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Jean Piaget (1896-1980) situe le stade sensori-moteur dans les deux premières années de la vie, à un moment où l’intelligence sensori-motrice est préverbale, donc enracinée dans l’action.

Durant la première année de vie, on parle également de stade oral car l’orifice buccal prédomine à tout niveau et permet les expériences : nourriture, babillage, objets mis en bouche…

La première condition à l’établissement des relations entre le sujet et le monde est, bien sûr, la possibilité d’un contact entre l’organisme et le milieu. C’est par les sens que nous entrons en contact avec le monde et que s’instaurent les échanges avec le milieu. Le mouvement joue également un rôle essentiel dans l’exploration et la connaissance du monde. Il faut ensuite que les données sensori-motrices et les impressions affectives qui accompagnent ces contacts se groupent et se structurent, de façon à prendre une signification.

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1. Evolution de la motricité globale

- Vers 2-3 mois, l’enfant redresse la tête ;

- Vers 4 mois, il découvre ses mains et joue avec elles ; - Vers 6 mois, il peut tenir assis, s’il est soutenu ; - Vers 7-8 mois, il tient assis sans support ;

- Entre 9 et 16 mois survient la marche, qui fait suite à un long processus moteur (ramper, quatre pattes…).

- A 24 mois, l’enfant peut monter et descendre les escaliers.

2. Evolution de la motricité fine manuelle

- Vers 3 mois, la préhension manuelle est passive ;

- Vers 4 mois, les mouvements manuels sont volontaires ; - Vers 5-6 mois, le bébé s’aide de son pouce ;

- Vers 7-8 mois, il est capable de saisir entre le pouce et l’index ; - Vers 12 mois, il acquiert le relâchement fin et précis ;

- Vers 2 ans, il peut tenir un crayon correctement.

3. Evolution des actions sur les objets

Il faut ici commencer par introduire l’importante notion de « schème d’action », qui n’est pas l’action en elle-même mais la structure et l’organisation de cette action. Le schème d’une action comporte un aspect moteur mais également les perceptions extérieures en rapport avec l’action et les impressions internes (kinesthésiques, affectives…). Les différentes manipulations que l’enfant peut effectuer permettent donc la variation et la diversification de ces schèmes d’action.13

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35 Grâce à une adresse et une précision manuelles de plus en plus importantes, l’enfant va faire évoluer la façon dont il prend connaissance des objets et la façon dont il les manipule en passant par différentes étapes, détaillées ci-après.

- Avant 10 mois : actions simples ou réitérées.

- Entre 10 et 12 mois : différenciation d’actions en fonction des propriétés des objets (taper avec le bâton, étirer le coton…) ; application de plusieurs schèmes à un même objet et d’un même schème à une série d’objets.

- A 11-12 mois : apparition de l’action fondamentale de « mettre dedans ».

- A 12-13 mois : répétition d’actions identiques (principalement « mettre dans » et « distribution »), avec ou sans recherche d’un résultat.

- Entre 12 et 16 mois : exploration des relations « endroit/envers », « faire/défaire », « fractionner/recomposer » de certains objets ; premières combinaisons d’actions. - Vers 15 mois : répétition d’actions pour vérifier la régularité des phénomènes observés ;

variations dans les actions ; emboîtements de 3 ou 4 gobelets gigognes.

- Vers 18-20 mois : premières collections exhaustives d’objets ; utilisation d’instruments pour fractionner les objets ; premières constructions de tours.

- Vers 24 mois : organisations d’actions sur les objets produisant des mises en relation simultanées ou successives ; mise en correspondance terme à terme d’objets de deux sous-collections jusqu’à épuisement de celles-ci (ex : met un bâton dans chaque gobelet) ; fabrication de nouveaux objets avec le matériel.

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4. Le développement cognitif

Le développement cognitif du jeune enfant peut se définir comme le développement des processus grâce auxquels l’individu acquiert des informations sur lui-même, sur son environnement et sur ses relations avec ce dernier.

L’intelligence toute pratique du bébé va donc se former grâce aux expériences qu’il va pouvoir faire. Les divers exercices réflexes dont l’enfant est capable (grasping, réflexe de Moro, succion-déglutition…) vont rapidement se compliquer par intégration dans des habitudes et des perceptions organisées, c’est-à-dire qu’ils sont au point de départ de nouvelles conduites, acquises avec l’aide de l’expérience. Il suffit que des mouvements quelconques du nourrisson aboutissent fortuitement à un résultat intéressant pour que le sujet reproduise aussitôt ces mouvements nouveaux.

L’enfant va ainsi appliquer tous les schèmes d’actions (secouer, frotter, jeter…) qu’il possède à un objet inconnu pour en extraire des propriétés.

Vers 9 mois, l’enfant peut assigner un véritable objectif à ses actions, qui sont les moyens mis en œuvre pour atteindre cet objectif.

La permanence de l’objet se construit dans le même temps : l’enfant va ainsi mettre en place des stratégies de recherche quand quelque chose disparaît à sa vue. Mais ce n’est que vers la fin de la première année que le bébé prend en compte les déplacements successifs de l’objet pour le retrouver. H. Sinclair, M. Stamback et coll. (1982) remarquent également un synchronisme étroit entre l’élaboration de la permanence de l’objet et la connaissance de l’usage conventionnel de certains objets familiers.

Entre 12 et 18 mois, l’enfant utilise un instrument pour atteindre un but, par exemple saisir une baguette pour attirer un objet. C’est un réel acte d’intelligence parce qu’un moyen est coordonné à un but posé d’avance et qu’il a fallu au préalable comprendre la relation du bâton et de l’objectif pour découvrir ce moyen.

Très précocement (avant 2 ans), le jeune enfant est donc capable de conduites complexes, grâce auxquelles il construit son raisonnement. Petit à petit, il s’inscrit dans l’espace et dans le temps ; les relations de causalité s’objectivent, dépassant les pensées magico-phénoménistes.

37 Au terme de la seconde année, il faut également noter qu’un espace général est achevé, comprenant tous les espaces sensoriels (visuel, buccal, tactile, kinesthésique…), auparavant non coordonnés entre eux.