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LA CONSTRUCTION DU CONCEPT DE BAIN D’INFORMATION

4- Le dirigeant, comme chef et comme homme

4.1 LES PERCEPTIONS

4.1.1 Les perceptions

4.1.1.1 Que sont les perceptions

4.1.1.1.1 Définition des perceptions

La perception est manière dont nous utilisons les informations de l’environnement et dont nous les transformons pour construire une représentation de la réalité (Bagot, 1966). La perception désigne l’ensemble des procédures qui nous permettent de prendre connaissance de notre monde environnant et de construire nos propres représentations mentales de ce monde. Etudier la perception revient à s’interroger sur la façon dont nous utiliserons les informations de l’environnement et dont nous les transformons pour construire nos représentations (Bagot, 1996). Ainsi, l’analyse des perceptions reviendrait à déterminer le

processus d’appropriation. La perception de l’environnement serait qu’une activité permanente tellement aisée et évidente qu’il semble naturel de penser que le monde est tel que nous le percevons (Bagot, 1996). Un processus à ce point simple que le dirigeant ne s’en rend pas compte lorsqu’il l’utilise.

4.1.1.1.2 les analyses des perceptions

4.1.1.1.2.1 Les analyses dépassées

4.1.1.1.2.1.1 Le structuralisme

La première de ces théories de la perception, aujourd’hui dépassée, mais que nous tenons à signaler car elle a permis de poser les bases de théories aujourd’hui efficientes, est celle du structuralisme, que l’on a aussi appelé l’empirisme ou l’élémentarisme. Cette théorie postule que la perception d’un objet d’attention est le résultat de l’addition de nombreuses sensations élémentaires. Les ensembles de ces éléments simples s’organisant ensuite dans des tout structurés et fonctionnels. La perception finale repose sur la structure de ces associations pour laquelle le rôle de l’expérience et de l’apprentissage est essentiel. Il semblerait aujourd’hui que cette théorie de décomposition ne reflète pas exactement le fonctionnement de l’esprit humain.

4.1.1.1.2.1.2 Le behaviourisme

Dans la théorie behaviouriste, les phénomènes psychologiques peuvent s’expliquer à partir de comportement réflexe de type stimulus-réponse. L’environnement agit sur l’individu. Selon cette théorie seule une stricte étude du comportement permet des observations directes et quantifiables enfin débarrassées du contenu psychique de toute entité mentale mystérieuse comme la pensée, l’imagination, le désir ou les intentions. Il suffit d’étudier les comportements les plus élémentaires et les combiner pour donner naissance aux conduites les plus complexes. Dans cette théorie, l’individu est assimilé à une boîte noire. C’est pour cela que cette théorie ne nous satisfait pas dans la mesure où elle ne nous permet pas d’accéder à la connaissance du processus d’appropriation de l’information.

4.1.1.1.2.2 Les analyses sur lesquelles nous pouvons nous appuyer

4.1.1.1.2.2.1 Piaget et le constructivisme

Pour Piaget (1936, 1964, 1975), qui sera suivi, sur ce point, par l’école de Palo Alto, la perception est le résultat d’une construction de l’individu à partir de données issues de l’observation active du stimulus, apportée par l’information. Le sujet combine les données pour construire une représentation mentale, une carte mentale. La connaissance de l’individu n’est pas une simple copie de la réalité mais une reconstruction. Piaget souligne l’influence de l’hérédité et du milieu sur les processus cognitifs. Il mettra en évidence le rôle des schèmes, instruments mentaux, organisateur de l’action, de la perception et du souvenir, que nous retrouverons plus loin.

4.1.1.1.2.2.2 Neisser et l’approche cognitive

Neisser (1967), de son côté, affirme que la perception est le résultat de l’ensemble des opérations mentales qui permettent de donner une signification aux entrées sensorielles. Il s’agit donc d’une opération de traitement de l’information. Nous pourrions presque affirmer qu’il s’agit d’une opération d’appropriation de l’information. La perception est décomposable en plusieurs étapes, chacune d’elles correspondant a une opération de traitement spécifique. Il insiste sur le fait que certaines de ces opérations peuvent s’opérer en parallèle et que toutes ne sont pas obligatoirement activées. Pour Neisser, Cette opération de traitement se découpe en deux étapes essentielles.

Dans la première, l’étape initiale, règne le stimulus. La stimulation neuronale suffit à traiter l’information acquise. Le traitement de l’information concerne les mécanismes neuronaux qui opèrent sur le message nerveux. Ainsi, le traitement de l’information est présumé automatique.

Dans la seconde étape, l’information est traitée par des processus plus cognitifs. Ces processus dépend des connaissances antérieures du sujet, de ses attentes, de ses motivations, de ces schémas cognitifs préexistants. Le traitement alors ressemble à de l’interprétation, qui met en œuvre des représentations internes de nature symbolique.

4.1.1.1.2.2.3 L’analyse linguistique

Jakobson (1963) analyse les perceptions au travers de la langue, moteur essentiel de transmission de l’information. Il met en évidence plusieurs fonctions linguistiques, outils de perception.

D’abord, la fonction référentielle, c’est-à-dire le contexte, l’aspect cognitif apporté par le message indépendamment du destinataire et du destinateur. Cette fonction est relativement simple à utiliser.

Ensuite, la fonction métalinguistique, c’est-à-dire la fonction centrée sur le code qui existe lorsque l’on parle du langage lui-même pour vérifier s’il est compris.

Enfin, et surtout, Jakobson met en évidence trois fonctions, plus discrètes, qui se réfèrent aux émotions.

D’une part, la fonction émotive. Centrée sur le destinataire ou émetteur, elle exprime l’attitude du sujet vis-à-vis de ce dont il parle, elle rend ainsi compte de l’émotion vraie ou feinte du destinateur, de son comportement.

D’autre part, la fonction collective, centrée sur le destinataire, concerne ce qui dans le message destiné à produire son effet sur le destinataire, ce qui le met en cause.

Enfin, la fonction poétique, centrée sur le message, met en évidence tout ce qui par les signes exprime le rythme ou l’harmonie.

4.1.1.2 L’apport de l’analyse des perceptions à l’appropriation de l’information

4.1.1.2.1 Les apports de l’analyse

Piaget nous apporte plusieurs outils, en plus des schème, pour décrypter les processus d’appropriation de l’information à partir des perceptions. Il met en évidence le rôle constructeur de l’individu. Il souligne ainsi le rôle essentiel de l’individu dans l’appropriation de l’information. Il insiste également sur le fait que l’individu, et donc son rôle constructeur, donc son influence dans le processus d’appropriation d’informations, est en partie déterminée par son hérédité et le milieu dans lequel il baigne. Nous disposons ainsi de plusieurs déterminants des outils d’appropriation de l’information.

4.1.1.2.1.2 Confirmation de l’existence de deux systèmes d’appropriation

Cette approche intègre et corrobore certains résultats amenées par les théories du traitement de l’information, c’est-à-dire l’existence de deux processus d’appropriation de l’information, l’un automatique, on pourrait dire archaïque, et l’autre plus contrôlé, et plus élaboré, issus de l’hérédité et de l’environnement de l’individu.

4.1.1.2.1.3 Apparition des émotions

L’analyse de Jakobson nous est d’une grande utilité dans la mesure où le dirigeant reçoit une information essentiellement par voie orale, ainsi que nous l’avons montré précédemment dans notre analyse des processus d’acquisition et d’appropriation interne à l’entreprise. Jakobson met en évidence certains outils de perception qui devraient nous être d’une grande utilité. Ainsi de la fonction métalinguistique. Son importance est évidente : elle facilite la communication entre dirigeants qui parlent le même langage et n’ont pas besoin de vérifier s’ils se comprennent. Moins évidente et la mise en évidence des fonctions émotives portées par le discours. Cette avancée de la recherche, notamment, nous permettra de mettre en évidence plus loin un point essentiel de notre analyse de l’appropriation de l’information.

4.1.1.2.2 L’échec de l’analyse par les perceptions

Cependant, même si l’analyse des perceptions nous apporte un certain nombre d’éléments et d’outils utiles à notre réflexion, elle nous renvoie systématiquement sur une analyse de l’individu produit de son hérédité et de son milieu. En effet, la perception est construite en fonction de ses connaissances antérieures, de ses attentes, de ses motivations cognitives et

affectives, des coûts et des gains éventuels. Les informations acquises sont comparées aux représentations stockées en mémoire (Bagot, 1996).

A l’origine des perceptions, se trouve un événement psychique élémentaire résultant d’une modification de l’environnement. Il y a eu un traitement minimum de l’information par le système nerveux central mais il n’implique pas que la sensation soit consciente. Sur ces sensations, l’individu fait un choix, prend une décision en fonction de ses connaissances antérieures, de ses attentes, de ses motivations cognitives et affectives, des coûts et des gains éventuels liés à ces décisions perceptives.

La perception n’est donc pas une réponse exclusivement déterminée par la stimulation puisqu’elle met en jeu des processus actifs d’organisation, des constructions perceptives impliquant l’intentionnalité du sujet (Bagot, 1996). Ainsi derrière les perceptions se cache d’autres éléments plus profondément ancrés dans le cerveau humain, des éléments qui se nommeraient schèmes ou croyances. Nous allons les passer en revue.