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Sorties en groupe et vacances collectives : s’ouvrir et se frotter à la diversité

Dans le document ET DE L ’ ADOLESCENCE (Page 143-146)

Pour rappel, dans le rapport de 2018 sur les temps et lieux tiers, le Conseil de l’enfance et de l’adolescence proposait plusieurs actions visant à réduire les inégalités liées aux territoires et lieux de vie en matière d’aménagements en faveur des enfants, notamment concernant les espaces semi-ouverts d’activités physiques, de socialisation sûre et de mode de transports facilitant les socialités et les mobilités adolescentes. Le HCFEA insistait aussi sur la nécessité de « consulter systématiquement les enfants et adolescents pour les équipements les concernant et de former les agents d’espaces publics aux besoins des enfants et adolescents en termes d’intimité, de liberté et de protection ».

Sorties en groupe et vacances collectives : s’ouvrir et se frotter à la diversité

Les colonies de vacances ou stages collectifs doivent s’affirmer comme une priorité de politique de l’enfance pour leurs vertus évidentes en matière de développement et d’épanouissement des enfants, d’égalités d’expériences stimulantes et instructrices, initiatrices et sociales. Ces bénéfices sont majorés s’il y a une mixité, une mixité sociale et une qualité des conditions d’accueil et d’encadrement des enfants. Dans son rapport

En 2021, Le programme Cités éducatives continue son déploiement

Le programme d’excellence éducative passe de 80 à 126 « Cités éducatives », déployées dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Elles sont élaborées en partenariat à l’échelle d’un territoire et pilotées par l’ANCT. 46 nouvelles cités éducatives vont être labellisées dans 37 départements

Du 25 mai au 4 juin 2021 : le Printemps des Cités éducatives propose des rencontres virtuelles aux acteurs de la communauté éducative – État, collectivités, parents, associations, intervenants du périscolaire, travailleurs sociaux, écoles et collèges… – qui accompagnent enfants et jeunes.

Repères : les 126 Cités éducatives en partenariat entre les ministères des Collectivités territoriales et de l’Éducation nationale, concernent plus de 700 000 enfants et jeunes, de 0 à 24 ans, incluant des programmes d’insertion professionnelle. Elles bénéficient de 230 millions d’euros de l’État (2019-2022).

2018, sur les temps et lieux tiers des enfants, le Conseil de l’enfance du HCFEA a relancé l’intérêt des vacances collectives qu’il a placées parmi les six priorités de politiques publiques en ce domaine, partant du constat qu’elles sont prisées par les classes aisées et désertées par les classes moyennes et défavorisées. Plusieurs des propositions portées par le Conseil de l’enfance ont trouvé un écho dans la montée en France de cette prise de conscience, notamment au niveau des collectivités locales. Dans le cadre du programme

« Vacances apprenantes », les dispositifs « École ouverte », en établissement, pour les enfants qui ne partent pas pendant les vacances, « École ouverte buissonnière », pour des séjours en milieu rural, et « Colos apprenantes », participent de cette volonté de porosité entre les mondes de l’école et des TLT, même si la dimension de renforcement des apprentissages scolaires fondamentaux est au cœur du programme319.

Une étude récente de l’Injep320confirme l’importance des colonies des vacances encadrées, et révèle une transformation de ces dispositifs qui impacte la mixité sociale et l’accès des plus démunis aux vacances. Leur offre s’est tournée principalement vers les familles aisées, attirées par la consommation de loisirs spécialisés, ou vers les familles soutenues par les comités d’entreprise, bien que ceux-ci préfèrent répondre aux demandes de parents d’aide aux financements des vacances familiales. Les années 1980 sont ainsi marquées par la disparition progressive des colonies généralistes accessibles à tous, tandis que se développent les « colos thématiques ». Or les activités de loisirs des jeunes321 montrent qu’elles fonctionnent comme des « opérateurs », consacrant la séparation des publics entre garçons et filles, riches et pauvres, issus de centres-villes ou de banlieues.

Socialisation juvénile en colonie de vacances, entre renforcement et transformation de soi, les effets des « colos » sur les 12-16 ans, Pauline Clech, Injep1, extraits

Les vacances encadrées constituent un moment où les jeunes se sentent grandir. Sur un temps ramassé, encouragés par le regard des autres, notamment des plus grands et des animateurs, les adolescents vivent certaines expériences comme des rites de passage, les faisant transiter d’un état (enfance) vers un autre (adolescence, voire jeune adulte). La séparation avec les parents, le dépassement de soi, l’accumulation d’expériences nouvelles, le franchissement d’étapes biographiques et la projection vers l’âge adulte favorisent l’incorporation d’une sensation d’aguerrissement, à l’origine d’une assurance de soi renforcée. Apprendre à faire du ski ou du vélo, faire griller de la guimauve au bout d’un pic à brochette, dormir sous une tente ou s’expérimenter aux jeux de la séduction pour la première fois permettent aux jeunes d’élargir le monde sous leur contrôle.

Ensuite, la transformation de soi est alimentée par la confrontation à une altérité sociale. Les vacances encadrées ne sont pas coupées des logiques régissant les distances sociales ordinaires, au sein de l’espace résidentiel, professionnel ou de loisirs, puisque le recrutement des jeunes

319 https://www.education.gouv.fr/les-vacances-apprenantes-303834.

320 Clech P., 2020, Socialisation juvénile en colonie de vacances, Entre renforcement et transformation de soi, les effets des « colos » sur les 12-16 ans, Injep, Analyses & Synthèses, juillet 2020.

https://injep.fr/publication/socialisation-juvenile-en-colonie-de-vacances/.

321 https://lejournal.cnrs.fr/billets/une-ville-faite-pour-les-garcons.

s’opère par ces voies. […] Même au sein de ces séjours, la présence de certains jeunes et/ou adultes, issus de milieux sociaux différents, introduit des manières d’être et des styles de vie divergents. Cette coprésence permet des échanges culturels croisés (des classes populaires vers les classes moyennes supérieures et réciproquement), un décentrement par rapport au « monde tout court » dans lequel les jeunes baignent depuis l’enfance (découvrir des modes de vie inconnus) et l’incorporation durable de manières d’être et de codes interactionnels « dissonants » – qui tranchent et s’ajoutent à ceux acquis au sein de l’univers familial ou amical habituel. Plus les adolescents ont cumulé les départs en « colo », plus ils ont été́ susceptibles d’être confrontés à cette altérité sociale, à partir de laquelle ils ont pu élargir leur répertoire culturel.

1 Clech P., 2020, Entre renforcement et transformation de soi, les effets des « colos » sur les 12-16 ans, Collection Injep Analyses & Synthèses. https://injep.fr/wpcontent/uploads/2020/07/IAS36_colonie-de-vacances.pdf.

Si les apports de vacances encadrées pour l’autonomisation sont manifestes, les séjours sont devenus trop chers pour les classes moyennes. Le prix des séjours est désigné comme la première cause de leur désaffection. Le Conseil avait d’ailleurs porté une proposition (numéro 4) dans le rapport Temps et Lieux Tiers (2018) en vue de créer un Pass-Colo universel de 200 euros pour les 6/14 ans et développer les médiations envers les familles pour diminuer le taux de non-recours aux aides des familles les plus pauvres.

Outre les vacances collectives, les voyages et sorties scolaires ou encore les sorties organisées par des associations permettent aux adolescents de desserrer la sensation d’emprise des adultes référents sur leurs quotidiens, d’expérimenter de nouvelles formes d’activités ou tout du moins de les envisager autrement, d’expérimenter des relations (dont les relations « romantiques ») en gardant une sécurité apportée par l’encadrement.

Ces moments et lieux de partage entre adolescents dans des conditions de loisirs et où les contraintes du quotidien sont moins prégnantes sont profitables aux adolescents mais semblent régresser notamment du fait du désengagement des communes organisatrices et des comités d'entreprises, du prix de l'immobilier.

PROPOSITION 36–MULTIPLIER LES ACCES DES ADOLESCENTS A DES EXPERIENCES DE MIXITE, DE DIVERSITE, ET DE DECOUVERTE

Proposition 36.1 – Développer les sorties et séjours collectifs en conditions de mixité sociale : les sorties et voyages scolaires, historiques, culturels, sportifs, dans la nature, à l’étranger…

Proposition 36.2 – Le conseil réitère sa proposition n° 4 du rapport Temps et Lieux Tiers (2018) : créer un Pass-Colo universel de 200 euros pour les 6/14 ans et développer les médiations envers les familles pour diminuer le taux de non-recours aux aides des familles les plus modestes.

Adolescents et nature : des liens vitaux à reprioriser

Dans le document ET DE L ’ ADOLESCENCE (Page 143-146)

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