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Réduire les stéréotypes de genre dans l’exercice de l’autorité parentale

Dans le document ET DE L ’ ADOLESCENCE (Page 72-75)

les parents regrettent des relations qui paraissent se dégrader au fil du temps.

L’écart entre les attentes parentales et celles des jeunes sur leur propre futur pourrait être en cause : paradoxalement les parents surinvestiraient les sujets scolaires, sur un mode anxiogène, au détriment d’autres sujets qui intéressent et valoriseraient les enfants. Ceux-ci reconnaissent que le collège représente un écosystème extrêmement structurant pour eux, mais enjoignent à ne pas en faire l’alpha et l’oméga de leurs états, leur conduite, leurs aspirations ; ni l’objet des discussions familiales au détriment d’un « faire en famille » plus initiateur et basé sur des intérêts partagés entre les générations et les âges des fratries.

L’hypothèse d’un lien entre la pondération de l’anxiété scolaire parentale et la performance scolaire adolescente peut être investiguée. La conservation de l’influence parentale sur les adolescents s’effectue peut-être davantage par « osmose » des valeurs et des habitudes143. En effet, le partage des valeurs familiales, des activités communes et la capacité à servir de modèle joue un rôle important dans les dynamiques motivationnelles de l’adolescent, et par conséquent sur ses performances scolaires... et pas seulement !

Réduire les stéréotypes de genre dans l’exercice de l’autorité parentale

Dans son édition 2018, la consultation nationale de l’Unicef relevait que l’effet « genre » au détriment des filles était toujours notable. En effet, elles subissent toujours de la part de leurs familles des privations préjudiciables à l’accès aux savoirs, préjudiciables à leur santé, à leur sociabilité amicale et d’activités.

143 Zuzanek J., Hilbrecht M., Pronovost G., 2018, Emploi du temps, résultats scolaires et bien-être chez les adolescents. Quel rôle pour les parents ?, Enfances, Familles, Générations, n° 29, Les temps des familles.

Tableau 3 : Nombre de fois où l’effet des facteurs sociaux est statistiquement vérifié au seuil de 5 % sur les types de privation selon le sexe (*)

(*) Les effets comptabilisés sont ceux de 1) vivre dans un quartier populaire (par rapport au centre-ville) ; 2) vivre dans un quartier prioritaire (par rapport au centre-ville) ; 3) avoir un parent au chômage (par rapport à ne pas avoir de parents au chômage) ; 4) avoir deux parents au chômage (par rapport à ne pas avoir de parents au chômage). Le maximum est donc de 4 pour chaque type de privation.

Source : Unicef France, Consultation nationale des 6/18 ans 2018.

Cette différentiation de liberté accordée par les parents en fonction du sexe de l’adolescent est également mise en évidence dans une enquête de 2015144 sur les mobilités quotidiennes. Elle révèle que les écarts de déplacement autonome des garçons et des filles sont plus marqués en sixième et cinquième (mais les pratiques s’homogénéisent ensuite en quatrième et troisième). Il y est également soulevé que le vélo est plus une pratique de garçons : 9,68 % de ceux-ci déclarent en faire tous les jours, contre 3,31 % de filles. Elles sont aussi plus nombreuses à déclarer ne jamais en faire (70,3 % contre 55,4 % de garçons). Les garçons déclarent aussi utiliser plus souvent un deux-roues motorisé (passager ou conducteur). De plus, les filles sont un peu plus accompagnées dans leurs trajets quotidiens : 32,8 % des filles déclarent utiliser la voiture en tant que passagers tous les jours pour 29,4 % des garçons. Pour les déplacements à pied, les filles sont moins nombreuses que les garçons à déclarer se déplacer sans le chaperonnage d’un adulte : 48,9 % des filles et 57,3 % des garçons disent ne jamais être accompagnés par un adulte.

Le Covid et la vie en famille

La crise sanitaire a pu à la fois augmenter l’isolement et le repli sur la sphère domestique (le syndrome de la cabane) ou bien, plus positivement, notamment lors du confinement de mars 2020, resynchroniser la cellule familiale : « une bulle autour de sa famille... fut la béquille émotionnelle des Français pour traverser ce moment »145, notamment le quotidien

144 Granié M.-A., Brenac T., Coquelet C., Fleury D., Hidalgo M., et al..2015, Piétons adolescents : accidentologie et mobilité. Projet PAAM. Rapport final de recherche sur subvention FSR. [Rapport de recherche] Ifsttar - Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux, 376 p., ffhal-01265650f.

145 Sondage Harris Interactive pour le secrétariat d’Etat chargé de l’enfance et des familles, « Les familles à l’épreuve de la crise sanitaire premiers enseignements », décembre 2020, auprès d’un échantillon de 2 123 personnes représentatif des Français âgés de 15 ans et plus.

partagé avec les pères. Les liens avec les grands-parents resteront, jusqu’à la vaccination, plus anxieux en raison de leur vulnérabilité accrue par l’âge. Le numérique venu à la rescousse a permis le maintien des relations et un certain renouvellement, qui s’est estompé lors du retour à l’activité professionnelle et scolaire.

L’usage des écrans, en famille reste ambivalent, entre risques de dépendance (troubles du sommeil, anxiété, isolement, etc.) et fonction d’outil essentiel à la continuité sociale des jeunes (scolaire, culturelle amicale).

Enfin, les comportements phobiques augmentent avec la crise, avec une hausse des demandes de consultations après des psychologues de l’Éducation nationale (anxiété, refus scolaires anxieux, peur de l’avenir) et des passages dans les infirmeries scolaires. De plus les difficultés à faire des choix d’orientations et de filières se sont accrues avec parfois un sentiment d’illégitimité pour les bacheliers 2020 pour leur formation postbac).

Concernant les enfants déjà pris en charge psychologiquement au moment du premier confinement, une étude menée par la société française pour la santé de l’adolescent (SFSA) a montré des manifestations régressives plus courantes chez les plus jeunes lorsqu’il y a une augmentation des conduites de repli ou d’hostilité146. Parmi les événements négatifs, le plus souvent rapportés, on trouve le fait qu’un membre de la famille, un proche, tombe malade, ou soit mis en quarantaine. Ces observations convergent avec d’autres constats alarmistes, notamment pour les familles en situation de vulnérabilités sociales, mentales et de santé et pour les enfants nécessitant des mesures de protections éducatives et des prises en charges liées aux handicaps.

Toutefois, « 63 % des participants rapportent des changements positifs face à l’épidémie de Covid, grâce au rôle protecteur essentiel de la famille sur la survenue de symptômes de détresse »147.

146 Benarous X., Hegedus R., Garny de la Rivière S., Impact du confinement sur l’état émotionnel d’enfant et adolescents pris en charges pour des troubles psychologiques : étude sur une population clinique suivis dans la région d’Amiens, synthèse en ligne

https://www.sfsa.fr/impact-du-confinement-sur-letat-emotionnel-denfant-et-adolescents-pris-en-charges-pour-des-troubles-psychologiques-etude-sur-une-population-clinique-suivis-dans-la-region-d/ L’enquête est détaillée dans Hegedus R., Impact du confinement sur l’état émotionnel d’enfant et adolescents pris en charges pour des troubles psychologiques : étude sur une population clinique suivis dans la région d’Amiens, mémoire de master 2, Université Picardie Jules Verne, Amiens, année 2019-2020.

147 Sondage Harris, 2020, op. cit.

Dans le document ET DE L ’ ADOLESCENCE (Page 72-75)

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