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Solution des difficultés. Ubiquité et unité du temps

Dans le document CLAN9 LA PHYSIQUE ARISTOTE (Page 71-74)

LIVRE IV: LE LIEU, LE VIDE, LE TEMPS

Chapitre 14: Solution des difficultés. Ubiquité et unité du temps

Tout changement est dans le temps.

1° Après ces explications, on voit que tout changement et tout mû sont dans le temps;

car le plus rapide et le plus lent constituent une notion qui s’applique à tout changement, l’expérience le prouve de toutes les espèces. Or, je dis que le plus rapide est ce qui atteint antérieurement le sujet de la transformation, le mouvement ayant lieu sur une même distance et étant uniforme; par exemple, dans un transport, quand les mouvements comparés sont tous les deux circulaires, ou tous les deux rectilignes; de même pour les autres.

2° Maintenant., l’antérieur est bien dans le temps, car 1'anterieur et le postérieur ont trait à l’écart par rapport à l’instant, et l’instant est la limite du passé et du futur; de sorte que, puisque les instants sont dans le temps, de même l’antérieur et le postérieur sont dans le temps, car là où est l’instant, là est aussi l’écart à partir de l’instant.

L’antérieur, d’ailleurs, selon qu’on le prend dans le passé ou l’avenir, a des significations opposées: car, dans le passé, nous appelons antérieur ce qui est le plus éloigné de l’instant, posté- rieur ce qui en est le plus rapproché; dans l’avenir au contraire, antérieur ce qui est le plus rapproché, postérieur ce qui est le plus éloigné. Ainsi, comme l’antérieur est dans le temps et que l’antérieur appartient à tout mouvement, on voit que tout changement, tout mouvement est dans le temps.

Solution des difficultés: Universalité du temps.

Il vaut la peine d’étudier quels peuvent être les rapports du temps à l’âme et pourquoi le temps semble être dans toutes choses, dans la terre, la mer, le ciel. N'est-ce pas qu’il est une affection ou un état de mouvement (il en est nombre), et que ces choses sont toutes mobiles?

car elles sont toutes dans le lieu; or, le temps et le mouvement, celui-ci pris en puissance et en acte, sont ensemble.

Le temps et l'âme.

Mais la question est embarrassante de savoir si, sans l'âme, le temps existerait ou non; car, s’il ne peut y avoir rien qui nombre, il n’y aura rien de nombrable, par suite pas de nombre; car est nombre ou le nombré ou le nombrable. Mais si rien ne peut par nature compter que l’âme, et dans l’âme, l’intelligence, il ne peut y avoir de temps sans l’âme, sauf pour ce qui est le sujet du temps, comme si par exemple on disait que le mouvement peut être sans l’âme.

L’antérieur-postérieur est dans le mouvement et en tant que nombrable, constitue le temps.

Unité du temps.

D’autre part, c’est une question de savoir de quel mouvement le temps est nombre. Est-il nombre de n’importe quel mouvement? Dans le temps, en effet, se produisent à la fois génération, destruction, accroissement, altération, transport; en tant donc qu’il y a mouvement, dans cette mesure il y a un nombre pour chaque mouvement. C’est pourquoi le temps est nombre du mouvement continu, en général, non de tel mouvement. Mais c’est un fait que, dans un même instant, se réalisent les mouvements de plusieurs choses, mouvements qui respectivement devraient avoir leur nombre. Y a t-il donc un temps différent, et deux temps égaux existeraient-ils simultanément?

Non car tout temps est le même quand on le prend simultanément et égal; pris non plus comme coexistants, mais en succession, les temps sont un spécifiquement; en effet, soient des chiens et des chevaux; les premiers et les seconds au nombre de sept: le nombre est le même.

De même, pour des mouvements accomplis simultanément, le temps est le même, le mouvement pouvant être rapide ou non, transport ou altération. Le temps est donc le même, puisque le nombre est égal et simultané, pour l’altération et le transport. C’est pourquoi les mouvements sont différents et séparés, tandis que le temps est partout le même, car le nombre d’objets qui sont égaux et simultanées est un et le même partout et simultanément.

Le temps et le mouvement de la sphère des fixes.

1° Préliminaires.

Or comme il y a le transport, et spécialement le transport circulaire, comme d’autre part chaque chose se nombre par une chose es unique, qui est de même nature, les unités par une unité, des chevaux par un cheval, de même le temps se mesure par un temps déterminé (la mesure est, comme nous l’avons dit, du temps par le mouvement, et du mouvement par le temps). Et cela parce que c’est au temps, sur un mouvement déterminé, que se mesure la quantité du mouvement et celle du temps.

2° Solution.

Si donc ce qui est premier est mesuré pour ce qui est de son genre, le transport circulaire uniforme est la principale mesure, parce que son nombre est le plus connu. Ni l’altération assurément, ni l’accroissement, ni la génération, ne sont uniformes, mais seulement le transport.

3. Confirmation.

C’est pourquoi le temps paraît être le mouvement de la sphère, parce que c'est ce mouvement qui mesure les autres mouvements et qui mesure aussi le temps. De là, l’idée courante, que les affaires humaines sont un cercle, s’applique aussi aux autres choses qui ont le mouvement naturel, la génération et la destruction. et cela, parce que toutes ces choses ont le temps pour règle et prennent fin et commencement comme si elles se déroulaient selon une certaine période; et en effet, le temps même parait être un certain cercle. Et cette apparence tient, à son tour, à ce qu’il est mesure d’un tel transport et qu’il est mesuré par un tel transport. De sorte que dire que les choses engendrées sont un cercle, c’est dire qu’il y a un cercle du temps; et cela parce qu’il est mesuré par le mouvement circulaire; car le mesuré ne paraît rien de différent de la mesure, si ce n’est que le tout est lait de plusieurs mesures.

Éclaircissement sur 1'identité du nombre.

C’est avec raison qu’on affirme l’identité du nombre des chevaux et des chiens, s’il est égal dans les deux cas, mais la décade n’est pas la même, pas pins que ces dix objets; de même que les triangles isocèles et scalènes ne sont pas les nièmes. Et cependant c’est la même figure, puisque dans les deux cas, ce sont des triangles; en effet, on appelle identique à une chose ce qui n’en est pas différent par une différence propre, mais non ce qui s’en distingue, comme un triangle diffère d’un triangle par une différence propre; c’est pourquoi ils diffèrent comme triangle, mais non pas comme figure (ils sont dans une seule et même division comme figure).

En effet, il y n celle du cercle et d’autre part celle du triangle, et dans celui-ci celle de l’équilatéral et du scalène. Comme figure donc, c’est le même objet, car ils sont un triangle, comme triangle ce n’est plus le même. Eh bien, le nombre est aussi le même; car le nombre des objets ne se différencie pas par une différence de nombre; mais la dizaine comme telle n’est pas la même, car les objets auxquels on l’applique sont différents: chiens, chevaux.

On a ainsi examiné le temps en lui-même et dans ses propriétés.

Dans le document CLAN9 LA PHYSIQUE ARISTOTE (Page 71-74)