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PREMIÈRE PARTIE Sources L’écriture de la justice A INTRODUCTION AUX SOURCES DU HAUT MOYEN ÂGE HISPANIQUE

2. Autres sources :

Il existe d’autres sources de haut intérêt, liturgiques, par exemple, comme les ordines, que l’on considère comme étant d’origine wisigothique. Elles sont entrées dans le Nord chrétien de la péninsule par le biais des copies venues du monde mozarabe et nous sont

15 De BARRAU – DIHIGO, Louis, « Remarques sur la Chronique dite d’Alfonso III », Revue Hispanique, XLVI

(1919), 325 à DÍAZ y DÍAZ, Manuel Cecilio, « La historiorafía hispana desde la invasión árabe hasta el año 1000 », in Setimane di studio del centro italiano di studi sull’Alto Medioevo XVII: La historiografia

altomedievale, I, Spoleto, 1970, 325, jusqu’a SÁNCHEZ ALBORNOZ, Claudio, Investigaciones sobre la historiografía hispana medieval (siglos VIII – XII), Buenos Aires, 1967 et GÓMEZ MORENO, « Las primeras

crónicas de la Reconquista », 562.

16 Jesus E. Casariego déduit de la pauvreté de ce style l’existence d’un chroniqueur écrivant dans une langue qui

n’est pas la sienne, qu’il ne ressent ni ne parle avec aisance. D’où son emploi de formules raides et toutes faites (Cf Crónicas de los Reinos de Asturias y León, 22). Sans vouloir trancher sur le bien-fondé de cette approche historiographique nous pensons que les caractéristiques de cette écriture évoquent d’autres réalités, très diverses.

17 Alfonso Prieto Prieto lui-même se détourne des chroniques lorsqu’il s’agit d’étudier le pouvoir judiciaire des

rois du León et déclare qu’ « elles sont surtout intéressantes pour établir la périodification (de l’objet étudié) », PRIETO PRIETO, « La potestad judicial de los reyes », 523. Cf. pp. 400 et ss.

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parvenues dans des copies du XIe siècle. Quoique nous ne puissions l’établir avec certitude, il est raisonnable d’envisager qu’elles sont arrivées bien avant ce siècle et qu’elles étaient connues dès la fin du IXe ou début du Xe siècle, source d’inspiration pour la vie et la pratique d’écriture de la société asturo-léonaise18. D’autres sources, littéraires ou dévotionnelles, nous sont également parvenues, mais posent toujours le problème de la transmission, du cheminement dans le temps : il est difficile de savoir quand elles ont été rédigées, qui s’en est servi ; et aussi comment les situer, les envisager aujourd’hui pour appréhender une réalité vieille de plus de mille ans.

En outre, tous ces textes, plus narratifs, ou liturgiques, sont bien loin de refléter directement ou même indirectement une quelconque pratique judiciaire – même si, pour certains, comme les ordines liturgiques, ils ont pu influer sur la rédaction de documents19 dont certains contiennent effectivement des éléments d’information judiciaire. Ils ont cependant leur utilité, permettant de contextualiser nos travaux, de préciser des détails, mais il y faut alors un travail plus serré, plus fin, plus complexe. Et s’ils ne contiennent pas d’informations judiciaires directes, ce sont en revanche les seuls qui nous parlent de ces siècles, de ce que l’on y écrivait, de ce qu’on y lisait20. Et n’oublions pas les sources hispano-arabes, du moins celles qui concernent le monde chrétien21 et celles qui évoquent des pratiques judiciaires, ce qui nous permet de comparer deux mondes qui, quoi qu’on en ait, ont beaucoup – ou peu – de choses en commun dans ce domaine. Cela étant, que le lecteur me pardonne de ne pas les utiliser ici, les premières par manque de temps et méconnaissance de leur utilisation ; les

18 Cf JANINI, José (éd.), Liber Ordinum Episcopal (Cod. Silos, Archivo Monástico, 4), Silor, 1991. Sur ce sujet,

voir aussi DAVIES, Wendy, « Local priests in Northern Iberia », in PATZOLD, Steffen et RHIJN, Carine van (éds.), Men in the Middle: Local Priests in Early Medieval Europe, De Gruyter, 2016, 128 – 129.

19 Voir sur ce point le travail de Maurilio Pérez González « Los protocolos poéticos en la documentación

medieval diplomática », in LUQUE, Jesús, RINCÓN, María Dolores et VELÁZQUEZ, Isabel (éds.), Dvlces

Camenae. Poéticas y poesía latina, Jaen – Granada, 2010, 441 – 449.

20 Dans l’ensemble, les matériaux écrits à cette époque ont été répertoriés in DÍAZ y DÍAZ, Manuel Cecilio,

Index Scriptorum Latinorum Medii Aevi Hispanorum, Madrid, 1959, 119-164. On y remarque plus

particulièrement les gloses de San Millán de la Cogolla, le Códex Albeldense, le Pasionario Hispánico, les compilations de passions des martyrs de l’époque romaine, wisigothique, mozarabe (on en trouvera le détail in ANDRÉS SANZ, María Adelaida; CORDOÑER, Carmen; ABELLÁN IRANZO, Salvador; MARTÍN, José Carlos et PANIAGUA, David, La Hispania visigótica y mozárabe. Dos épocas en su literatura, Salamanca, 2010) ; les vies d’évêques et d’abbés, comme la Vita Froilanis o celle de l’Abbé Salvo d’Albelda (cf. MARTÍN IGLESIAS, José Carlos, « La Vita Froilanis episcopi Legionensis (BHL 3180) (s.X): Introducción, edición crítica y particularidades lingüísticas », in GOULLET, Monique (éd.), Parva pro magnis munera. Études de

littérature tardo-antique et médiévale offertes à François Dolbeau par ses élèves, Tournhout, 2009, 561-584 ; et

en regard, BISHKO, Charles J., « Salvus of Albelda and frontier monasticism in tenth century Navarre »,

Speculum, 23 (1948), 559-590) ; ou encore les correspondances, comme celle du bienheureux Álvaro de

Córdoba (édité par MADOZ, José, Epistolario de Álvaro de Córdoba, Madrid, 1947). Les œuvres écrites au cours de ces siècles ne manquent pas, mais elles exigeraient un travail qui sort du cadre de notre étude.

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In CASARIEGO, Historias asturianas, 31, 32, 42 et 44 : on y trouvera un bref abrégé de l’historiographie musulmane en relation avec le nord chrétien.

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secondes parce qu’elles exigeraient une tout autre recherche qu’il faudrait mener un jour, en franchissant non seulement la frontière des Pyrénées, mais celle du Sud, ce à quoi, en toute logique, la tradition historiographique a toujours tendu.

3. Corpus choisi :