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SPECTACULARITÉ DISCIPLINAIRE

Lřhypothèse de Foucault est que dans les disciplines ce nřest pas lřusage de la violence, mais le regard qui constitue un marqueur de pouvoir. Notre propos ira dans un sens différent. Plus précisément, il sřagira pour nous de montrer que les disciplines sont traversées par des formes spectaculaires et des modalités spécifiques dřorganisation et de distribution de la violence sur les corps. Selon nous, en passant du pouvoir souverain à la discipline, on passe dřun évènement massif, fondateur et régénérateur de la souveraineté, à une micro-spectacularité disciplinaire. Ce quřon appelle trop facilement, peut-être, regard disciplinaire exhaustif est constitué en fait d'une multiplicité de regards sectoriels et discontinus. La visibilité doit être considérée comme un processus. Dans les disciplines, il sřagit dřune accumulation de visibilité qui sřeffectue à partir des différents niveaux dřapplication du regard. Le Panoptique, en effet, constitue un exemple du croisement du spectaculaire et de la surveillance. Nous pouvons saisir le spectaculaire chez Bentham d'abord comme délectation de la simple vue des autres - la surveillance est en elle-même une activité spectaculaire. La surveillance est intégrée parmi les loisirs que peut se fournir lřInspecteur et sa famille : « […] car il y aura ainsi en réalité autant dřinspecteurs que des membres du cercle familial […] Leur situation les privant généralement de tout autre spectacle, ils porteront leur regard naturellement, et en quelque sorte naturellement, dans la direction conforme au but recherché dès que leurs occupations quotidiennes leur en donneront le loisir. Cela remplacera en lřespèce cette considérable et constante distraction des sédentaires et des oisifs des villes : regarder par la fenêtre. Le spectacle pour restreint quřil soit, pourra offrir une grande variété, et pourra donc nřêtre pas dénué dřintérêt. » (Bentham, 1977 : 110).

Le Panoptique est un dispositif transparent et c'est la prolifération du regard surveillant ou bien son excès qui le rend spectaculaire. La surveillance est un produit spectaculaire encore puisque se constituant ainsi à partir dřune multiplication du regard des spectateurs qui pullule, elle renforce le regard même de lřInspecteur. « Il [le Panoptique] doit être ouvert à toute heure à tous les magistrats : il doit lřêtre à tout le public à certaines heures et certains jours. Les spectateurs introduits dans la loge centrale, auront à la fois sous les yeux toute la scène de lřintérieur : autant de témoins, autant de juges de la tenue des prisonniers. » (Idem, 59). Bentham avait prévu que le Panoptique abrite entre ses murs un « théâtre de la terreur » qui fait émerger un crime abstrait. La réformation sociale passe par des spectacles de moralisation publique72. Double effet de lřexposition du corps criminel masqué : empêcher la récidive par la dissuasion du criminel et renforcer la moralité publique par le spectaculaire. Un théâtre moral est donc créé avec des sujets abstraits qui dramatisent leur posture sociale afin de renforcer le Bien public par lřeffacement de lřennemi social. Lřeffet cherché est de corriger un coupable, de le rendre réceptif à son crime à travers un spectacle public. En tant quřécole de normalité sociale le Panoptique pédagogise les corps. Dřune part, lřInspecteur et plus généralement les citoyens, mettent les corps sous lřemprise dřun jugement continu à travers un regard qui sřimplante sur les corps surveillés eux-mêmes : le théâtre est ainsi un espace de capture qui réactive et coagule les affects politiquement utiles et fixe les identités sociales. De lřautre part, les détenus, face au spectacle muet dřun regard perpétuel qui alimente les corps, doivent incorporer la dissymétrie dans laquelle les distribue le regard surveillant jusquřà la reproduire eux-mêmes.

Pour Foucault, la théâtralité quřinstitue le pouvoir souverain relève dřune exhortation des signes de puissance qui se coagulent dans ce quřil appelle « rhétorique corporelle de

72 Voici le résumé de M. J. Ph. Garran, Député à lřAssemblée Nationale, fait à lřouvrage de Bentham :

« L'auteur répond à une objection qu'on lui a faite : c'est qu'en exposant alors les prisonniers aux regards de tout le monde, on les endurcissoit à la honte, et qu'ainsi l'on nuiroit au but de la reformation morale. Cette objection peut n'être pas aussi forte quřelle paroît dřabord ; parce que lřattention des spectateurs, divisée entre tous les prisonniers, ne sřattache individuellement sur aucun, et que ceux-ci, renfermés dans leurs cellules, à une certaine distance, songeront plus au spectacle quřils auront sous les yeux, quřà celui dont ils seront eux- mêmes objets. Mais, dřailleurs, rien nřest plus facile que de leur donner un masque. Le crime abstrait sera exposé à la honte, tandis que le criminel sera épargné. Par rapport aux prisonniers, lřhumiliation nřaura plus sa pointe déchirante : par rapport aux spectateurs, lřimpression dřun tel spectacle sera plutôt fortifiée quřaffoiblie. Une scène de cette nature, sans lui donner des couleurs trop noires, est telle en elle-même, quřelle frapperoit lřimagination, et quřelle serviroit puissamment au grand objet de lřexemple. Ce seroit un théâtre moral dont les représentations imprimeroient la terreur du crime. » (Idem, 14).

lřhonneur » (SP, 159). Pourtant, il montre que dans les disciplines subsistent des formes définies de spectacularité notamment dans les cérémonieux disciplinaires73. Mais, il apporte toutefois la précision quřil ne faut pas comprendre les scénographies disciplinaires dans un sens théâtral strict. À titre méthodologique et pour mieux décrire les formes disciplinaires de pouvoir, Foucault précise que la scène est ce qui est de lřordre de la bataille, de la stratégie, des formes de ritualisation de pouvoir et se distingue des formes théâtrales dřexercice du pouvoir. « Par scène, ne pas entendre un épisode théâtral, mais un rituel, une stratégie, une bataille.» (Idem, 34). Il préfère décrire les opérations de pouvoir à partir dřune sérialité des scènes dřaffrontement. Dans son vocabulaire des années ř70, la théâtralité est connotée négativement puisquřelle est lřeffet dřun pouvoir qui sřarticule à partir dřune visibilité maximale qui tient de lřéclat (le faste du pouvoir souverain) et elle est ce qui manque, en dernière instance, dřefficacité et de précision. Dans un sens, cet éclat du pouvoir souverain, à chaque fois reconstitué, est trop lourd, pour se plier sur les corps. Par contre, lřassujettissement disciplinaire sřexerce par un manque de visibilité, par le biais dřune présence inapparente dans le champ du pouvoir. Le Panoptique, nřétait-il pas le dispositif qui relevait dřune manière synthétique lřexercice disciplinaire de pouvoir dans la formule : vois sans pouvoir être vu ? Cette idée que le pouvoir est repérable par des manœuvres de soustraction répétées traverse Surveiller et punir. Mais ce qui lie les deux technologies de pouvoir est une certaine pratique de lřévénement. Le pouvoir souverain et les disciplines fabriquent des événements; le premier, à travers des événements massifs et régénérateurs, lřautre à travers une sérialité des scènes (ce quřon appelle des microévénements) dont lřombre et la lumière sont le produit dřun calcul minutieux. Cřest à travers cette présence événementielle du pouvoir que le spectaculaire subsiste, puisquřune composante même de son efficacité est lřintensité de son exercice. Or cřest bien cette intensité qui doit être représentable et qui est la plus représentée.

On peut signaler dans Surveiller et punir, les procédures spectaculaires de pouvoir hypostasiées sous formes différentes. (Idem, 171). On sait, par exemple, que « dans les

73 « […] la seule cérémonie qui importe vraiment cřest celle de lřexercice » (SP, 161). Et encore « La

collèges jésuites du XVIIe siècle le théâtre « est le lieu dřune « instruction » et « non un divertissement » (Gofflot, 1907 : 191, cité dans Vigarello, 1978 : 62). « Le théâtre enseigne à prendre des attitudes et à mieux surveiller ses gestes. Il devient lřexercice idéal inculquant correction et maîtrise des tenues corporelles. […] la pratique du théâtre peut donc être un lieu pédagogique tout désigné. » (Idem, 61). Le théâtre est une «pédagogie de la surveillance» de soi. Mais, inversement, le théâtre, qui à lřépoque est le spectacle par

excellence, est-il investi par le pouvoir disciplinaire comme moyen de redressement, de sorte que la violence théâtrale ou le théâtre de la violence va devenir partie intégrante du redressement, son vecteur principal - comme on va le voir. Dřabord, le premier mouvement: « […] Le corps redressé est bien celui qui mime et adopte les postures que réclame la bienséance. Il doit offrir un spectacle. Cřest dans le spectacle quřil est formé. » (Idem, 63). Ainsi, les classes des collèges des Jésuites sont-elles traversées par la « forme […] de la guerre et de la rivalité » (SP, 171). Les joutes remplissent une fonction spectaculaire et organisent la disposition des corps dans lřespace74. « […] le travail, lřapprentissage, le classement, sřeffectuaient sous la forme de la joute, à travers lřaffrontement des deux armées. » (Ibidem) Le second mouvement maintenant, celui dans lequel la spectacularité du pouvoir émerge par ses modalités rituelles pour déployer les punitions dans le fonctionnement dřune micropénalité disciplinaire de la classe. Lřorphelinat du chevalier Paulet en est un exemple (Idem, 209). Lřacte de juger dans lřespace disciplinaire de la classe garde un sens théâtral : la punition se déploie sur une scène : « Lorsque la violence pédagogique passe du discours à la pratique, elle se déroule sur une scène. Il y a la classe, bien sûr, ce monde clos où sřexercent en priorité lřautorité du maître et ses éventuels débordements. Dans ce cas, la violence pédagogique est spectacle, avec une scénographie, un rituel, des acteurs. Cřest précisément cette mise en scène qui porte en elle lřeffet recherché. » (Caron, 1999 : 114). Ou encore, on pourrait dire avec Prairat que « bien souvent, le cérémonial qui accompagne le châtiment est plus important que le châtiment lui-même […] Le cérémonial, en règle générale, est le régime maximal de visibilité du pouvoir en acte. » (Prairat, 1994 : 103).

74 Cette disposition spectaculaire des corps qui sřarticule à travers un affrontement physique nřest pas un

résidu des anciennes formes de pouvoir : elle va constituer une tactique disciplinaire formidable dans lřasile du XIXe siècle.

Voici un exemple éclairant de la forme que prend la ritualisation de la punition violente. […] si dřaventure il y en a un qui ne veut pas se rendre à ces méthodes douces alors il faut que je le batte ; mais je fais précéder lřexécution du châtiment dřune préparation si longue quřelle atteint davantage que les coups eux-mêmes. Je ne bats pas lřenfant au moment même où il a mérité la punition, je la repousse au lendemain voire au surlendemain. Jřen retire deux avantages : dřabord mon esprit sřapaise entre-temps et je retrouve le calme dont jřai besoin pour calculer exactement comment régler la chose le plus habillement ; par ailleurs lřenfant qui a péché ressent le châtiment dix fois plus fort non seulement sur son dos, mais aussi par le fait quřil est contraint dřy penser constamment.

Le jour venu de passer à lřexécution, je fais immédiatement après la prière du matin un discours émouvant à tous les enfants en leur disant combien ce jour est un triste jour pour moi parce que la désobéissance dřun de mes chers élèves me réduit à la nécessité de le frapper. Bien des larmes coulent déjà, non seulement chez lřenfant qui va recevoir la correction, mais aussi chez ses camarades. Quand jřai terminé ce petit discours, je fais asseoir les enfants et je commence ma leçon. Ce nřest quřà la fin de la classe que je fais sortir du rang le jeune coupable, je lui annonce la sanction et je lui demande sřil sait ce qui la lui a value ? Une fois quřil a sagement répondu sur ce point, je lui compte ses coups en présence de tous les élèves puis je me tourne vers les spectateurs en disant que jřespère de tout mon cœur que ce sera la dernière fois que jřaurai été contraint de battre un enfant. » (C.G. Salzmann, 1796; cité dans Miller, 1984 : 37-38)

La ritualisation de la punition par son déroulement lent, la préparation du maître, de lřélève, etc., constituent des éléments micro-spectaculaires qui intègrent les corps dans une politique de lřeffroi, mais dont les réverbérations doivent rester privées. On remarque ici une reprise, un déplacement technologique du supplice dans la salle de classe : graduer lřintensité de la punition sur lřaxe de la durée et infliger des punitions violentes exemplaires qui propagent la terreur. Mais cette visibilité maximale qui accompagne le cérémonial de la punition est doublée dřune « conspiration du silence »75. Donc, ce rituel de pouvoir aux

75 « Dřautres mauvais traitements apparaissent plus violents, laissant des traces sur les corps de ceux qui en

sont victimes : les maîtres Řplaçaient à leurs oreilles des crochets quřils retiraient vivementř ; un élève a été couché à plat ventre dans une entrave pendant un quart dřheure, avec le pied dřun frère mariste appuyé sur son dos. Le sang coule fréquemment, même si les blessures ne sont pas considérées comme graves. La répétition de ces sévices et leur durée (trois ans) autorisent à parler dřune conspiration du silence, à tous les

effets terrorisants doit être rapporté à une micro-événementialité disciplinaire. Le cérémonial disciplinaire se rend visible par lřaménagement des microévénements qui impliquent un calcul de lumière et dřombre dans lřexécution de la peine.

La présence du maître est envahissante : elle règle toutes les opérations de pouvoir76. Lřimage induite de sa toute-puissance crée plutôt lřeffet dřune minoration en vue dřun effacement. Cette présence spectaculaire se constitue, comme le pouvoir souverain, à travers un cérémonial punitif. Cette présence qui se démultiplie sur les corps cherche toutefois à obtenir lřeffet dřune correction et non plus, tout simplement, la vengeance, et par conséquent, implique la stimulation et la fixation des habitudes dans le corps puni. Lřexcès du pouvoir se déplace pour se maintenir au niveau du corps à corriger. Elle fait jouer sa posture transcendante dans le sens où elle fonctionne comme un nœud de pouvoir en sřérigeant dans un modèle exemplaire qui polarise autour dřelle tous les affects77. Mais, cette présence ajoute quelque chose de plus : elle irrigue les corps des enfants, se plie sur les mouvements corporels, elle les infuse pour les restructurer.

Cřest le rang, qui implique la surveillance extensive des corps et leur déplacement en tant quřunités mobiles sur lřéchelle de pouvoir, qui acquiert une fonction spectaculaire. Nous constatons un aménagement spectaculaire de la classe à lřÉcole militaire par la mise en place du système complexe du « classement honorifique ». La répartition des rangs qui est dřailleurs circulante et qui ne reste jamais figée, se fait par la consécration des signes de pouvoir appliqués sur les corps des enfants78. Intégré dans la logique de la gratification et

niveaux, dřautant plus que le principal accusé a été déjà condamné pour des faits semblables. » (Caron, 1999 : 127)

76« Lorsque un Maître imposera une pénitence à quelque écolier, il le fera assis à sa place et dřune manière

fort grave, qui soit capable dřimprimer du respect à celui qui reçoit la pénitence, et de lui faire exécuter avec humilité, simplicité et édification pour les autres » (De La Salle, 1823 : 223)

77 « En outre je pratique un mode de récompense consistant à marquer pendant les heures de classe ma

préférence pour lřélève le plus complaisant, le plus docile et le plus appliqué ; cřest lui que jřinterroge le plus souvent, je lui permets souvent de lire son devoir devant les autres, je lui fais écrire au tableau ce qui doit y être inscrit. Je crée ainsi une émulation entre les enfants : chacun a envie de se distinguer et chacun a envie dřêtre le préféré. Si quelque fois lřun dřeux a mérité une punition, je le relègue au fond pendant les heures de classe, je ne lřinterroge pas, je ne lui fais rien lire, je fais comme sřil nřétait pas là. Dřune façon générale cela fait tellement de peine aux enfants que les punis pleurent à chaudes larmes ; […] » (C.G. Salzmann, 1796, par Miller, 1984 : 37)

78 La classe des très bons porte une « épaulette dřargent », celle des bons une « épaulette de soie et dřargent »,

de la sanction, le rang se diffuse sur le corps et reçoit, dans un sens disciplinaire évidemment, la fonction de marquage corporel. On nřest plus dans le marquage irréversible des corps infligé par le pouvoir souverain, mais dans lřinfinie graduation disciplinaire qui par lřassignation spectaculaire des signes rend les corps réceptifs. On a ici un pouvoir qui laisse des traces provisoires qui stratifient le corps pour faire fonctionner son regard objectivant.

Lřexamen, dit Foucault, est une cérémonie dřobjectivation des corps disciplinés coextensive à lřinvisibilisation/anonymisation du pouvoir. Les corps entièrement vus sont comme lřeffet, le produit dřun regard correcteur qui lui est invisible. Les choses se compliquent là où Foucault suppose que les corps sont manipulés et non pas porteurs des signes de pouvoir. Comme il le dit, « ils ne reçoivent pas directement la puissance de lřimage souveraine ; ils en déploient seulement les effets - et pour ainsi dire en creux Ŕsur leurs corps devenus exactement lisibles et dociles. » (SP, 220). Il est vrai que le pouvoir disciplinaire nřest pas autocentré comme le pouvoir souverain, elle sřorganise à partir dřune multiplicité de regards sectoriels, fracturés et dispersés qui enregistrent et codifient le corps. Pourtant, cela nřimplique pas que les corps corrigés soient tout simplement instrumentalisés : nous avons toujours un Řdéplacementř de pouvoir, une réactivation du pouvoir de lui-même puisque le regard pas seulement quřil sřinvisibilise, mais aussi le regard est incorporé par lřindividu même (cřest bien la leçon du Panoptique). Dans un premier temps, le regard corrige, sanctionne, perce, coupe, laisse des traces sur le corps, mais dans un second moment ce même regard alimente, renforce, bâtit les corps. Le regard prend chair et, par là, devient lui-même spectaculaire : on a là lřinjonction dřun corps qui se laisse voir et qui se renforce de sa propre visibilité. Le corps disciplinaire est un corps spectaculaire pas seulement dans le sens où il est vu, mais dans le sens où il se laisse voir.

213). Il y a une toute dernière classe : la classe honteuse qui exige des règlements spéciaux et qui nřexiste que comme un résidu de pouvoir et en vue de disparition. (Idem, 213-214).

3.6 …ET « CHÂTIMENTS PHYSIQUES LÉGERS »

Nous pouvons tenter de comprendre le thème spécifique de lřexcès dans lřexercice du pouvoir propre au pouvoir disciplinaire à partir dřune investigation de la fonction que peut remplir dans lřéconomie disciplinaire ce que Foucault appelle « châtiments physiques légers »79. Nous pensons quřils nřont pas une existence accidentelle, mais bien au contraire une fonction corrective déterminée. Voici ce que nous dit lřEnzyklopädie des gesamten Erziehungs Ŕ und Unterrichtswesens (1887) : […] une pédagogie chrétienne qui ne prend pas lřêtre humain tel quřil devait être, mais tel quřil est ne peut fondamentalement pas renoncer à toute forme de châtiment corporel […] (Miller, 1984 : 61). En regard de la violence exercée par le pouvoir souverain, la violence disciplinaire doit dřabord comporter une significative diminution dřintensité. Elle cherche non pas à réduire le corps ou bien à le soumettre à lřincommensurabilité du pouvoir, mais elle contribue à la modification et à lřaugmentation de ses forces, dřune manière inattendue. La violence agit comme un stimulant: dřoù sa nécessaire diminution dans son application couplée à une constante graduation80 sur le corps. « Le fait que, dans lřœuvre de lřéducation, lřétablissement dřune