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Une politique de santé mentale des préadolescents, « un angle aveugle et un art délicat »

Dans le document ET DE L ’ ADOLESCENCE (Page 49-52)

« Parfois on se sent mal, mais on ne sait pas pourquoi. » Collège des enfants du HCFEA, 4 mars 2021.

« Beaucoup de jeunes s’estiment en bonne santé (mentale) et ne le sont pas. ».

Rapport Moro et Brison, 2016, p. 18.

« Rares sont ceux qui consultent un « psy » (moins de 9 % des filles, et 5 % des garçons) quand 7,8 % des adolescents déclarent une tentative de suicide et 3,7 %, plusieurs. » Présent rapport.

Le HCFEA, dans son rapport « données » de 201886, a montré la nécessité pour la France, entre autres, d’études et de recherches mieux centrées sur les enfants, qui spécifient leurs situations suivant les phases clefs de leur développement. En conséquence, nous manquons vertigineusement de visibilité sur les troubles de santé mentale et les troubles psychiques (cf. chapitre 1). Et malgré des investissements financiers important la guidance politique s’oriente par tâtonnements et réponses séquencées aux problèmes relevant d’un champ élargi de la pédopsychiatrie.

Le Conseil de l’enfance et de l‘adolescence du HCFEA confirme les conclusions synthétisées par la commission enfance du HCSP en 2017 et 2019 :

« L’école joue un rôle majeur en matière de prise en charge et de surveillance de ces problèmes de santé mentale. Mais les données du cycle primaire notamment sont quasi-inexistantes sur cette question. Les tentatives et facteurs de risque de suicide, sont encore trop mal connus. L’impulsivité des enfants est parfois présentée comme un facteur de risque, alors qu’il semble qu’un ensemble de facteurs combinés (déscolarisation, déstructuration des familles, et éventuellement impulsivité de l’enfant) soient le véritable déclencheur. De façon générale, ce sont des enfants "ordinaires" qui commettent ces tentatives et non comme on pourrait en faire l’hypothèse, ceux touchés par la grande précarité ou les drames familiaux. La prévention sur le sujet est insuffisante. Aucun repérage des enfants à risque n’est effectué. » (HCSP, 2019, p. 6887).

86 HCFEA, 2018, op. cit.

87 Lang T., Aujard Y., Gindt-Ducros A., Billette de Villemeur A., Colson S., Com-Ruelle L, Halley Des Fontaines V., Emmanuel Debost E., Vernazza-Licht N., Saurel-Cubizolles Mj,, 2019, Le dispositif statistique de

« Pour améliorer la santé psychosociale des jeunes, de nombreux plans de santé publique ont été élaborés : certains ciblent la population des jeunes, d’autres sont thématiques par rapport aux problèmes de santé et comportent, chaque fois que c’est pertinent, un volet relatif aux enfants et aux jeunes. » (ADSP, 2017, p. 4288). La difficulté réside dans la mise en œuvre de ces dispositifs, avec de fortes disparités entre les territoires. Les travaux de Santé publique France89 montrent un fonctionnement basé sur des initiatives locales, dans les interstices et les apories du système de soin et appellent une véritable politique de santé globale des adolescents au-delà des initiatives ponctuelles réussies.

La souffrance psychique est un processus d’abord sous-jacent et aux manifestations diverses et à décrypter. Malgré des enquêtes HBSC, des études Elfe et celles de la Drees, et des institutions comme l’Inserm et Santé publique France, la santé mentale des enfants est insuffisamment intégrée dans une approche politique de santé globale et de conditions de vie et d’éducation. La connexion entre les organismes de recherche des politiques publiques et la recherche spécialisée en psychopathologie de l’enfant et de l’adolescents reste insuffisante (recherche fondamentale, constats de terrain) pour lever les zones d’invisibilité auxquelles la décision politique se heurte en ce domaine.

Des initiatives interministérielles importantes entre Santé, Éducation nationale, Affaires sociales, Justice... comme le plan santé-bien-être en 2016, et des dispositifs multidimensionnels tels que le fil santé jeune ou les maisons des adolescents (MDA), montrent la voie. Ce rapport est instruit alors que s’annonce le mois de juin 2021 « les assises de la santé mentale » dans laquelle un volet « pédopsychiatrie » suscite tous les espoirs de prendre en compte les diagnostics et les alertes, et les expertises conjuguées des parties prenantes de la santé mentale des enfants et adolescents, c’est-à-dire les professionnels de terrain, les spécialistes en activité, les familles et les jeunes eux-mêmes, incluant aussi les champs de la veille, de la prévention, de l’appui, de l’aide et de la prise en charge soignante et spécialisée. En santé mentale, un principe de précaution politique s’impose : Il faut donc à la fois pouvoir mettre en place des capacités de repérage à grande échelle des signaux faibles de mal-être des adolescents, pour éviter des aggravations, et en même temps savoir distinguer les manifestations liées à cette étape « fertile en émois » qu’est la prime adolescence, pour ne pas « pathologiser » au risque de cristalliser.

La santé mentale, un droit et des besoins, mais un âge mal connu et trompeur

« La santé est un bien qu’il faut conquérir et conserver. Le bien-être n’est ni le confort, ni le contraire de l’effort. Bien être, c’est être bien. C’est un droit et un

surveillance et de recherche sur la santé de l’enfant, HCSP, Avis et Rapports, octobre 2019.

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03135427/document.

88 ADSP, 2017, op. cit.

89 Maillard, I., 2011, Lignes de force de l'évolution des politiques publiques relatives à la santé mentale des adolescents. Sante Publique(6): 127-139.

devoir, envers soi et envers les autres. L’éducation à la santé, les campagnes de prévention des risques, le repérage des souffrances et la mise en œuvre des soins, s’inscrivent dans le projet national de justice et d’égalité des chances porté en grande partie par l’École républicaine. » Rapport Moro et Brison, 2016, p. 490. La prime adolescence est un concept récent et opérationnel désignant un âge mal connu et trompeur, lourd de ses transformations psychiques et physiologiques, une période sensible, une plaque tournante entre vulnérabilisation et fenêtre d’opportunité des politiques de l’enfance, de prévention globale et de réduction des inégalités de parcours sur le long terme.

Le Conseil européen en 2001, puis la Commission européenne en 2007, affirment pareillement que l’épanouissement individuel, tout autant que la réussite dans la société, n’est pas une promesse ou une récompense et doit être accessible au quotidien. Le bien-être est bel et bien une condition et un objectif.

La santé mentale des adolescents dans le monde (OMS 2020)91 Principaux faits :

 une personne sur six est âgée de 10 à 19 ans ;

 la moitié des problèmes de santé mentale commencent avant l’âge de 14 ans, mais la plupart des cas ne sont ni détectés ni traités92 ;

 avant les impacts de la pandémie Covid-19, le suicide était déjà la troisième cause de mortalité chez les 15-19 ans (nous ne disposons pas, à date, de chiffres consolidés concernant les 11-15 ans) ;

 à l’échelle mondiale, la dépression est l’une des principales causes de morbidité et d’invalidité chez les adolescents ;

 les problèmes de santé mentale représentent 16 % de la charge mondiale de morbidité et de blessures chez les personnes âgées de 10 à 19 ans.

Lorsqu’ils ne sont pas traités, les problèmes de santé mentale des adolescents ont des conséquences physiques et mentales compromettant la possibilité de mener une vie équilibrée ensuite.

90 Rapport Moro et Brison, 2016, op. cit.

91 https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/adolescent-mental-health.

92 Kessler R.C., Angermeyer M., Anthony J.C. et al., 2007, Lifetime prevalence and age-of-onset distributions of mental disorders in the World Health Organization’s World Mental Health Survey Initiative, World Psychiatry, 2007-6, p. 168–76.

Un mal-être « flou » aux facteurs pluriels et des constats en

Dans le document ET DE L ’ ADOLESCENCE (Page 49-52)

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