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Français Arabe dialectal

4. Analyse formelle et fonctionnelle de l’alternance codique dans les conversations entre médecins et patients :

4.1. Typologie de l’alternance codique arabe dialectal-français :

4.1.2. L’alternance codique à l’intérieur d’un même tour de parole (intra- (intra-intervention) :

4.1.2.2. L’alternance intra_acte :

Qui se réalise à l‟intérieur d‟un même acte langagier et se manifeste par l‟intégration des éléments de l‟arabe dans le système linguistique français ou vice-versa.

Ce type d‟alternance s‟avère un peu complexe du fait qu‟il s‟apparente dans certains cas à l‟alternance inter-acte.

Exemples :

M 22:=nchaalh (.) bon rétablissement w ethella f rohek=

P17 :la dernière fois Hakim goutli un liquide= M17 := un liquide wella un cristal(.)

M15 : ya pas d’ problème mahich faute khlas P15 : ghrib nwelli chauve

M18 : chhal aandou f l’âge ?=

M18 :très :::bien(.)Lhamdoullah (.) Kech ma der trait’ment ? P18 : [wechchihouma les causes ?

M24 : choufi benti aandek c’qu’on appelle une colopathie(.) wechnou

manich rah naatik trait’ment hettan dirili hadh les examens

P25 : je m’sens toujours roulbana :::fatiguée les palpitations ntaai accélérées

Ce type se divise lui-même en deux types : alternance segmentale et alternance unitaire. 4.1.2.2.1. Alternance codique segmentale :

Ce type d‟alternance consiste à l‟insertion de segments composés à l‟intérieur du même acte comme le montrent les exemples ci-dessous :

Exemples :

P23: : =oui oui(.) wallahi cheffni wlidi meskin\ (.) toute la nuit w houa

yebki mais makdrtech (.)

P 25 := pas vraiment(.)Wallah ki chrobt trait’ment li aatitni la dernière fois hessit une amélioration mais une fois hebbestou walou M25 :d’accord(.)Dhork nchouf benti w nchallah ma ykoun ghir el

khir(.) kemmeltou les examens ? =

nous pouvons remarquer à travers ces exemples que les locuteurs amorcent leurs interventions en français puis passent à l‟arabe et vice-versa tout en produisant des interventions mixtes et très brèves qui contiennent des éléments simples : noms, adjectifs, adverbes et où se côtoient des unités des deux langues tout en respectant la grammaire de chacune d‟elles comme s‟il s‟agissait d‟une seule et même langue d‟où on peut parler d‟une double compétence bilingue et un richesse langagière du fait que les sujets bilingues lorsqu‟ils alternent possèdent trois grammaires :deux grammaires monolingues et une troisième du code switching .Cette dernière qui combine les vocabulaires et les règles syntaxiques des deux langues alternées tout en respectant les deux contraintes33 d‟équivalence et celle du morphème libre.

33 La première signifie que l‟alternance d‟un segment à l‟autre n‟est possible que si les deux segments alternés ne violent aucune règle syntaxique des deux langues alternées. Quant à la deuxième elle n‟est possible entre un

4.1.2.2.2. L’alternance unitaire :

Ce type d‟alternance portesurune seule unité au sein de l‟intervention .Unité qui peut-être grammaticale, lexicale ou discursive. Ce type survient d‟une façon permanente dans les pratiques de nos locuteurs et se manifeste sous deux catégories différentes qui sont : l‟insert et l‟incise.

a. L’insert :

Comme l‟indique son nom, ce type englobe des éléments ou termes qui sont dépourvus de fonction syntaxique dans l‟énoncé auquel ils sont insérés mais qui jouent un rôle important dans le maintien de l‟interaction.

Cet ensemble comprend les exclamatifs (ah, sah, saha.), les régulateurs et les phatiques (hih,yselmek, yaaychek,maalich), les formules de serment ou d‟invocation à Dieu, qui sont exclusivement en arabe (wallah, lhmdoullah, nchallah) ainsi que les formules votives (bechfa, Rabbi yechfik) et les appellatifs comme les termes de profession (Hakim,Hakima,Tbib et Tbiba)qui reviennent très souvent dans les interventions de nos interactants.

M 23: ça s’voit (.) choufi Madame dorénavant nchallah avant d‟allaiter ’faut diri des compresses chaudes pour faciliter l‟éjection du lait (.) aussi

essaye de faire du massage pour vos seins de temps à autre d‟accord ?=

M23: pas d’ souci Rabbi yechfik(.) allez bonne journée=

M3 := oh Non ! lala↗ je préfère "SMECTA" w "l‟EFFERALGAN"

jusqu‟à sédation d’ la fièvre (3’’)Pour les vomiss’ments kèchma aândek ?=

M3 :=Avous d’ même Rabbi yechfihoumlek

P5 : Oui (.)Alhamdoulillah

M30 : Allah ybarek machaa Allah ::: quand on veut on peut ( .)

Outres ces formules, d‟autres en langue française viennent s‟ajouter à ceux en arabe et comportent des exclamatifs, termes d‟adresse (Madame, Monsieur, Mademoiselle), de profession (Docteur), certains articulateursdont les plus fréquemment utilisés d‟après notre corpus sont (mais, donc, alors et parce que), formules depolitesse et aussi des phatiques et régulateurs (le fameux ça va, peut-être, ok, oui, voilà et d‟accord)

morphème lié et un lexème : P4 :…mais l’ problème c‟est que les selles ntaaha…..d‟où on parle d‟emprunt intégré plutôt que d‟alternance.

M2 : Alors wech bih ?

P20 :ça va lhamdoullam (.) w nti hakima yakhi labes ?ça va ?rtahet

yeddek ?=

M4 : D’accord, dhork nchoufouha

M5 :Alors ::, chkoune li mridhnti wella le p’tit ?

M6:D’accord geddah lgitou skhana? =

P7 :Sbah el khir Docteure

M18 : chouf maa l’infirmière

M20 : naatik du calcuim w nzidlek du magnésium yaawnek bezzaf :::: mlih (.)si ça donne un effet donc lhamdoullah

M29: marhba bik Madame P29: bik yaaychek Hakim(.)merci

M23: non non pa’c’que ana nechtih malla klaweh w khellawek

L‟emploi de toutes ces formules comme « insert » répond à des besoins d‟expressivité que ressentent les locuteurs pour donner plus de force à leurs discours .Emploiqui est lié en grande partie à leurs habitudes langagières.

b. l’incise :

Dans ce cas, les éléments insérés sont des unités de la langue enchâssée et qui sont dans notre cas des unités de l‟arabe dialectal insérés dans des segments français et inversement et qui fonctionnent comme s‟ils font partie de la langue de base et remplissent des fonctions syntaxiques.

Contrairement donc à l‟insert, dans le cas de l‟incise, ces unités remplissent différentes fonctions syntaxiques (adverbes, adjectifs, verbes, …) et offrent à leurs usagers des solutions pour bien gérer et modaliser leurs discours, de traduire, de clarifier des idées ainsi que de combler leur déficit lexical.

Comme le montrent les exemples d‟extraits qu‟ona purelever qui contiennent des verbes (extrait n2a, b et n19) dans lesquels les verbes portentaussi l‟indice du pronom personnel « je »

et qui est l‟équivalent de « j‟ai » et « je sais », participe passé (extrait n6), complément (extraits 18a et 27a et 27b), pronom démonstratif (extrait 18b).

Exemples :

P2a :pac‟que aandi des frissons P2b :lgite un grand ganglion (.) M6 :rahou les ganglions ou pas

M15 : attention hadha c‟est l‟ovaire et non pas le colon. M18a :kèch ma dert trait’ment ?

M27a :wech baghi dir f l’avenir M27b:machi f le cas ntaak

M19 : non non j‟vous en prie aalabali qu‟ c‟est pour mon bien P20 : les démangeaisons helkouni beaucoup plus f wejhi

M18b : hadh les saignements surviennent sans cause ou bien suite à des

traumatismes ?

A travers ces exemples, nous pouvons remarquer que les unités insérées sont de nature lexicales ainsi que grammaticales et occupent et remplissent les mêmes fonctions morpho-syntaxiques de la langue dans laquelle elles sont insérées (langue matrice).

Donc, les locuteurs mobilisent plusieurs ressources pour structurer leurs discours .Ressources qu‟ils investissent conformément sur les deux plans morphologique et syntaxique suivant différentes stratégies tout en respectant la contrainte d‟équivalence.

Donc ce passage d‟une langue à autre sans apporter atteinte à l‟une ou à l‟autre témoigne la maitrise des deux systèmes par ces locuteurs bilingues. Mais ceci ne confirme pas pour autant leurs compétences bilingues des deux langues .Par contre, cela pourrait être interprété comme une incapacité à entretenir une conversation unilingue et que ce va-et-vient entre les deux systèmes est, éventuellement, une stratégie pour combler et dissimuler leurs déficits langagiers.

Donc, à travers ces exemples, il parait clair que ce mode de fonctionnement reste spécifique aux locuteurs bilingues et que les alternances de ce type (l‟incise) peuvent avoir lieu de manière successive au sein de la même intervention par l‟introduction de plusieurs éléments lexicaux et grammaticaux comme le montre l‟exemple ci-dessous :

P29 : mais a dernière fois dertou par automédication dert pénicilline w

dert un anti inflammatoire comme makountech hna kounna f lbhar rawwaht même pas une semaine j’ai rechuté donc zet roht l‟tbib aatani

enfin howa il fait toujours l’association de deux antibiotiques aatani zouj solumédrole mais manekdhebch aalik dert juste wehda w aatani céphadar

w une injection céphaaaaaa enfin une injection men la même famille .kemmeltou juste Dimanche dert un traitment de six jours la

injections kemmelthoum juste le Dimanche même pas deux jours hessit

grajmi ydharrou enfin ana kima goutlek je suis très fragile même lma lbared w la crème manakoulhoumch d’habitude mais cette fois-ci

manekdhebch aalik .(Rires). Klithoumchaque jour goult comme je suis couverte [

Exemple où la locutrice a mobilisé plusieurs ressources dans son énoncé à savoir segments français, arabes et même des emprunts mais dans ce dernier cas il n‟est pas toujours aisé de distinguer emprunt et alternance surtout lorsqu‟il est question de termes courants employés sans modification phonétique.