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Émergence du cadre de référence : valeur ajoutée d’une perspective épistémologique

Partie I : Cadre conceptuel de la recherche

Chapitre 2 État des lieux et problématisation

2.4 Émergence du cadre de référence : valeur ajoutée d’une perspective épistémologique

gouvernance

Le présent cadre de référence met en exergue la manière par laquelle s’est opérée la gestion des connaissances acquises grâce à la collecte des données bibliographiques et empiriques. Il est donc la résultante des consultations documentaires et interactions réalisées sur le terrain avec les différentes composantes humaines individuelles, socio-culturelles et politiques. La qualité et la quantité des données récoltées, la gestion de ces connaissances, ont conduit à la réalisation d’une méta-analyse. C’est ainsi que la perspective épistémologique du cadre de référence s’est orientée vers un agencement et une combinaison de i) l’approche fonctionnaliste, ii) de l’analyse systémique, iii) du modèle axiomatique (dans sa théorie du choix et sa théorie de la décision) et de iv) l’herméneutique. Le présent cadre de référence représente une valeur ajoutée à la compréhension de la perspective genre et gouvernance.

2.4.1 Le Fonctionnalisme : un cadre de référence de la cohérence logique

L’approche fonctionnaliste privilégie la fonction et/ou le rôle des choses ou des phénomènes. Chercher à comprendre les fonctions d'un phénomène, c’est chercher l'ensemble des phénomènes qui ont suivi ce premier et qui se trouvent liés à lui d'une façon ou d'une autre. Le fonctionnalisme s’apparente à l'idée selon laquelle un moyen efficace pour expliquer les phénomènes (aussi les institutions, mœurs, usages sociaux) est de rendre compte des fonctions qu'ils remplissent ou du rôle qu'ils jouent (Gingras 2004).

Un certain consensus social semble se cristalliser en Afrique en ce qui a trait à la mise en pratique de ce qui est dorénavant nommé « l’approche genre », qu’on lie de façon transversale à plusieurs thématiques, en l’occurrence celle de la gouvernance. Pour preuve, les États africains sont entrés dans la mouvance mondiale vers ce qui est appelé « l’émancipation de la femme » en mettant sur pied une politique nationale y relative dénommée « politique

nationale genre ». Bien que ceci étant, le processus d’élaboration et d’implémentation varie selon les pays et selon leur degré d’intégration culturelle.

Ce phénomène social (et sociopolitique) joue un rôle capital en ce qui a trait à la mise en relief d’une gouvernance au féminin en Afrique. Ce faisant, ce phénomène social remplit une fonction instrumentale et symbolique; autrement dit son objectif, clair et atteint, produit des résultats manifestes tant concrets que sous l’angle d’une satisfaction intangible ou émotive (ibid).

La notion de genre (ou la question de genre) tient donc la place centrale dans la problématique de cette thèse. L’analyse de la documentation et des données du terrain nécessitent une contextualisation de la question, c’est-à-dire de situer le contexte où l’on se trouve. Cette nécessité a conduit à la question suivante : la notion de genre existe-t-elle dans la communauté en question, à savoir la communauté Mandjara, en ce qui concerne la politique de gouvernance? Pour trouver réponse à cette interrogation, il a été nécessaire d’avoir des éléments de réponse. Ces derniers ont résulté des réponses aux questions suivantes :

Quelle est la place des femmes africaines (les femmes Mandjara du Cameroun en l’occurrence) dans un système de gouvernance (traditionnelle) à l’Africaine ?

- Quel (s) est (sont) leur(s) rôle(s)? - Quelle(s) est (sont) leur(s) fonction(s)?

Les éléments de réponse résultants de ces questions ont conduit à la rédaction du chapitre cinq (5) intitulé : les Mandjara : un exemple de gouvernance traditionnelle au féminin en Afrique. Cependant, cela a nécessité d’associer, à l’approche fonctionnaliste, une analyse systémique. En effet, l’appréhension d’un phénomène social va au-delà d’expliquer la fonction qu’il remplit ou le rôle qu’il joue. Dans la présente étude, le phénomène social (décrit ci-dessus) contribue à la compréhension de l’articulation de cette gouvernance conjuguée au féminin, en Afrique, qui a été analysé selon une dimension systémique.

2.4.2 L'analyse systémique : autre cadre de référence de la cohérence

logique

Un système est un ensemble d'objets unis par quelque forme permanente d'interdépendance pour l'accomplissement d'un ensemble d'objectifs. Il y a plusieurs ressemblances entre un système, une structure et un modèle fonctionnel. En effet, un système est la description d'une réalité perçue et discernée par ses composants (ce qui l'apparente à un modèle fonctionnel) et aussi la description des relations entre ses composants (ce qui l'apparente à une structure). Selon une dimension politique, un système politique est un ensemble d'interactions politiques constatées dans un environnement politique donné (Attali 1972), (Gingras 2004).

La mise en exergue d’une gouvernance qui se conjugue aussi au féminin en Afrique a imposé la question : quelle est la nature du système dans lequel s’inscrit ce mode de gestion ? Pour y répondre, il a fallu répondre aux questions suivantes:

- Qui sont les Mandjara ? Quelle est leur origine? - Quelle est l’organisation qui les régit?

Les réponses à ces questions ont conduit à la rédaction du chapitre quatre (4) intitulé Les

Mandjara : ethnogénèse et identités. Il en découle une identification de la nature du système

dans lequel s’inscrit ce mode de gestion au féminin. Une fois identifiée, la question naturellement induite a été celle de la définition des interactions de genre dans cette structure socio-politico-culturelle.

Ainsi, l'analyse systémique sera révélatrice d’un système socio-politique et traditionnel, divisé en plusieurs "sous-systèmes", chacun responsable de la réalisation d'une "mission" concourant à la réalisation des "objectifs" du système lui-même. Ce système, ainsi que l’interrelationnel et intercomplémentarité homme-femme dans la gestion du royaume, sont illustrés dans le chapitre cinq (5). Cette analyse a conduit à la question : existe-t-il une gouvernance (traditionnelle) à l’africaine?

La perspective systémique révèle ainsi la mise en place des organes de gestion, fonctionnant à la fois de façon ponctuelle et permanente, justifiant d’un organigramme bipolaire traditionnel et administratif. Cette bipolarité démontre, d’une part, de l’intérêt accordé à un modernisme presque inévitable et, d’autre part, du souci d’éviter une «noyade» du système. La conciliation d’une traditionalité et d’une modernité concourt à une (re)définition d’une dualité complémentaire d’une "gouvernance genrée". Cette dernière participe au bon fonctionnement du système et assure les liaisons établies entre les composants ou "sous-systèmes".

2.4.3 Le modèle axiomatique issue de la perspective systémique élaborée ci-

dessus

La révélation issue de la perspective systémique indique la confrontation et l’interaction de deux modèles de gestion politique: le modèle traditionnel des Mandjara et le modèle de l’État camerounais dont fait partie la communauté Mandjara. La compréhension de cette relation, sur la base des données documentaires et empiriques, a nécessité l’application du modèle axiomatique du cadre de référence, en l’occurrence la théorie des choix et des décisions concernant la communauté Mandjara et la théorie des décisions concernant la politique camerounaise.

La théorie des choix se veut être un modèle axiologique de nature «réflexive» et donne priorité à l'opinion de l'individu. Il n'implique pas nécessairement une évaluation des conséquences. Lorsqu'on évalue les conséquences des choix, on parle plutôt de théorie de la décision. Toute décision est le résultat du classement des conséquences anticipées des diverses actions possibles (Gingras 2004).

Ces deux théories ont donc été utilisées pour répondre aux questions suivantes :

Quelle est la politique du Cameroun vis-à-vis de la question de genre? En effet, avant de parler d’une quelconque interaction avec l’organisation socio-culturalo-politique des Mandjara, il est nécessaire de connaître au préalable s’il existe une politique genre au Cameroun.

Comment s’insère-t-elle dans le vécu des communautés camerounaises, en l’occurrence celle des Mandjara?

Les éléments de réponse à cette question se trouvent aux chapitres six (6), sept (7) et huit (8) présentés sous les formes de i) article publié (chapitre 6: «Cameroon and the Gender Issue» (Mefire, Vissandjée, and Bibeau 2017) ); ii) article soumis (chapitre 7: «La Politique Nationale Genre du Cameroun: à l’épreuve de la réalité sociale des femmes et des hommes

Mandjara»); iii) article soumis (chapitre 8: «Genre et Santé au Cameroun, lorsque

l’anthropologie intervient dans la relation soignant-soigné : cas des femmes Mandjara»).

2.4.4 L'herméneutique (sémiologie) : un cadre de référence de l’essentiel

La réponse à la problématique de recherche est issue de l’analyse, de la discussion et de la synthèse de toutes les informations, questions, réponses et inconnues issues des différents chapitres ci-dessus énumérés. L’approche sémiologique a permis d’en discuter et de pouvoir en tirer les conclusions présentées dans le chapitre neuf (9). En effet, cette approche m’a guidée dans « l'analyse des intentions des acteurs et de la signification symbolique des gestes politiques ».

Pour vraiment comprendre, étant Mandjara, il m’a été facile d’«endosser» comme un manteau, les préjugés et le bagage culturel des Mandjara (la société et individus). Le défi a été de se dégager de mes préjugés personnels et de mon propre bagage culturel pour comprendre la société Mandjara et la société camerounaise, d’un point de vue d’étranger!

Tel que mentionné dans la section introductive ci-dessus, le présent cadre de référence se veut un agencement et une combinaison de i) l’approche fonctionnaliste, ii) de l’analyse systémique, iii) du modèle axiomatique et de iv) l’herméneutique.