• Aucun résultat trouvé

Chapitre 3. Résultats

5 Etude 4 Entretiens d’enseignants

5.7 La solidarité entre enseignants

Concernant la solidarité professionnelle, les deux enseignantes disent qu’il n’y en a pas vraiment dans leur équipe. Cependant, elles reconnaissent que les membres de l’équipe s’entendent bien globalement :

JE : Sur le plan professionnel ?

ST : Sur le plan professionnel, comme je te dis, il y a des manquements dans le sens où on ne travaille pas ensemble, chacun fait son p'tit carry de son coté, chacun fait son travail mais on n'a pas vraiment d'échanges entre nous quoi ! En tout cas, je parle de mon niveau. Après au niveau des autres, je ne sais pas, hein ! Peut-être qu'il y a des échanges, sur le plan professionnel, mais moi de mon côté, non, je déplore un p'tit peu.

JE : Tu veux dire qu'il n'y a pas de travail en commun ? ST : Non, il n'y a pas de travail en commun.388-398 JE : Tu veux dire que c'est un travail individuel ? ST : C'est un travail individuel, sous un projet collectif. JE : D'accord,

ST : Après solidarité professionnelle, si c'est au niveau des projets, on peut dire que non, il n'y a pas vraiment, enfin, dans ce sens-là. 452-459

JE : Pouvez-vous me parler de la relation entre les membres de l'équipe pédagogique de votre école ?

86

MI : Oui, il y a une bonne relation, sauf quand on arrive à la fin de l'année, pour faire les classes, parce que par rapport aux répartitions des élèves, de plus en plus, on a les doubles niveaux tout ça et ça met un peu la pagaille en fait, entre nous, mais d'une façon générale, il y a une bonne entente et on essaye toujours d'avancer pour que ça fonctionne en fait.294-300

JE : Cela est imposé ?

MI : En fait, moi je le sens comme ça, même si je ne suis pas concerné, mais bon, je trouve ça dommage ; il y a des choses qui pourraient se faire en concertation et ouvertement avec tout le monde.

JE : Et cela est imposé par qui ? MI : Par le Directeur.316-324

MI : Je viens travailler, le jour où ça va pas, je fais mon travail et je repars, quand ça ira mieux...Je ne préfère pas entrer dans…341-342

JE : Est-ce qu'on peut dire qu'il y a une solidarité dans votre équipe ?

MI : Moi je pense que oui, quand il y a un souci, que ce soit professionnel ou personnel, on est là...359-361

Synthèse de l’étude 4 :

En référence à notre cadre d’analyse constitué par « les facteurs de réussite » (Kozleski et Jackson, 1993) et par les préconisations de Perrenoud (2002) à propos des obstacles au partenariat et des conditions d’un partenariat nous notons ici après cette analyse qu’il y a des éléments qui peuvent favoriser la collaboration entre l’école et la famille dans cette école. En effet, ces deux enseignantes ont une bonne communication avec les parents de leurs élèves. Elles ont une bonne relation avec leurs parents d’élèves et ont des échanges conviviaux avec eux. Elles ont également des attitudes positives envers les parents. Elles participent au travail collaboratif avec les parents dans le cadre des réunions parents- enseignants et dans le cadre de sorties pédagogiques telles que les sorties au musée, la natation. Ces attitudes positives se caractérisent également par le fait que ces enseignantes accordent une place importante au partenariat parents-enseignants dans la réussite scolaire des élèves. Pour elles, il est indispensable que les parents et les enseignants collaborent ensemble dans la réussite des élèves. Elles font également de bonnes propositions pour renforcer la relation parents-enseignants à savoir de mieux former et d’informer les enseignants et les parents sur le sujet du partenariat parents-enseignants. A côté de cela, elles préconisent de travailler à un développement durable pour construire un bon partenariat parents-enseignants là également en

87

proposant aux enseignants et aux parents des formations sur le sujet, en coconstruisant en amont des projets avec les parents.

De la même manière et toujours en référence à notre même cadre d’analyse, nous notons également après cette analyse qu’il y a des éléments qui peuvent entraver la collaboration entre l’école et la famille dans cette école. Tout d’abord, nous notons qu’il y a peut-être un manque de temps d’échange entre les parents et ces enseignantes. En effet, après cette analyse, nous constatons que à part la réunion de rentrée, ces enseignantes ne rencontrent pas beaucoup les parents d’élèves de leur classe. La répartition ambiguë des zones d’intervention entre parents et enseignants entrave également la collaboration entre les parents et ces enseignants. Madame Stéphanie par exemple reproche aux parents d’anticiper à la maison sur des notions enseignées. Le manque de formation et d’information sur le thème de la relation école-famille sur lequel insiste ces deux enseignantes est un facteur qui freine la collaboration entre les parents et les enseignants. La crainte des enseignants également à rencontrer les parents constitue comme le dit Perrenoud un obstacle à la collaboration entre les parents et les enseignants. Ici, notre analyse permet de dire que ces deux enseignantes appréhendent de rencontrer les parents surtout en collectif. Le manque de solidarité entre parents et entre enseignants peut tout à fait freiner au bon déroulement de la relation entre les parents et les enseignants. Il y a un grand risque qu’il n’existe pas une grande solidarité entre les parents car les deux enseignants l’ignorent, elles ignorent même si leurs parents d’élèves ont des contacts entre eux ou pas. Concernant la solidarité entre les enseignants dans cette école, Madame Stéphanie déclare qu’il en existe pas et Madame Mickaelle pour sa part émet un avis très partagé sur la question. Enfin, nous notons également après cette analyse qu’il y a inégalité entre les parents et les enseignants en pouvoir, en nombre et en compétences. Concernant le pouvoir, nous notons que ce sont les enseignantes qui décident sur tout ce qui se passe en classe. Pour ces enseignantes, les parents doivent tout le temps s’imbriquer dans ce qu’elles mettent en place. Concernant le nombre, les enseignantes mettent en avant qu’elles sont toutes seules face à un collectif nombreux de parents lorsqu’elles doivent affronter les réunions parents-enseignants. Concernant les compétences, ces enseignantes sont des professionnelles de l’enseignement et de l’éducation alors que leurs parents d’élèves ne le sont pas. Ces facteurs d’inégalité peuvent entraver, comme le souligne Perrenoud une bonne collaboration entre les parents et les enseignants.

88 Conclusion de l’étude 4 :

Nous pouvons donc après toutes ces analyses dire que dans la relation entre ces deux enseignantes avec leurs parents d’élèves, il y a des facteurs qui font obstacles à la collaboration école-famille et il y a des facilitateurs qui favorisent la collaboration école-famille. De plus, nous pouvons affirmer à l’issue de cette étude que ces deux enseignantes n’ont pas la même la relation avec les parents de leurs élèves. Elles développent des modalités différentes de collaboration avec les parents des élèves selon les familles et selon le contexte. Cette étude nous permet d’affirmer également que les deux enseignantes interrogées n’ont pas le même profil et ont des opinions différentes par rapport aux différents thèmes analysés. Enfin, nous constatons qu’elles interprètent leurs relations à la famille sur un mode paradoxal et contextualisé. Ce qui nous permet de valider ainsi notre hypothèse.