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DOCUMENTS JUDICIAIRES PLAIDS % PLAIDS / DOCS % PLAIDS / JUDICIAIRES

PREMIÈRE PARTIE Sources L’écriture de la justice A INTRODUCTION AUX SOURCES DU HAUT MOYEN ÂGE HISPANIQUE

DOCUMENTS JUDICIAIRES PLAIDS % PLAIDS / DOCS % PLAIDS / JUDICIAIRES

LEÓN 2172 267 47 2,16 17,6 GALICIA 893 188 42 4,7 22,34 PORTUGAL 332 69 15 4,51 21,73 CASTILLA 443 36 7 1,58 19,44 NAVARRA 297 15 4 1,34 26,66 ARAGÓN 535 22 6 1,21 27,27 4672 597 121

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ce genre documentaire augmente, parallèlement à celle des documents à contenu judiciaire, au fur et à mesure qu’avance le Xe siècle. Il est impossible de déterminer à quel moment ces documents font leur apparition : l’absence d’actes pour le VIIIe siècle et le très petit nombre de ceux qui ont été conservés pour le IXe siècle rendraient téméraire tout essai de fixer une date précise. Tout au plus peut-on affirmer que ce premier « plaid », qui ne comporte pas la formule d’introduction à l’exposé des faits (orta fuit intentio, ou non est dubium), s’aligne sur le format commun, rendant compte de la réunion des parties devant le roi, un évêque et deux juges, des allégations avancées par lesdites parties, de la souscription d’un accord qui les engage à se présenter à nouveau devant ce tribunal en compagnie de témoins pour jurer ce qui a été affirmé, de l’absence d’une partie en cette circonstance et de la reconnaissance de sa culpabilité avec pour conséquence l’ordre des juges de mettre par écrit les arguments de l’évêque d’Astorga et la reconnaissance de son droit de propriété sur les terres faisant l’objet de la contestation. Floriano Cumbreño a jugé ce document authentique323. Il ne nous appartient pas de contester cet avis – mais le contenu nous en est parvenu par une copie de cartulaire (le Tumbo Negro d’Astorga), ce qui explique peut-être le caractère confus de l’exposé : les faits sont en effet bien difficiles à établir, peut-être parce que le texte a été mal lu au moment de la retranscription, ou rendu assez illisible en raison de l’état de conservation de la pièce de parchemin. Il est possible que certains éléments caractéristiques de la qualité de « plaids » de ce document se soient perdus en route. Quoi qu’il en soit, il paraît établi que ce n’est pas là le tout premier du genre rédigé à l’époque et que sa structure relève d’une tradition d’écriture venant de plus loin. Mais de quel moment exactement ? En tenant compte que la rédaction de tels documents s’inscrit dans la tradition des pratiques judiciaires autant que dans celle des scriptoria du haut Moyen Âge, nous y reconnaissons un acte plus ou moins inconscient, dérivant d’une mentalité qui se centre sur les éléments les plus concrets324, laissant la structure générale comme un résultat évidant, sur laquelle on pose pas de doutes. Nous ne disposons pas d’autres éléments qui nous permettent de prouver l’existence d’une telle tradition, remontant peut-être à l’époque wisigothique – mais rien n’est certain. Ce qui apparaît évident, c’est qu’à partir de la seconde moitié du IXe siècle, cette forme documentaire

323 FLORIANO CUMBREÑO, Diplomática española, vol. 2, 127 – 130.

324 Ainsi par exemple la mention, ou la différentiation plus ou moins marquée de divers moments judiciaires, ou

encore la présence de tel ou el juge selon les moments ; on observe en effet que ceux qui signent ne sont pas les mêmes que ceux qui étaient cités au début de l’exposé des faits ou la narratio de certaines circonstances du conflit illustrant plus en détail la situation qui étaient alors vécues. Le récit est généralement très froide, sans grande implication de la part du narrateur, considérant de nombreux éléments comme étant chose acquise et en laissant d’autres de côté, peut-être parce qu’ils n’étaient pas considérés comme suffisamment importants.

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est assez bien définie ; elle s’est maintenue tout au long du Xe et même du XIe siècle, après la période couverte par nos travaux.

Tableau 6 : par tranche chornologique, nombres de plaids en relation au nombre de documents conservés et au nombre de documents judiciaires.

v. La tradition documentaire des « plaids » :

On trouve les « plaids » aussi bien sur parchemin séparé qu’insérés dans un cartulaire. Une majorité d’entre eux – 73% – sont dans ce dernier cas, mais il a subsisté suffisamment d’originaux pour permettre la comparaison325. Certains sont même conservsés sous les deux formes, ce qui facilite le travail de l’éditeur (bien que de nombreuses conclusions ne soient pas extrapolables à tous les documents conservés dans des cartulaires : chaque scriptorium avait sa façon de faire326). Quant aux documents conservés sur pièce de parchemin, ils ne sauraient être systématiquement considérés comme des originaux. Ce n’est pas ici le lieu d’examiner chaque cas en détail ; qu’il suffise de remarquer l’opposition entre Minguez et Flórez à propos du « plaid » S 276 (974), le premier l’éditant comme original, le second considérant qu’il s’agit d’une copie de la fin du XIe

ou du début du XIIe siècle327. Contentons- nous donc de constater que ces documents sont conservés à des stades différents de la tradition documentaire, signe de l’importance de leur présence, non seulement de par leur nombre – impossible à fixer de façon absolue – mais aussi le soin à les copier pour qu’ils soient conservés.

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Pour l’époque étudiée par Wendy Davies – à savoir jusqu’à l’an 1000 – ce pourcentage ne varie pas, ce qui laisse entendre que la tradition écrite de ce type de document n’évolue guère pendant la première moitié du XIème siècle.

326

Liii 741 (1016), Liii 806 (1024), Liii 863 (1030) y SJS 44 (975).

327 MÍNGUEZ, Colección, 229 – 332 ; FÉRNÁNDEZ FLÓREZ, José Antonio, « El fondo documental », 140.

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