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interactionnelle et consultation médicale

3. Lesinteractions verbales :

3.3. Objets de recherche de l’analyse des interactions :

3.3.2. Règles conversationnelles :

Les conversations sont des conduites ordonnées qui obéissent à des règles de procédure, malgré leurs allures vagabondes.

Règles qui peuvent être classées en trois grandes catégories, selonKERBRAT-ORECCHIONI (1999 :57) :

" Règles qui permettent la gestion de l’alternance des prises de parole c’est

–à -dire construction des unités formelles qui sont les «tours ".

Règles régissant l’organisation structurale des interactions verbales, et qui permettent la mise en séquence de ces unités fonctionnelles qui sont les échanges et les interventions.

Règles qui déterminent la construction de la relation interpersonnelle sur un mode intime ou distant, égalitaire ou hiérarchique, consensuel ou conflictuel, et qui ont partie liée avec le « système » de la politesse en vigueur dans la société considérée

».

Règles, qui ont les caractéristiques suivantes : 1. Ellessontde natures diverses.

2. Certaines d‟entre elles valent pour tous les types d‟interactions alors que d‟autres conviennent à un «genre »bien précis.

3. Elles varient d‟une société à une autre, d‟une culture à une autre. 4. Elles sont plus souples que les règles grammaticales.

5. Elles sont acquises progressivement dès la naissance et s‟appliquent généralement de façon inconsciente.

3.3.2.1. Règles permettant la gestion des tours de parole :

Système important et dont il est essentiel d‟en tenir compte, car il constitue un phénomène linguistique fondamental auquel, H.SACKS, E.SCHEGLOFFet G.JEFFERSON se sont intéressés en faisant de lui l‟un des principaux objets d‟étude à partir d‟enregistrements, transcriptions et analyses et ont montré que ce même système est considéré comme " un système de droits et de devoirs »au sens que donne KERBRAT-ORECCHIONI21, qui explique que le locuteur a le droit de garder la parole pendant un certain temps et le devoir de la céder à un moment donné à son successeur qui a le devoir de laisser parler le locuteur et l‟écouter pendant un moment donné, et qui a lui aussi le droit de réclamer la parole au bout d‟un certain temps.

Ces changements de tours sont négociés par les participants eux-mêmes et se font par le biais de « signaux » de fin de tour "qui sont de natures diverses : actes de langage «questions"(qui sollicitent un enchaînement immédiat), des morphèmes connotant la clôture «bon", expressions phatiques comme "hein ? ""Non ? ", L‟achèvement de la gesticulation, regard porté sur le destinataire, ralentissement de débit, pause de la voix….

Mais arrive que ces signaux- mêmes soient mal perçus, ce qui provoque «un silence ", "une interruption » ou dans d‟autres cas "un chevauchement «qui apparaît comme une sorte de "ratés » du système de tours.

Ces ratés qui sont fréquents et inévitables. Ils peuvent être volontaires, cas dans lequel ils sont appelés « entorses » ou involontaires, ce sont les ratés. Volontaires ou involontaires, ces dysfonctionnements se rapportent aux quatre phénomènes suivants :

1. le silence prolongé entre deux tours « le gap » :

Qui résulte de la mal perception des signaux de fin de tour soit parce que le successeur potentiel n‟a pas les moyens qui lui permettent d‟assurer l‟enchainement ou bien qu‟il n‟ait pas désir de poursuivre la conversation.

2. l‟interruption :

Interrompre quelqu‟un c‟est lui couper la parole et donc léser son propre territoire, autrement dit, l‟interruption peut avoir lieu quand le locuteur L2 prend la parole alors que le L1n‟a pas terminé son tour

L‟interruption est un phénomène langagier constant en conversation quotidienne et peut se produire à la faveur d‟une pause interne que le L2 traite comme une pause de fine tour, mais

elle n‟est pas toujours offensante, car elle peut être une marque d‟entraide ainsi quand L1commet un lapsus ou bien qu‟il est victime d‟une « panne lexicale », le L2 en l‟interrompant lui porte secours.

3. le chevauchement de parole :

Phénomène très fréquent dans les conversations quotidiennes et qui peut avoir lieu quand plusieurs locuteurs parlent au même temps alors que le L1 continue de parler ou bien lorsqu‟on assiste au démarrage simultané de deux successeurs potentiels.

4. L‟intrusion :

Qui à la différence des phénomènes précédents représente «un délit conversationnel »selon les termes de KERBRAT-ORECCHIONI (1996 :32) qui concerne non le moment de la succession mais la nature du successeur : « c‟est un locuteur illégitime qui s‟empare de la parole, et vient parasiter le circuit interlocutif »

Exemple :

L1 sélectionne L2, mais c‟est L3 qui prend la parole en se sélectionnant ;

L2 ne sélectionne personne en particulier, mais c‟est un « interdit de parole » qui s‟en empare. Donc il s‟agit d‟un interlocuteur qui se mêle de la conversation sans y avoir été convié. Ceci nous mène à parler des

Rôles interactionnels et dimensions relationnelles :

L‟étude des rôles interactionnels et les relations que les participants entretiennent ont retenus l‟attention des chercheurs dont les travaux ont montré que ces rôles peuvent être classés en deux catégories : interactionnels et interlocutifs :

1. rôle interactionnel :

Qui est lié au type d‟interaction en cours, rôle que l‟on peut comparer à celui d‟un acteur : exemple, le médecin et le patient, le vendeur et le client, l‟enseignant et l‟étudiant, l‟hôte et le visiteur…

Ces rôles interactionnels peuvent être complémentaires tel le cas du médecin et son patient, le vendeur et le client, cas où chacun joue un rôle différent de l‟autre, ou au contraire symétrique (cas de la conversation entre amis) où les droits et devoirs communicatifs sont les mêmes pour tous les interactants.

Qui s‟ajoute au rôle interactionnel. Tout échange implique l‟existence d‟un émetteur et un ou plusieurs récepteurs, c‟est-à-dire que lors d‟une interaction verbale, les participants sont censés occuper à tour de rôle la position émettrice et pour le reste du temps celle réceptrice. En d‟autres termes, les configurations interlocutoires au cours de l‟interaction, ne cessent de se modifier et se compliquent surtout dans le cas de plusieurs participants.

GOFFMANa distingué dans l‟ensemble des récepteurs :

. Participants ratifiés : qui font officiellement partie du groupe conversationnel et que le locuteur admet comme ses principaux partenaires d‟interaction. Ils peuvent être repérés à l‟aide de signaux verbaux (termes d‟adresse) ou non verbaux (arrangement physique, proxémie, postures et regards).Cette catégorie comprend :

a. destinataires directs :

Ce sont ceux que le locuteur admet ouvertement comme ses principaux partenaires d‟interaction.

b.destinatairesindirects :

Qui existent en situation de trilogue ou poly logue contrairement à la situation duelle où cette catégorie n‟existe pas.

. Les participants non ratifiés ou « simples spectateurs » :

Qui sont en principe exclus de l‟échange. Catégorie au sein de laquelle on distingue : a. Les récepteurs en surplus :

Récepteurs dont l‟émetteur est conscient de leur présence dans son espace de réception mais les exclue. Cas de l‟infirmière, médecins stagiaires ou internes dans notre cas

b. les épieurs (intrus) :

Qui peuvent surprendre un message qui ne leur est pas destiné en réalité. Cas des autres patients présents dans la même salle de soin ou bien le bureau du médecin.

Ces rôles que peuvent avoir les interactants dans les interactions peuvent être situés selon deux axes :

1. horizontal (axe de proximité) 2. vertical (axe du pouvoir)

3.3.2.2. Règles permettant la gestion de la relation interpersonnelle:

Selon W. LABOV et FANSHEL (cité par KERBRAT-ORECCHIONI,1996 :39, l‟interaction est : « une action qui affect (altère ou maintient) les relations de soi et d’autrui

dans la communication en face à face. »

Ces relations qui se construisent entre interactants, par le biais de l‟échange verbal sont de type « distance » et se divisent en deux types: « Horizontale » et« verticale ».Elles se reflètent par certains comportements conversationnels comme «le tutoiement, le vouvoiement ou la production d‟un ordre ".

a. Relation horizontale

Se représente selon un axe graduel orienté vers la distance d‟un côté, et vers la familiarité et l‟intimité d‟un autre et dont l‟état lors de l‟interaction dépend des caractéristiques externes (cadre, des personnes données avec des propriétés particulières, le type de lien qui les unit) et externes (actions, signes verbaux et non verbaux) ; toutes ces données sont gérées lors de l‟interaction consciemment ou inconsciemment

Elle se caractérise et se définit par l‟usage de certaines unités pertinentes, que nous appelons "relationnèmes"que les interlocuteurs échangent en permanence et qui sont de natures diverses : verbaux, non verbaux et para-verbaux:

 Pronoms d‟adresse : le tu, le vous.

 Les noms d‟adresse : cher collègue, monsieur, mon ami…

 Les thèmes abordés.

 Le niveau de lange : langage «soutenu, familier »

 Les gestes et particulièrement, les gestes d‟attouchement, qui déterminent et précisent la nature du lien unissant les membres d'un groupe donné.

 La posture : l‟orientation du corps, durée et intensité et certaines mimiques (sourire, contacts oculaires).

 Le débit : qui s‟accélère en situation familière et se ralentît en situation formelle. Cette relation est "symétrique » à la différence de la relation verticale qui est "dissymétrique"

b. Relation verticale :

Dans ce cas les partenaires de la conversation ne sont pas égaux : l‟un d‟entre eux se trouve en position" haute" alors que l‟autre se place en position « basse». Cas d‟échanges entre (adultes, enfants), (médecin, patient), (maître, élève).

Le rapport de place dépend de la production de certaines unités appelées "taxèmes"qui se divisent eux-mêmes en taxèmes de position haute et taxèmes de position basse et qui sont nombreux :

 Pronoms d‟adresse (tu /tu) pour la familiarité, (vous, vous) pour la distance ou le (tu/vous) qui exprime une relation fortement hiérarchique.

 Noms d‟adresse : titre et termes de parenté.

 L‟organisation des tours : celui qui parle le plus, et le plus longtemps est celui qui domine la conversation généralement.

 L‟interruption et l‟intrusion fonctionnent généralement comme des taxèmes de position haute.

 Le fait d‟être responsable de l‟ouverture ou la clôture de la conversation est un indicateur de position haute.

 Les actes de langage produits durant l‟interaction, sont des marqueurs importants du rapport de places.

Ala différence de la relation horizontale, la relation verticale est dissymétrique, ce qui se reflète clairement et surtout par l‟utilisation non symétrique du pronom d‟adresse.

Conclusion :

L‟analyse des conversation a pour objectif d‟expliciter les règles, qui sous-tendent le fonctionnement des échanges communicatifs ; ou ; en d‟autres termes, de déchiffrer "la partition invisible″ qui guide le comportement de ceux qui se trouvent engagés dans cette activité polyphonique complexe qu‟est la conduite d‟une conversation .