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LES STANDARDS EN ÉDUCATION : IMPORTANCE ET POINTS DE VUE CRITIQUES

CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL

2.2 LES STANDARDS EN ÉDUCATION : IMPORTANCE ET POINTS DE VUE CRITIQUES

Le thème de la formation et du rôle des enseignants est une des préoccupations des recherches et des écrits récents en éducation. Ainsi, Tardif (1997) a identifié de nouveaux rôles à l’enseignant, qui n’est plus le transmetteur du savoir : il est guide, entraîneur, médiateur, facilitateur, etc. De son côté, Beckers (2007) indique que « face à la complexité croissante de la tâche des enseignants, leur “professionnalisation” est largement revendiquée dans les discours officiels de nombreux pays comme une absolue nécessité » (p. 15).

Dès lors, les référentiels de compétences/standards jouent un rôle très important en identifiant les compétences nécessaires aux enseignants en fonction de ces nouveaux

rôles, en leur fournissant des indices ou des descripteurs qui leur indiquent les moyens d’atteindre les différents niveaux des compétences.

Les travaux scientifiques ont pu démontrer non seulement l’importance et les effets positifs des standards dans le domaine de l’éducation, mais aussi leurs limites et leurs faiblesses. Par ailleurs, même si on trouve des courants analogues un peu partout à travers le monde, plusieurs chercheurs ont fait remarquer que ce sont surtout les milieux anglo-saxons qui ont d’abord privilégié le concept des standards.

Behrens (2006a), dans sa recension des écrits sur le développement, l’usage et l’implantation des standards, signale que

« Si le terme “standard” est très courant dans le monde éducatif anglo-saxon, force est de constater qu’il ne [sic] rencontre peu ou pas d’écho dans le débat scientifique francophone et italophone. Les quelques productions significatives regorgent de références anglophones ou cherchent à rattacher la logique des standards à des problématiques connues ailleurs : celles de l’évaluation et de la mesure des performances, du pilotage des systèmes éducatifs par les résultats, des référentiels ou du travail curriculaire » (p. 5).

Scallon (2004) indique que l’approche par standards a fait son apparition aux États-Unis en 1983 où « les standards ont été présentés comme une nouvelle façon d’exprimer les attentes que le système éducatif doit satisfaire à tous les niveaux de formation » (p. 126). D’ailleurs, la fédération américaine des enseignants affirme l’importance des standards surtout pour l’accréditation des programmes de formation : « The standards should be incorporated into future teacher training and certification programs » (American Federation of Teachers, 1990).

Selon les propos de Müller et Silver (2006), l’objectif principal des standards est de guider l’enseignement et l’apprentissage : « the principal aim of standards is to guide teaching and learning. This objective is achieved by using standards in different ways. Standards in themselves are neutral ; their importance can only be shown when and

how they are used » (p. 24). De leur côté, Sabers & Sabers (1996) affirment ceci : « Educators agree on the need for high standards to promote high level achievement ».

critères de référence précis : « Si les critères de qualité ne sont pas clairement précisés, c’est l’évaluateur qui aura toujours le dernier mot. Il importe donc de définir a priori le référentiel de métier et le profil de compétences » (p. 128).

LeLoup et Ponterio (1997) affirment l’importance des standards en apprentissage des langues : « Given certain overriding goals of foreign language education, the standards articulate the essential skills and knowledge language learners need in order to achieve said goals ». Quant à Benson (2003), elle explique le rôle que jouent les standards pour les apprenants ainsi que pour les enseignants :

« Clear learning standards for students help us see where we are now, what goals need to be, and what steps we need to take to meet goals. Standards are an opportunity for us to work together for the good of students, and if we could see standards in this positive light, we would have a much better chance of helping students meet the higher expectations » (pp. 2, 3).

Pour Gaudreau (2001a), les standards présentent « un système de référence à partir duquel un jugement peut être formulé sur les caractéristiques que “l’objet” doit idéalement posséder » (p. 40).

En outre, Scallon (2004) détermine la nature et la fonction des standards :

« Si le renouveau en évaluation fait une place importante au jugement, les standards servent néanmoins de repères et guident ce jugement. Ces standards sont pour l’essentiel des énoncés descriptifs précisant ce qui est attendu des élèves ou des étudiants dans un programme d’études ou au regard de compétences bien particulières » (p. 19).

Wiggins (1998) souligne l’apport des standards à la motivation des apprenants :

« Students will work to improve performance only when they are motivated by a real hoped-for (or feared) result, using real standards and criteria as references for feedback, and using empirical observation (what happened) as the primary source of feedback » (p. 39).

Nous devons aussi faire l’état des réserves exprimées dans certains travaux. Ainsi, Drake (2007) indique que les standards sont importants pour préciser ce que les apprenants doivent savoir et ce qu’ils doivent être capables de réaliser. Cependant, elle signale quelques problèmes reliés aux standards nationaux aux États-Unis : d’abord, la

qualité des standards diffère d’une région à l’autre ; et aussi en très grand nombre, les standards sont répartis sur plusieurs niveaux d’éducation. Ensuite, elle signale qu’ils sont quelquefois ambigus et vagues, et que certains d’entre eux ne se prêtent pas facilement à l’évaluation. Toutefois, elle affirme que souvent le problème ne réside pas dans les standards eux-mêmes mais plutôt dans notre conception à propos de leur utilisation ainsi que de leur implantation.

Cet avis de Drake (2007) concorde parfaitement avec celui de Behrens (2006b) qui détermine quelques critères de qualité d’un standard :

« La formulation des standards doit être claire, concise et compréhensible pour tous les acteurs concernés. Non seulement ils fixent un seuil, mais aussi ils établissent des distinctions entre différents niveaux de compétences sur un continuum d’apprentissage. Les standards doivent être applicables, c’est-à-dire s’appuyer sur des ressources disponibles jugées réalistes et suffisantes » (p. 96). Müller et Silver (2006) indiquent que, pour définir les standards, il faut prendre en considération que le processus du développement des standards est cyclique et que « pour être efficaces, les standards se doivent d’être cohérents d’un niveau à l’autre et entre les différents domaines » (p. 58).

À côté des écrits déjà évoqués, nous trouvons aussi de nombreuses études qui ont été menées surtout aux États-Unis pour évaluer les standards et leurs effets en éducation. En effet, dans son étude de cas ayant pour but principal de décrire et d’interpréter les perceptions d’un groupe de cinq enseignants à propos des standards dans l’apprentissage des langues en Floride, Fernandez (2004) constate que ces enseignants perçoivent les standards comme des guides efficaces. Pour eux, les standards sont des facteurs décisifs lors de la planification des cours. Par contre, ils déclarent qu’il n’y a pas de temps suffisant pour l’implantation de ces standards, ce qui peut affecter négativement les enseignants, et créer de la pression chez eux.

Quant à l’étude de Sullivan (2004), elle a été menée auprès de 84 directeurs d’écoles secondaires et 83 chefs de départements de langues étrangères. Elle visait à examiner leurs perceptions par rapport aux standards des enseignants (au Rhode Island) et à déterminer comment ces mêmes participants perçoivent les dossiers professionnels des

futurs enseignants. Les résultats de cette étude confirment que les participants sont tout à fait d’accord à propos de l’importance de standards imposés par l’État. Ils les considèrent comme des éléments essentiels d’un bon enseignement de qualité. En ce qui concerne les dossiers professionnels, ils les considèrent comme des outils très utiles, mais ils sont en désaccord à propos de ce qui constitue le contenu essentiel de ces dossiers.

Elgazzar (2006) a effectué une étude en Égypte ayant pour but de suggérer une liste des standards de contenu pour le programme scolaire des mathématiques à l’école primaire et de déterminer si le contenu du programme actuel atteint ces standards ou pas. La chercheuse a développé une liste des standards de contenu pour les trois premières années de l’école primaire à la lumière des standards locaux et nationaux. Elle a identifié cinq domaines principaux des standards de contenu des mathématiques. Chaque domaine comprend vingt standards ; chacun de ces derniers comprend un nombre d’indicateurs variés selon le niveau des apprenants. En analysant le contenu du programme scolaire actuel des mathématiques en Égypte, elle a conclu que ce programme n’a pas pu atteindre les standards de contenu identifiés. Par la suite, la chercheuse a suggéré des éléments de contenu pour le programme scolaire des mathématiques aux trois premières années du cycle primaire qui s’accordent avec les standards de contenu identifiés.

En bref, ayant exposé ces écrits ainsi que les résultats de certaines études, nous pouvons souligner le rôle important que jouent les standards soit pour les apprenants soit pour les enseignants. En un mot, les standards sont considérés comme des guides efficaces ou comme un système de référence. Toutefois, il y a souvent des problèmes qui peuvent être dus au manque de clarté ou de précision lors de leur formulation comme nous l’avons déjà indiqué.

Ainsi, nous voulons indiquer que l’approche par standards, comme toute nouvelle approche, a ses qualités et ses inconvénients que nous devons prendre en considération surtout lors de l’élaboration de notre référentiel.

2.3 STANDARDS DE CONTENU ET STANDARDS DE