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Partie I : Cadre conceptuel de la recherche

Chapitre 2 État des lieux et problématisation

2.2 État des lieux

2.2.1 Situation de la femme camerounaise

La Politique Nationale de promotion du genre au Cameroun (PNG) s’est développée dans

une perspective d’apporter une réponse, sinon définitive, tout au moins adaptée et durable à la situation de la femme camerounaise.

En effet, et tel qu’il ressort de l’étude analytique de Calice Abessolo Asseko, les conditions de vie des femmes camerounaises se sont améliorées dans les domaines de la vie économique, politique et sociale depuis l’indépendance. Cependant, force est d’admettre que des disparités

de genre subsistent. Celles-ci traduisent, entre autres, les difficultés de la prise en compte effective des besoins spécifiques des femmes dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques sociales. Elles peuvent donc être décelées dans différents domaines de la vie nationale (Abessolo Asseko 2011).

L’organisation sociale comporte encore des barrières juridiques, sociales et culturelles de nature à entraver la pleine participation des femmes au développement, et à limiter leur accès aux sphères de prise de décision. Dans le cadre du mariage, du divorce et du veuvage, en l’occurrence, certaines dispositions de la législation et du droit coutumier n’accordent pas à la femme les mêmes droits qu’à l’homme, et ne les situent pas non plus au même niveau. L’accès à la propriété, aux ressources productrices et aux facteurs de production, figure parmi les problèmes cruciaux auxquels les femmes font face. Les pouvoirs publics, il faut le noter, s’investissent pour garantir le respect des droits de la femme, à travers l’amélioration, la rationalisation et la modernisation permanente de la législation, la vulgarisation des droits de la femme et des instruments juridiques de protection de ces droits.

Considérant l’importance des acquis et la pertinence des politiques mises en œuvre avec le concours des partenaires au développement, force est de constater que des phénomènes tels que les violences faites aux femmes, les mutilations génitales féminines, le viol, le harcèlement sexuel, continuent d’empêcher le plein exercice des droits humains et citoyens des femmes. Cet état de fait préoccupe, dans une grande mesure, les pouvoirs publics, dont l’on ne peut nier le souci de faire de l’égalité entre les droits de l’homme et les droits de la femme une réalité concrète, conformément aux engagements pris dans ce sens par l’État camerounais. La volonté politique, dans ce contexte, se dessine dans le sens de la mise en place de politiques publiques et de pratiques institutionnelles et socio-communautaires reflétant les besoins différenciées des hommes et des femmes, de telle sorte que le développement comme objectif final de ces politiques se manifeste dans la vie des citoyens des deux sexes. Les évolutions de ce domaine force l’appréciation, cependant il est juste de reconnaître que le genre comme concept et comme approche demeure diversement interprété et assez souvent assimilé à la contestation féministe, ce qui ne manque donc pas de susciter des réactions de rejet et d’aversion de la part de la communauté et même des institutions. Calice Abessolo Asseko estime que cette situation est un résultat d’une insuffisance

d’expertise et de formation dans le domaine du genre, au-delà des d’interventions initiées en la matière (Abessolo Asseko 2011).

Ces dernières années ont été témoins de l’apparition de nouveaux fléaux sociaux dont les effets exacerbent la condition de la femme camerounaise. Il s’agit de la pandémie du SIDA, de la crise économique et monétaire internationale, des changements climatiques, de la globalisation idéologique et économique du monde. Chacun de ces fléaux, pris individuellement ou dans un ensemble, place la femme camerounaise face à de nouveaux défis; elle se retrouve alors confrontée à une nouvelle facette du monde dont les règles, de fonctionnement, et les normes, de classification des individus et d’attribution des rôles, rompent pour ainsi dire avec les schémas socio-économiques classiques. Dans un contexte de rareté et de précarité, couplé par les perturbations enregistrées au sein des familles aux prises avec la pauvreté ambiante, les mesures de redressement économique se sont chargées d’alourdir le travail de la femme camerounaise désormais appelée à jouer les rôles antérieurement dévolus à l’homme, non sans assurer ceux qui lui reviennent dans la division sexuelle séculaire du travail. Les préjugés sexistes persistent et continuent de justifier les écarts sociaux entre les sexes, et à alimenter l’organisation patriarcale de la société dans son ensemble. En conséquence les capacités humaines féminines se retrouvent limitées, d’où l’importance des efforts à consentir dans le but de parvenir à des transformations socio- culturelles effectives, efficientes, et nécessaires au plein épanouissement de la femme et de la jeune fille camerounaises. Des actions concrètes entreprises dans l’optique d’assurer la pleine participation de la femme à la gestion de la cité s’avèrent efficaces, comme le témoignent la présence des femmes, à divers niveaux de l’appareil administratif, couplée à leur entrée dans le commandement territorial et militaire. Néanmoins, les résultats générés, bien qu’ils soient indicateurs d’un changement ou d’un avancement dans ce domaine et par ailleurs symptomatiques d’une volonté politique, demeurent très en-deçà des ambitions et des objectifs visés. Entre autres, relevons que la présence féminine sur la configuration politique pourrait être renforcée : on dénombre 06 femmes Ministres (10%) dans un Gouvernement de 54 membres; 16,67% de Secrétaires Généraux de Ministères; 15,85% de Directeurs et assimilés de l’Administration Centrale; aucun Gouverneur; aucun Préfet; 04 Sous-préfets contre 356 hommes occupant ce poste; 04 Directrices Générales de Sociétés d’État contre 67

hommes; 23 Mairesses contre 316 hommes; 24 députées (13,3%) contre 155 hommes (86,7%); 01 Ambassadrice contre 31 hommes (3,12%)13.

Dans le domaine de l’éducation, tout porte à conclure que les hommes vont plus à l’école que les femmes. Selon les résultats du troisième recensement général de la population et de l’habitat, dans la population d’âge scolaire du premier cycle d’études primaires, âgée de 06 à 11 ans, l’on dénombre 1 488 535 (51,00%) garçons contre 1 430 052 (18,99%) filles. Dans le cycle d’études secondaires, il y a 9 119 939 garçons (50,98%) et 876 840 filles (49,01%). La réalité est moins préoccupante dans l’enseignement supérieur où la tendance est à la hausse s’agissant de la représentation féminine, et ce depuis 2005; l’on est passé de 39,7% au cours de l’année de référence, à 41,75% en 2006, puis de 34,99% en 2007 à 44,27% en 2008. L’emploi est l’un des secteurs où l’on mesure encore mieux ces disparités. De fait, le sous- emploi des femmes est globalement de l’ordre de 47% contre 31% chez les hommes14.

Plusieurs défis sont à relever dont l’un des principaux consisterait à adapter les lois et règlements nationaux à l’ensemble des dispositions légales internationales en faveur des femmes, et surtout d’en assurer l’application effective. Il s’agit sans nul doute d’un prérequis dans la perspective d’accélérer la réalisation de l’objectif de l’égalité et de l’équité entre les sexes et l’autonomisation des femmes; et ce d’autant plus que :

L’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sont au cœur des OMD, ce sont des conditions préalables si on veut l’emporter sur la pauvreté, la faim et la maladie. Mais les progrès sont anémiques sur tous les fronts, de l’éducation à l’accès aux processus de décision politique (SHA ZUKANG,

2010, Secrétaire Général Adjoint des Nations Unies aux Affaires Économiques et Sociales).

Il n’est pas anodin de relever que l’importance des charges domestiques assurées par les femmes et les jeunes filles permet, dans une grande mesure, à la famille de satisfaire ses

13 Sources : MINFOPRA, MINREX, INS, MINPROFF.

14 Selon le recensement sus-évoqué, dans la population en âge de début d’activité (15-24 ans), l’on dénombre 1 731 567 hommes (48,00%) contre 1 875 129 femmes (51,99%). Quant à la population active (15-59 ans) elle se présente ainsi : hommes 4 346 486 (48,42%) et femmes 4 628 352 (51,57%). Dans la population âgée de 15 ans et plus la situation est la suivante : hommes (actifs ayant un emploi 61,3%; actifs sans emploi ayant déjà travaillé 3,8%; actifs sans emploi à la recherche d’un 1er emploi 6,5%; élèves et étudiants n’exerçant aucune activité économique19,3%; Rentiers n’exerçant aucune activité économique7,3%) et pour les femmes (actifs ayant un employ44,5%; actifs sans emploi ayant déjà travaillé 22%; actifs sans emploi à la recherche d’un 1er emploi 5,6%; femmes au foyer n’exerçant aucune activité 16,4%; rentiers n’exerçant aucune activité économique 0,5%; autres actifs n’exerçant aucune activité économique 7,6%).

besoins premiers et secondaires et de jouer sereinement ses rôles de reproduction, de production, de socialisation, et de sécurisation de la vie de ses membres. Ceci étant, force est de constater que l’éducation des enfants, l’entretien du foyer, la préparation des repas, sont autant de composantes aussi indispensables les unes que les autres mais qui ne sont pourtant pas encore prises en compte dans le système de comptabilité et d’analyse économique nationale. Parlant de la situation de la femme camerounaise, relevons que le gouvernement porte un intérêt particulier aux conditions d’existence de la femme rurale. En effet, cette dernière constitue un secteur qui compte parmi les centres d’intérêt de la politique de l’action gouvernementale. Le souci majeur est celui d’alléger la pénibilité de ses travaux, d’améliorer sa production, de lui assurer de meilleures conditions de vie, une éducation, la santé. Afin de parvenir à ces objectifs, des mesures sont mises en route. Néanmoins, bien que celles-ci soient nombreuses et efficientes, les besoins demeurent supérieurs. Entre autres, notons le taux de couverture en eau potable de la population rurale qui reste continuellement insuffisant. Dans un tel contexte, la tâche, d’approvisionner les familles et les communautés en eau potable et en ressources énergétiques (bois, charbon), revient presque toujours à la femme rurale, qui doit parfois parcourir de longues distances à cet effet. Outre cela, il n’est pas superflu de faire mention des outils et conditions de travail rudimentaires dont elle dispose, couplés aux techniques culturales archaïques qui peuvent difficilement lui permettre de dépasser le seuil de la production de subsistance. De même, la charge de travail dans un tel contexte limite grandement les possibilités, pour celles qui d’aventure le solliciteraient, de se former, de s’informer, et/ou de s’intéresser à d’autres aspects de la vie tels que la politique, la science, etc. Les revenus de la femme rurale demeurent donc résiduels, l’exposant à l’extrême pauvreté et aux maladies.

En définitive on peut noter que les problèmes de la femme camerounaise sont liés aux paramètres socio-culturels, économiques, institutionnels et techniques. Les orientations de la politique nationale de développement reflètent l’intérêt et toute la complexité de ces problèmes.

2.2.2 Éléments constitutifs de la Politique Nationale de promotion du