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-Langue nationale et officielle de l’Etat Algérien, telle que le stipule la constitution (peut- être assimilé à l’arabe institutionnel sur ce point légal).

- Langue de la révélation, elle est mythifiée car celle du Coran. Ce seul critère lui confère une dimension de sacralité. L’arabe classique est utilisé en littérature et en théologie. Selon Cohen Marcel, « L’arabe classique offre un corpus qui, par sa seule existence de texte, constitue un élément fondamental de cohésion linguistique. De plus, apparaissant comme la propre parole de Dieu, il prend une valeur de norme définitive »116.

-L’arabe classique ou institutionnel n’est la langue maternelle d’aucun algérien. 4.4- Statut des Langues berbères

Faut-il parler de LA langue berbère ou Des langues berbères ? 

De la même manière que l’arabe algérien le déni de la langue berbère (des langues berbères) affiché par la politique linguistique et idéologique engendre la difficulté pour les

      

114 Messaoudi  Leïla,  « langue  spécialisée  et  technolecte :  quelle  relation ? »  META,  journal  des  traducteurs, 

lien  ttp://id.erudit.org/iderudit/039607ar  

115 F.Cheriguen « Esais de sémiotique du nom propre et du texte » OPU, 2008, 126‐127.  116M. Cohen 1997. 

spécialiste des langues à les nommer « Une langue polynomique est une langue dont l’unité est abstraite »117rappelle Ibtissem Chachou qui cite Jean-Baptiste Marcellesi.

Salem Chaker, en pourvoyeur de l’unité linguistique profonde estime que « la langue berbère est une et chaque dialecte n'en est qu'une variante régionale ». 118 Il explique dans son texte que les premières explorations linguistiques, comme celle de Venture de Paradis (menée en 1787-88 et publiée en 1838), reconnaissaient déjà le chleuh du Maroc et le kabyle comme dialectes d'une même langue, ce qui n’a jamais été contesté, il ajoute : « (C'est que, malgré la dispersion géographique, malgré l'absence de pôle de normalisation et en dépit de la faiblesse des échanges, les données structurales fondamentales restent les mêmes partout : le degré d'unité (notamment grammaticale) des parlers berbères est tout à fait étonnant eu égard aux distances et vicissitudes historiques. Les divergences sont presque toujours superficielles et ne permettent pas d'établir une distinction tranchée entre les dialectes : la plupart des critères de différenciation -qu'ils soient phonologiques ou grammaticaux- se distribuent de manière entrecroisée à travers les dialectes. La classification (linguistique) des dialectes berbères est de ce fait un véritable casse-tête pour les berbérisants et les tentatives les plus récentes, qui font appel à des grilles de paramètres très sophistiquées, aboutissent pratiquement à un simple classement géographique. »119

 

D’un autre côté, dans ses travaux de recherche sur les Berbères, Gabriel Camps fait allusion à la proposition de Marcel Cohen , en 1924, « d’intégrer le berbère dans une grande famille dite chamito-sémitique, qui comprend en outre l’égyptien ancien et le copte qui en est sa forme moderne, le couchitique et le sémitique. Chacun de ses groupes linguistiques a son originalité, mais ils présentent entre eux de telles parentés que les différents spécialistes finirent par se rallier à la thèse de M.Cohen »120.

Dans ce sens, concernant l’appartenance à la grande famille des langues chamito- sémitiques, il estime qu’en fait, « seul le touareg et les parlers les plus périphériques (Libye, Egypte et Mauritanie) présentent un ensemble de caractéristiques linguistiques spécifiques qui pourraient éventuellement justifier qu'on les considère comme des systèmes autonomes, et donc comme des "langues" particulières. Encore qu'il s'agisse là aussi, presque toujours, plus de modalités particulières de réalisation que de véritables différences structurales »121.

En définitive, pour Salem Chaker, il ne peut être question que d’UNE langue berbère, les autres parlers n’en sont que les variantes.

D’autres sociolinguistes, dont Dalila Morsly, critiquent la « standardistaion convergente » prônée par Salem Chaker, entre autres spécialiste de la question berbérophone estimant cette normalisation linguistique trop simpliste dont a fait l’objet LA langue TAMAZIGHT a révélé toute la complexité dont peut faire preuve le traitement des questions linguistiques lorsqu’il s’est agi d’enseigner la langue tamazight à l’école : celle-ci étant différente des langues maternelles berbères, voire complètement étrangère aux berbérophones.

      

117 I. Chachou « Reflexions épistémologiques autour de l’état de la dénomination et de la hiérarchisation des 

langues dans le discours universitaire algérien » revue socles n°1, décembre 2012.p49. 

118 Unité  et  diversité  de  la  langue  berbère"   fait  au  colloque  international  "Unité  et  diversité  de  Tamaziɣt"  tenu  à  Ghardaïa du 20 au 21 avril 1990 et dont les actes ont été publiés en 1992 à Tizi‐Ouzou par GDM Agraw Adelsan Amaziɣ.  L'article a été ensuite repris par l'auteur lui‐même comme premier chapitre de son ouvrage "  Manuel  de  Linguistique 

berbère. Tome II : syntaxe et diachronie" paru aux Editions ENAG en 1996. 

119 idem 

120 Gabriel Camps, lez Berbères, mémoire et identité, Barzakh, Alger 2007.  121 idem 

Ibtissem Chachou précise que cette situation risque de créer une nouvelle situation diglossique « (…) A terme, si elle n’est pas remplacée par les langues berbères natives, une diglossie risque d’être reconduite qui reproduirait les rapports de force hiérarchiques de domination entre ce qui serait une langue et ce qui ne serait que des dialectes ».122

C’est tout naturellement que des questions d’ordre « strcutural » avant même celui didactique ou pédagogique se sont imposées :

1-Quelle langue enseigner parmi celles existantes?

2-Qu’en est-il des variations internes et de la phonologie ?

3-Quelle orthographie ? Latine ou arabe ? quelle graphie pour quel phonème ?..

Autant de questions qu’il a fallu trancher car, très vite, les interprétations des choix risquent de vaciller d’un côté pro « arabisant » comme pro « francisant »…C’est dire si les traumatismes identitaires ont la peau dure.

On dénombre en Algérie au moins cinq variétés de langues berbères : le chaoui ( implanté dans les Aurès principalement), le tergui (dans le Sud Hoggar et Tassili) , le kabyle ( la petite et Grande Kabylie) et le mzabi implanté dans la vallée du M’zab, le Chenoui, dans les monts Chenoua. Pour ce qui est du Maghreb, il existe encore d’autres parlers propres aux régions du Rif et de l’Atlas marocain : le Chleuh et le Djerbi, langue insulaire et du Sud de la Tunisie

D’un point de vue politique, les langues berbères ne sont pas reconnues en Algérie. Elles ne sont même pas considérées comme langue véhiculaires, leur domaine de pratiques étant, selon ce même point de vue, confiné à des régions géographiques réduites et, surtout, à l’interaction des interlocuteurs au sein d’une même communauté linguistique.

Les chartes de 1976 et de 1986 ainsi que les différentes constitutions ne font aucune référence aux langues berbères (35% de locuteurs), selon Foudil Chériguen123 qui apporte des explications autres qu’idéologiques et politiques à la régression de la pratique de ces langues en Algérie qu’il estime en danger « (…) le berbère apparaît donc comme une langue doublement menacée : par l’arabisation dialectale liée à l’urbanisation progressive, à l’exode rural, et par conséquent à la multiplication des moyens de communication qui permet à la loi du plus fort de mieux s’exercer, puis par l’autre arabisation, celle de l’arabe moderne*prédominant dans l’enseignement ».124

Les intérêts portés à la question berbérophone sont, actuellement de natures différentes : D’abord, mus par une visée politique ségrégationniste comme c’est le cas du parti politique MAK qui revendique l’indépendance de la Kabylie en prônant parmi les arguments, le prétexte linguistique. Puis, les spécialistes chargés de la question berbérophone doivent

      

122 I. Chachou « Reflexions épistémologiques autour de l’état de la dénomination et de la hiérarchisation des 

langues dans le discours universitaire algérien » revue socles n°1, décembre 2012.p 50. 

123 F.Cheriguen « Essais de sémiotique du nom propre et du texte » OPU, 2008, p125  124 Idem p 110. 

*  par  arabe  moderne,  Foudil  Cheriguen  parle  de  l’arabe  que  j’ai  désigné  par  arabe  institutionnel  dans  ma  recherche. 

« scientifiser » et « standardiser » ces « parlers » en respectant les compromis du Haut Conseil de l’Amazighité125.

Et, enfin, moins nombreux, des sociolinguistes dont le souci est d’abord d’ordre scientifique. « Enseignants et apprenants sont partagés entre variation et unicité (…)en relisant les instructions officielles citées ci – dessus, on réalise que l’enseignement de la variation est conçue comme une étape nécessaire mais, néanmoins temporaire, en attendant l’unification des variantes, c'est-à-dire la formation d’un berbère scolaire, d’une norme scolaire unifiée, qui devra inévitablement déboucher sur une réduction de la variation »126 avance Dalila Morsly qui, au final explique que reconnaître le tamazight de manière officielle ne fait que confirmer l’absence de projets linguistiques planifiés de la part de l’Etat.

Ce qui demeure, toutefois, évident, c’est qu’il est impossible de traiter de la question linguistique berbère sans trébucher sur les idéologies des uns et des autres. Cette situation Abdou Elimam la qualifie d’autistique. « Sortir de l'autisme signifie reconnaître la situation sociolinguistique de l'Algérie qui est faite de variétés de berbère, d'arabe algérien teinté de phénicien et de berbère, d'arabe scolaire et de français ».127 

Dans la même dynamique de « normalisation » et de « globalisation », l’Etat préfère la désignation de toutes les variantes sus- citées par Tamazight ; langue de laboratoire devenue nationale mais pas (encore) officielle. C’est lors de cette même année, 2002, qu’intervient une modification dans la constitution de l’Algérie dont un extrait de la loi n° 02-03 du 10 avril 2002du Journal Officiel n° 45 du 14 avril 2002 :

« Chapitre I : De l'Algérie

Article 1er - L'Algérie est une République Démocratique et Populaire. Elle est une et indivisible.

Art. 2 - L'Islam est la religion de l'Etat.

Art. 3 - L'Arabe est la langue nationale et officielle.

Art. 3 bis [Révision constitutionnelle du 10 avril 2002 adoptée suivant la procédure prévue a l’article 176 de la Constitution]- Tamazight est également langue nationale. L'Etat œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés »

Le 07 février 2016, les parlementaires ont adopté le projet de nouvelle constitution. Les dispositions contenues dans cette révision prévoient, selon le texte, notamment de "parachever le dispositif mis en place pour préserver l'unité nationale" par la constitutionnalisation des fondamentaux identitaires. Elles tendent à "renforcer la pratique démocratique" en accordant une large place à l'opposition parlementaire, ambitionne d'assurer de "larges espaces de liberté" et présentent de "nouvelles garanties à la consolidation de l'Etat de droit".128Ce nouveau rendez-vous avec l’Histoire est important car, en adoptant « à une large majorité »129

      

125 HCA  Haut  Conseil  de  l’Amazighité  instance  créée  par  l’Etat  sous  la  tutelle  directe  du  Président  de  la 

République,  dont les  

126 Dalila Morsly « Enseigner la variation : exemple de tamazight » n° 164 CNPD‐CRDP, Alger 2011, p146.  127 Abdou  Elimam  « le  maghribi  alias  ad‐daridja,  langue  consensuelle  des  Maghrebins »  ed  Dar  el  Gharb, 

Oran, 2003 

128 Extrait du journal « Tribune des Lecteurs » n° 2111  du 07 février 2016, p2. 

129 Extrait  du  discours  du  Président  Bouteflika  Abdelaziz  lu  par  le  Président  de  l’APN,  M.  Bensalah  Aek  à 

l’issue de l’adoption de la loi portant révision de la constitution 

« En  ce  jour  historique,  il  m'est  particulièrement  agréable  de  saluer  le  sens  élevé  de  la  responsabilité,  du  patriotisme  et  la  clairvoyance  dont  ont  fait  preuve,  résolument,  les  membres  du  Parlement,  toutes 

ces nouvelles dispositions, les parlementaires viennent de décider de l’avenir, notamment linguistique du pays. Donc dès l’annonce de cette décision, les réactions ont été à l’évidence mitigées : le satisfecit des berbéristes qui considèrent ce pas vers l’officialisation comme étant la réparation d’une injustice qui n’a que trop longtemps duré, et le scepticisme des arabo- orientalistes qui ne comprennent pas en quoi l’officialisation d’un « dialecte » ancestral d’une « minorité » d’Algériens apporterait un intérêt quelconque.

4.5- Statut du français. : Entre textes et réalité

Malgré les 11,2 millions 130 d'Algériens de plus de cinq ans déclarant savoir lire et écrire en français, cette langue familière, notamment dans les régions Nord du pays, est considérée comme étant la première langue seconde. Malgré cela, elle est volontairement reléguée au rang de langue « étrangère » lourdement connotée, car porteuse d’un passé colonial qui la place dans un rapport conflictuel avec la langue arabe, symbole de l’identité arabo-musulmane.

Sur cette période coloniale, justement, et sur les pratiques langagières réelles, il existe plusieurs avis. Certes, d’un point de vue officiel, la langue française était LA langue officielle de l’empire (l’Algérie étant devenue un territoire, un prolongement de l’empire). Selon Mostefa Lacheraf, pendant cette période coloniale, « les Algériens n’ont jamais cessé de parler leurs langues populaires d’y fonder et d’y enrichir un humanisme parallèle d’expression (…) on vous dit qu’on nous avait imposé l’usage du français. Le croire tout bonnement, sans procéder à la moindre analyse, reviendrait à accorder un préjugé (social) favorable au colonialisme, dans un pays qui compte près de 85% d’analphabètes bien qu’il soit resté 130 ans en contact direct avec la langue française »131

Je rappelle à ce niveau que la langue française tout en dominant les pratiques langagières administratives de l’Algérie, par le biais de ses institutions, durant la décennie 62-72, est officiellement considérée depuis 1962, date de l’indépendance de l’Algérie, comme une langue étrangère.

Aucune des constitutions de la République Algérienne, (pourtant rédigées également en français) ne mentionnent le statut de cette langue innommable et pourtant omniprésente dans l’éducation nationale, l’enseignement supérieur, les administrations, la fiscalité, et même les discours des représentants de l’Etat eux-mêmes132.Face à cette réalité sociolinguistique complexe, je suis amenée à me poser la question suivante :  

Quelle est la place réelle du français chez les locuteurs Algériens ? Je m’appuie sur une étude de Yacine Derradji pour affirmer ce qui suit : Premièrement, la langue française a été consacrée « première langue étrangère dans la société, les entreprises et dans les

        tendances  politiques  et  tous  courants  idéologiques  confondus",  site  consulté  le  26  mars  2016 :  www.aps.dz/algerie/36257‐révision‐de‐la‐constitution   130 Statistiques  citées dans « la langue française dans le Monde 2010 » éd Nathan  2010,  131 Mostefa LACHERAF « l’Algérie, Nation et société »ed CASBAH, 2004, p283‐284  132 Pour l’anecdote,  lors d’une conférence de presse,  le Ministre de l’Industrie, Bouchouareb Abdesselem  a  été interpelé par une journaliste arabophone qui demandait au ministre de répondre en arabe à sa question,  ce dernier a répondu « je parle comme je veux (…) l’important est que le message arrive » information  du  17‐03 – 2016 sur le site  france‐algerie.com/ . 

institutions ».133Deuxièmement, il se dégage de la lecture des données de cette enquête que 98.72% de la population scolaire optent pour le français comme langue étrangère. Troisièmement, le choix du français confirme et précise le prestige de cette langue chez les parents de ces élèves et montre d’une part que la langue française reste en position de force sur le marché linguistique algérien et d’autre part qu’elle a encore de l’avenir en Algérie ».134

J’emprunterai aussi à Aziza Boucherit ce point de vue sur l’évolution parallèle et pas forcément antagonistes des langues véhiculaires en Algérie « L’usage de l’arabe standard s’est développé, mais, paradoxalement, cela ne s’est pas fait au détriment du français comme le souhaitaient initialement les promoteurs de l’arabisation. Non seulement le français est présent en Algérie, mais son emploi reste indispensable dans bien des situations et cette contradiction entre désir et réalité, sur fond d’identité nationale, entretient la querelle entre les tenants et les adversaires de l’arabisation ».135

La conclusion que je peux tirer de cette étude c’est qu’il correspond à la réalité du terrain telle que décrite par les sociolinguistes cités dans le cadre de ce chapitre et qu’il est diamétralement opposé au discours politique qui manifeste un déni flagrant quant à l’existence de la langue française en Algérie et, en même temps d’une volonté de reléguer le français au statut de langue étrangère.

Ce processus, Ibtissem Chachou le désigne par « l’étrangéisation »136 du français : Une

décision politique, se traduisant par plusieurs mesures, qui expliquerait donc le recul du français.

Dans une autre enquête 137 de Brahim Khetiri, effectuée auprès d’enseignants du français, il ressort qu’à l’unanimité, les questionnés estiment que la langue française est celle de la science, de la technologie et de la modernité et même de l’ouverture sur le 50.monde par le biais de ses écrivains et journalistes francophones.

5-Représentations sociolinguistiques et imaginaire des locuteurs

Pour Louis-Jean Calvet, la langue est définie par un ensemble de pratiques et de représentations. Celles-ci peuvent être définies comme un ensemble d’idées préconçues sur la langue ou ses locuteurs qui peuvent faire que celle-ci soit valorisée et adoptée ou refusée et rejetée« Derrière les stéréotypes se profile la notion de bon usage, l’idée qu’il y a des façons

      

133 Y.Derradji,  « la  langue  française  en  Algérie.Etude  sociolinguistique  et  particularités  lexicales »thèse  de 

Doctorat d’Etat, Univ de Constantine, 2000.  Les données  statistiques (1995/1996) Ministère de l’éducation Nationale/ Direction de la Planification, Sous  Direction des Statistiques, n°34 ONPS  Les données  statistiques (1997/1998) Ministère de l’éducation Nationale/ Direction de la Planification, Sous  Direction des Statistiques, n°36 ONPS  134 Idem.  135 Aziza Boucherit « Quelques éléments sur la situation linguistique de l’Algérie », Rencontres français/arabe  ‐ arabe/français. Construire ensemble dans une perspective plurilingue, Institut du monde arabe, 13‐14 nov.  2003, Paris, ADPF, p59  136 I. Chachou « Reflexions épistémologiques autour de l’état de la dénomination et de la hiérarchisation des  langues dans le discours universitaire algérien » revue socles n°1, décembre 2012.p  137 Khetiri Brahim « le Français et la norme dans l’institution scolaire en Algérie » in cahiers du SLADD, n°4,  p81 

de bien parler la langue et d’autres qui, par comparaison, sont à condamner. On trouve ainsi chez tous les locuteurs une sorte de norme qui les fait décider que telle forme est à proscrire, telle autre à admirer : on ne dit pas comme cela, on dit comme cela, etc. »138Je complèterai cette première approche par la citation de Khaoula Taleb Ibrahimi qui explique que « la langue c’est par quoi et en quoi se réalise la socialisation de l’individu, la structuration de son être social. Cette langue qui le met en relation avec l’individu, l’engage dans un double processus où il y a reconnaissance à l’individu d’une identité, celle de membre d’un groupe, reconnaissance acquise contre l’acceptation d’une loi, celle du groupe. Ainsi, étendue, la langue définit la structure symbolique de la communauté ».139

Les représentations sont donc, d’abord, une notion psychologique. Elles se définissent comme étant l’image individuelle ou la conception initiale que tout locuteur (en contexte scolaire ou autre) se fait de la langue. Cette notion de représentation d’une langue a été proposée pour la première fois par Emile Durkheim140 à travers l’étude des religions et des mythes. Sa définition première de ce phénomène est la suivante :

« La société est une réalité sui generis ; elle a ses caractères propres qu'on ne retrouve pas, ou qu'on ne retrouve pas sous la même forme, dans le reste de l'univers. Les représentations qui l'expriment ont donc un tout autre contenu que les représentations purement individuelles et l'on peut être assuré par avance que les premières ajoutent quelque chose aux secondes. "141

 

Plus tard, Serge Moscovici, dans le domaine de la psychologie sociale, explique, en parlant des représentations sociales (et non plus collectives comme les appelaient Durkheim)

«

il n'y a pas de coupure entre l'univers extérieur et l'univers intérieur de l'individu (ou du groupe). Le sujet et l'objet ne sont pas foncièrement distincts … se représenter quelque chose, c'est se donner ensemble, indifférenciés le stimulus et la réponse. Celle-ci n'est pas une réaction à celui-là, mais, jusqu'à un certain point, son origine. »142

Denise Jodelet propose la définition suivante de ce phénomène cognitif  « Le concept de représentation sociale désigne une forme de connaissance spécifique, le savoir de sens commun, dont les contenus manifestent l'opération de processus génératifs et fonctionnels socialement marqués. Plus largement, il désigne une forme de pensée sociale. Les représentations sociales sont des modalités de pensée pratique orientées vers la communication, la compréhension et la maîtrise de l'environnement social, matériel et