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LA CONSTRUCTION DU CONCEPT DE BAIN D’INFORMATION

4- Le dirigeant, comme chef et comme homme

3.2 LES STOCKS D’INFORMATION

Les théories du traitement de l’information soulignent comment cette information est stockée dans la mémoire afin d’être utilisé plus tard. En quelque sorte, ces théories affirment que l’information stockée dans la mémoire facilite l’appropriation de nouvelles informations. En ce sens, cette mémoire stockée, cette mémoire cristallisée, est un outil essentiel d’appropriation de l’information. Deux théories vont nous permettre de décrire comment cette mémoire se constitue et fonctionne pour traiter et donc, à terme, s’approprier l’information. Il s’agit, d’une part, de la théorie de la perception sociale et, d’autre part, de la théorie du traitement de l’information.

3.2.1 La théorie de la perception sociale

Cette théorie décrit comment les gens codent l’information et l’utilisent. Le codage de l’information consiste en l’articulation des connaissances tacites et leur conversion en messages pouvant être traitée ensuite comme de l’information. Ainsi, la codification des connaissances et des savoirs facilite grandement de nombreuses opérations ayant trait à la gestion des savoirs, comme des transferts et des échanges, des stockages et des accès à l’information. Selon Le Moigne (1998), le processus de codification des savoirs et des connaissances possède trois aspects. Le premier est un aspect de création du message. Le message est le résultat final du processus qui sera mémorisé, communiqué ou utilisé comme norme de qualité ou comme objet de transaction. La codification est donc un processus de création de message. Il exprime ainsi une connaissance préexistante qui pourra ensuite être traitée comme de l’information. Il exige des outils et des techniques, comme l’écriture.

Le deuxième aspect est un aspect de création de modèle. Toute codification suppose un travail de création de modèle sur la connaissance tacite. Il faut analyser la connaissance, la décomposer en microéléments, voire la recomposer pour pouvoir l’expliciter. La codification est donc un travail de création et pas seulement de transfert. Deux formes principales de modélisation peuvent être évoquées : soit la construction de séquences de comportement de type machinal, soit la mise en théorie de pratiques apprises qui trouvent un formalisme permettant de les décrire et de les généraliser. C’est bien l’aspect de modélisation qui explique pourquoi la base de connaissance codifiée ne recouvre jamais fidèlement la base de connaissances tacites qu’elle a pour objet de remplacer.

Enfin, le troisième aspect est un aspect de création et de développement de langage. Quelquefois, un langage naturel ou tout autre langage déjà existant, qu’il soit symbolique ou numérique, suffisent. Souvent, il faut créer de nouveaux éléments dans le cadre d’un langage existant ou produire un langage de toute pièce.

Ainsi, toute appropriation de l’information semble débuter par une codification des connaissances tacites afin de permettre une appropriation ultérieure de l’information nouvelle. La codification permet de placer sa mémoire en dehors de soi-même et donc d’économiser des ressources cognitives.

3.2.2 La théorie du traitement de l’information

Ce codage préalable permet le transfert de l’information de la mémoire de court terme à la mémoire de long terme (Lord, 1985). C’est une étape essentielle de l’appropriation d’information.

3.2.2.1 Mémoire de court terme, mémoire de long terme

La théorie du traitement de l’information décrit l’organisation de l’information dans la mémoire. La mémoire humaine est partagée en deux : la mémoire de court terme et la mémoire de long terme.

3.2.2.1.1 La mémoire de court terme

La mémoire de court terme est une mémoire à faible capacité de stockage, Elle est elle-même partagée en deux. D’une part, la mémoire de très court terme. Les humains disposent d’une mémoire sensorielle à très court terme destinée à traiter les informations visuelles. Nous disposons également d’une mémoire conceptuelle de très court terme qui préserve l’information pour moins d’une seconde. Elle retient les informations symboliques produites en faisant coïncider information sensorielle des concepts appropriés.

Les humains disposent également d’une mémoire à court terme dotée d’une capacité limitée de stockage. Elle ne peut conserver que six à sept morceaux d’information pour 20 secondes, par exemple un numéro de téléphone (Potter, 1990).

3.2.2.1.2 La mémoire de long terme

Les individus disposent d’une mémoire de long terme dont le contenu dépend des informations passées au travers de la mémoire tampon de court terme (Potter, 1990). La mémoire de long terme parvient à stocker de grandes quantités d’informations. Mais nous ne pouvons retrouver toutes informations stockées dans la mémoire de long terme (Tulving, Thomson, 1973).

3.2.2.2 Les processus de traitement de l’information

3.2.2.2.1 Le traitement contrôlé

Le traitement de l’information peut être contrôlé par la mémoire. Alors que les informations stockées dans la mémoire de long terme sont traitées par la mémoire de court terme. Les deux mémoires correspondent pour traiter l’information. Des routines préexistent, qui sont stockées dans la mémoire de long terme, mais doivent être activé et exécuté par des informations contenues dans la mémoire de court terme, la mémoire opérationnelle (Lachman, Butterfield, 1979). Autrement dit, la mémoire de long terme est un stock. La mémoire de court terme un moteur ou un flux. La seconde est nécessaire pour activer la première.

Cependant, certains soutiennent que les principes de rationalité (logique, probabilité…) sont rarement suivies car il nous demanderait de mettre en œuvre des processus contrôlés très coûteux en attention et en mémoire (Levy, 1990). Il est ainsi beaucoup plus économique de faire appel aux schémas tout fait de notre mémoire à long terme. Ce que nous avons retenu de nos expériences antérieures pensent pour nous. Ce qui suggère que l’individu aurait des difficultés à traiter des informations radicalement nouvelles car il se réfère systématiquement aux situations passées.

3.2.2.2.2 Le traitement automatique

Il semblerait que l’homme ne peut procéder à de multiples stimuli informationnels simultanément de manière contrôlée par lui. Alors, ces multiples stimuli peuvent être réalisés de manière automatique. Or, le traitement automatique est très dépendant des programmes préexistants qui se trouvent dans la mémoire de long terme. (Schiffrin, Schneider, 1977). Mais nous possédons des mécanismes cognitifs simplifiés qui permettent d’aider à organiser l’information. Ces mécanismes simplifiés tiennent dans des formats plus facilement stockables et utilisables. Ces mécanismes dépendent des structures de connaissance qui se trouve dans la mémoire de long terme et sont développés par l’expérience dans des domaines particuliers (Galambos, Ableson, Black, 1986). Une fois activés les schémas, modèles et associations de la mémoire à long terme, nous déclenchons un certain nombre de procédures de traitement de l’information rapides. Celles-ci donnent des résultats corrects, la plupart du temps, mais parfois ils peuvent se révéler faux.

La contribution relative des processus automatiques et contrôlés dépend de la nature de la tâche et du moment de l’expérience dans un contexte spécifique (Ackerman, 1987).