression individuelle par apport à celle-ci conformément à l’objectif principal de recherche, tous les types d’erreurs (substitution, omission, ajout, déplacement) ont été pris en compte dans cette analyse, mais seulement les plus récurrentes et représentatives du fonctionnement de l’élève au regard de chaque traitement ont été comptabilisées, à l’instar de recherches expérimentales similaires menées auprès d’élèves dysorthographiques (Chapleau, 2013; Tsesmeli et Seymour, 2009). En effet, selon ces auteurs, bien que tous ces types

d’erreurs sont pertinents pour émettre des hypothèses sur l’efficience de chaque traitement, cette analyse doit être guidée par les principales hypothèses au regard de ces traitements et donc, gagnent à être réalisée avec une classification des erreurs et à être centrée sur des items en particulier. Plus précisément, cinq mots (ou non-mots) comportant chaque type de graphème produit incorrectement au premier temps de mesure sont retenus dans les dictées, de même que deux mots ayant fait l’objet d’une paragraphie dans la production textuelle. Ces erreurs ont donc été comptabilisées selon le type de graphème produit incorrectement. Ainsi, des erreurs dans la production de mots réguliers ou de non-mots ou plus spécifiquement dans la production de graphèmes consistants acontextuels révèlent des difficultés de traitement alphabétique (p. ex. substitution du graphème « p » dans parachute  barachute). De plus, des erreurs dans la production de mots irréguliers ou plus précisément dans l’écriture de graphèmes consistants contextuels et de graphèmes inconsistants contextuel ou de logogrammes (p. ex. : substitution du graphèmes « am » dans « ambulance »  «enbulance » ou de logogrammes lexicaux mer  maire) montre des difficultés de traitement orthographique. Enfin, des erreurs dans la production de mots plurimorphémiques et plus spécifiquement dans des mots comportant des graphèmes dérivables par la morphologie révèlent des difficultés de traitement morphographique (p. ex. : omission du graphème « t » dans « dent »  « den »). Le traitement logographique n’est pas retenu pour cette analyse, car les mots entraînés dans le programme sont tous de basse fréquence. Ces analyses qualitatives sont complémentaires aux analyses quantitatives déjà décrites pour atteindre l’objectif principal. En étant centrées sur cinq mots (ou non-mots) comportant des graphèmes bien précis, elles demeurent toutefois discrètes. Or, d’autres analyses qualitatives s’y ajoutent pour atteindre l’objectif secondaire, soit l’analyse de contenu de la fidélité d’implantation du programme.

3.8.2.2 L’analyse qualitative de contenu de la fidélité d’implantation du programme d’intervention

L’analyse qualitative de contenu est la stratégie la plus souvent utilisée pour le traitement de données textuelles recueillies auprès de différents acteurs, puisqu’elle permet d’en découvrir les thèmes saillants (Fortin et Gagnon, 2016). Dans le contexte d’une recherche expérimentale, l’analyse qualitative de contenu de la fidélité d’implantation du programme permet de préciser s’il a été réalisé comme il a été planifié, en faisant le croisement des données reliées à chaque thème (Noell et Gransle, 2009). Ainsi, dans cette recherche, les observations issues des journaux de bord rédigés par les intervenantes et des grilles d’observation complétées par la doctorante ont fait l’objet d’une analyse de contenu et, plus précisément, d’une analyse par thématisation.

Cette analyse, qui consiste à attribuer des thèmes au fur et à mesure de la démarche d’analyse (Paillé et Muccielli, 2016), a pris en compte des thèmes énoncés dans le cadre théorique, puis des thèmes émergents. Les thèmes repris dans le cadre théorique concernent les principales composantes de l’implantation de programmes énoncées dans le cadre théorique, soit l’adhérence (atteinte des objectifs), l’exposition (fréquence et durée des séances d’intervention), l’engagement des participants et la compétence des intervenantes à actualiser le programme (Keller-Margulis, 2012; Perepletchikova et Kazdin, 2005; Power et al., 2005), alors que les thèmes émergents font ressortir les défis relevés en contexte de planification et de réalisation de ces composantes.

Trois étapes ont structuré cette analyse par thématisation : une première a été réalisée en fonction des mesures, une seconde a ensuite permis de croiser les résultats issus des journaux de bord et de la grille d’observation pour en faire ressortir les thèmes saillants, puis une troisième a permis d’examiner ces résultats en prenant en compte les activités de planification et de réalisation. Ces étapes, franchies en produisant des tableaux synthèses au traitement de texte (voir Annexe O), sont décrites dans cette section.

D’abord, lors de la première étape, les observations issues des journaux de bord et de la grille d’observation ont été codées à la lumière des principales composantes de l’implantation du programme énoncées dans le cadre théorique, tout en identifiant des thèmes émergents. Dès lors, ceux-ci renvoyaient à des défis relevés en contexte de planification et de réalisation de ces composantes. Par la suite, pour chacune de ces mesures, le matériel codé a été regroupé selon les composantes en jeu. À ce moment, ce matériel a été examiné en procédant d’abord à une analyse verticale des données recueillies par participant puis à une analyse horizontale.

Ensuite, durant la deuxième étape, le matériel relatif à l’adhérence et à l’engagement des participants a été examiné pour les deux mesures, en faisant, de nouveau, une analyse verticale et une analyse horizontale. Cette fois, ces analyses sont réalisées de manière à établir des liens entre les résultats obtenus auprès des intervenantes et de la doctorante pour chacune de ces composantes.

Puis, lors d’une troisième étape, les résultats obtenus ont été examinés en tenant compte des activités de planification et de réalisation. Ce bilan final permettait d’identifier le degré avec lequel la planification de chacune des composantes de la fidélité de l’implantation de programme a été réalisée.

En somme, ce plan permet d’analyser de manière parallèle les résultats quantitatifs et qualitatifs, comme dans la plupart des recherches mixtes (Teddlie et Tashakkori, 2009). Il est constitué essentiellement de stratégies d’analyses quantitatives qui rendent compte de la variabilité individuelle pour évaluer les apprentissages réalisés par les élèves lors de l’implantation du programme (analyse des effets intraindividuels). Ce dernier est complété par des stratégies d’analyse qualitatives qui permettent de mieux saisir la nature de leurs erreurs (analyse des paragraphies) et de faire des liens entre leurs apprentissages et les interventions qui leur sont offertes (analyse de contenu).