• Aucun résultat trouvé

bilinguisme et Contact des langues

1. Définitions du bilinguisme :

2.2. La standardisation du terme :

Avec la publication de son célèbre article « Diglossia » en 1959, qui a connu un succès immédiat et qui est aujourd‟hui considéré comme une œuvre classique de la sociolinguistique américaine, Charles FERGUSON marque la reprise du terme aux Etats Unis.

Il s‟est inspiré de son précurseur «PSICHARI » mais en limitant ce phénomène à des communautés où deux formes linguistiques génétiquement parentes sont en usage en illustrant son point de vue par les exemples des situations suivantes :

- les situations arabophones (arabe classique/arabe dialectal) - la situation en Grèce (demotiki/katharevousa)

- la situation à Haïti (créole/français)

- la situation de la partie germanophone de la Suisse (suisse alémanique/allemand) La diglossieselon FERGUSON, désigne la relation entre deux variétés (variété haute et variété basse) qui coexistent sur le même territoire, dont le statut est déterminé par leurs fonctions sociales, politiques et économiques en général et qui se caractérise par les critères sociolinguistiques suivants :

1. Les domaines d‟emploi ou répartition des fonctions :

Qui est selon lui une caractéristique essentielle de la diglossie .Pour la variété haute, c‟est celle du domaine de la culture et de la littérature, de la religion et de la communication « formelle »en général quant à la variété basse, elle est réservée à la conversation « informelle », c‟estcelle de la vie quotidienne.

2. le prestige social : la variété haute est considérée comme une variété noble et supérieure et jouit d‟un prestige dont la variété basse ne jouit pas.

Dans de telle situation, les locuteurs estiment que la variétéH est supérieure à la variété B pour plusieurs raisons: le vocabulaire y est plus riche, plus étendu, plus spécifique. Cette variétéleurpermet d‟exprimer leurspenséesles plus complexes. On luiattribue des valeurs esthétiques dont certaines sont dues à l‟héritage littéraire. Attitude qui peut-êtretrès largement partagéemême par les locuteurs qui ne parlent cette variété.

3. L‟héritage littéraire

Le prestige conféré à la variété H repose en grande partie sur la référence à l‟héritage littéraire qui est important en H et pratiquement inexistant en B quiest réservéeà la littérature populaire

4. L‟acquisition

La variété basse (B) est une langue première des locuteurs acquise « naturellement »car les parents l‟utilisent pour communiquer avec leur enfants quil‟apprennent donc comme langue première dans des conditions normales qu‟on peut qualifier d‟informelles. Tandis que l‟apprentissage de la variété Haute (H) ne commence véritablement et systématiquement qu‟avec la première année de scolarisation.

Cette différence dans l‟appropriation de chacune d‟entre elles est très importante car la variété B s‟acquière sans grammaire explicite contrairement à la variété H quiest inculquée en termes de règles et de normes strictes à imiter, situation qui rend le sujet parlant plus à l‟aise en B.

5. La standardisation :

Dans les situations diglossiques, les études grammaticales sont nombreuses sur la variété H qui possède une norme fixée et rigide pour la prononciation, une grammaire, un vocabulaire et une orthographe, tandis que les études sur B sont quasiment inexistantes parce qu‟elle n‟est pas codifiée et de nombreuses variations existent au niveau de sa prononciation, sa grammaireainsi que sonvocabulaire.

6. La stabilité :

La situation de diglossie est stable et peut durer plusieurs siècles. Selon FERGUSON, cette stabilité dépend aux évolutions possibles qui peuvent avoir lieu sous la pression d‟événements socio-économiques et socio-culturels commel‟alphabétisation et la scolarisation de masse, le développement des communications, etc.

Ces évolutions peuvent être envisagées en trois cas:

a- le maintien de la diglossie comme la situation de la Suisse alémanique généralement perçue comme une diglossie particulièrement stable.

b- une évolution qui tend vers la convergence et l‟unification des deux variétés. Il faut alors que les locuteurs perçoivent bien les deux variétés comme une seule et même langue sans qu‟il ait conflit social.

c- une évolution qui tend à l‟élimination de l‟une ou l‟autre des variétés comme enGrèce depuis 1981 oùla démotique a été promue au rang de langue officielle, donc de plein exercice.

La diglossie est une situation linguistique relativement stable dans laquelle, en plus des principaux dialectes de la langue (qui peuvent comprendre une ou des standards régionaux), il existe, superposée, une variété fortement divergente et hautement codifiée (souvent grammaticalement plus complexe), qui sert de véhicule à un important corpus de littérature écrite de prestige, héritée d’une époque antérieure ou parlée dans une autre communauté linguistique, apprise avant tout dans l’éducation formelle et utilisée dans la plupart des fonctions écrites et formelles, mais qui n’est parlée par aucun segment de la communauté dans la conversation ordinaire .(FERGUSON 1972 : 245)

Ce qui revient à dire que la diglossie chez Ferguson désigne la présence de : « deux

variétés d’une langue dont l’une est valorisée, ‘normée’, véhicule d’une littérature reconnue, mais parlée par une minorité, et dont l’autre est péjorée mais parlée par le plus grand nombre », préciseCALVET (1999 :45)

En Algérie, la situation de la langue Arabe, s‟inscrit largement dans cette conception diglossique dans la mesure où elle est présente sous deux formes (variétés) :l‟une reconnue comme la langue officielle du pays, dite Arabe «classique ou moderne » (variété H), avec plusieurs variétés ou dialectes (chaoui,arabe dialectal,kabyle,mozabite…) réservés au quotidien (variété B).

Deux variétés distinctes, qui représentent de multiples caractéristiques et fonctions qui peuvent être résumées comme suit :

Situations Variété haute Variété basse

Serments à la mosquée +

Instructions aux ouvriers,

employés + Lettres personnelles + Discours politique, assemblées + Cours universitaires + Conversations familières avec les amis, ou les collègues

+

Informations sur les médias +

feuilletons +

Médias écrits, éditoriaux +

poésie +

Littérature populaire +

Tableau 1. La spécialisation fonctionnelle des variétés linguistiques (FERGUSON, 1959 : 336 ; repris par TALEB-IBRAHIMI, 1997 : 44)

Défini comme tel, le concept est précis et opératoire pour caractériser un nombre limité de situations marquées par la pluralité linguistique.

Calvet reproche à FERGUSON d‟avoir une conception très limitative et restreinte de « la diglossie », du fait que sa définition ne recouvre qu‟une partie de la définition que ce terme peut avoir et qu‟elle ne peut répondre à des situations plus complexes, tels les pays où plusieurs variétés et plusieurs langues coexistent .

Selon CALVET, toujours, certaines langues jouissent d‟une valorisation et d‟un prestige par rapport à d‟autres. Valorisation qu‟il attribue à des raisons de pouvoir, des raisons

sociologiques ainsi qu‟historiques, en déclarant à ce propos que : « Ce qui semble tout

d’abord manquer dans la définition de Ferguson, qui insiste surtout sur les notions de fonction et de prestige, est bien entendu la référence au pouvoir ». CALVET Louis-Jean,

(1999 : 46).

Concernant la situation algérienne, CALVET trouve qu‟elle se caractérise par la coexistence de quatre langues aux fonctions très diversifiées et dont les statuts sont différents :

a. l’arabe classique : qui est la langue du coran, est essentiellement écrite et utilisée dans les prêches et quelques enseignements (Calvet la qualifie de « langue morte » en l‟a comparant au « latin » dans quelques pays de l‟Europe)

b. l’arabe moderne : est dérivé de l‟arabe classique mais qui a connu un enrichissement et une modernisation de son vocabulaire (c‟est la langue officielle du pays et celle des médias)

c. les dialectes arabe et berbère et leurs variétés

d. le français : langue étrangère, mais qui reste la langue de référence culturelle.

CALVET élabore sa propre typologie de « la diglossie »en s‟inspirant des situations coloniales (de diglossies enchâssées) :

1. langue dominante unique : il cite l‟exemple du français (langue officielle) qui