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Stabilit´e des lois de conservation ` a flux convexes

Pour g´en´eraliser le Th´eor`eme 9.1, la principale difficult´e est qu’avec un flux f g´en´eral, on ne dispose plus d’une expression semblable `a (9.27) reliant u et u±.

9.3.1 Un corollaire du th´eor`eme de Lax

On a alors choisi de se placer dans le contexte de la section 8.2, o`u les solutions sont d´ecrites par la formule de Lax (8.22)-(8.23), et on a ´etabli la proposition suivante, qui en est un corollaire.

Proposition 9.5 On consid`ere ici un flux f de classe C2 qui v´erifie (8.21) et dont la

d´eriv´ee seconde est born´ee sur R

f00≤ B, (9.30)

et on d´esigne par h− et h+ les solutions faibles entropiques de la loi de conservation scalaire (8.2) issues respectivement de deux donn´ees initiales admissibles h−0 et h+0 dont l’une, au moins, est semi-lipschitzienne sup´erieurement. S’il existe un α≥ 0 pour lequel

h−0 ≤ h+0 + α, (9.31)

alors h− et h+ v´erifient

h−(t, x−+ t∆)≤ h+(t, x+) + α + tL∆ (9.32) pour tout t > 0, tout x∈ R et tout ∆ > αB, avec L := min{supR(h−0)0, sup

R(h+0)0}.

Remarque 9.6 D’apr`es (8.15) et (8.18), l’enveloppe convexe de l’ensemble I(t) = h−(t, R)∪ h+(t, R)⊂ R d´ecroˆıt au cours du temps. On peut donc restreindre les hypo-

th`eses faites sur le flux f `a l’enveloppe convexe de I(0) = h−0(R)∪ h+0(R), les valeurs

de f en dehors de cet intervalle n’ayant aucune influence sur les solutions h− et h+.

L’hypoth`ese (9.30) est donc une simple cons´equence de la continuit´e de f00.

Preuve. On va utiliser le fait que les solutions h− et h+sont donn´ees par (8.22)-(8.23). Pour x et t donn´e, si y+= y+(t, x) minimise la fonctionnelleL+(·, t, x) := Lh+

0,f(·, t, x),

on peut montrer que minimiseurs ydeL−(·, t, x + t∆) := L

h−0,f(·, t, x + t∆) sont tous

sup´erieurs `a y+, au sens large (ce qu’illustre la figure 9.5). Pour cela, il nous suffit que

la quantit´e

9.3. Stabilit´e des lois de conservation `a flux convexes soit strictement positive lorsque z < y+. En utilisant le fait queL+(y+, t, x)≤ L+(z, t, x)

pour tout z, on a K ≥ L−(z, t, x + t∆)− L−(y+, t, x + t∆)− L+(z, t, x) +L+(y+, t, x) = Z y+ z h+ 0(s)− h−0(s) ds + t  f∗ x − z + t∆ t  − f∗ x − y++ t∆ t  − f∗ x − z t  + f∗ x − y+ t  = Z y+ z  h+0(s)− h0(s) + (f∗)0 x − s + t∆ t  − (f∗)0 x − s t  ds. (9.34) En utilisant l’hypoth`ese (9.31), on en d´eduit que

K(z)≥ Z y+ z −α + inf((f ∗)00)∆ = (y +− z) inf((f∗)00)∆− α 

d`es que ∆ est positif. Et lorsqu’il est strictement sup´erieur `a αB, on voit d’apr`es (8.32) que K(z) > 0 pour tout z < y+.

A ce stade, on peut donc ´ecrire que pour tout x, le plus grand minimiseur y+ de

Lh+0,f(·, t, x) est `a droite du premier minimiseur y− de Lh−0,f(·, t, x + t∆), y+ et y−

v´erifiant respectivement

h+(t, x+) = h+0(y+) et h−(t, x−+ t∆) = h−0(y−). (9.35)

En ´ecrivant l’´egalit´e (8.27) pour y et y+, on obtient

y+ tf0(h−0(y)) = x + t∆ = y++ t∆ + tf0(h+0(y+)). (9.36)

La convexit´e de f nous permet d’en d´eduire que y et y+ v´erifient soit

h−0(y)≤ h+0(y+),

ce qui entraˆıne h−(t, x−+ t∆)≤ h+(t, x+) d’apr`es (9.35), soit y≤ y++ t∆.

Dans la mesure o`u y+≤ y−, on peut alors utiliser l’hypoth`ese (9.31) sur h−0 et h+0 pour

calculer

h−0(y)≤ h+0(y) + α≤ h0+(y+) + L(y−− y+) + α≤ h+0(y+) + tL∆ + α, (9.37)

si (h+0)0≤ L, ou bien

h−0(y)≤ h0(y+) + L(y−− y+)≤ h−0(y+) + tL∆≤ h+0(y+) + tL∆ + α (9.38)

si c’est (h−0)0 qui est major´ee par L. L’in´egalit´e (9.32) se d´eduit alors imm´ediatement

x−z t z y ˜y ? ? x x + ∆ f0 (u0) f0 (˜u0) x+∆−z t

Fig. 9.5 – position des minimiseurs ˜y apr`es une perturbation de la donn´ee initiale u0

(illustration de la preuve de la proposition 9.5).

9.3.2 Stabilit´e des lois unidimensionnelles `a flux convexes

On a alors ´etabli le r´esultat suivant, qui g´en´eralise le th´eor`eme 9.1.

Th´eor`eme 9.2 On consid`ere ici un flux f de classe C2 qui v´erifie (8.21) et dont la

d´eriv´ee seconde est born´ee sur R

f00≤ B, (9.39)

ce qui est toujours possible d’apr`es la remarque 9.6. Si u0 est une fonction semi-

Lipschtizienne sup´erieurement

(u0)0 ≤ L (9.40)

et si v0 est admissible au sens de la d´efinition 9.1, alors les solutions faibles entropiques

u(t,·) et v(t, ·) de la loi de conservation scalaire (8.2) issues des donn´ees initiales u0

et v0 v´erifient

dH(u(t,·), v(t, ·)) ≤ C(t)dH(u0, v0) (9.41)

avec C(t) = ˜L(1 + 2tB ˜L) et ˜L := 2L + 1.

Preuve. Mis `a part l’expression (9.27), la preuve du th´eor`eme 9.1 s’applique `a nouveau. On aura donc ´etabli l’in´egalit´e (9.41) si l’on arrive `a montrer que

dH(u, u+)≤ ε˜L(1 + 2tB ˜L), (9.42)

o`u u+ d´esigne la solution issue de la translat´ee

u+0(x) := u0(x− ε) + ε˜L (9.43)

(not´ee S+u

0 en (9.23)), et ε la distance initiale dH(u0, v0). Pour estimer la distance

entre u(t,·) et u+(t,·), on peut rappeler dans un premier temps que la monotonie de

l’´equation nous assure que

u(t,·) ≤ u+(t,·). (9.44)

Dans un deuxi`eme temps, on peut utiliser la proposition 9.5 avec h−0 = u+0(· + ε), h+0 = u0 et α = ˜Lε. On a alors pour tout t > 0 et tout x (en prenant ∆ = 2 ˜LεB)

9.3. Stabilit´e des lois de conservation `a flux convexes soit en observant que h+(t,·) = u(t, ·) et h−(t,·) = u+(t,· + ε),

u+(t, x−+ ε(1 + 2t ˜LB))≤ u(t, x+) + ε ˜L(1 + 2tLB). (9.46) Pour conclure, on peut utiliser le fait que u ne peut avoir que des discontinuit´es d´ecrois- santes (garantit par exemple par l’in´egalit´e d’Oleinik (8.25)). On en d´eduit qu’un point m du graphe compl´et´e de u(t,·) s’´ecrit toujours (x, u) avec u ∈ [u(t, x+), u(t, x)]. Les

in´egalit´es (9.44) et (9.46) nous apprennent alors que le graphe compl´et´e de u+(t,·) intersecte le rectangle de diagonale [m, m + ε((1 + 2t ˜LB), ˜L(1 + 2tLB)] (voir figure 9.6). On en d´eduit qu’il est `a une distance inf´erieure `a ε ˜L(1 + 2tB ˜L) du point m, et ceci ´etant valable pour tous les points m de Gu, que

(u, u+)≤ ε˜L(1 + 2tB ˜L) (9.47)

o`u l’´eloignement  entre deux fonctions est d´efini par (9.15). Les in´egalit´es (9.44) et (9.46) ´etant valable pour tout x, on peut ´egalement en d´eduire que le graphe com- pl´et´e de u(t,·) intersecte tous les rectangles de diagonale [m+− ε((1 + 2t ˜LB), ˜L(1 +

2tLB)), m+], lorsque m+ d´ecrit le graphe G

u. On en d´eduit que (u+, u) ≤ ε˜L(1 +

2tB ˜L), d’o`u finalement (9.42), et la preuve est termin´ee. 

m + ε (1 + 2t ˜LB), ˜L(1 + 2tLB) Gu+?

Gu

m = (x, u(x−))

Fig.9.6 – d’apr`es (9.44) et (9.46), le graphe de u+ est proche de tous les points m du

graphe compl´et´e de u.

9.3.3 Stabilit´e vis-`a-vis des perturbations de flux

Dans le mˆeme esprit, on a ´etabli le r´esultat suivant concernant la stabilit´e des lois de conservation scalaires pour une perturbation lipschitzienne du flux.

Th´eor`eme 9.3 On consid`ere ici deux flux f et g de classeC2 v´erifiant

0 < A≤ f00≤ B et 0 < A≤ g00 ≤ B, (9.48) et une fonction u0 admissible au sens de la d´efinition 9.1. Si u et v sont respec-

tivement solutions (faibles, entropiques) des lois de conservation (scalaires et uni- dimensionnelles)

et

∂tv(t, x) + ∂x[g(v(t, x))] = 0, v(0,·) = u0 (9.50)

issues de la mˆeme donn´ee initiale u0, alors on a

dH(u(t,·), v(t, ·)) ≤ C(t)kf0− g0kL∞ (9.51)

avec C(t) = max{tB/A, (1 + tB/A)/A}.

Preuve. Commen¸cons par observer que f00et g00´etant tous deux minor´es par un A > 0, leurs transform´ees de Legendre f∗ et g∗ v´erifient

k(f∗)0− (g∗)0kL∞ ≤ ε/A (9.52)

o`u ε := kf0 − g0kL∞. Fixons pour cela un s et notons u = (f∗)0(s) et v = (g∗)0(s).

Quitte `a intervertir g et f (les hypoth`eses sont sym´etriques), on peut supposer que u≤ v, on a alors

s = f0(v)≥ f0(u) + A(u− v) ≥ g0(u)− ε + A(u − v) = s − ε + A(u − v), (9.53) d’o`u l’on d´eduit|(f∗)0(s)− (g)0(s)| = u − v ≤ ε/A.

On peut alors ´etablir que u et v v´erifient

v(t, x−+ t∆)≤ u(t, x+) + (ε + ∆)/A (9.54) pour tout x∈ R, tout t > 0 et tout ∆ > εB/A. Consid´erons pour cela un minimiseur y = y(t, x) deL(·, t, x) := Lu0,f(·, t, x), et montrons que les minimiseurs ˜y de ˜L(·, t, x +

t∆) :=Lu0,g(·, t, x + t∆) v´erifient tous ˜y ≥ y d`es lors que ∆ > Bε/A. En utilisant le

fait queL(y, t, x) ≤ L(z, t, x) pour tout z, on calcule que la quantit´e

K(z) := ˜L(z, t, x + t∆) − ˜L(y, t, x + t∆) (9.55) v´erifie pour z < y K ≥ ˜L(z, t, x + t∆) − ˜L(y, t, x + t∆) − L(z, t, x) + L(y, t, x) = t  g∗ x − z + t∆ t  − g∗ x − y + t∆ t  − f∗ x − z t  + f∗ x − y t  = Z y z  (g∗)0 x − s + t∆ t  − (f∗)0 x − s t  ds ≥ Z y z  (f∗)0 x − s + t∆ t  − (f∗)0 x − s t  ds− ε(y − z)/A ≥ [inf((f∗)00)∆− ε/A](y − z) > 0 (9.56)

pour tout ∆ > Bε/A, en utilisant `a nouveau inf((f∗)00) = 1/ sup(f00)≥ 1/B.

9.4. R´esultats n´egatifs