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L'arrêt, Résumé sur la continuité du mouvement

Dans le document CLAN9 LA PHYSIQUE ARISTOTE (Page 99-102)

LIVRE VI: LE MOUVEMENT ET SES PARTIES

Chapitre 8: L'arrêt, Résumé sur la continuité du mouvement

Arrêt, mouvement et temps.

Comme tout être fait de nature pour se mouvoir, ou se meut, ou est en repos, et cela au temps, dans le lieu, de la façon qui lui sont naturels, il faut que l’être qui s’arrête, au moment où il s’arrête, soit en mouvement. En effet, s’il n’est pas en mouvement, il sera en repos, mais il n’est pas possible que ce qui est en repos soit mis en repos. Cette, dé monstration faite, on voit que l’arrêt doit aussi se produire dans le temps; en effet ce qui est mû est mû dans le temps; or on a montré [cf. p. 29] que ce qui s’arrête est en mouvement; donc c’est dans le temps que se produit l’arrêt. En outre, c’est au temps qu’on rapporte les notions de plus rapide et de plus lent; or l’arrêt comporte ces notions.

Pas de moment premier de l’arrêt.

Mais considérons le temps premier dans lequel se produit l’arrêt de ce qui s’arrête: il doit se produire en une partie quelconque de ce temps. En effet, le temps étant divisé par moitié, si l’arrêt ne se produit dans aucune de ces deux parties, ce ne sera pas non plus dans le temps total; par suite, ce qui s’arrête ne s’arrêtera pas; si c’est dans l’une, il ne s’arrêtera pas dans le tout comme premier; alors en effet il s’arrêtera dans le tout selon chacune en particulier, comme aussi on l’a dit plus haut [c. 6 s. in.] de ce qui est mû. De même que pour le mû il n’y a pas de moment premier où il soit mû, pas davantage pour ce qui s’arrête, où il s’arrête:

aucune partie du mouvement ni de l’arrêt ne mérite le nom de première. Soit en effet AB, le moment premier où se produit l’arrêt; il ne peut être sans parties, car le mouvement n’existe pas dans ce qui e sans parties, parce qu’une partie de la chose mue doit avoir été en mouvement accompli; or ce qui s’arrête est en mouvement, on l’a montré [chap. 8, début].

Mais en vérité, puisque AB est divisible, l’arrêt doit se produire en une quelconque de ses parties; en effet, on a montré tout à l’heure que l’arrêt se produit dans toute partie du moment premier où il se produit. Puis donc que le moment premier où se produit l’arrêt est du temps, et non un indivisible, comme d’autre part tout temps est divisible à l’infini, il n’y aura pas de moment premier pour l’arrêt.

Ni du repos.

Maintenant, pas davantage pour ce qui est en repos, il n y a de moment premier ou il s’est mis en repos; pas de mise en repos, en effet, dans ce qui est sans parties, puisqu’il n’y a pas de mouvement dans l’indivisible; or, là où il y a repos, là aussi il y a mouvement; en effet, il y a repos, disions-nous, quand ce qui peut naturellement se mouvoir ne se meut pas quand et où il le peut naturellement.

En outre, disons-nous aussi [VI, 3 fin et 4, déb.], il y a repos quand l’état est le même maintenant qu’auparavant, un tel jugement portant, non sur un seul terme, mais sur deux au minimum, en sorte que ce en quoi se produit le repos ne sera pas indivisible. Mais alors, s’il est divisible, ce sera un temps, et le repos se produira dans une quelconque des parties de ce temps; on fera en effet la même démonstration que pour les cas précédents; par suite, pas de terme premier.

Et la raison en est que tout repos et tout mouvement ont lieu dans le temps et qu’il n’y a pas de terme premier dans le temps, pas davantage dans la grandeur, ni en général dans aucun continu; tout continu est en effet divisible à l’infini.

Résumé.

Puis donc tout être qui se meut se meut dans le temps et change d'un terme a un autre, il est impossible que, dans le temps où il se meut d’une façon essentielle et non dans une des parties qui sont en lui, l’être soit dans une situation qu’on puisse dire première. En effet un être est en repos quand il est dans le même état pendant un certain temps, lui-même et chacune de ses parties. En effet, disons-nous, il y a repos quand, dans la série successive des instants, il est vrai de dire que l’être est dans le même état, lui et ses parties. Si tel est le repos, ce qui change ne peut être tout entier selon le temps premier dans une situation donnée; car le temps est tout entier divisible, de sorte que, dans la série successive de ses parties, il sera vrai de dire que l’être est dans le même état, lui et ses parties. [Or c’est là le repos.] Si en effet ce n’est pas ainsi, mais que l’être soit dans un seul et unique des instants, il ne sera en aucun temps dans une situation don née, mais dans ce qui est la limite du temps. Or, s’il est vrai que dans l’instant il est toujours en quelque chose de fie, cependant il ne s’y repose pas. Car ni le mouvement, ni le repos ne sont possibles dans l’instant; mais dans l’instant, ce qui est vrai, c’est l’absence de mouvement et l’existence dans quelque situation, et dans le temps, d’autre part, le mouvement ne peut être situé dans ce qui se repose; sinon, il arriverait en effet que ce qui est transporté fût en repos.

Chapitre 9: Difficultés liés sur le mouvement.

Critique générale des arguments de Zénon.

Or Zénon commet un paralogisme si toute chose, dit-il, est à quelque instant donné en repos ou en mouvement, et, si elle est en repos quand elle est dans un espace égal à elle-même, comme d’autre part ce qui est transporté est toujours dans l’instant, la flèche transportée est toujours immobile. Mais c’est faux car le temps n’est pas composé d’indivisibles [les instants,] pas plus qu’aucune autre grandeur.

Il y a quatre raisonnements de Zénon sur le mouvement, une source de difficultés pour qui veut les résoudre.

1° Dans le premier, l’impossibilité du mouvement est tirée de ce que le mobile transporté doit parvenir d’abord à la moitié avant d’accéder au terme; nous en avons parlé dans les développements antérieurs.

2° Le deuxième est celui qu’on appelle l'Achille. Le voici: le plus lent a la course ne sera jamais rattrapé par le plus rapide; car celui qui pour suit doit toujours commencer par atteindre le point d’où est parti le fuyard, de sorte que le plus lent a toujours quelque avance.

C’est le même raisonnement que celui de la dichotomie: la seule différence, c’est que, si la grandeur successivement ajoutée est bien divisée, elle ne l’est plus en deux, On tire bien comme conclusion du raisonnement que le plus lent ne sera pas rattrapé par le plus rapide;

mais c’est pour la même raison que dans la dichotomie: dans les deux cas, en effet, on conclut qu’on ne peut arriver à la limite, la grandeur étant divisée d’une façon ou d’une autre; mais, ici, on ajoute que même ce héros de vitesse, dans la poursuite du plus lent 2 ne pourra y arriver. Par suite, la solution sera aussi la même. Quant à penser que celui qui est en avant ne sera pas rattrapé, c’est faux; en effet, tant qu’il est en avant, il n’est pas rattrapé; mais cependant il est rattrapé, pour peu qu’on accorde que c’est une ligne finie qui est parcourue.

3° Tels sont deux des raisonnements. Le troisième, qu'on a mentionne à l'instant, prétend que la flèche, en train d’être transportée, est en état de station. C’est la conséquence de la supposition que le temps est composé d’instants; si l’on refuse cette hypothèse, plus de syllogisme.

4° Le quatrième a trait à des masses égales se mouvant en sens contraire dans le stade le long d’autres masses égales, les unes à partir de la fin du stade, les autres du milieu, avec une vitesse égale; la conséquence prétendue est que la moitié du temps est égale à son double.

Le paralogisme consiste en ce que l’on pense que la grandeur égale, avec une vitesse égale, se meut dans un temps égal, aussi bien le long de ce qui est mû que le long de ce qui est en repos. Or c’est faux. Soient AA, celles des masses égales qui sont immobiles; BB, celles qui partent du milieu des A et leur sont égales en nombre et grandeur; TT, celles qui partent de l’extrémité’, égales à celles-là en nombre et en grandeur et de même vitesse que les B.

Conséquences: le premier B est à l’extrémité en même temps que le premier T, puisqu’ils se meuvent parallèlement. D’autre part, les T ont parcouru tout l’intervalle le long de tous les B et les B, la moitié de l’intervalle le long des A; par suite ‘e temps est moitié: en effet, pour les groupes pris deux à deux il y a égalité du temps de passage devant chacun des A. Mais en même temps les B sont passés devant tous les T; car le premier B et le premier P sont, en même temps, aux extrémités opposées, le temps pour chacun des B étant, dit-il, le même que pour les I’ parce que tous les deux défilent en un temps égal le long des A. Tel est le raisonne ment; mais il tombe dans la fausseté que nous avons dite.

Autres difficultés.

Dès lors, dans le changement par contradiction, il n y aura pas non plus de difficulté qu’il nous soit impossible de résoudre; celle-ci par exemple: si ce qui changé du non-blanc au blanc n’est ainsi ni dans l’un ni dans l’autre, il ne sera donc ni blanc, ni non-blanc. En effet, ce n’est pas parce qu’il n’est pas tout entier dans l’un ou l’autre, qu’il ne doit pas être dit blanc ou non-blanc; car nous donnons la qualification de blanc ou de non-blanc à une chose, non parce qu’elle est telle dans son entier, mais parce qu’elle l’est dans la plupart ou les plus importantes de ses parties: ce n’est pas la même chose, de ne pas être dans un certain état, et de n’y être pas entièrement.

De même aussi pour l’être et le non-être, et pour les autres termes qui s’opposent en contradiction; le sujet du changement sera nécessairement dans l’un ou l’autre des opposés, mais en aucun des deux il ne sera jamais en totalité.

29 Et encore, pour le cercle et la sphère et en général pour les choses qui se meuvent sur elles-mêmes, on objectera cette prétendue conséquence qu’elles sont en repos; car elles-mêmes et leurs parties sont, dit-on, dans le même lieu pendant un certain temps et, par suite, elles seront en même temps en repos et en mouvement. D’abord, répondrons-nous, en aucun temps les parties ne sont dans le même lieu; ensuite, le tout lui-même change toujours vers un lieu

différent: en effet la circonférence prise à partir de A, et celle qui est prise à partir de B ou de T ou des autres points ne sont pas les mêmes, si ce n’est de la manière que l’homme lettré est également homme, et parce que c’est un accident Par suite, il y a toujours changement d’une circonférence différente à une circonférence différente, et en elle il n’y aura jamais repos. De même pour la sphère et aussi pour les autres choses qui se meuvent sur elles-mêmes.

Chapitre 10: Impossibilité du mouvement de l’indivisible et du mouvement

Dans le document CLAN9 LA PHYSIQUE ARISTOTE (Page 99-102)